Les zombies, c’est la vie. Ou peut-être l’entre-deux. Enfin, cela ne les empêche pas de s’exporter partout où ils peuvent être insérés. La septième génération a particulièrement subi le joug des développeurs en mal d’inspiration, mais l’un d’eux s’est démarqué des autres : Rebellion avec son Sniper Elite : Zombie Army. Stand alone de Sniper Elite V2 en 2013 dans lequel nous incarnons un tireur d’élite pendant la seconde mondiale, il a donc par essence un style de gameplay qui demande réflexion, maîtrise et précision. Le tireur est de nouveau envoyé au casse-pipe car Hitler déclenche le plan Z qui relève les morts, obligeant le protagoniste à lutter contre des hordes de zombies. C’est osé et aussi étrange que cela puisse paraître, trois opus verront le jour sur cette idée narrative. De nos jours nommé simplement Zombie Army 4 : Dead War, la série revient sur PC, Xbox One et PlayStation 4 avec tout ce que cela peut en suivre.
Test réalisé sur PlayStation 4 grâce à une copie numérique envoyée par l’éditeur
La Mort a souri à l’assassin
Avant de nous lancer dans l’aspect narratif de Zombie Army 4 : Dead War, rappelons ce qu’est un nanar. C’est bien entendu un genre qui est appuyé sur l’esthétique et critique du spectateur. Celui-ci fait passer un bon moment à la différence d’un mauvais film (ou navet). Nous emploierons donc pour cette analyse nanar ou nanardesque sous le spectre de cette définition. Maintenant que vous êtes prévenus, évoquons le speech de base de l’histoire. Zombie Army 4 se déroule en Italie en Mai 1945, les morts-vivants lancés par Hitler quelques mois plus tôt continuent d’avancer et de gagner du territoire. L’histoire débute précisément à la gare de Milan, où les protagonistes doivent effectuer un recul stratégique pour contre-attaquer plus tard. Malheureusement le repli ne se fera pas, une offensive de zombies dirigée de tous les côtés frappe avant que les troupes aient le temps de partir. Vous l’avez en mille, cet assaut n’a rien de normal et des choses pas nettes commencent à faire surface.
C’est sur ce prélude que Zombie Army 4 : Dead War fera voyager à travers l’Italie, de Vienne à Venise en passant par Rome ou Gênes, sur neuf niveaux distincts. Pour aider le joueur à suivre l’histoire, des cinématiques d’introduction et de fermeture signalisent la progression narrative qui est également appuyée par quelques documents et BD trouvables pendant la partie. Et il faut se l’avouer, les premiers niveaux sont plus que convaincants. D’abord la première mission qui réussit à glisser, de façon agréable, un tuto qui permet de comprendre la totalité de ce qui nous attend, tout en laissant assez d’espace pour poser l’atmosphère générale du soft. Bien que l’épopée soit nanardesque à souhait (les nazis qui ramènent les morts à la vie, l’Enfer, etc.), Rebellion tient à développer une ambiance horrifique autour de cela pour placer le joueur dans une posture d’inconfort avec un certain équilibre à ses débuts. En effet, la mort est partout et l’équipe scénaristique ne semble pas s’ennuyer à étoffer l’histoire principale de trop d’annexes. Pour pallier cela, les niveaux sont remplis de petits secrets ou de clins d’œil donnant un résultat agréable, plus léger, voire parfois drôle, à un univers qui se veut très sombre et ésotérique. Malheureusement, si c’est vrai pour les premiers chapitres, cela s’essouffle passé le quatrième, rendant la seconde moitié du jeu plus lourde et moins intéressante à suivre/découvrir.
Devil’s Kiss
La série Zombie Army fait peau neuve avec de nombreuses nouveautés, tout en gardant le gameplay de base sur laquelle elle repose. Pour les habitués vous retrouverez le choix d’un sniper, d’une arme secondaire et d’un pistolet. En plus de cela des pièges et autres grenades aux effets épars sont trouvables sur la carte. Rebellion modernise celle-ci en optant pour la possibilité de faire évoluer, de différentes manières, les armes et divers atouts. Ainsi chaque arme peut et doit être améliorée, comme le Mosin-Nagant qui après quelques ajouts de modifications rechargera plus vite au niveau de la culasse ou du chargeur, mais aura également un bonus qui fera que sa première balle sera explosive. Si nous excluons les armes de poing, la majorité des augmentations disponibles ne changent pas le gameplay de l’arme mais lui apportent véritablement des effets complémentaires. Autre rajout, les atouts qui permettent d’appliquer jusqu’à cinq effets passifs à votre personnage. Les impacts sont différents et variés et se classent en trois catégories, soient attaque/défense/divers. Ces derniers octroient des avantages comme des capacités de munitions supplémentaires, une chance de se relever si vous êtes à terre ou plus de dégâts à vos grenades. Sans vous faire le listing complet, nous regretterons que ceux-ci soient assez basiques.
