Développé par Omega Force et Koei Tecmo, Wild Hearts est édité en France par Electronic Arts sous le label EA Originals. Toute nouvelle licence de jeu de chasse aux monstres, mêlant aventure, RPG et exploration, Wild Hearts promet des combats gargantuesques et une grande liberté d’exploration dans un univers ouvert en solitaire comme en multijoueur. Si les jeux du genre sont très populaires en Asie, les jeux de chasse aux monstres commencent à se démocratiser en Occident depuis qu’une licence concurrente à Wild Hearts a rencontré un grand succès. Depuis, nombreux sont les adeptes à attendre que des alternatives telles que Wild Hearts voient le jour. Mais alors, que vaut il réellement ? Ce nouveau venu est-il un véritable challenger ou n’est-il qu’une simple réinterprétation d’un genre déjà maîtrisé par la concurrence ? Réponse dans notre test.
Test réalisé sur Xbox Series X à l’aide d’un code fourni par l’éditeur
Comme un petit air de Japon
Sans grande surprise, l’aventure de Wild Hearts débute sur une chasse. Servant de didacticiel aux commandes de base, notre protagoniste poursuit un cervidé dans des bois jusqu’à tomber par hasard sur un artefact et sur un personnage énigmatique. Ladite personne, de son prénom Mujina, entame un monologue sur la chasse et les monstres, alias ici les kemonos, dégrossissant ainsi l’univers de Wild Hearts. Au moment de faire les présentations, la création du personnage survient et nous y retrouvons les standards habituels des RPG sans fioritures. Genre, voix, corpulence, cheveux, tout y passe. Après un court échange et quelques soubresauts narratifs, notre héros arrive enfin à destination : la région d’Azuma.
Pas de repos pour les guerriers. À peine arrivé dans la région d’Azuma, notre héros apprend que des villageois ont été attaqués par des kemonos et qu’il faut aller à leur secours. Ces premiers combats emboîtent le pas au court didacticiel qu’il nous avait été donné de découvrir avant notre rencontre avec Mujina et le fameux artefact. Ils sont une bonne introduction à l’univers puisqu’ils permettent de poser les bases de la future aventure qu’est Wild Hearts et de commencer à prendre en main le gameplay avec les fameux karakuris, fer de lance de cette nouvelle licence. Les karakuris sont d’anciens outils mystiques et ancestraux qui étaient utilisés jadis par les chasseurs pour combattre les kemonos. L’artefact trouvé par hasard au tout début du jeu s’avère être en réalité un karakuri et il permet de créer des structures en tous genres en un clin d’œil. Ils peuvent favoriser l’attaque, les déplacements ou tout simplement l’exploration. Nous détaillerons plus tardivement leur fonction dans notre test mais ces derniers avaient disparu de la circulation et le fait d’en détenir un est aujourd’hui rarissime.
Dès la fin des premiers combats, le joueur arrive enfin dans la cité de Minato, une ville dynamique et colorée inspirée du japon féodal et qui servira de hub central aux prochaines aventures. Nous apprenons très vite que la ville avait été construite à l’aide de karakuris et qu’elle était à une époque pas si lointaine le repère de nombreux chasseurs aguerris. Malheureusement, pour fonctionner, les karakuris ont besoin d’une ressource rare : du fil céleste. Et ce dernier s’est tari dans la région. Les chasseurs ont finit par fuir la ville et elle n’est maintenant plus que l’ombre d’elle-même avec de nombreux karakuris temporairement en panne. Nous y retrouvons tout de même tout le nécessaire pour parfaire notre aventure, à savoir une forge pour forger les armes et les armures, des vendeurs de matériaux et d’innombrables PNJ à qui nous auront à faire dans le déroulement de l’histoire principale. La ville est charmante et sur plusieurs niveaux. Il est agréable de s’y promener, bien qu’elle ne soit pas très grande.
