XCOM, série phare des années 90, intimement liée au tour par tour, a connu ,comme bon nombre de licences de cette époque une étonnante traversée du désert. Les fans, en manque de leur porte-étendard, ont alors jeté leur dévolu sur d’autres sagas, d’autres jeux capables de leur apporter ce frisson propre à la licence XCOM. Jusqu’à ce que Firaxis décide de rouvrir quelques vieux cartons de chez feu MicroProse et annonce alors un reboot de la licence. Le premier épisode, sorti en 2011, a ravi la plupart des fans, heureux de retrouver la tuerie d’extraterrestres en masse. Et bien évidemment, avec le succès, la suite a très vite été annoncée. Après avoir sorti son jeu sur PC en février 2016, le studio a longtemps laissé planer le doute quant à un éventuel portage sur consoles de salon. Bien évidemment, aujourd’hui la question ne se pose plus et c’est donc depuis le 30 septembre que les joueurs PS4 et Xbox One ont pu retrouver la suite de XCOM: Ennemy Unknown. Le travail réalisé par le studio en charge du développement, The Workshop, est-il à la hauteur des attentes des fans ?
La résistance au cœur du jeu
A la fin du premier épisode, votre esprit tactique était venu à bout de l’invasion alien. Vous aviez sauvé la Terre des envahisseurs et le monde célébrait sa victoire. Mais ça, vous pouvez dès maintenant l’oublier, car dans XCOM 2, l’espèce humaine n’a pas gagné, bien au contraire. Afin de limiter les pertes, la civilisation dans son ensemble a privilégié la reddition. Le gouvernement Alien, par l’intermédiaire de la corporation ADVENT, a mis en place une politique dictatoriale et continue ses exactions sur les Hommes, le tout avec la bénédiction des politiciens du monde, grâce notamment à une large propagande orwelienne mettant en avant la suprématie extraterrestre et les bienfaits des avancées technologies apportées par ces derniers. En clair, il est temps pour vous de répondre à l’appel et mettre en place la résistance qui passe par des missions de terrain, mais aussi par un aspect gestion et développement extrêmement développé afin d’améliorer vos troupes.
C’était pas ma guerre
Votre rôle en tant que commandant de la résistance est de mener à bien un certain nombre de missions afin de réduire l’avancée du projet Avatar, sorte de compte à rebours qui, s’il n’est pas stoppé à temps, entrainera irrémédiablement la fin de votre partie. Pour éviter cela, tout au long de la campagne, il vous sera demandé de faire des choix, d’opter pour les bonnes batailles, mais aussi de développer comme il se doit vos unités, votre vaisseau et assigner les bonnes recherches à vos scientifiques et ingénieurs, le tout dans l’urgence puisque la progression du projet Avatar peut parfois aller très vite. Il faut apprendre à vivre avec ce sentiment d’urgence, mais aussi avec le poids de vos décisions, tant certaines peuvent s’avérer fatales par la suite. Un projet de recherche important sur lequel vous ne vous êtes pas focalisé et c’est toute la résistance qui se retrouvera fragilisée. Le jeu regorge de choses à faire et au début les néophytes seront forcément perdus devant tant d’éléments. Le chronomètre du projet n’aide pas non plus et vous aurez vite l’impression d’être dépassé et constamment interrompu. Heureusement, une fois les mécanismes intégrés, ce sentiment de profusion s’estompe et le jeu arrive finalement à distiller habilement toutes ces informations. Il n’empêche, partez du principe que vous vous sentirez presque obligé de devoir recommencer l’aventure depuis de début. En effet, une fois tous ces éléments connus et digérés, un sentiment de vouloir et pouvoir mieux faire s’installe chez le joueur et vous motive à recommencer une partie. Et forcément, on se rend compte que tout se passe beaucoup mieux. Le jeu nous apprend son fonctionnement à la dure, avec peu d’informations sur les conséquences de nos actes, du jargon militaire particulier et peu de données sur les recherches à réaliser en premier.
