Après une fin d’année marquée par un enchaînement de blockbusters de qualité, Nintendo n’a pas dit son dernier mot et dévoilera le 1er décembre Xenoblade Chronicles 2. J-RPG situé entre tradition et nouveauté, nous l’avons testé en long, en large et en travers pour vous proposer aujourd’hui notre verdict.
Ce test a été réalisé sur Nintendo Switch à partir d’une version dématérialisée fournie par l’éditeur.
Véritable monument du jeu de rôle japonais, la saga Xeno est vraiment à part dans le monde du jeu vidéo. Au fil de ses épisodes, elle a rencontrée de nombreux succès critiques comme commerciaux grâce, notamment, à la qualité de la narration et la densité de ses histoires. Malheureusement pour nous, les épisodes ont souvent eu de grosses difficultés à arriver en Europe. Cependant, depuis quelques années, nous avons été particulièrement gâtés avec la localisation des trois derniers jeux : Xenoblade Chronicles, Xenoblade Chronicles X et enfin, celui que nous allons vous présenter aujourd’hui : Xenoblade Chronicles 2. Ce dernier, comme ces 2 prédécesseurs, est développé par l’excellent studio Monolith Soft (Xenosaga, Baten Kaitos, ou les plus récents Project X Zone) et est exclusivement à destination d’une machine Nintendo : la Switch. Avec un public japonais qui répond très présent depuis le lancement de la machine et une nécessité pour elle de diversifier ses exclusivités, ce nouveau J-RPG tombe à pic. A-t-il réussi à nous charmer ? Réponse de suite.
Shonen Nekketsu
Xenoblade Chronicles 2 met en scène le personnage de Rex, un jeune homme rempli d’ambition qui souhaite devenir pilote. Dans le monde d’Alrest, les pilotes sont des sortes de mercenaires qui se battent à l’aide d’une lame, sorte de créature qui accompagne son propriétaire et lui confère une arme et des Arts (compétences spéciales spécifiques à chaque lame). Lors d’une mission où il va devoir accompagner un groupe de pilotes, Rex se retrouve nez-à-nez avec l’Aegis, une lame légendaire qui trouvera en lui son propriétaire. Comme tout objet légendaire qui se retrouve dans la main d’un gamin, il est évidemment convoité par tout plein de gens très méchants qui vont très vite se mettre à la poursuite de Rex. Avec l’aide de l’Aegis, celui-ci se mettra également en route vers l’Elysium, un lieu mystérieux et fantasmé. Dès le début de l’aventure, il croisera la route de Nia et Tora qui l’accompagneront dans sa quête.
Si les enjeux de ce Xenoblade Chronicles 2 sont très sérieux, son ton général l’est bien moins. Que ce soit au niveau de la direction artistique, de l’écriture ou de la mise en scène, tout fait très « shonen ». De grosses scènes d’action sont au rendez-vous, ainsi que de nombreux gags et petits discours sur l’amitié. Les gros plans sur les boobs absolument abusés de l’Aegis sont également de mise. Après un début qui galère un peu à nous convaincre, l’aventure prend son envol et réussit à continuellement nous captiver grâce à tous les mystères qu’elle soulève mais également un background dense qui est d’autant plus intrigant.
Un délice pour les oreilles, pas tout le temps pour les yeux
Pour servir ce background, le titre se paye une direction artistique qui souffle le chaud (les grands environnements, les Titans) comme le froid (le chara-design général, franchement pas terrible). Le tout est enrobé dans une technique qui fait du mieux qu’elle peut avec son support et qui s’en sort au final très bien. Que ce soit en mode portable ou en mode TV, il est parfaitement possible de parcourir l’intégralité de l’aventure sans subir de gros problèmes. Quelques ralentissements (lorsqu’un trop nombre d’ennemis est à l’écran) sont à prévoir mais rien de catastrophique, ainsi que quelques soucis d’aliasing notamment dus à la résolution et la taille de l’écran en mode portable. L’open-world tient carrément la route et vous assure une aventure presque sans temps de chargement, ce qui est plus qu’agréable et quasi nécessaire en 2017.
Avant de passer au gameplay, évoquons tout de même la partie sonore du titre. Comme nous avons pu en profiter en avance, il ne contenait pas encore les doublages japonais (disponibles au lancement), ce qui nous a forcé à rester sur les doublages anglais. Ceux-ci sont passables et ont le mérite d’être présents mais, comme tout fan d’anime le sait, il vaut mieux profiter d’un shonen en japonais. Élément sonore qui s’apprécie dans toutes les langues, la bande-son est tout simplement magnifique. Yasunori Mitsuda (Chrono Trigger, Xenosaga, Inazuma Eleven) remet le couvert et nous propose une partition parfaitement adaptée à tous les moments, tous les endroits, toutes les ambiances.
