Vous savez, cela fait bientôt plus de trois mois que Gorgutz a reçu une clef pour tester X4 Foundations, et vous vous en doutez qui dit clef, dit analyse et dit chèques cadeaux Flunch. Si dans la réalité l’une de ces trois affirmations est fausse, dans le fantasme imaginaire l’exercice de l’analyse n’est pas aussi aisé qu’il peut y paraître. Et X4 Foundations n’est pas un jeu à prendre à la légère, il est même d’ailleurs très difficile à saisir. Mais nous allons essayer, dans son état, de comprendre ce qu’il en est, mais avant faisons un petit tour du propriétaire. X est une série développée par Egosoft depuis 1999, cette dernière propose aux joueurs de se propulser dans un univers entièrement dynamique aux commandes d’un vaisseau et/où tout lui sera permis. Si vous aussi vous avez tiqué sur le « tout », sachez que Gorgutz le mégalomane teigneux prêt à tout pour assouvir ses rêves de conquête a bien lu cet adjectif indéfini.
Test réalisé sur Gameboy grâce à une copie de marbre envoyée par l’éditeur.
Kar Gork !
Contre-pied total d’une industrie saturée de vitesse, X4 Foundations développe une narration éparse qui sent bon l’ancien bois, la vieille page jaunie par le temps, qui vient rappeler une époque pas si lointaine où il fallait aller véritablement chercher ses informations. Bien entendu, le soft fait le choix d’une solution qui semble hors de notre période, en ne relatant que très peu ses éléments directement. Cela tant à se signifier par une cinématique qui vous expliquera le speech de base, le reste ? Hé ben tu devras le fouiller mon loulou hé ! Car effectivement si vous souhaitez en apprendre plus sur l’univers de X4 Foundations, cela se fera à l’image même du jeu, par votre histoire. Vous débloquerez donc des informations en fonction de vos choix, cependant il faudra la trouver dans l’encyclopédie qui résultera à se remplir en gouverne de vos réalisations. À titre d’exemple si vous vous dédiez à la protection des secteurs Argon (l’une des races du soft) par le combat, vous n’aurez pas les mêmes informations sur la faction qu’un joueur ayant œuvré dans le commerce argonien. Bien entendu cela vient à suivre une linéarité classique, qui encore une fois ne vous sera pas spécialement annoncée, mais sera notifiée par des changements graduels pendant votre partie, comme des ennemis plus présents dans une zone limitrophe entre deux camarillas en guerre, ou carrément une expédition d’une flotte dans un secteur contrôlé par une force rivale, essayant de prendre de force la zone.
Vous l’aurez compris, votre aventure influera sur votre conception de l’univers de X4 Foundations, si cela est probant il montre malheureusement des problèmes. Comme vous l’avez lu, Gorgutz a passé une centaine d’heures dans son aventure principale, or comme dit, c’est une aventure principale, dans laquelle ce dernier a choisi son départ, un début argonien. Alors il pourra vous conter la partie commerciale de cette dernière, mais sera tristement mué en relation aux autres factions qui ont aussi des choses à raconter. Cela vient offrir une lecture trop éparpillée, sachant que si vous souhaitez découvrir toutes les subtilités, il faudra compter plusieurs centaines d’heures. Heureusement pour nous, les forums sont présents ainsi qu’une petite, mais active, communauté française sera présente pour vous aider à recoller les morceaux de l’histoire. Cependant, avant de faire votre achat, vous devrez bien garder à l’esprit que comme un Souls, la narration passera par vos lectures des objets dans l’encyclopédie et des conversations parfois lunaires.
É Mork !