Le nerf de la guerre
Le système de combat du titre au tour par tour met l’accent sur le principe de couverture et de furtivité, le tout demandant la plupart du temps de réagir assez vite. Contrairement à XCOM premier du nom, la guerre de position est ici terminée et le jeu vous force à régulièrement vous déplacer et changer de lieu de couverture. L’IA ennemie cherche souvent à vous contourner, à vous prendre en tenaille et laissera rarement vos soldats tranquillement dans un coin. Cette dernière se veut désormais beaucoup plus offensive et ne vous passera pas la moindre petite erreur. Chaque combat pourra être le dernier pour un ou plusieurs de vos soldats et la prudence sera donc de mise. Sauf que rester prudent s’avère parfois impossible, déjà car l’IA est toujours dans l’agression, cherchant sans cesse à déloger vos unités, mais aussi car la plupart du temps, vous disposez d’un nombre de tour limité pour atteindre votre objectif, qu’il s’agisse de pirater un ordinateur ennemi ou bien de libérer un VIP. Par ailleurs, à vous de maximiser la manière dont vous allez attaquer, de bien connaître les capacités de vos soldats et celles des ennemis, et de toujours être vigilant à ce que vous voyez, mais surtout à ce que vous ne voyez pas. Un groupuscule ennemi caché et c’est tout votre plan d’attaque qu’il faudra revoir. Savoir avancer prudemment, rapidement et efficacement sera la clé de la victoire dans bon nombre de batailles. Au fur et à mesure de votre progression, le bestiaire ennemi sera plus puissant, plus véloce et gagnera en capacité. La courbe de progression du jeu peut parfois s’avérer brutale mais n’est jamais frustrante car elle se fait en adéquation avec l’évolution de vos personnages qui, si vous vous débrouillez assez bien, seront normalement capables de venir à bout des tâches les plus difficiles. Il sera alors à vous de trouver la stratégie la plus efficace.
La mort est également un élément incontournable du titre. Définitive, elle viendra punir assez rapidement une mauvaise stratégie. Un soldat a découvert et c’est tout le groupe ennemi qui le prendra pour cible. Une couverture mal choisie et l’IA en tirera forcément parti. Même les combats annoncés comme faciles sont loin d’être une sinécure et requièrent toujours la concentration du joueur. Surtout que même si vous ne perdez aucun soldat, les dégâts qu’ils reçoivent s’avèreront pénalisant puisqu’ils seront blessés et ainsi indisponibles pendant un certain nombre de jours, dans l’incapacité de venir prêter main forte lors des combats. Par conséquent, il faudra être capable de recruter beaucoup de soldats, pour assurer un certain turn over et disposer ainsi de troupes prêtes à en découdre à tout instant. Par ailleurs, il est désormais nécessaire de prendre en compte les moments de stress et de panique de vos soldats, qui en plein combat, à force d’essuyer des tirs ennemis ou de voir leurs alliés tomber sous les balles, peuvent prendre peur, ne plus répondre, sortir de leur couverture et décider de tirer au hasard sur l’ennemi. Un petit côté aléatoire au combat plutôt sympathique qui rajoute de la tension.
XCOM 2 mise également énormément sur la destruction de l’environnement afin de pouvoir modéliser les maps en fonction des besoins. Les grenades et autres lance-roquettes sont des équipements à utiliser absolument pour ne serait-ce que déloger les adversaires au minimum, au mieux détruire leur planque et être sûr de les toucher. Le licence a véritablement réussi un grand renouvellement dans sa manière de mener les combats. Reprendre les bases d’un gameplay déjà bien calibré pour en faire sortir quelque chose de nouveau mais surtout de pertinent et jouissif est assez rare et se doit être souligné. Firaxis n’a pas ici sorti une suite fainéante mais bien un titre justifiant son numéro deux.
En pleine attaque Alien
Bien sûr, un jeu aussi tactique que XCOM 2 ne serait rien sans des maps bien travaillées. Et c’est le cas. Toutes les maps sont sur plusieurs niveaux afin de permettre de diversifier les approches. Ainsi, il sera parfois nécessaire d’avoir une avancée de vos unités plutôt verticale afin de vous dégager une ligne de tir la plus précise possible. Les couvertures sont nombreuses, mais pas trop nombreuses non plus, et ce, afin de vous forcer à vous déplacer un maximum. Seul petit bémol, il n’y a finalement que peu de cartes différentes et le recyclage se ressent un peu trop. La lassitude finit parfois par prendre le dessus lorsqu’on se retrouve par exemple pour la cinquième fois sur la même map. Certes, le jeu essaye de modifier cela en faisant démarrer le combat sur un emplacement différent, mais il ne s’agit que d’un cache misère plutôt voyant. Dommage.
