Bien que très critiqué et tout juste passable, WRC 5 n’était pas exempt de qualité, notamment au niveau de son gameplay. Reste qu’en tant que premier jeu de rallye de la part des petites français du studio Kylotonn – qui succédaient aux Italiens de Milestone – c’était plutôt encourageant pour la suite et on attendait donc impatiemment ce WRC 6. Avec la promesse de prendre en compte le retour des joueurs et l’abandon des versions anciennes générations, les développeurs entendent nous offrir un produit à la finition plus carrée, tout en proposant une expérience de jeu optimale. Et à l’heure du verdict, on ne peut que reconnaître qu’il y a vraiment du mieux dans ce WRC 6, une petite renaissance s’opère, mais il reste encore quelques petites errances à corriger.
La french touch
Depuis WRC 5, ce sont donc les frenchies de chez Kylotonn qui sont au volant de cette pseudo simulation de rallye initiée en 2010 sur la génération précédente, si l’on met de côté les deux opus PlayStation 2 développés par Evolutions Studio pour Sony. Anciennement entre les mimines de Milestone, aujourd’hui père de Ride et de Sebastien Loeb Rally Evo, la série n’a jamais réellement brillé et a toujours été vivement critiquée par les joueurs et la presse spécialisée. Néanmoins et avec l’arrivée d’un nouveau studio sur la licence, il y eut du mieux, on sentait tout de suite une équipe très impliquée dans son jeu et pourvue des meilleures intentions, sans pour autant avoir forcément les moyens de ses ambitions. WRC 5, certes très moyen, laissait entrevoir une lueur d’espoir pour la franchise et les annonces faites pour cet épisode 6 allaient toutes dans le bon sens, de quoi réellement espérer un jeu de rallye de très bon niveau.
Kylotonn s’est en effet fait une joie de répondre aux attentes des fans en prenant en compte leurs nombreux feedback durant le développement de ce WRC 6. Finie la sortie sur old gen, il s’agit du premier opus uniquement disponible sur PlayStation 4, Xbox One et PC, de quoi espérer un moteur graphique enfin satisfaisant. Pour apporter quelques ajustements au gameplay, l’équipe de développeurs a fait appel à un ancien pilote français champion du monde des rallyes WRC 3 pour prendre conseil en la personne de Sébastien Chardonnet. Les joueurs demandaient aussi des spéciales plus longues, une météo plus agressive sur les conditions de conduite et des sensations plus distinctes entre les différentes surfaces. Toutes ces choses ont été entendues et appliquées dans ce 6è épisode qui pourtant, se plante encore une fois dans la dernière ligne droite…
Y’a t’il un pilote dans le garage ?
Première constatation, les modes de jeu n’ont presque pas évolué depuis l’épisode précédent, et même le mode Carrière est à quelques détails près exactement le même qu’auparavant. Ce dernier est très décevant et ne présente finalement qu’un intérêt très minime sur le long terme. C’est d’autant plus vrai qu’une fois votre premier championnat du monde remporté en catégorie WRC, il y a très peu de chance pour que vous y retourniez. La mise en scène est inexistante, tout juste avons nous le droit aux podiums, la gestion d’écurie l’est tout autant et ce n’est finalement qu’une succession de Rallyes et de spéciales. C’est impersonnel et très générique et s’il nous est donné la possibilité de nommer notre pilote et de décider de sa nationalité, il n’y aucune création d’avatar et d’écurie, pas de customisation visuelle des voitures, rien, le néant absolu. On regrette le choix des développeurs de ne pas avoir été plus visionnaires pour ce mode Carrière qui ne présente qu’une petite nouveauté pas bien affriolante avec l’arrivée d’objectifs spéciaux pour chaque Rallye, qu’il est plutôt facile à remplir, et qui influe sur le moral de l’équipe. Les contrats eux n’ont pas bougé d’un poil et il n’est toujours pas possible d’avoir une quelconque influence sur les termes qui y sont fixés. Bien entendu, on commence notre carrière en catégorie Junior, pour passer en WRC 2 et ensuite atteindre le WRC classique, pour y retrouver toutes les grosses écuries actuelles et les gros noms qui les accompagnent à l’instar de Sébastien Ogier, Latvala ou encore Mads Ostberg.
