Disponible en Early Access depuis maintenant un petit moment (2016), et repoussé maintes et maintes fois par les développeurs, We Happy Few est désormais officiellement sorti – en version 1.1 – depuis plus d’une semaine. Attendu par la communauté des joueurs, tous les regards sont portés vers le dernier jeu de Compulsion Games. Si vous n’avez pas encore mis les mains dessus, et que vous hésitez à l’acheter (ou non), la rédaction est là pour lever tous vos doutes, en vous donnant toutes ses impressions, sans langue de bois.
Test réalisé sur PS4 grâce à une copie numérique envoyée par l’éditeur.
Des couleurs flashy, des décors psychédéliques, d’étranges personnages portant le même masque, une louche société au bord du précipice, une milice agressive, une étrange pilule, une narration un peu délirante, voire même complètement folle… Autant de phrases définissant à la perfection le titre des développeurs de chez Compulsion Games, We Happy Few, qui a su se faire attendre pendant plus de deux ans. Considéré comme un jeu d’action/aventure, en vue à la première personne, We Happy Few aura su intriguer un bon nombre de joueurs de part sa narration, son ambiance in-game et sa proposition scénaristique. Et si certains ont déjà craqué pour le jeu, dans sa version anticipée, d’autres attendaient avec impatience la sortie officielle sur les différentes plateformes de jeu (PC, PS4, Xbox One), y compris nous. Plongeons ensemble dans cette production video-ludique à l’univers des plus inquiétants et mystérieux pour en connaître toutes les qualités et défauts.
Vous prendriez bien un peu de Joie ?
Faites table rase de l’Histoire telle que nous la connaissons. Le jeu de Compulsion Games renverse complètement la vapeur et tous les événements historiques connus jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale, puisque dans We Happy Few ce ne sont pas les Alliés qui ont gagné la guerre. C’est bel et bien l’Allemagne qui est sortie victorieuse du conflit mondial, et exerce un pouvoir tyrannique sur le reste du monde. Tout est donc remis en question. Véritable représentation dystopique, We Happy Few a pour décor une Angleterre pauvre, voire très clairement dans la misère, qui souhaite désormais oublier ce mauvais trépas. Comment ? En consommant et sur-consommant une petite pilule, appelée « Joy ». Elle a la faculté, une fois ingérée, d’apaiser les moeurs et surtout de les rendre dociles et béats moyennant finance. Une nouvelle manière de contrôler la foule en somme. Dans ce cadre loin d’être idyllique, le joueur incarne Arthur Hastings, rédacteur pour un journal, qui décide d’arrêter de prendre de la Joy pour retrouver son plus jeune frère, Percy. (Attention, il est possible de ne pas prendre cette dite pilule au tout début, et ainsi finir le jeu – une fin alternative digne des Far Cry). Rebelle, considéré comme un « Rabat-Joie », les aventures d’Arthur commencent ainsi et promettent de nombreux rebondissements, où la survie sera une thématique des plus importantes.
Et oui, tout n’est pas rose dans la vie. Ayant décidé d’arrêter la Joy, Arthur passe pour un hors-la-loi et devra faire très attention aux Bobbies, des policiers Anglais, qui l’arrêteront et le tueront au moindre soupçon. L’objectif principal étant de retrouver le frère d’Arthur, le joueur devra effectuer de nombreuses quêtes, comme par exemple s’infiltrer dans un camp ennemi pour retrouver une clé, pénétrer dans le commissariat pour avoir davantage d’informations sur une dite personne et bien d’autres, qui l’emmèneront au quatre coins du pays de Shakespeare. Un périple qui se conjugue d’ailleurs au pluriel, puisqu’après avoir terminé l’histoire d’Arthur, les joueurs plongent dans celle de Sallie et finissent par incarner Ollie (deux personnages proches et importants pour Arthur). Avec toutes ces quêtes principales et ces trois parcours, les joueurs devraient venir à bout de We Happy Few au bout d’une vingtaine d’heures de jeu à leur compteur. Sans oublier que vous rencontrerez énormément de quêtes annexes sur votre chemin. Certaines sont d’ailleurs assez pauvres et n’apportent rien à la narration principale, alors que d’autres sont clairement des missions dites « FedEX », ce qui est un peu dommage et a tendance à nous faire perdre le fil de l’aventure. Du coup, on est tenté de rusher la quête principale pour rester dans l’ambiance, plutôt que de flâner par-ci par-là dans ce monde semi-ouvert.
Un mélange de genres
Devenu un paria, comme un bon nombre de personnages retranchés dans la banlieue et vivants dans la pauvreté, Arthur – et le joueur par la même occasion – doit affronter ce nouveau monde dystopique, à souhait, qui le mettra donc à rude épreuve. Non seulement la milice anglais, les Bobbies, vous feront vivre de douloureux moments de combats, mais le jeu arbore également une dimension survival. Pour ce faire, les développeurs sortent le grand jeu et insufflent des mécanismes de survie plutôt poussées, mais malheureusement très peu originales. Du déjà-vu, très proche d’un Fallout par exemple. Le joueur devra ainsi contrôler l’endurance et la santé de son personnage. L’eau et la nourriture sont également des éléments très importants dans le jeu, et permettront de maintenir Arthur en bonne santé (attention tout de même aux aliments pourris, qui infligeront différents maux). Qui dit survival, dit système de craft. Ce qui, à l’inverse, est d’ailleurs plutôt réussi et plaisant à découvrir. En ramassant différents objets ou ressources (plaques de métal, vis, épingles etc), le joueur pourra ainsi fabriquer des items nécessaires à sa survie : des bandages, des soins, des « rossignols » pour crocheter les portes, des pied de biche pour forcer certains passages et bien d’autres. Vous serez donc tentés de ramasser tout ce qui vous passera sur les mains, au cas où vous en auriez besoin par la suite.
