Fondée il y a maintenant 10 ans, la maison d’édition française DotEmu a toujours eu à coeur de soutenir des jeux vidéo old-school, dans le but pur et simple de les faire découvrir ou redécouvrir aux joueurs actuels. Après avoir édité l’excellent Ys Origin il y a deux mois sur PlayStation 4, voici que DotEmu vient de prendre sous son aile un projet complètement fou, et parisien qui plus est. Son nom ? Wonder Boy: The Dragon’s Trap. Nous avons eu la chance de recevoir notre exemplaire il y a maintenant une semaine, et c’est sans plus tarder que nous nous apprêtons à vous livrer notre verdict le concernant.
Test réalisé sur PS4 Pro à partir d’une version fournie par l’éditeur
C’est donc à Lizardcube, un petit studio de développement situé au coeur de la capitale française, que l’on doit le retour de la licence sur le devant de la scène. Pour l’anecdote, l’opus originel avait d’ailleurs pour nom Wonder Boy III: The Dragon’s Trap. On s’affranchit ici du chiffrage, et ce n’est pas plus mal, car à y réfléchir, les opus 1 et 2 n’ont, de leur côté, pas été refaits. Pour ceux qui seraient trop jeunes pour comprendre à quoi nous faisons allusion, sachez que Wonder Boy III est connu par les trentenaires (voire les quadra) comme étant l’un des tous meilleurs jeux de la Master System. Développé à l’époque par Westone, le soft édité par SEGA avait donc vu le jour en 1989 sur leur console de salon du moment, mais également sur Game Gear pour les amoureux de consoles portables (c’est sur cette version que votre serviteur s’était fait la main dans sa jeunesse). Lizardcube, c’est donc une structure fondée en 2015 par Omar Cornut et Ben Fiquet. Le premier est directeur créatif et touche à tout ce qui est programmation. Le second gère les animations et toute la partie artistique. Autour d’eux on notera notamment la présence du compositeur Michael Geyre, ou encore de l’ingé-son Romain Gauthier. Mais le gros plus dans ce projet ambitieux, c’est bien évidemment la présence de monsieur Ryuichi Nishizawa, concepteur du jeu originel. Ce dernier a participé au développement du remake avec grand plaisir, tandis que SEGA a également donné son feu vert. À noter que la licence n’avait plus été retouchée depuis 1994… Tout de même !
Et autant dire qu’en le rendant disponible sur PC, PS4, Xbox One, mais également sur Nintendo Switch, DotEmu compte bien prouver à tous ceux qui n’ont pas connu l’opus d’origine que l’on peut très bien faire du neuf avec du vieux. Le constat est d’ailleurs troublant dès lors que l’on prend la peine de lancer Wonder Boy: The Dragon’s Trap pour la première fois. En effet, dès le menu principal, le ton est donné. La bande-son est un régal pour les oreilles, tandis qu’un simple tour dans les Options permet de « remplacer » ces sonorités modernes par les mêmes thèmes… mais d’époque cette fois. On sent instantanément la différence mais nous ne saurions choisir entre les deux versions de l’OST, tant elles se complètent. Il est d’ailleurs à noter que la bande originale du jeu est une réorchestration basée sur les compositions originelles signées par Shinichi Sakamoto. Toutefois, c’est également dans ce menu que vous pourrez, à loisir, apposer un effet de balayage sur l’écran (mais si, souvenez-vous des lignes horizontales sur les écrans cathodiques !), ou encore activer la fameuse « résonance FM » si caractéristique des consoles de l’époque.