Une fois en jeu, il est clair que l’évolution se fait un peu moins sentir. Si vous avez déjà fait Zombie Army : Trilogy, vous serez en terrain conquis rien ne chamboulera vos habitudes. Car effectivement, vous allez passer votre temps à aller d’un point A vers un point B avec sur votre chemin divers objectifs qui se répètent rapidement. Tuer des zombies pour ouvrir un sceau de sang, tuer des zombies pour remplir une fontaine de sang, résister en tuant des zombies pour ouvrir une porte... Vous l’avez compris, le dénominateur commun de ces objectifs sera les hordes qui arriveront par flux pour ralentir votre progression. De ce côté, Rebellion a gardé le roster classique de ses zombies et spéciaux : nous retrouvons donc les traditionnelles armoires à glace à variante (mitrailleuse lourde ou corps-à-corps) et le kamikaze qui cherche le contact, le Sniper est toujours présent et continu à bondir de toit en toit. Deux petits nouveaux sont à signaler, l’Officier SS et le Crameur. L’un peut invoquer et améliorer les zombies d’une zone en les rendant plus rapides et infligeant plus de dégâts, l’autre est un super-zombie armé d’un lance-flammes. Si le super-zombie a juste le privilège d’être une nouveauté, l’Officier, lui, produit des parties plus nerveuses quand sa présence est honorée, obligeant les joueurs à le chercher tout en résistant à ses hordes ravageuses. En plus de ça, l’Armée des Morts du Troisième Reich commence à développer des véhicules, Sonderkraftfahrzeug (ah… la langue allemande) ou semi-chenillés, avions, tanks, les surprises sont présentes et nous vous laissons la joie de les découvrir.
Un système de niveau a également été mis en place, permettant ainsi de débloquer des atouts pour le personnage et des skins pour les armes. Malheureusement cela tourne vite en rond, le principal défaut étant que les atouts n’ont qu’un impact mineur sur les parties. Certes le joueur devient de plus en plus puissant au fil des échelons et se voit barder de boui-boui/skins pour ses armes, mais le gameplay n’évolue guère au fil du temps. Ainsi, et après plusieurs dizaines d’heures de jeu, nous émettons un sérieux doute sur l’intérêt de continuer à jouer une fois les neuf missions terminées. La difficulté est peu présente, même dans les derniers niveaux, et l’utilité même de le faire semble limiter tant rien ne viendra gratifier le joueur de l’avoir fait. Cela peut paraître anecdotique, cependant c’est bien le modèle économique qui se voit ébranlé par ces choix car Zombie Army : Dead War 4 est pensé comme un GaaS (Game as a service) et non un jeu classique. L’objectif donc n’est pas de vous amener à son bout d’une traite mais de vous obliger à revenir sur une longue période pour obtenir la totalité de son contenu. L’exemple est les skins déblocables uniquement sur une durée dite, ce que le soft propose d’avance. Actuellement le jeu n’a pas une monnaie virtuelle mais déjà plusieurs packs de DLC sont prévus offrant plusieurs ajouts cosmétiques. Or, il est prévu qu’à terme des saisons voient le jour. Et là cela devient problématique car cela greffe une nouvelle mini-campagne, une carte horde et quatre autres personnages.
Hormis cet aspect, le ressenti du gameplay est véritablement agréable. Le feeling des armes est plaisant et chaque arme peut demander un petit temps d’adaptation. Par ailleurs, pour les fusils sniper vous pouvez vider vos poumons, ce qui donne un faible zoom supplémentaire et affiche un indicateur de trajectoire. Très pratique pour toucher les cibles à grande distance. Car oui, si Zombie Army 4 : Dead War lâche son Sniper Elite, il n’en reste pas moins le fait que la balle est soumise au vent et à la distance. Ainsi? il faudra toujours prendre en compte ces deux paramètres pour faire mouche. Nous retrouvons également la killcam qui suit la balle, activant le rayon X quand vous blessez un organe vital (enfin…). Petit bémol, les grenades sont parfois un peu compliquées à lancer correctement et le personnage a tendance à se bloquer contre les murs, particulièrement les angles d’une porte, etc.