Le déroulé des Rallyes reste tout de même fidèle à la réalité et ils s’éparpillent donc tous sur trois jours. On a ainsi le droit de participer à quatorze rallyes, tous officiels bien évidemment, et de se disputer la première place de ses derniers sur quelques quarante spéciales – le Rallye de Chine est même de retour – et onze super spéciales. Entre chaque journée de course, possibilité nous est donnée de réparer notre bolide pour une durée totale de réparation de quarante-cinq minutes, ce qui est normalement amplement suffisant pour remettre sur roues sa belle monture. Au niveau de l’IA, tout se gère via le mode de difficulté choisi, en intermédiaire les choses sont bien trop faciles, mais dès que l’on passe le jeu en difficile et/ou en expert, cela se complique vraiment. Trouver les bons réglages pour votre voiture avant de disputer une spéciale devient alors très important, tout comme gérer sa conduite sans accroc majeur. Ce WRC 6 reste tout de même suffisamment accessible pour que tout le monde y trouve son compte, cela grâce à divers réglages dans les options permettant de paramétrer l’aide à la conduite et donc la difficulté aussi.
Hormis cette carrière peu passionnante donc, on trouve un mode Course Rapide, la possibilité de jouer un championnat que l’on monte soit même de toutes pièces et c’est tout. Voilà pour ce qui est du solo, pas grand-chose à se mettre sous la dent en somme. En qui concerne le multijoueur, la donne ne change pas, contenu décevant, pas de championnat en ligne, que la possibilité de rejoindre ou créer un lobby pour y disputer des spéciales avec système de vote à la fin de chacune d’entre elles afin de choisir la suivante. Existent aussi deux types de défis limités dans le temps et donc souvent renouvelés auxquels tous les joueurs peuvent participer. Enfin, il y a bien un mode deux joueurs en local via split screen, merci beaucoup pour cela tant ça devient rare de nos jours, alors que l’on peut aussi jouer jusqu’à huit joueurs à tour de rôle. Globalement c’est trop peu, et c’est un des principaux reproches que l’on fait à ce WRC 6, son contenu est plutôt faible et les modes de jeu proposés sont trop classiques.
Un gameplay aux petits oignons
WRC 5 remettait la série sur de bons rails côté gameplay et ce sixième épisode a très clairement franchi un cap. Assez arcade, mais ça a toujours été le lot de la licence, il propose néanmoins la possibilité de toucher tout un tas d’options afin de s’orienter plus vers la simulation. Attention, on ne se rapproche jamais d’un Project Cars, mais cela permet à chacun d’orienter sa conduite selon ses préférences et c’est tout de même pas mal. Les sensations sont d’ailleurs au rendez-vous, l’impression de vitesse est grisante dès lors que l’on ne passe pas en vue extérieure, encore trop imprécise et mollassonne, mais en dispositif capot ou cockpit, on ressent comme il se doit la puissance de nos moteurs crachant jusqu’à s’en péter les poumons. Le grip dû aux différents types de pistes a été revu et c’est ici pour le meilleur, puisque plus que jamais on ressent une réelle différence dans la conduite entre les routes enneigées, l’asphalte ou encore les terrains sablonneux. Passer dans une même course sur différents revêtements reflète cette différence si appréciable manette en mains et il est alors important d’adapter sa conduite et son freinage en un instant au risque de finir dans un fossé. Il existe bien tout un tas de réglages à faire sur son bolide avant de disputer une spéciale, histoire de trouver le meilleur compromis pour chaque type de terrain, reste que si cela a une réelle incidence sur le pilotage, il manque des options, car en l’état c’est trop sommaire. On aurait aussi aimé des explications pour chaque changement effectué, un profane ne comprendra pas forcément en quoi changer la compression des amortisseurs ou toucher à sa hauteur de caisse changera quoi que ce soit en course. Le freinage est lui bien géré, le frein à main demande un petit temps d’adaptation et peut parfois sauver des vies, alors que le frein moteur est lui de base très puissant, voir un peu trop et il peut déstabiliser un peu au début, mais rien à voir avec Dirt Rally, cela reste tout de même ici bien plus léger.
