Annoncé à l’origine en 2015 par Sony, World of Final Fantasy en avait fait (sou)rire plus d’un. En effet, là où Final Fantasy XV ne cessait de nous en mettre plein les yeux (tout du moins il essayait) à coups de trailers et autres vidéos de gameplay plus ou moins spectaculaires, World of FF, lui, passait pour le rigolo de service en comparaison. Prévu à la fois sur PlayStation 4 et sur PlayStation Vita, l’aura d’un jeu designé pour console portable semblait sans doute un poil trop présente pour convaincre les fameux hardcore gamers. Fin octobre 2016, le jeu est à présent disponible partout en France, et nous vous livrons notre verdict sur cette surprise signée Square Enix.
♫ Nés sous le signe des jumeaux ♫
World of Final Fantasy, c’est l’histoire de Lann (le garçon) et Reyn (la fille), deux jumeaux qui s’adorent mais qui parfois se chamaillent, comme tous frères et soeurs. Le jeu démarre sur une cut-scene des plus étranges, laquelle nous plongera dans une relative confusion. Rassurez-vous, on comprend vite malgré tout de quoi il s’agit. Grosso modo, Lann et Reyn sont ce que l’on appelle des myramanciens, ou des attrapeurs de myrages. Nous reviendrons dans quelques secondes sur les myrages en eux-mêmes, pas de panique ! Toujours est-il que le Monde tel qu’on le connaissait est en danger (comme c’est original). Nous l’avons déjà sauvé il y a très longtemps, nous explique-t-on, mais l’histoire se répète et il faut retourner au charbon. Manque de bol, nos deux héros sont semble-t-il devenus amnésiques. Il va donc falloir tout réapprendre…
Nous vous le disions en introduction, lorsque l’on évoque la saga Final Fantasy depuis quelques mois/quelques années, c’est surtout à Final Fantasy XV que les joueurs pensent. En effet, le jeu sort enfin au mois de novembre, après 12 ans de développement, on comprend donc l’impatience des fans. Pour autant, si ce dernier propose une aventure en open-world (tout du moins durant une bonne partie du jeu), de la conduite de voitures, ou encore des combats dynamiques, nombreux sont les gamers à continuer de réclamer un vrai retour aux sources, autrement dit un Final Fantasy typé old-school. Si vous êtes de ceux-là, sachez que World of Final Fantasy (WoFF pour les intimes) a toutes les chances de vous séduire. En effet, conçu avant tout pour les nostalgiques des anciens opus, le jeu a le bon goût de proposer des combats au tour par tour. Certes, Final Fantasy XIII-2 aussi en proposait, mais il suffisait finalement de matraquer une touche pour venir à bout de vos adversaires. C’est également possible dans ce WoFF, et ce en passant par les raccourcis mis à votre disposition pendant les affrontements (Croix pour se défendre, Carré pour les attaques spéciales, Triangle pour donner un coup classique…). Libre à vous de ne pas utiliser cette feature si vous préférez la jouer hard (le menu Classique vous conviendra bien plus, à base de termes tels que « Compétences », « Attaque », « Objets », ou encore « Fuir »).
En parallèle à ça, la difficulté des combats se règle via le menu Options. En effet, si cela ne paraît pas clair de prime abord, sachez que le mode Passif correspond au mode Facile, que Semi-Actif correspond au mode Normal, et que Actif vous fera vite regretter d’avoir voulu jouer les héros. Concrètement, en activant cette fonctionnalité, la jauge d’ATB – pour Active Time Battle, bien connue des joueurs de FF – montera aussi vite pour vos ennemis que pour vous, et surtout, ne les mettra pas « en attente » durant votre tour. Ainsi, perdez du temps à chercher une potion dans votre sac, et vous vous prendrez sans nul doute un coup fatal avant même d’avoir pu la sortir. Autre particularité à préciser concernant ce World of Final Fantasy, la vie de nos héros ne remonte absolument pas toute seule. Pour les joueurs habitués à bon nombre de RPG depuis ces 20 dernières années (Final Fantasy ou non), cela tombe sous le sens. Mais étant donné que l’on se soigne automatiquement après chaque combat dans 90% des jeux actuels (dont Final Fantasy XIII-2), il nous a semblé primordial de vous en informer. WoFF joue donc la carte rétro jusqu’au bout, c’est un fait. D’ailleurs, il est influencé par quelques grosses licences du jeu vidéo qui ne sont plus toutes jeunes, elles non plus. La première n’est autre que Kingdom Hearts (pour le design de Lann & Reyn, ainsi que pour l’ambiance). La seconde est The Awakened Fate Ultimatum, un dungeon-crawler absolument palpitant sorti sur PlayStation 3 en 2015 (nous vous dévoilerons pourquoi un peu plus loin). Enfin, last but not least, c’est surtout à Pokémon que le système de jeu pourra faire penser.