Comptez une bonne quarantaine d’heures si vous souhaitez terminer le jeu une première fois. Et encore, cela dépend grandement de la manière dont vous allez progresser. De toute façon, il est difficile de vraiment quantifier le temps que vous allez passer sur le jeu. Déjà en premier lieu car une fois le jeu lancé, vous allez oublier la notion de temps. Ensuite, car de toute façon, chaque nouvelle partie sera différente de la précédente. A commencer par le point de départ qui varie à chaque new game. Vous allez vouloir faire d’autres choix, spécialiser différemment vos unités, mettre vos nerfs à l’épreuve avec un mode de difficulté supérieur ou vous essayer à l’Ironman (aucune sauvegarde possible en combat). XCOM 2 vous propose et vous invite surtout à des nouvelles parties plutôt facilement, et vous y retournerez avec plaisir. De plus, chaque partie est différente de la précédente car générée aléatoirement. Ainsi, vous allez commencer à chaque fois dans un endroit différent du globe et impacte l’ordre des missions. A noter également la présence d’un multijoueur PVP, qui sans être totalement indispensable, permet à deux joueurs de s’affronter avec la possibilité de monter une escouade d’alien pour plus de fun. Et même si le scénario n’est pas folichon, rien que son gameplay suffira à faire de XCOM 2 un jeu qui réchauffera vos longues soirées d’hiver.
Côté animations et graphismes, soyons honnêtes, ce n’est pas non plus le point fort du titre. La technique non plus. Le jeu accuse de temps en temps des baisses de framerate qui, sans gâcher le plaisir, font quand même tache. Les animations également sont parfois assez étranges, notamment lors des collisions. Aussi, il est toujours bizarre de voir notre soldat tirer droit dans le mur mais réussir à toucher sa cible quand même, la magie des fusils plasma sans doute… Sans être vraiment pénalisant, le problème est que tout cela nuit à l’attachement de nos unités qui ne sont finalement que de la chair à canon sans âme. Alors, un effort a tout de même été fait dans ce sens, notamment dans les petites séquences de début et fin de mission dans lesquelles nos soldats débutent plein de volonté pour finalement rentrer à la base totalement épuisés en s’effondrant sur le sol, mais cela n’est pas suffisant. Nos soldats morts sont vite oubliés, pour nos unités, mais surtout pour nous. Pourtant, le jeu propose un système de personnalisation des troupes, avec la possibilité de modifier leur look. Malheureusement, peu suffisant. La gestion de la caméra pose à de rares occasions quelques soucis, mais une simple pression sur la gâchette permet de la remettre à sa place.
Que dire du gameplay à la manette si ce n’est qu’il est réussi ? Le studio en charge du portage, The Workshop, a réussi la prouesse de rendre l’utilisation de la manette sur XCOM 2 vraiment sans reproche. Le joystick permet de réaliser des déplacements précis sur la carte, les boutons font des raccourcis de premier choix et le tout passe de manière très fluide. On ne va pas parler d’exploit ici mais force est de reconnaître l’effort du studio, même si une partie du chemin avait déjà été réalisée sur le premier épisode.
Verdict
Malgré quelques lacunes techniques que l’on ne peut passer sous silence, XCOM 2 est un jeu d’une très grande qualité qui vous fera rapidement oublier ses quelques petites errances. Certes, graphiquement, le jeu ne cassera pas trois pattes à un canard et les quelques baisses de framerate (qui ne viennent jamais gêner l’action, rappelons le) nuisent quelque peu à l’immersion, mais est-ce vraiment une baffe graphique que l’on attend de ce genre de titre ? XCOM 2 vous proposera un véritable challenge, qu’il faudra apprivoiser, cerner et bien comprendre. Une fois le premier pas fait (et soyons honnêtes, c’est un premier pas facile), le jeu s’ouvre à vous et vous lâche ce qu’il a dans le ventre. Irréprochable sur bien des points, ce véritable must have se paye même le luxe de proposer un gameplay à la manette subtil : de quoi régaler les joueurs consoles.
Testé à partir d’une version PS4 envoyée par l’éditeur
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