Coeur de dragon
Pourtant, tout ceci n’est rien en comparaison du choc visuel qui vous attend en cliquant sur « Jouer ». D’ailleurs, avant de continuer, sachez que vous aurez le choix entre 3 slots de sauvegarde et 3 difficultés (Facile, Normal, Difficile). Le mode le plus ardu est très intéressant en soi puisque les ennemis seront alors plus coriaces dans l’ensemble. Toutefois, l’ajout d’un chronomètre (visualisé par un sablier en haut à gauche de l’écran) nous a surtout semblé un brin trop pénalisant. Nous avons donc, pour notre part, parcouru l’aventure en mode Normal. Enfin, sachez que vous pourrez choisir d’incarner un garçon (Wonder Boy), ou une fille (Wonder Girl). Ne manque plus qu’une femme plus âgée dans le lot, auquel cas nous aurions pu jouer avec Wonder Woman… Quoiqu’il en soit, nous avons été littéralement bluffés par le travail apporté à la partie visuelle du titre ! La direction artistique de WBTDT est tout simplement sublime, et met en avant tous ces formidables décors et personnages dessinés à la main. Le fait de pouvoir switcher à volonté entre les graphismes actuels et ceux d’origine (en appuyant sur la gâchette R2 à tout moment) continue par ailleurs d’enfoncer le clou. Pour son 28ème anniversaire, on peut sans aucun doute possible affirmer que Wonder Boy, tout comme le bon vin, a su s’affiner avec l’âge.
Exit donc les contraintes imposées par la console 8-bits, ainsi que, vous n’aurez pas manqué de le remarquer, le rendu fluo que l’on qualifiera de criard (aaah, les années 80 !). Sorti de ça, en revanche, vous vous en doutez, les programmeurs de chez Lizardcube n’avaient nullement l’intention de dénaturer l’oeuvre de Westone en quoi que ce soit. On a donc affaire ici à un platformer 2D en scrolling horizontal, dans la plus pure tradition des grands classiques de l’époque. Cette « nouvelle » version est d’ailleurs une véritable référence en matière de technique, puisque le framerate du jeu ne descend jamais sous la barre des 60 images/seconde. Un petit plus bien appréciable, surtout lorsque l’on sait à quel point le gameplay d’un tel jeu demande de la précision. Le déroulement de l’aventure, lui, ne dépaysera pas les plus anciens d’entre vous. Mais pour ceux qui découvriraient la licence avec cet opus, sachez que dès le tout premier monde votre personnage (garçon ou fille, peu importe) se fera transformer en petit dragon vert par le méchant pas beau qui lui fait face. Maudit jusqu’à la moelle, vous aurez à coeur de retrouver votre apparence humaine dès que possible. Pas de bol, comme dirait l’autre, chaque boss que vous rencontrerez vous transformera en un animal différent à chaque fois.
N’empêche que ça sent le taureau !
Tout au long de votre périple, vous aurez donc le plaisir (ou le déplaisir, c’est selon) de jouer tour à tour un lion, une souris ou encore un faucon. Au total, ce sont pas moins de 6 formes qui vous attendent, et qui, vous vous en doutez probablement, possèdent leurs propres qualités et défauts. La souris, par exemple, peut s’agripper aux surfaces en damier. Un aspect des plus pratiques, c’est certain… Seulement voilà, elle est aussi et surtout minuscule et vulnérable à plus d’attaques adverses en raison de son allonge réduite. Le faucon, lui, peut évidemment voler, mais en contrepartie il ne supporte absolument pas le contact de l’eau… Vous l’aurez compris, les personnages que l’on incarne, ou tout du moins les différentes enveloppes corporelles, sont l’atout variété de ce Wonder Boy: The Dragon’s Trap. On prend donc plaisir à parcourir ce gigantesque monde composé de diverses ambiances, à la fois visuelles et sonores. Que ce soit le Canyon, la Plage, le Désert ou encore le Village, chaque tableau nous emporte à la seconde-même où l’on franchit le bord de l’écran, que ce soit à gauche ou à droite. On notera d’ailleurs le fait que ce WBTDT ne comporte absolument aucun temps de chargement. En 2017, on peut le dire : oui, ça fait du bien !
Pour autant, si tout paraît rose jusqu’ici, force est de constater que nous avons été quelque peu déçus par plusieurs aspects de ce Wonder Boy: The Dragon’s Trap. À commencer hélas par sa maniabilité. En effet, et bien que l’on imagine sans mal la volonté de la part des développeurs de donner à leur jeu un esprit résolument old-school, il faut bien avouer que ce remake frenchie ne se laisse pas dompter de la manière dont on l’aurait espéré. Plus encore, c’est surtout la gestion des sauts et de la hitbox qui nous a parue plus qu’hasardeuse. Effectivement, dès lors que l’on sera amené à faire sauter le personnage que l’on incarne, ce dernier – et peu importe la forme animale qu’il arbore – va avoir tendance à subir une latence des plus désagréables, voire même une lourdeur dont on se serait bien passé. Résultat : des tonnes d’allers-retours inutiles et une frustration allant crescendo, au rythme de nos (trop) nombreux essais infructueux.