Oui, World of Final Fantasy se base sur un système de capture de mobs, les fameux myrages. Ces derniers, que vous combattez de façon totalement aléatoire durant tout le jeu car ils n’apparaissent pas sur votre chemin (coucou les anciens FF !), peuvent en effet rapidement devenir vos alliés. Pour cela, il vous suffit des les capturer. Concrètement, un peu comme dans le célèbre jeu de Nintendo, ce sera à vous de gérer ça pendant les affrontements. En effet, une attaque trop puissante sur un petit Écurax fragile (oui oui, Écurax !) et ce sera la mort assurée pour lui avant même que vous n’ayez pu le happer dans vos filets. Il vous incombera donc d’y aller doucement avec les myrages, jusqu’à ce qu’un halo de lumière en provenance directe de chez Cindy Sander ne fasse son apparition autour du futur captif. Pour autant, World of Final Fantasy n’a pas fini de vous surprendre, et se démarque grandement de Pokémon grâce à une particularité des plus intéressantes.
Effectivement, le jeu de Square Enix impose des conditions sur ce système de capture. Ainsi, il vous sera impossible de compter tel ou tel mob dans votre équipe (ou dans votre malle, si vous n’avez plus de place dans la team) tant que vous n’aurez pas répondu à certains critères. Certaines bestioles continueront de se débattre tant que vous ne leur avez pas lancé d’attaque magique sur le coin de la truffe, par exemple. D’autres, plus joueurs (ou plus enclins au chantage, c’est selon), ne vous suivront qu’à la condition que vous leur redonniez de la vie en plein combat (alors même qu’ils vous envoient sans vergogne des pichenettes sur le lobe de l’oreille). En clair, il faut bien avouer que le gameplay de ce World of Final Fantasy a plus d’un tour dans son sac. Ce n’est d’ailleurs pas le système de pyramides qui nous fera dire le contraire.
Pépita, où êtes-vous ?
Loin de l’étiquette de « petit jeu » qu’on a bien voulu lui coller hâtivement sur le front, World of FF propose en effet un aspect tactique non négligeable durant les très nombreux combats qui le composent. Nous vous le disions un peu plus haut, l’aura de The Awakened Fate Ultimatum n’est jamais très loin dans le dernier-né de chez Square Enix. En effet, tout comme le dungeon-crawler signé Nippon Ichi, World of Final Fantasy nous permet de jouer des personnages miniaturisés (en mode Chibi, si vous préférez utiliser le terme japonais exact). Rassurez-vous, si vous êtes allergiques à ce design si particulier, une simple pression sur L1 + Rond/L1 + Carré et vous redevenez ce qu’on appelle un Gigantus (une personne de taille normale, en gros). Toujours est-il que ce changement à la volée fait partie intégrante du gameplay. Ainsi, vous pourrez non seulement affronter vos ennemis en mode Mathieu Valbuena, mais également en Gigantus. Mieux, vous pourrez vous grimper dessus, vos alliés et vous, et ce pour plus d’impact. D’où le fameux système pyramidal.
Concrètement, une pyramide est toujours composée de 3 personnages, à savoir un Petit, un Moyen et un Grand. Si en mode Gigantus, vous êtes évidemment le plus grand des trois, ce ne sera pas le cas dès lors que vous repasserez en mode Chibi (auquel cas vous serez la partie du milieu). Rien de bien compliqué en somme, mais le tout donne terriblement plus de profondeur stratégique aux combats. Car vous pourrez tout aussi bien vous battre, vos 5 alliés et vous, sans former de pyramides du tout. Dans ce cas précis, les possibilités d’attaque sont en quelque sorte plus nombreuses et vous serez bien souvent en supériorité numérique face à vos adversaires. Pour autant, les PV de vos myrages seront la plupart du temps très vite réduits à néant, et vos coups auront nettement moins d’impact. Un cas de figure à utiliser pour des postures défensives, en clair (vos myrages peuvent s’occuper de vous soigner pendant que vous dézinguez en force – mais avec délicatesse – vos ennemis).
Pour terminer sur les myrages, sachez que, comme dans beaucoup de jeux estampillés Final Fantasy, ces derniers disposent tous d’un système de sphérier personnel. En clair, contrairement à Lann et Reyn, les petites bestioles qui vous servent d’assistants pourront évoluer (nos héros jumeaux également, mais finalement très peu, et très rarement, car ce ne sont pas les vraies stars du jeu, vous l’aurez sans doute déjà deviné). Ce menu, des plus intuitifs il faut bien l’avouer, marque encore un peu plus le rapprochement entre la saga de Square Enix et celle de Nintendo. Car si les compétences à assimiler sont des plus intéressantes, il en est une qui vous fera irrémédiablement penser à Pokémon, à savoir l’évolution. Non, vous ne rêvez pas, vos myrages pourront devenir de vrais mastodontes une fois le niveau 10, 15, ou 20 dépassé (tout est clairement explicité dans les menus du titre, ne vous inquiétez pas !). Ainsi, un mini-chocobo qui ne paye pas de mine, et qui arbore encore fièrement le bout de coquille d’oeuf resté collé à son crâne, vous fera bientôt l’honneur de vous servir de monture après avoir pris quelques centimètres, quelques kilos, mais aussi et surtout quelques niveaux. À vous de gérer ça au mieux selon vos envies, donc.
Jusqu’au bout dans l’art de rue, kupo !
