Sorti en 2003 et développé par Ubisoft, XIII, adaptation de la bande dessinée éponyme, a su se démarquer grâce à son style visuel et son ambiance rendant honneur au matériel d’origine. En cette fin 2020, alors que la nouvelle génération débarque, Microids a décidé de sortir un remake du titre, de quoi (re)jouer à ce FPS atypique dans les meilleures conditions. Du moins, c’est ce qu’on espérait.
Test réalisé sur PlayStation 4 grâce à un code numérique fourni par l’éditeur
XIII, un chiffre qui porte malheur
En tant que remake, XIII reprend l’histoire du jeu de 2003, qui fournit plus ou moins un condensé des cinq premiers tomes de la bande dessinée. On incarne un homme qui a perdu sa mémoire, XIII, qui a d’ailleurs ce chiffre tatoué sur son corps. Tout va mal pour lui à son réveil : en plus d’assister au meurtre d’une sauveteuse qui n’a rien demandé, il est traqué par diverses personnes et se voit impliqué dans un complot qui a mené au meurtre du président des États-Unis. Ça se présente plutôt mal pour lui, vous en conviendrez. Heureusement, le major Jones, ancienne collègue de travail de XIII, vient le sauver et ils partent alors en quête de la vérité dans une aventure remplie de surprises, de chiffres romains et de meurtres. Un programme plutôt alléchant sur le papier, donnant lieu à une ambiance de film d’espionnage assez plaisante.
Malheureusement, le remake de XIII reprend la même mise en scène que le jeu d’origine et en 2020, ça ne passe pas très bien. Si l’idée des cases façon bande dessinée reste amusante, avec plusieurs plans se déroulant en même temps, l’exécution reste faiblarde faute à des animations d’un autre temps et un jeu d’acteur des plus kitsch (ce qui peut tout de même avoir du charme par moments). De plus, le remake ose faire souvent pire à cause de nombreux problèmes techniques, visuels comme sonores, ce qui fait qu’on suit les péripéties de XIII avec le sourire aux lèvres plutôt qu’avec réelle attention. Un sentiment présent tout au long de cette douloureuse expérience, commençant d’ailleurs avec une cinématique qui affiche une vidéo avec le rendu de 2003, ce qui donne le ton.
XIII années en arrière, voire plus
XIII est davantage un remake visuel que complet. Point de refonte du côté du gameplay donc et ça se ressent. Tout d’abord, le jeu n’était pas forcément un FPS innovant en son temps, bien que plus que serviable, notamment pour une adaptation. Ainsi, on explore des niveaux au level design sommaire où il faut accomplir divers objectifs (trouver une clé, mettre en marche un pont, etc.) tout en décimant des vilains sur son chemin. Pour cela, XIII a un arsenal varié et sympathique tout en ayant diverses possibilités d’action : outre de nombreuses armes à feu, il peut utiliser certains éléments du décor (une des bonnes idées du jeu d’origine puisqu’on peut ramasser une chaise, une bouteille, un bout de verre, etc.), s’accroupir, se battre au corps-à-corps, utiliser un grappin pour accéder à des endroits autrement inaccessibles… Ce n’est pas de trop face à des hommes capables du pire, du moins dans le scénario.
Bien exécuté, cela aurait pu donner un gameplay amusant mais le remake XIII fait de son mieux pour énerver, amuser ou lasser le joueur, voire les trois à la fois. On dirait que rien ne marche comme il faut : aucune sensation au niveau du tir et du corps-à-corps, couplé à un framerate souvent au rabais (des fois on joue au ralenti, un comble quand on voit le rendu visuel mais on en reparle plus tard), un lag au niveau des actions et une IA tout simplement ridicule en 2020. On aimerait que ce ne soit pas le cas mais en fait, le remake est en majorité moins travaillé que le jeu d’origine. Les ennemis ne sont doués dans aucun domaine, si ce n’est mourir de la plus drôle des manières. Ils nous repèrent au dernier moment, ils tirent pratiquement tout le temps à côté, ils ne se cachent pas… On croirait revenir aux premiers jeux 3D, et encore. De ce fait, les affrontements sont plus comiques qu’autre chose et on les passe rarement avec soucis, sauf quand les problèmes jouent en notre défaveur. En effet, on a également des bugs qui ralentissent inutilement la progression (comme par exemple l’alliée qui ferme une porte devant nous, nous empêchant donc de l’accompagner, ce qui la mène à sa mort ; hilarant la première fois mais agaçant à la longue), une roue d’armes qui fonctionne mal III fois sur X, des objectifs qui ne sont pas toujours clairs et on en passe. Un réel gâchis qui fait qu’on a du mal à venir à bout du jeu, même s’il est court (à quoi bon le finir puisque même les développeurs semblent ne pas l’avoir fait ?). Il y a bien aussi un mode multijoueur mais déjà, il faut trouver quelqu’un qui accepterait de jouer dans de telles conditions, ce n’est qu’en local et en plus, il y a moins de contenu que dans le jeu d’origine. Un gâchis, on vous dit.