Zeder
Le test étant réalisé sur PlayStation 4, nous n’avons pas remarqué de ralentissement ou autres soucis liés à l’optimisation. Cela semble bien tourner. Nous conseillons d’activer si possible l’option HDR de votre télévision, cette dernière offre un véritable plus aux couleurs mises en place. Graphiquement, il se place dans le pot commun des jeux actuels, sans flirter avec les AAA. Il reste convaincant pour un jeu à moindre budget. Les animations, de façon générale, sont réussies, les zombies sont bien détaillés et quelques effets lumineux viennent sublimer le tout. Nous relèverons seulement les déplacements des protagonistes, moins fluides, plus saccadés et manquant parfois de précision. Par-ailleurs une option permettant débloquer le taux d’images par seconde n’est pas nativement activée, rendant le soft moins fluide (logique..), ce souci se règle simplement en activant cette dernière à chaque lancement de jeu (moins logique..).
Là où le jeu brille particulièrement, c’est sur sa direction artistique. Les premiers niveaux sont un régal à explorer, fourmillant de détails, d’allusions et de petites blagues. L’équipe en charge de la direction artistique à opté pour des couleurs ternes et désaturées qui, couplées aux tons froids, rendent l’ambiance morte et triste. Ce qui tranche véritablement avec à la fois le côté nanar de l’histoire et les nombreux petits secrets à dévoiler. L’architecture des niveaux est également recherchée et n’hésite pas à taquiner la verticalité pour offrir de beaux panoramas. Mais rien n’est éternel et comme nous l’avons déjà dit, une fois le quatrième niveau passé, un certain relâchement peut se faire sentir dans la construction de ces derniers, livrant la fin du jeu plus austère et moins agréable à découvrir.
Voix profondes
Zombie Army 4: Dead War apporte deux modes de jeu. La campagne permet de suivre l’histoire sous trois niveaux de difficulté, sur neuf missions (chaque mission étant divisée entre 3 à 4 chapitres). Il faudra compter une petite dizaine d’heures pour en arriver au bout. Vous pouvez facilement en ajouter quatre ou cinq supplémentaires si vous souhaitez trouver tous les collectibles. Le mode horde quant à lui est plus sommaire. Scindé en cinq niveaux, il apporte un challenge non négligeable mais fait varier la durée de vie en fonction de l’affinité que le joueur a avec celui-ci. Enfin, chaque mardi Rebellion proposera un défi rapportant de l’expérience et autre récompense.
L’humour est présent, mais n’en fait jamais trop
Verdict : 6/10
Avec de nombreuses qualités indéniables, Zombie Army 4 : Dead War est un bon jeu, autant pour les nouveaux joueurs que pour les anciens. Le feeling est toujours intact et pour une raison inconnue, il est facile de prendre plaisir à éliminer les hordes de zombies. Alors oui c’est répétitif, le scénario tient sur un timbre-poste mais Rebellion ne nous a jamais habitués à plus pour cette série. Les nouveautés comme les atouts et le fait de pouvoir améliorer ses armes sont un gros plus mais au début seulement, car sur la fin ces derniers sont ostentatoires. Les nouveaux ennemis sont aussi à signaler, ils rendent beaucoup plus nerveux les combats comme ils ne l’ont jamais été dans la série. Enfin le mode horde est un plus bienvenu, bien que ce dernier peut se montrer très vite classique et déjà vu. La base est là et il n’est pas à exclure que sur la durée, les développeurs brodent des choses sympathiques. Non, ce qui est vraiment dommage pour ce Zombie Army, c’est cet aspect de rush qui se fait sentir à la moitié du jeu : les niveaux raccourcissent et ont des airs de famille, les secrets sont absents. Sans oublier que le jeu force à passer des niveaux pour obtenir des atouts peu utiles. Alors oui, manette en mains le plaisir est là et les idées font mouches, mais nous regrettons cet aspect GaaS à base de saisons, alors que la dernière partie du jeu semble être délibérément rushé.
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