Une histoire aussi solide qu’un karakuri
Comme souvent dans les jeux du genre, l’histoire principale de Wild Hearts sert surtout de prétexte à découvrir de nouveaux lieux et de nouveaux kemonos et elle n’est pas très convaincante à nos yeux. Les missions s’enchaînent les unes après les autres et sont souvent justifiées par des prétextes illusoires. Fort heureusement, les relations avec les PNJ sont assez riches, il est possible de choisir ses réponses lors des différents dialogues – sans grande incidence malheureusement – et nous ressentons qu’un effort a été réalisé sur le développement des personnages. Puristes que nous sommes, nous avons décidé de lancer le jeu avec un doublage en japonais et ce fut une grossière erreur car les doublages ne collent pas aux expressions, donnant naissance à des échanges grotesques. À notre grande surprise, le doublage français est très bien réalisé et nous ne pouvons que recommander son utilisation.
Grâce aux échanges avec certains personnages, il est possible d’en apprendre davantage sur les kemonos et sur l’histoire du village, ce qui retrace assez clairement pourquoi ce dernier est si isolé du reste du monde et pourquoi les zones de chasses sont d’anciennes zones auparavant habitées mais qui sont aujourd’hui dévastées. En effet, les kemonos se nourrissent de fil céleste, ils sont donc logiquement attirés par les villes qui l’utilisent. En s’installant, les kemonos influencent l’environnement local et le rendent inhospitalier pour les humains, ce qui mène tragiquement à leur exode si les monstres ne sont pas chassés. D’autres zones ont quant à elles été le théâtre de conflits armés mais la ville de Minato étant encerclée par la mer et par les kemonos, les clans féodaux n’y prêtent peu d’attention. Un ensemble cohérent qui aurait à nos yeux mérité davantage de place au centre de l’aventure et qui a bien plus d’intérêt que les prétextes parfois insipides nous forçant à aller chasser. Nous tenons à préciser que nous n’avons à l’heure où nous écrivons ces lignes, pas encore terminé l’histoire principale. Nous avons près de vingt heures de jeu au compteur et nous avons jugé cela suffisant pour vous délivrer notre verdict.
Les kemonos du japonais, “bête” voire même “monstre” – pardonnez notre traduction hasardeuse, c’est celle de Google traduction – sont des animaux qui ont été souillés par une sorte de corruption les transformant en de véritables fléaux ambulants. Ils dépeignent l’environnement dont ils sont issus et existent en plusieurs variantes. En règle générale, nous avons trouvé ces derniers très beaux et ils tiennent souvent plus de l’animal que du monstre. L’un d’entre eux, un gigantesque sanglier à plusieurs yeux et couvert de ronces, rappelle sans mal Nago, le dieu sanglier qui défend la forêt dans le film d’animation Princesse Mononoke mais qui devient lui aussi corrompu à cause de la souillure humaine. Des ressemblances qui ne sont pas si hasardeuses lorsque l’on sait que l’œuvre de Hayao Miyazaki et Wild Hearts par Omega Force et de Koei Tecmo Games dépeignent tous deux les relations entre des animaux fantastiques, la nature et les humains.
Une exploration ouverte et dynamique
Notre aventure dans Wild Hearts nous transporte aux 4 coins de la région d’Azuma, plus précisément sur 4 îles. Sur celles-ci, il est possible de combattre et d’explorer librement. Ce qui frappe dans Wild Hearts, c’est la richesse de ses environnements, leur level design et leur verticalité. Nous retrouvons une faune et une flore luxuriante ainsi que des zones à plusieurs niveaux, des dédales de grottes, des plateaux neigeux et de denses bosquets. Graphiquement, le jeu laisse un peu à désirer car il tient davantage de l’ancienne génération que de l’actuelle bien qu’il propose deux modes, un performance et un autre pour la fluidité. Les textures sont assez peu détaillées et les couleurs sont parfois trop criardes mais tout cela est contrebalancé par la qualité des environnements et leur cohérence dans la narration. Malheureusement, le jeu souffre tout de même de nombreux soucis techniques et il nous est souvent arrivé de courir dans le vide ou de jouer à saute-mouton avec des murs invisibles dès que nous cherchions à jouer avec la verticalité des terrains. Sans compter les quelques latences identifiées en combat ou sur le pop-in incessant de l’environnement devant nous.