XIII Reasons Why (it’s Worse)
Microids a donc surtout tenu à ce que ce remake de XIII soit visuellement rehaussé afin de contenter les pupilles des admirateurs de XIII ou de ceux qui espéraient un jeu d’action-espionnage digne de ce nom. Pour le gameplay, c’est complètement raté donc mais visuellement, c’est peut-être correct ? Est-ce le point qui sauverait ce remake des profondeurs de la médiocrité ? Fin du suspense : non. XIII est un remake qui n’a aucunement sa place en cette fin d’année et même sur cette génération. Rien que graphiquement, on voyait mieux dans le genre sur la génération PlayStation 2/GameCube/Xbox… avec XIII, par exemple. Oui, le jeu d’origine est plus plaisant à l’œil, ce n’est pas une blague. Certes, le remake a quelques effets et modélisations plus réussis, heureusement, mais au passage, il a également gommé ce qui en faisait le charme, à savoir l’aspect bande dessinée.
Exit le cel shading et les textures qui rendaient hommage à l’œuvre de Jean Van Hamme, dites bonjour à un mélange entre réalisme daté et des contours noirs placés maladroitement sur les modèles de ce remake qui n’égalent en rien le travail d’Ubisoft il y a presque 20 ans. Si ce n’était que ça, on pourrait passer outre mais nous sommes loin encore d’avoir tout dit. Comme évoqué plus tôt, le framerate a beaucoup de mal. C’est rarement fluide, de quoi bien gâcher l’immersion et le plaisir de jeu. Ça amène aussi parfois à rigoler : les ennemis tombent tous, sans exception, avec un framerate semblant être en dessous de 10 images par seconde, chose qui est pourtant absente du jeu d’origine et absolument inexcusable aujourd’hui. Il y a constamment du screen tearing, des ombres pixelisées d’un temps révolu, des animations à la ramasse voire totalement absentes (à moins que XIII ne soit doté de la faculté de casser des grilles et de grimper des échelles par la simple force de la pensée, auquel cas on s’excuse), des effets moins agréables qu’avant comme le sang qui manque ou les zooms sur les ennemis morts qui étaient mieux mis en valeur dans le jeu d’origine, des soucis de sauvegarde, des méchants bougeant encore après leur mort, etc. Un vrai festival d’erreurs à ne pas commettre.
Le travail sonore est également bâclé. S’il y a de bons acteurs français derrière et quelques musiques de qualité, dont le mérite revient au jeu d’origine et non à ce remake, il y a ici des morceaux qui sautent en pleine action voire manquants, des dialogues qui s’interrompent d’un coup, des ennemis dont le cri d’agonie n’arrive soit jamais, soit qu’après leurs morts et d’autres joyeusetés du genre, en passant par des bruitages totalement ridicules ici et là, correspondant malheureusement à la quasi totalité du remake.
Verdict : 2/10
Le remake de XIII est indigne. Indigne de 2020, indigne de cette génération, indigne de son ainé. Si on retire l’ambiance et les moments amusants (malgré lui), le jeu fait tout pour ternir les bons souvenirs que l’on a de la production d’origine et de la bande dessinée. Le comble, c’est qu’il a été repoussé l’année dernière et qu’en l’état, il mériterait encore plusieurs mois de travail pour espérer devenir un titre correct. Qu’il ne soit pas un remake visuel au top de son genre, c’est une chose mais qu’il ose introduire bon nombre de problèmes tout en ne faisant pas au moins aussi bien que le jeu de 2003, c’en est une autre. À éviter à tout prix, tant qu’il n’y a pas de mises à jour majeures. Si vous souhaitez malgré tout sauter le pas, on vous souhaite bonne chance, vous en aurez besoin et plutôt XIII fois qu’une.
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