Davantage caractérisé comme un jeu d’action et d’aventure, We Happy Few propose d’autres mécanismes de jeu qui, pour le coup, sont plus ou moins réussis. L’infiltration et la discrétion sont au coeur du gameplay, selon les quêtes suivies. Par exemple, au début du jeu, le joueur devra pénétrer dans un camp ennemi pour retrouver un objet de la plus haute importance. Evidemment, le lieu pullule de Bobbies qui voudront vous arrêter et, accessoirement, vous tuer. Il vous faudra donc vous dissimuler dans les hautes herbes, attraper des gardes par derrière pour les rendre inconscients, et échapper aux projecteurs… Un moment relativement intéressant qui a le don de donner le ton au reste de votre aventure. Rassurez-vous, il est tout de même possible de foncer dans le tas et de se diriger à toute allure vers l’objectif, si l’accès ne vous est pas bloqué… Si cet élément de gameplay est plutôt intéressant et franchement réussi, le système de combat est lui, en revanche, assez gênant et lourd. Arme en main, les techniques de combat manquent clairement de justesse et de finesse, tant il est difficile parfois de toucher l’ennemi alors que vous pensiez faire mouche. De petits détails de la sorte gâchent donc un peu le plaisir, et laissent un petit goût amer dans la bouche. Il vaut alors mieux envisager We Happy Few comme un jeu d’infiltration, plutôt qu’un jeu d’action, et adopter cette approche dans la majeure partie des cas. Le mélange de genres est ainsi un peu déstabilisant au début, et a tendance à sortir le joueur de l’ambiance si particulière et plaisante du jeu. Un conseil : accrochez-vous plutôt à la qualité narrative et à l’atmosphère créée pour garder un réel plaisir.
Promesse(s) tenue(s) ?
Présenté en tout premier lieu à l’E3 2016, We Happy Few avait su vendre du rêve à la communauté des joueurs, impatients de mettre les mains sur ce titre aussi intriguant et prenant, et à la direction artistique des plus attirantes. Sur ce point, We Happy Few propose d’ailleurs des graphismes et une direction artistique très réussies et très plaisants à l’oeil. Aussi psychédéliques que réalistes par moments, les graphismes permettent de plonger avec brio et grand plaisir dans cet univers. La bande sonore accompagne d’ailleurs très bien ce qui se passe à l’écran. Malheureusement, une fois quelques heures de jeu écoulées et des quêtes réussies, certains détails sautent aux yeux et gâchent un tantinet le plaisir : de nombreux bugs ont été repérés par les joueurs, que ce soient visuellement ou au niveau du système de sauvegarde. Pour autant, rassurez-vous il y a fort à parier que les développeurs rectifieront le tir grâce à la sortie de patchs et mises à jour, dans les semaines ou mois à venir. Ce qui devrait assurer une expérience plus optimale aux joueurs.
L’heure du verdict sonne ! Si sur le papier, We Happy Few était très prometteur et assurait une très très belle expérience de jeu, pour ceux appréciant ce type de production vidéo-ludique et cette direction artistique, le bilan est finalement plutôt mitigé et ne permet pas d’assurer une note assez élevée. Le système de combat est malheureusement trop contraignant au fil de l’aventure pour réellement apprécier les quêtes qui défilent, et votre aventure en général. Pour certains il ne s’agira que d’un petit détail, mais quand vous enchaînez les combats les uns après les autres, malgré une première approche discrète, le jeu laisse un goût amer dans la bouche et donne clairement envie de rage-quit par moments. Les quêtes annexes, dispersées par-ci par-là, auraient pu apporter plus de profondeur au jeu, mais il n’en est pourtant rien, tant elles tendent vers le « je t’aide, si tu vas me chercher ceci »… A vouloir tout faire dans le jeu, on finit par perdre le fil directeur du jeu (sa narration) et c’est un peu dommage au final. Soit vous décidez de tout faire et de tout voir, au risque de vous perdre un peu dans l’histoire, soit vous choisissez de vous concentrer sur la quête principale, quitte à louper beaucoup d’éléments… Dilemme cornélien, n’est ce pas ?
Verdict : 6/10
Il faut adorer We Happy Few pour sa direction artistique aux petits oignons, sa narration très décalée mais totalement intéressante et qui a le mérite de montrer un peu d’originalité. De même pour son ambiance si particulière, sa bande sonore plaisante et son côté survival. Il faut faire fi du système de combat qui laisse un goût amer dans la bouche et préférer plutôt l’infiltration ainsi que la discrétion. Le mélange de genres ne semble pas si savamment dosée que cela. La durée de vie du jeu est également très satisfaisante et vous promet de belles heures de jeu, aux côtés des personnes de cet univers. Un dernier conseil de la part de la rédaction : attendez quelques temps la sortie de patchs, et une baisse de prix (actuellement disponible au prix officiel de 69, 99€), pour profiter pleinement de cette nouvelle expérience vidéo-ludique proposée par Compulsion Games, sans amertume et sans aucun regrets.
ZeKidPaddle
24 août 2018 at 10 h 03 minTrés bon test !
L’ambiance et le style donne clairement envie mais les nombreux bugs me font hésiter ! Je vais attendre que son prix descende un peu avant de me le prendre 🙂