Karakuri, un potentiel infini
L’atout principal de Wild Hearts est sans nul doute la variété des usages offerte par les karakuris. Outre les utilisations en combat, les karakuris servent aussi bien à se déplacer qu’à établir des campements où bon nous semble. Il est ainsi possible de créer ses propres points de réapparition en cas de KO lors d’un combat et d’adapter ces derniers à son image, vous pouvez par exemple ajouter à votre camp des petites lanternes, des cages à animaux domestiques, une forge pour créer ou changer votre équipement ainsi qu’une tente pour vous reposer. Bref, les usages sont nombreux dans les campements mais il est aussi tout à fait envisageable de créer des karakuris à d’autres emplacements stratégiques pour optimiser vos déplacements. Il est par exemple possible de déposer une sorte de tyrolienne aux abords d’un précipice pour faciliter sa traversée et ainsi de suite. De plus, les installations sont sauvegardées à leur emplacement et restent donc définitivement à leur place sauf intervention de notre part ou de celle d’un kemono.
Avec les karakuris, les 4 îles deviennent un véritable terrain de jeu pour qui souhaiterait optimiser ses déplacements ou maximiser son exploration. Cependant, l’ajout de tels karakuris est limité par des ressources appelées les fosses draconiques qu’il faut découvrir et déverrouiller avec des matériaux aux 4 coins des différentes zones. C’est à nos yeux un point noir car non seulement cela complexifie inutilement la mécanique mais cela restreint aussi grandement leur utilisation. Sans compter que le déverrouillage desdites fosses draconiques doit être faite sans réelle justification.
Les autres karakuris servent majoritairement au combat et il est possible de les améliorer avec des orbes de kemonos pour les rendre plus puissants ou plus résistants aux attaques. Ces orbes s’obtiennent en combat, lors de la destruction de certaines parties des monstres par exemple. À mesure que nous avançons dans l’histoire, le champ des possibles avec les karakuris se développe et donne naissance à de nouvelles combinaisons, renouvelant ainsi sans cesse l’attrait porté à ces outils. Par exemple, superposer plusieurs caisses karakuri permettra la construction d’un rempart éclair bloquant la charge des plus gros kemonos. D’un autre, combiner plusieurs tremplins créera un maillet géant qui pourra asséner un puissant coup à vos ennemis. D’autres combinaisons de ce type, toujours plus surprenantes et utiles se dévoilent plus tardivement dans l’aventure mais pour ne pas gâcher la surprise, nous n’en dévoilerons pas davantage.
Grisant et facile à prendre en main
Wild Hearts offre de nombreuses possibilités d’équipement, tant dans le choix des armes que des armures. Il convient de choisir ses armes et ses armures en fonction de ses cibles car les armures offrent des résistances ou des faiblesses à certains éléments de kemonos alors que les armes appliquent ces mêmes éléments aux dégâts de base pour ainsi exploiter les faiblesses des kemonos. Par chance, une encyclopédie détaille toutes les forces et les faiblesses des monstres une fois ceux-ci combattus pour la première fois.
Wild Hearts offre 8 styles d’armes avec des variétés de gameplay très différentes les unes des autres. Nous commençâmes l’aventure avec un katana, celui-ci est rapide, tranchant et permet de réaliser de lourds dégâts avec ses attaques spéciales dont la barre se charge au fil du temps. Au début du jeu, seules 4 armes s’offrent au joueur, le katana karakuri, le Nodachi (épée lourde), l’arc et le Marteau. Plus tard, 4 nouvelles armes se débloqueront : le Wagasa à lames (un parapluie), le canon à main, la lame griffe (double lame) et le bâton Karakuri. De notre côté, nous avons préféré le Nodachi au début de l’aventure pour sa simplicité de gameplay et son ratio dégâts/vitesse car plus léger qu’un marteau et plus puissant qu’un katana. Nous lui avons ensuite préféré le bâton Karakuri qui grâce à la technologie karakuri peut prendre plusieurs formes (pique, lance, shuriken géant ou double lame) et répond ainsi parfaitement à de nombreux besoins.