Les effets climatiques, dont les développeurs vantaient les mérites avant la sortie du jeu, sont une bonne surprise, car influençant véritablement l’adhérence des bolides. La pluie ou la neige rendront la route bien plus glissante et les sorties de pistes seront légion dans les premiers temps. Le brouillard en impose, masque dangereusement la visibilité et il faut alors y aller avec parcimonie sur l’accélérateur et prêter une attention toute particulière a son copilote. Ce dernier fait d’ailleurs globalement bien le travail, oubliez les bugs de WRC 5 le concernant, il est plus bavard que jamais. Néanmoins, il s’embrouille parfois dans ses indications, surtout lorsque de gros virages s’enchaînent, et nous perd donc par la même occasion. On peut alors toujours régler son débit d’indication dans les options, chose sur lequel il faut vraiment se pencher, croyez-nous. Les courses peuvent aussi se dérouler de nuit, à l’aube ou en pleine journée, et on remarque de réels efforts accomplis sur les spéciales se déroulant lorsque la lune brille, les effets de lumière dus aux phares sont bien gérés et c’est un réel plaisir de rouler durant ces heures tardives.
Les dégâts en course sont d’ailleurs plutôt bien gérés, même si, hormis moteurs cassés ou encore pneu crevé, leur impact est minime sur la conduite. On regrette aussi certaines choses assez hasardeuses au niveau des collisions, se prendre une petite pierre dans la poire est souvent bien plus dangereux pour sa cylindrée que de l’engloutir dans un arbre ou d’effectuer une série de tonneaux. De même que de faire une sortie de route ou effectuer un vol plané d’une montagne ne prête pas beaucoup à conséquence vu qu’un malus de moins de dix secondes – variables – est appliqué au chrono final, ce qui est très peu. Il arrive aussi souvent qu’une barrière de trois pauvres bâtons de bois morts nous stoppe net dans notre élan tel un mur de briques ou que l’on rebondisse dessus à la manière d’une balle en mousse. Alors oui la physique de la voiture en course est des plus appréciables, mais ce genre de petits détails gâchent quelque peu l’immersion, même s’il faut bien reconnaître aussi que les tracés sont bien plus réussis, longs et exigeants qu’auparavant.
Le saut du Fafe
Quelques petits reproches étaient faits à WRC 5 concernant les tracés, notamment sur le fait qu’ils étaient trop courts et surtout qu’ils ne présentaient pas assez de challenge. Ces deux choses ont bien été corrigées dans ce nouvel opus et les spéciales sont bien plus longues dans l’ensemble et présentes beaucoup plus de virages dangereux, mais aussi d’obstacles nous demandant toujours de rester sur le qui-vive. Entre les nombreux fossés, les bottes, les pierres, les barrières et autres, il est bien plus difficile de couper des virages, de se rattraper sur les extérieurs lorsque l’on se loupe ou de croquer à la corde. De même que les sauts, les flaques, les nids de poule sont bien plus punitifs que par le passé, il faut donc bien faire attention à gérer sa vitesse lorsque l’on croise ce genre de petits désagréments.
Si les différentes spéciales ne reprennent pas les tracés officiels, mais sont plus un mélange de pure création de la part des développeurs et de portions existantes, on en retrouve tout de même quelques célèbres passages, comme le saut du Fafe du rallye portugais ou encore les ronds-points espagnols. Notons tout de même que les Super Spéciales sont, elles, reproduites à l’identique, ce qui devrait faire plaisir aux puristes. Néanmoins, les pistes sont vraiment très bonnes et les parcourir procure un fun absolu, même si une petite ombre vient noircir ce tableau, le rallye de Grande-Bretagne. On ne le trouve pas assez boueux, il y a trop d’asphalte et franchement, comment ne pas être déçu de cela ?