On notera également la volonté des développeurs à faire dans le fan-service le plus pur. Que ce soit par le biais des musiques présentes tout au long du jeu, dont certaines vous rappelleront inévitablement des souvenirs si vous êtes un connaisseur de la licence. Mais également via la présence de personnages emblématiques de la saga FF. En effet, outre les pampas ou encore les mogs, vous serez sûrement ravis d’apprendre que Bibi (Final Fantasy IX), Lightning (Final Fantasy XIII, XIII-2, Lightning Returns), Tifa, Clad, et Sephiroth (Final Fantasy VII), ou encore Squall (Final Fantasy VIII) et Tidus (Final Fantasy X), sans oublier tous ceux que nous ne citerons pas pour vous laisser la surprise, sont tous là, et en mode Chibi qui plus est ! La raison de leur présence est finalement toute simple (au cas où vous vous poseriez la question, bien sûr). Effectivement, bien qu’il ne se déroule pas à proprement parler en monde ouvert – on passe de zones en zones via des portails, mais les cut-scenes sont tellement bien amenées, et omniprésentes, que ça ne gêne en rien notre progression – World of Final Fantasy a le bon goût de proposer une bonne palanquée de quêtes annexes pour les plus téméraires.
Ces quêtes vous permettront, en plus de booster la durée de vie déjà considérable de base (comptez entre 50 et 100 heures si vous voulez tout voir/tout capturer), d’obtenir ces fameux personnages dans votre camp. Suite à quoi vos héros favoris pourront être invoqués en combat (là encore comme dans les anciens Final Fantasy), et se feront un plaisir de tout raser sur leur passage après avoir fait une entrée fracassante via une cut-scene de toute beauté (et évidemment différente pour chaque perso).
S’il n’y a rien de plus à ajouter sur la partie sonore du titre (les doublages, qu’ils soient anglais ou japonais sont très bons, et ce malgré une traduction française assez incohérente à l’écrit), nous tenions à terminer ce test en parlant de ce qui pourra peut-être en décevoir plus d’un, la partie graphique du jeu. Nous avons pour notre part été émerveillés par l’ambiance générale du titre, et ce grâce aux différentes ambiances qui viennent nous titiller tout au long de l’aventure. En effet, cette dernière pourra nous amener d’un bout à l’autre du monde de Grymoire et nous fera découvrir, entre autres, des cavernes glacées pour calmer les bouffées de chaleur, des volcans en éruption pour réchauffer les coeurs, des grottes de pirates pour les jambes de bois qui nous lisent, des auberges enneigées pour patienter jusqu’à Noël, ou encore des citrouilles d’Halloween pour nous rappeler que l’on est en automne. La direction artistique de ce World of FF fait des merveilles, donc, et convainc sans peine. Pour autant, il faut bien avouer que le rendu, en terme de graphismes purs, ne fait pas véritablement honneur à la PlayStation 4. Au point que l’on en vient à imaginer le jeu tournant à merveille sur une PlayStation 3. Est-ce pour autant une tare ? Pas nécessairement, mais nous tenions à être clairs sur ce point.
Les possesseurs de la version PS Vita pourront, eux, en revanche, préparer la soupe à la grimace ! En effet, si le jeu reste identique à la version console de salon sur bien des points (gameplay, doublages, durée de vie), il en est différemment en ce qui concerne sa partie visuelle et technique. Sur la console portable de Sony, les utilisateurs n’ont en effet pas tardé à remonter des soucis somme toute problématiques. De nombreuses baisses de framerate ont ainsi été notées (le jeu descendant alors sous la barre des 25 images/seconde), sans parler des temps de chargement clairement (mais très logiquement) plus longs que sur PS4, ou encore de l’aspect très pixelisé de l’ensemble. Vous l’aurez compris, si le jeu n’est pas du tout une claque sur PlayStation 4, il reste tout de même conseillé d’y jouer sur ce support si vous possédez les deux consoles. À noter que World of Final Fantasy bénéficie de la fonctionnalité Cross-Save pour les intéressés.
Verdict
World of Final Fantasy est ce que l’on appelle communément une bouffée d’air frais. Loin du grand spectacle que peuvent mettre en avant certains AAA, et notamment les Final Fantasy les plus récents, le titre s’impose sans mal dans la catégorie des RPG à l’ancienne. Proposant des combats au tour par tour, un gameplay profond (et bien plus exigeant que ce que l’on imaginait), une direction artistique de toute beauté, une bande-son de grande qualité, et une durée de vie à faire pâlir 80% des jeux actuels, le dernier-né de chez Square Enix a toutes les chances de séduire les fans de la saga trentenaire. Pour autant, il serait dommage de passer à côté de cette petite perle, que vous soyez un habitué de la licence ou non. Notez simplement que la démo disponible sur le PlayStation Store n’est en rien représentative de ce qui vous attend dans le jeu complet. Nous avons nous-mêmes été choqués par le gouffre séparant les deux. World of Final Fantasy est un incontournable, et il risque fort de faire maigrir encore un peu plus votre porte-monnaie à l’approche des fêtes, tenez-vous le pour dit.
Test réalisé sur PS4 à partir d’une version éditeur
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