Si les 8 types d’armes ont toutes un gameplay différent et qui sont pour certains, novateur, nous avons trouvé qu’elles étaient toutes très simples à utiliser mais difficiles à maîtriser. Fort heureusement, des mannequins d’entrainement permettent de s’exercer très simplement. Un court tutoriel explique d’ailleurs le fonctionnement des armes et leurs combinaisons. A noter qu’en fonction du parcours d’amélioration de votre arme, des attributs bonus peuvent s’appliquer. Ainsi, plus votre arme aura été améliorée, plus elle pourra être puissante. Idem, les armures peuvent être améliorées selon la voie humaine ou celle du kemono, l’une ou l’autre donne des attributs et des apparences différentes. Nous ne pouvons que féliciter un tel travail d’optimisation de l’équipement qui change des standards habituels sans pour autant contraindre le joueur à suroptimiser son équipement pour être efficace. Cependant, cela manque très clairement de clarté et mériterait sans aucun doute quelques précisions.
L’usage des armes se marie à merveille avec les karakuris. Il est commun d’utiliser les karakuris pour réaliser des attaques dévastatrices ou pour fuir un combat. Si la fuite n’est pas une option et que le joueur tombe KO, un décompte apparaît alors. Après 3 KO consécutifs, la quête est considérée comme échouée et doit-être recommencée. Avec une forte dimension multijoueur, Wild Hearts nous invite souvent à rejoindre des sessions en ligne. Ainsi, jusqu’à 3 joueurs peuvent rejoindre votre chasse pour coopérer dans le combat. En cas de KO lors d’une partie multijoueur, il est possible de réanimer le joueur pendant un court laps de temps et ce, sans pénalité. Une fonctionnalité qui est plus que la bienvenue lorsque l’on tombe sur des joueurs un peu trop présomptueux qui foncent tête baissée dans les griffes des kemonos. Rien de très surprenant en somme mais la recette reste efficace et fonctionne très bien.
Maintenant que nous avons parlé des armes, des armures et des différentes attaques possibles grâce aux karakuris, penchons-nous désormais sur le dynamisme des combats et sur les attaques des kemonos. À la rédaction, nous sommes habitués aux jeux du genre donc nous n’avons pas trouvé Wild Hearts particulièrement difficile. Certes, certains combats ont été challengeants mais pas impossibles à surmonter. Quelques kemonos sauront vous donner du fil à retordre et bien souvent, ces combats s’accompagnent d’une bande originale épique mais il suffit de s’équiper en conséquence et de savoir lire les attaques des monstres pour pouvoir adapter son approche. Parfois, l’arme ne convient pas ou l’approche est trop directe, il suffit alors de changer son fusil d’épaule, opter pour une arme à distance ou abuser des karakuris pour se protéger par exemple. Les kemonos ont deux phases, une normale et une où ils ne sont pas contents. Si la première phase se gère souvent sans grande difficulté avec des schémas d’attaques assez classiques et facilement identifiables, lorsque les kemonos prennent leur forme enragée, la puissance de leurs attaques et parfois même, leur vitesse, s’en trouvent décuplées. En somme, Wild Hearts n’est pas un long fleuve tranquille mais n’offre pas non plus une difficulté exacerbée. Grâce à des armes faciles à prendre en main et à des kemonos aux mouvements parfois trop prévisibles, il n’est pas si difficile de survire.
Verdict : 7/10
Même s’il est difficile de ne pas comparer Wild Hearts à une fameuse licence tant les similitudes sont nombreuses, il faut avouer que Wild Hearts a su se montrer convaincant, tant son rapport à la chasse est différent et son gameplay est novateur grâce à ses karakuris ainsi qu’à ses nombreuses armes aux mouvements satisfaisants. Cependant, son histoire principale imparfaite, ses nombreux soucis techniques, ses graphismes dépassés et son exploration en partie gâchée par la complexification inutile de la gestion des fosses draconiques laissent en bouche un arrière-goût amer. Toutefois, Wild Hearts saura ravir les fans de la chasse aux monstres et n’en reste pas moins agréable à jouer car il est en plus très facile à prendre en main. Il est donc une alternative tout à fait acceptable et saura sans nul doute se faire un nom parmi les autres jeux du genre.
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