Activision, 2K, EA, les gros éditeurs ont déjà tous sortis au moins une grosse cartouche en cette fin d’année. Il y a eu des jeux de sport, des jeux de guerre, mais il manquait un peu d’aventure. Tant mieux, Ubisoft vient à la rescousse en proposant un nouveau AAA d’action/aventure, après avoir comblé notre début d’année avec le très bon Far Cry Primal, et The Division (dans un autre genre). Vous l’avez bien compris, nous allons parler de Watch Dogs 2 aujourd’hui. Alors, suite en carton ou bonne surprise ? On vous donne la réponse dans ce test.
U can’t touch this
Watch Dogs 2 est donc la suite (ou le second essai, au choix) de Watch Dogs, jeu d’action/aventure en open-world sorti en mai 2014 dans lequel nous incarnions Aiden Pearce, un hacker au manque de charisme évident déambulant dans la ville de Chicago pour se venger de la mort de sa nièce Lena. Le principe du jeu était simple. Les promesses du jeu étaient là : réaliser un open-world qui obéit à toutes les règles classiques du genre à la chose près que la ville du jeu était connectée. Chaque infrastructure appartenant à la ville (feux de signalisation, caméras de surveillance) était régie par un programme du nom de CtOS. Nous pouvions ainsi hacker ces infrastructures de manière intuitive et rapide afin de nous déplacer dans le monde et d’aménager nos petites séquences d’infiltration et d’action.
Exit Aiden pour ce deuxième épisode puisque nous incarnons désormais Marcus, qui n’a pas énormément plus de charisme, mais il y a du mieux. Exit aussi Chicago puisque nous nous retrouvons dans la splendide baie de San Francisco. Splendide, c’est le mot, puisque l’ambiance générale de la ville est ici bien plus soignée que dans le premier épisode. Si Chicago était une ville assez tristounette et manquait un peu de vie, c’est totalement le contraire pour San Francisco. La ville est grande et possède plusieurs quartiers aux ambiances distinctes et très agréables (mention spéciale à Chinatown).
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Marcus, hipster en herbe, et hacker à ses heures perdues
Pop Culture Hacker
L’histoire de cet épisode, donc, se déroule deux ans après celle du premier, alors qu’est déployé dans la baie le CtOS 2.0, un programme qui permet à sa société mère Blume de contrôler encore plus les infrastructures de la ville. Révolté contre les dérives de ce système (collecte et revente de données personnelles, manipulation de masse), le natif de L.A. Marcus Holloway décide de rejoindre le groupe de hackers DedSec. Avec leur aide, il va tenter de mettre fin aux magouilles de Blume et de faire tomber leur chef, Dusan Nemic.
Comme pour son prédécesseur, le scénario n’est pas réellement passionnant mais suffit à nous donner envie de poursuivre l’aventure, empruntant énormément d’éléments à la pop culture moderne pour relier notre univers du quotidien à celui du jeu.
Un candidat à la présidentielle qui se sert de la peur pour monter au pouvoir, un millionnaire qui a fait fortune en augmentant considérablement le prix d’un médicament qui aide à la guérison des cancers (et détenteur de l’unique exemplaire de l’album d’un éminent rappeur). Nous ne savons pas si c’est pour donner un côté « anti-système » au personnage ou si Ubisoft a réellement eu l’intention de délivrer un produit engagé, mais cette touche de modernité est bienvenue. En parlant de références, il y en a aussi énormément aux grandes entreprises (la visite des bureaux de Nudle en fera sourire plus d’un) et notamment Ubisoft, qui s’est même permis un peu plus qu’une simple présence dans son propre jeu. Pour terminer sur l’ambiance, saluons la qualité du doublage français (le choix de la langue est possible) et les tonnes de références lâchées au fil des dialogues, absolument savoureuses.
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Je ne sais pas pourquoi mais ce personnage me rappelle quelqu’un.
C’est quoi « bouillave » ?