Activating Combat Mode
Élément central de tout J-RPG, le système de combat du titre est une version à la fois plus épurée et plus complète de celui de ses prédécesseurs. Le HUD du titre a pris un sacré coup de jeune et s’est déporté sur les côtés de l’écran pour une meilleure lisibilité de l’action. C’est peut-être l’un des seuls efforts d’ergonomie qui se ressent en jeu puisque c’est un peu la cata à ce niveau-là (big up à la map qui a au moins une gen’ de retard), d’autant que nous sommes incités à passer un sacré temps dans les menus.
Le jeu part sur une base d’action-rpg avec divers types d’attaques qui dépendent les unes des autres. Les attaques basiques (simple), servent à recharger les Arts qui eux rechargent notre art « ultime ». Celui-ci peut prendre différentes formes, selon que nous le chargions au niveau 1, 2 , 3 ou 4. Comme expliqué plus haut, les Arts dépendent des Lames que vous vous équiperez. Une fois invoqués de manière aléatoire à l’aide de petites pierres (oui, comme dans les Free-to-play mobile), il sera possible de les améliorer via des arbres de compétence, renforcer leurs Arts ou bien leur équiper des objets qui amélioreront leurs statistiques de base et changeront parfois leur apparence.
Chaque lame possède également des compétences de terrain qui, comme leur nom l’indique, vont être utiles pour débloquer des raccourcis ou donner l’accès à des trésors. Si tout peu paraître un peu confus sur le papier, tout est très bien expliqué en jeu via un tutoriel qui distille les infos tout au long de la quête principale pour nous permettre de les assimiler à notre rythme.
Malgré son apparente complexité, il reste un système agréable à prendre en main et contient assez de profondeur pour nous tenir scotchés à la manette. Malgré tout, ce type de gameplay ne convient pas à tout le monde et si vous aviez eu des difficultés avec celui des deux précédents opus, ce n’est pas celui-ci qui arrivera à vous réconcilier.
Postier à temps partiel
Alors que nous ne cessons de vous déballer les nombreuses qualités de ce Xenoblade Chronicles 2, il a malgré tout des défauts. LE plus gros d’entre eux, c’est définitivement le rythme global du titre et le feeling de ses quêtes. Oui, le système de combat est super cool, les environnements sont gigantesques, le jeu fourmille de quêtes annexes mais celles-ci sont beaucoup trop classiques et inintéressantes. Tout est à base de « Rex, va me chercher 3 machins », « Rex, un grand monstre a enlevé mon fils, il faut que tu ailles l’éliminer », « Rex, va parler à mon frère, il fait la gueule ». Heureusement que l’histoire ne nous pousse pas trop à farmer ces quêtes parce que clairement, couplées à l’ergonomie douteuse des menus, les enchaîner est un enfer. Parfois, mieux vaut aller vous-même foncer dans un gros spot à monstres et tout découper pour grinder de l’xp, plutôt que de courir aller chercher des pommes à droite à gauche. Même si le J-RPG doit garder un minimum d’identité, les japonais vont devoir commencer à encaisser The Witcher 3, comme s’y sont déjà mis quelques studios occidentaux.
Néanmoins, au milieu de toutes ces quêtes trop classiques est né le système de récupération. A certains spots prédéfinis et moyennant des objets spécifiques et un petit QTE, il vous sera possible de récupérer une sélection d’objets relative à l’endroit où le spot est situé. Leur rareté et le nombre que vous obtiendrez dépendra du lieu du spot mais également de la réussite du petit QTE.
Verdict : 8/10
Après des heures passées à arpenter les plaines, montagnes et lacs d’Alrest, il est temps de faire un bilan de ce Xenoblade Chronicles 2. Lui donner une note est un défi tant son appréciation peut varier d’un joueur à un autre. Son côté très naïf et shonen peut ne pas plaire à tout le monde, son rythme de jeu également, son ergonomie nous ramène une gen en arrière, son chara-design frôle le carnage. Et pourtant, pour peu que vous rentriez dedans, vous découvrirez un système de combat qui semble avoir constamment du nouveau à vous proposer, des personnages aussi moches qu’attachants, et un background riche. Le tout saupoudré d’une excellente bande son. Xenoblade Chronicles 2, c’est une aventure qu’il faut être prêt à parcourir, mais qui récompensera grassement ceux qui auront eu ce courage. Bon, un petit Baten Kaitos 2 maintenant, Monolith Soft ?
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