Une laide renaissance
Une véritable renaissance qui se respecte passe aussi par une refonte graphique, surtout lorsque l’épisode précédent était vivement critiqué sur ce point. WRC 6 est plus beau, plus détaillé et propose aussi des courses plus vivantes avec enfin un public présent sur le bord des routes lors des différentes spéciales. Malheureusement, même plus joli, cela reste vraiment insuffisant pour de la nouvelle génération. Il y a énormément de clipping, les couleurs sont assez fades, on se tape de l’aliasing à gogo et un tearing des plus gênants. Chose assez surprenante, concernant ce dernier point, il est bien plus prononcé sur certains rallyes, comme celui de Corse… Les textures sont pour la plupart horribles, floues et on ressent un vrai manque de finition derrière tout cela. On remarque aussi des problèmes au niveau des ombres, des arbres par exemple, ou un souci de relief concernant la route, surtout sur les terrains enneigés, sablonneux et boueux, cela manque d’épaisseur, il n’y a pas assez de particules qui volent dans tous les sens lorsqu’on dérape. Mais mine de rien cela reste plus appréciable à l’œil qu’auparavant, plus fourni en termes de végétations et les arrières plans, bien qu’inégaux, sont plus fouillés aussi. Après, on est sur nouvelle génération et quand on voit ce que propose la concurrence, WRC 6 ne fait vraiment pas le poids, et pourtant un jeu comme Dirt Rally ne brille pas non plus par ses graphismes, c’est dire. Les effets climatiques sont eux assez moyens, voir très laids lorsque cela concerne la pluie qui fait très PlayStation 2. Par contre, le rendu sur la carrosserie des voitures, comme la poussière, la neige ou la boue est bien fichu, de même que certains effets de lumière et d’ombre.
Ne tirons pas non plus sur l’ambulance, les bolides restent bien modélisés, même si les dégâts visuels présents sont un peu trop en retrait, et le jeu est d’une fluidité exemplaire. La bande-son, souffrant d’un manque de musique d’ambiance dans les menus ou même pendant le mode Carrière, est des plus réussies en course. Bruits des moteurs tous différents en fonction des voitures, ça pétarade à mort dans nos oreilles et c’est appréciable. L’environnement sonore lors des dérapages, du freinage et des chocs est aussi vraiment convaincant, et il fait chaud au cœur d’entendre le public nous acclamer sur notre passage. Kylotonn s’est très clairement concentré sur la partie gameplay du jeu en espérant ainsi fédérer les fans de rallye sur ce qui importe vraiment et c’est tout à leur honneur. En prenant aussi en considération le fait que l’éditeur, Big Ben, ne leur a pas forcément offert un budget monstre et que le développement ne s’éparpille que sur quelques mois, ce WRC 6 reste un bon jeu qui demande juste a se voir offrir un contenu plus conséquent, des graphismes plus carrés et un mode Carrière réellement repensé. Dernières petites informations, nous n’avons pu tester le jeu au volant, mais selon les premiers retours, cela fonctionne très bien et offre de bonnes sensations. Enfin, le DLC eSport, qui était sorti pour le cinquième épisode, verra bien le jour sur ce sixième opus, mais sera cette fois-ci gratuit, merci bien.
Verdict
WRC 6 n’est clairement pas un mauvais jeu et propose tout de même une expérience fun et agréable. Kylotonn s’est concentré avant tout sur le gameplay et de ce côté-ci le pari est réussi puisque le soft sait à la fois se montrer accessible, mais aussi exigeant dès lors que l’on touche un peu aux options de conduite et que l’on augmente la difficulté. Reste qu’il ne parvient pas à convaincre quand il est question de contenu et de modes de jeu. Le mode Carrière, d’un autre temps, aurait mérité une belle révision, car en l’état c’est trop générique. Le titre pêche aussi graphiquement et on espère vraiment que WRC 7 sera bien plus abouti techniquement, même si ce n’est pas là le principal attrait d’un jeu de rallye. Comme WRC 5, ce sixième épisode est donc encourageant pour la suite et il va être temps pour Kylotonn de confirmer ses bons débuts en grappillant enfin une place sur le podium, en espérant que ce soit le cas dès l’année prochaine.
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