La clef de voûte du jeu repose sur deux piliers complémentaires, comme nous l’avons évoqué plus haut X4 Foundations vous propose d’évoluer dans un univers dynamique, mais qu’entendons-nous par dynamique ? Gorgutz se tient à l’idée qu’un univers vivant est un espace dans lequel sa Waaaagh peut s’exercer et interagir, s’il décide à titre d’exemple d’attaquer une zone. Il attendra alors que son propriétaire la renforce, ou change de lieu, ou bien qu’il l’abandonne. Pour lui, un monde dynamique est un monde qui réagit à ses actions et X4 Foundations offre ça. Vous êtes spécialisé dans la vente de métaux, mais cela ne vous rapporte plus, car le marché est saturé ? Pourquoi ne pas détruire des vaisseaux pour créer une demande de matière première, afin de refaire monter le prix des métaux ? Mais attention, cela affectera votre relation avec la faction ciblée, ses possibles alliés ainsi qu’ennemis. Vous l’aurez compris, l’économie est la clef de voûte d’un gameplay qui prendra en profondeur au fil du temps, et bien entendu si nous avons évoqué que les minéraux, il est envisageable de faire la même chose, voir plus, avec d’autres matériaux (blé, contrebande, photopile, trousse de soins, etc..). Ce système économique peut-être traduit de façon linéaire, nous partons d’une production d’un actif de base (exemple Ore), qui sera raffinée pour ensuite être revendue à différents secteurs industriels (armement, pièce de vaisseau, etc), pour subséquemment fabriquer des missiles, sondes, etc.. À vous d’interférer avec ce dispositif comme vous le souhaitez (commerciale, piraterie, ou simple destruction). Afin de vous laisser une idée des champs de possibilités, voici un organigramme des constructions.
Vous l’avez compris, pour notre mégalomane de Gorgutz, un monde dynamique est un univers où il voit les effets de ses interactions avec ce dernier, nous comprenons maintenant pourquoi il estime Red Dead Redemption 2 (notre test) comme un jeu avec une génération de retard (c’est gratuit !). Mais offrir un monde de telle manière est une chose, s’occuper à l’intérieur en est une autre. Comme nous l’avons aperçu plus haut, la nef économique est soutenue par deux bras : le commerce et le combat. Si votre objectif reste personnel, vous aurez forcément besoin de fond, et ces deux façons peuvent se montrer tout aussi lucratives l’une que l’autre. Le business vient à se diviser en deux branches : les objets légaux, et la contrebande, l’un étant plus calme que l’autre, mais également moins juteux. Mais les deux reviennent à la même chose, trouver un objet à un prix bas pour le revendre à un coût supérieur. À vous donc de découvrir les routes commerciales de lucre, tout en développant votre économie en achetant de nouveaux vaisseaux avec pilote pour vous aider à engranger plus de profit. Le combat de son côté est voué à un style plus agressif (c’est gra.. Non c’est logique), ou si dans un premier temps vous agissez comme un mercenaire, très rapidement en fonction de votre secteur de prédilection des accords avec la faction, cette dernière vous proposera des missions très lucratives qui encourageront l’effort de guerre, allant d’une destruction à la surveillance d’une zone rivale, les missions se montrent relativement variées. Bien entendu, que vous soyez commerçant ou combattant, vous gagnerez en réputation auprès des factions pour lesquelles vous travaillez, vous permettant ainsi d’acheter des vaisseaux réservés à un rang, plus puissant, comme des modules pour votre prochaine base.
Car oui, être le pignouf qui travaille ça va quelques heures, nous sommes la génération Startup Nation et à un moment, il vous sera grand temps de commencer à vous positionner sur un secteur afin d’amasser vos premiers gros millions. C’est ici que le soft dévoile une troisième étape, votre prise de pouvoir en devenant un acteur conséquent du monde dynamique. À ce stade du jeu, nous estimons que vous êtes à la tête d’une petite flotte, commerçante ou combattante, avec une station fixe. Cette dernière étape, plus laborieuse arrive à montrer les limites actuelles de X4 Foundations. La principale étant le fait que si vous influez sur l’économie, vous ne pouvez pas être considéré comme une faction. Une suite logique non disponible au moment de ces lignes, et qui vient briser un effet de progression crescendo, avec en finalité un plus sans grand intérêt. Car oui, vous pourrez y construire votre base, gérer ce qu’elle produira, à qui acheter les matières premières, ou alors aller les chercher, mais hormis engendrer des sommes que vous réinvestirez, vous vous sentirez vite limité. Revendiquer un secteur ? Possible, mais vous ne serez jamais reconnu comme une faction. Ainsi monter des flottes pour le combat n’offre que peu de satisfaction, vous pourrez toujours les envoyer pour aider vos factions alliées, offrant dès lors des affrontements magistraux, mais dépenser son temps, son énergie et ses fonds pour soutenir une guerre qui n’est pas le sien montre rapidement des frontières.