Stevie… Wonder !
Il en va hélas de même concernant, nous vous le disions, la hitbox de notre/nos héros. Que ce soit lors des combats de boss (par ailleurs très inspirés artistiquement parlant) ou tout simplement dès lors que nous sommes cernés par deux ou trois ennemis, les affrontements, en apparence simplistes, peuvent vite devenir votre pire cauchemar. En effet, à partir du moment où vous prendrez un coup (et vous en prendrez forcément), notre personnage recule/rebondit automatiquement. En soi, le postulat old-school de départ entraîne évidemment ce genre de gameplay à l’ancienne. Néanmoins, il vous arrivera très souvent de ricocher inlassablement entre deux ennemis (par exemple), causant ainsi votre mort, lente et douloureuse. Ne pas pouvoir se dépêtrer de ce genre de situations est extrêmement rageant, et cela finit fatalement par décourager le joueur. Croisons les doigts, donc, pour que des patchs viennent vite améliorer l’expérience à ce niveau.
Enfin, le dernier bémol de ce Wonder Boy: The Dragon’s Trap vient directement de sa durée de vie. Car si l’aventure reste sympathique en soi, force est de constater que le tout ne vous demandera pas plus de 3 à 4 heures pour être visité de fond en comble. Le joueur atteint de collectionnite aigüe pourra tout de même prendre le temps de visionner les 76 illustrations déblocables via le menu principal. Hélas, le jeu ne comprend que 13 trophées PSN et ne daigne pas non plus proposer de trophée Platine. Proposé à 19,99€ sur PS4, Xbox One et Nintendo Switch (la version PC arrivera d’ici le mois de juin, normalement), ce « nouveau » Wonder Boy aura donc fort à faire pour espérer séduire les joueurs n’ayant jamais goûté à l’opus originel, qui s’était d’ailleurs vu réédité sur Wii en 2007.
Verdict
Proposant un rendu visuel absolument sublime, Wonder Boy: The Dragon’s Trap entend bien faire (re)découvrir l’un des jeux les plus cultes de sa génération, à savoir Wonder Boy III. Le charme opère instantanément à la vue du travail effectué sur la sublime direction artistique, ainsi qu’à l’écoute des musiques superbement réorchestrées. Pour autant nous avons tout de même trouvé pour notre part que le jeu de Lizardcube manquait de finition. En terme de gameplay notamment, puisque la gestion des sauts et de la hitbox de notre personnage est restée très brouillonne. Mais aussi et surtout en terme de contenu, puisque l’aventure se termine en une grosse après-midi, que les trophées PSN sont bien trop peu nombreux, et que le prix de vente est fixé à une vingtaine d’euros tout de même. Voilà donc un bon remake pensé pour les nostalgiques, pas dénué de défauts, et que l’on vous conseille de faire dès qu’une promo se présentera.
Vestal
18 avril 2017 at 12 h 02 min20€ cela reste accessible et cela vaut le coup, je crois, au vu de la qualité du remake.
Mr_Toc
18 avril 2017 at 13 h 13 min20€ pour 3 à 4 heures de jeu, ce n’est pas ce que j’appelle accessible personnellement.
xImperiaLs - Canard Man
18 avril 2017 at 23 h 20 minJe vois pas le problème quand je vois des gros jeu AAA comme Destiny se vendre 70€ day-one avec 20 DLCs.
Mr_Toc
18 avril 2017 at 23 h 25 minOui m’enfin, j’ai beau ne pas tenir Destiny dans mon cœur, les deux jeux sont incomparables. Ils n’ont absolument pas la même vocation. Destiny ne se plie pas en 3-4 heures, et le budget est faramineux. Donc c’est fatalement plus cohérent. Il a bien fallu payer les centaines de gens qui ont bossé dessus. Après c’est clair que les DLC c’est abusé selon moi. Mais ça n’a rien d’obligatoire pour le joueur. Donc ça reste un autre problème.