En somme, le pilotage (oui vous aussi vous aviez oublié que nous parlions d’un simulateur spatial ?) des vaisseaux se fera de façon délicate. Il faudra compter un certain temps avant d’estimer contrôler l’appareil le plus modeste, non pas que ce dernier soit complexe à manœuvrer, mais un temps d’adaptation pour garder la ribambelle de touches en tête, ainsi que l’ergonomie générale. Une fois ces dernières sur le bout des doigts, vous pourrez enfin parcourir les secteurs sans trop de difficulté. En effet le soft reprend le principe de X: Rebirth avec les autoroutes, permettant de traverser une zone d’un bout à l’autre en une période minime, et les portails qui viendront vous faire passer d’un secteur à l’autre. Dans les nouveautés, nous noterons l’arrivée des failles qui vous offriront de quoi sauter vers une région aléatoire, ce qui peut se montrer pratique pour les vendeurs en herbe. De plus, chaque vaisseau dispose de base de trois modes : super vitesse, scanner et scanner à longue distance. Vous pourrez à tout moment passer d’un à l’autre, vous offrant la possibilité de scanner des soutes ou des stations, ou de découvrir ce qui vient à se cacher dans un secteur via la longue portée. Nous soulignerons également l’effort des combats, qui se voit enfin agrémenté d’un bruitage probant, malheureusement comme nous le révèlerons plus bas, une impression de non-puissance continue à se faire ressentir. L’un des points importants à spécifier est la carte qui vient à être plus ergonomique, afin de gagner en lisibilité, elle pourra maintenant vous afficher directement (à condition d’avoir l’information) les prix d’achat et de revente d’une ou plusieurs ressources en un clic. Bien entendu, si vous êtes un habitué de la série, vous pourrez toujours améliorer vos vaisseaux, armes, boucliers, propulseurs, logiciels, etc. seront à votre disposition. La nouveauté résidera dans le fait de pouvoir trouver ou crafter, des objets d’une qualité supérieure, exemple des boucliers qui pourront encaisser plus que ceux disponibles chez un marchand.
Sanctus Christus sur votre processeur.
Prévenons de suite, X4 Foundations est l’un des jeux les plus gourmands de cette génération, dépassant de loin des softs comme Battlefield V ou encore Metro Exodus, mais cela vient à se justifier. Car oui, gérer un véritable monde dynamique use de la ressource. Chaque vaisseau est simulé c’est-à-dire qu’il n’est pas généré de façon aléatoire (à titre d’exemple les patrouilles de Far Cry 5 sont générées aléatoirement), chaque unité commerciale ou de combat possède une continuité et une identité. À comprendre que même ce qui n’est pas visible sur votre écran est en train de « vivre », par exemple un affrontement peut se dérouler à l’opposé de la galaxie, sans même que vous soyez au courant, de même pour les actes de piraterie, etc.. De ce fait, le processeur de votre machine sera sollicité de manière intensive, de même pour la carte graphique qui grimpera dans les tours très rapidement dès que les attaques massives feront rage. À titre d’exemple sur un i7 9600K l’emprunt est monté à des piques de plus de 80% pendant plusieurs minutes, la carte graphique n’est également pas en reste, une 1080Ti, ira chercher 70% de ses ressources dans des batailles de grande envergure.
Techniquement le soft reste agréable à l’œil. L’application graphique offre un rendu propre dans l’ensemble, à noter qu’à son maximum l’Anti-Aliasing laisse encore passer quelques escaliers. À observer les effets de lumière des étoiles ainsi que les reflets générés par ces dernières, tranchant parfaitement avec l’obscurité de l’espace est la bienvenue pendant les phases à pieds, sublimant les vaisseaux. Malheureusement, une fois dans l’espace, les effets lumineux viennent à manquer, si la carlingue, elle, brille de mille feux, n’espérez pas voir vos armes cracher des gerbes éclairées, le soft s’en tiendra à son minimum syndical. Ce qui d’autant plus dommage que Egosoft semble avoir fait un travail sur l’échelle de taille des vaisseaux/stations titanesques, offrant une impression de puissance à la simple vue, sensation très vite effacée par le ridicule des impacts de tir ou encore d’explosion. Ajoutons aussi que les animations corporelles sont d’un autre âge. Du côté de la bande sonore, le soft de Egosoft souffle le chaud et le froid. La musique dans son ensemble est d’une qualité équivalente aux trois derniers opus, toujours autant agréable à l’écoute, ce qui n’est pas vraiment une surprise. Nous retrouvons Alexei Zakharov aux platines, dans un style légèrement moins agressif et plus langoureux. Enfin les effets sonores, si un effort a clairement été fait, particulièrement dans la netteté des sons, des lacunes viennent à s’agripper vigoureusement. La spatialisation des sons ambiants est bonne dans les stations, mais très singulière une fois dans l’espace, offrant une impression que votre armement, peu importe votre vaisseau, hurle à côté de vos oreilles. Hormis ce point parfois déroutant l’ensemble reste relativement correct, mais mériterait à gagner en particulier dans l’espace.