Chomby Olivier
19 avril 2017 at 11 h 14 min4h quand on le fait en « Normal » et qu’on n’y rejoue plus certes.. Mais il est tout a fait rejouable en « difficile » ou en speed run (ça serait sympa d’intégrer une mise a jour avec les meilleurs temps mondiaux etc..).
20 € c’est aussi le prix de 2 cinés soit 3h de film qu’on ne peux plus revoir alors que la on peut y rejouer ! Sincèrement vous pouvez foncez !!! Le travail sur ce remake par cette petite équipe est superbe (mention spécial au dessinateur et aux musiciens, la musique du village alala..) et ça pue l’amour du titre original ! Le gameplay est un poil rigide car ils ont voulu conservé les codes du premier jeu.. Bref je préfère largement filer 20 balles a des passionnés en espérant qu’ils en refassent d’autres qu’a des gros AAA qui ne font plus rêver ces dernières années..
DeltaFX
18 avril 2017 at 16 h 27 minEsperons un portage sur Android à 5€. Ca tournerait nickel sur une shield
Dei Nicks
19 avril 2017 at 20 h 47 minMeme en connaissant le jeu (j’entend par la que j’y joue plusieurs fois par an depuis des decennies, c’est dire), il m’a fallu environ 7 heures en HM (sans se presser non plus, c’est pas le but). 3/4 heures okay, mais certainement pas de fond en comble.
Apres oui je pense que le jeu aurait gagne a avoir un mode insane, un peu comme la version non officielle sur pc, les enemis jaunes de partout avec des attaques un peu changees pour surprendre.
Olivier Lopez
23 mai 2017 at 23 h 54 minComme l a déja dit Dei Nicks, la durée de vie du jeu de 3 ou 4 heures…. c est quand on le connait bien en l ayant terminé plusieurs fois. Et non pas en le parcourant de fond en comble.
Pour une première expérience et sans aide internet, c est dans les 8h en jouant normalement (CaD sans rusher comme un porc). Pour le faire de fond en comple (toujours sans aides et tips) afin de decouvrir tous les secrets… la durée de vie est largement multipliée. D ailleurs ce jeu invite le joueur a le parcourir dans tous les sens, de part sa structure.
C est une fois qu on le connais, que le jeu se boucle en 3h.
Mr Toc, quand tu dis a propos du gameplay a l ancienne, entraînant trop souvent la mort: « Résultat : des tonnes d’allers-retours inutiles ».
C est que tu n as pas saisis que ces allers retours inutiles, étaient en fait une aide faite au joueur.
Dans les jeux de l epoque, la mort signifiait soit de recommencer au debut d un lv, soit un game over pur et simple, et devoir reprendre a zero.
Ce n est pas le cas dans WBTGT. Ici, tu es renvoyé au village. De ce village tu peux repartir dans d autres directions, tu peux aussi aller acheter du stuf si tu etais mal equipé (car bien souvent, c est en fait le cas) et si tu as recolté assez d argent. Le grind faisant entièrement parti des mecanique du titre (et encore, les pierres de charme ne sont plus une « contrainte ».
Tu peux aussi continuer a explorer autre chose, découvrir des lieu que tu avais zappé où que tu te rends compte que tu peux accéder avec une nouvelle forme.
En fait ce n est pas ce vieux gameplay qui a un pb.
Ce sont les joueurs actuels qui en ont un.
Un jeu doit désormais se rusher, se faire d une traite. Le joueur veut partir d un point A, et arriver au B, point c est marre. Il n a pas envie de tourner en rond, pas envie de se demander quoi chercher, pas envie de voir si il n est pas possible de faire autrement, il veut juste aller rapidement au point B, et passer a un autre jeu. Les jeux repondent alors a cette demande, c est un cercle vicieux.
Sinon comme anecdote, il faut dire que le sablier en mode hard et repris de Wonder Boy II (où il fallait parfoit courir apres des items pour se redonner du temps). Dans le fond , il est pertinent que cela soit repris de WBII au vu du nombre d élément que the Dragon’s Trap avait repris de Monster Land.
Voila, hormis tout cela, un test bien sympathique à lire.
a+ et bon jeux 🙂