Quitte ou double
Nous allons être encore une fois honnêtes avec vous, mais nous ne pouvons pas estimer votre temps de jeu dans ce X4 Foundations, pensé comme un bac à sable. Cependant il faudra s’accrocher pendant vos premières dizaines d’heures. Avare en explications, il faudra trifouiller, se planter, recommencer pour véritablement prendre un plaisir de jeu et faire de grande(s) chose(s). Le « tout » est réellement possible, dans la mesure du soft soyons clair. Gorgutz a fait fortune en organisant d’authentiques Go-Fast intergalactiques, cela lui a pris plusieurs heures pour monter cela, mais le résultat est là. Et nous pouvons vous l’assurer, croiser ses vaisseaux commerciaux en travail, regarder ses flottes minières sous escorte s’enfoncer dans l’espace, voir ses crédits gravir pendant que vous « chillez » dans votre station, mettre « Wouldn’t It Be Nice » tout en sirotant une Maximator, c’est d’abord une double lecture, mais surtout un sentiment unique de réussite. Enfin, depuis l’arrivée de la 2.0, les mods (bien que déjà présents) sont amenés sur le Workshop de Steam, facilitant ainsi le téléchargement et l’installation, qui proposera dans le temps du contenu supplémentaire gratuitement de la part des joueurs. Malgré cela si vous voulez un chiffre précis, le temps moyen d’un joueur est estimé à 70h sur DBSteam.
Bien que relativement menaçant, ce vaisseau n’a d’utilité qu’à chercher du minerai.
Verdict : 8/10
Si vous appréciez les jeux de gestion, foncez, si vous aimez les combats spatiaux imposants, foncez, si vous avez du temps, doubles raisons que vous fonciez. X4 Foundations est le jeu qui peut faire rêver, débuter comme petit dealer vendant de l’herbe cachée dans sa soute, grimpant les échelons en commençant la piraterie, frapper avec précision vos cibles pour vider les soutes ou voler le navire, avoir des finances suffisantes pour commencer à recruter d’autres pilotes, voir sa flotte s’entendre, encourager indirectement une guerre civile dans un secteur, favoriser un clan plus qu’un autre, c’est ça X4. Pas besoin d’un indicateur de karma pour savoir si vous êtes dans le bon ou mauvais, pas besoin non plus d’indicateur de choix pour vous signifier un prochain changement. De plus, il est l’un des rares (avec Kingdom Come) à offrir un véritable monde ouvert dynamique, où l’économie (nous sous-entendons bien que les vaisseaux commerciaux également) suivent leur cours et où vous pouvez, tel un néolibéralisme, la fluctuer si vous le souhaitez. Si dans un début vous êtes spectateur d’un monde, à force de travail vous en deviendrez un acteur, et pourrez le façonner comme vous l’entendez. Nous pourrons cependant reprocher à Egosoft une IA parfois aux fraises, des effets sonores mal gérés, ou encore le fait qu’à ce jour il n’est pas possible d’être considéré comme une faction entière. Mais à partir du moment où nous savons que l’équipe de Egosoft n’est constituée que d’une vingtaine d’employés, et que le studio a toujours porté ses jeux jusqu’à ébullition, nous pouvons réellement prendre en compte toute la portée du travail du studio. Et que non, il n’est pas parfait, mais vient à offrir aux joueurs du genre, la simulation spatiale la plus complète en termes de possibilités.
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