Tout comme son univers et ses personnages, le gameplay de Watch Dogs 2 est beaucoup plus décomplexé et libre que celui de son prédécesseur. Le hack n’est plus limité à naviguer entre quelques caméras et de bourriner la touche carrée pour tout faire sauter lorsque nous nous faisons repérer. Beaucoup de possibilités se sont ajoutées, ce qui a nécessité un remapping des touches, tout étant désormais axé sur L1. Après une pression sur la touche, une fenêtre contenant 4 options variant en fonction du dispositif hacké s’affiche, et vous permet d’effectuer diverses fonctions allant de couper le courant sur des lasers de détection à faire foncer une voiture à l’arrêt dans un tas d’ennemis. L’évolution du système de jeu va de paire avec celle du CtOS. Celui-ci s’étendant désormais à plus d’appareils, le joueur dispose de plus d’objets à hacker, ce qui permet une meilleure variété des approches pour effectuer chaque mission. A ce sujet, l’IA ennemie n’est pas des plus malines et devient instantanément aveugle dès que vous piratez son smartphone. Peu importe que vous passiez devant elle en courant avec un fusil à pompe dans les mains, elle ne vous détectera pas.
En plus des nouvelles possibilités de hacking, le jeu ajoute une composante supplémentaire à son gameplay : des petits robots inspirés de ceux du constructeur Parrot. Si vous avez peur de vous exposer ou voulez simplement la jouer infiltration à fond, vous disposez d’un robot jumper et d’un drone volant. Ceux-ci ne sont pas à l’abri des regards ennemis mais ont chacun leur utilité propre : le drone peut servir à faire une petite reconnaissance du terrain en début de mission (marquage des ennemis, identification claire des objectifs) là où le jumper peut permettre de se faufiler dans des espaces étroits et effectuer quelques piratages qui faciliteront la tâche à Marcus quand vous reprendrez son contrôle.
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Au milieu de toute cette violence, un peu de toboggan ne fait jamais de mal.
Lethal Weapon
En-dehors du hacking et de ces équipements, Marcus dispose bien entendu d’armes traditionnelles allant d’un pistolet tranquillisant à un arsenal d’armes à deux mains assez développé. Malheureusement, le feeling des armes n’est pas à la hauteur et on privilégiera souvent l’approche discrète. C’est du moins la solution la plus intéressante. Nous avons réalisé la totalité du jeu en utilisant quasi-exclusivement le pistolet tranquillisant (donné dès le début du jeu) comme arme mais l’approche reste néanmoins libre et chacun trouvera midi à sa porte (comme dirait notre cher Mr Toc).
La présence d’autant d’armes à feu pose d’ailleurs un problème d’éthique qui ne gênera pas tout le monde mais qui nous a néanmoins titillé en jouant à Watch Dogs 2. Si le personnage est effectivement un jeune d’une vingtaine d’années qui se veut être un défenseur des intérêts du peuple, pourquoi tue-t-il à tour de bras ? Il est évident que le jeu, dans le but d’offrir une certaine liberté d’action, se doit de laisser la possibilité de tuer, mais on aurait apprécié un système de réputation à l’instar d’un Red Dead Redemption ou d’un InFamous. Ce n’est pas un élément qui fait défaut au jeu, mais ça pourrait être une piste d’amélioration pour un éventuel Watch Dogs 3.
Pour finir sur le gameplay, abordons la conduite, un point faible du premier opus. Celle-ci a subi quelques améliorations, mais ça ne suffit malheureusement pas. Dès que l’on passe une certaine vitesse, il suffit de frôler le stick pour que notre véhicule parte n’importe comment. Les collisions également sont assez étranges. Tentez trois, quatre fois de rapper un petit muret ou de frôler un véhicule et votre bolide partira en miettes. Le constat sur la conduite est d’autant plus étrange quand on sait que ce n’est autre qu’Ubisoft Reflections, le studio à l’origine de Driver San Francisco, qui s’occupe de cette partie-là du soft.
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Être un hacker c’est aussi savoir faire face aux situations les plus extrêmes.
Updated
Quand certains triple A ne proposent sur leur galette à 60€ qu’un simple mode histoire de 8 heures et quelques objectifs bonus, Watch Dogs 2 prend totalement la direction inverse et dispose d’un contenu tout simplement gargantuesque. En plus d’une mission principale d’une douzaine/quinzaine d’heures, le jeu jouit de pléthore de missions secondaires scénarisées, d’opérations à réaliser en coopération en ligne et de plein d’activités en plus de celles-ci.
La mission principale est plutôt bien rythmée et alterne les situations variées allant du classique complexe rempli d’ennemis à des opérations de hack à la portée absolument spectaculaire. Le final manque un peu de pêche par rapport aux missions qui le précèdent, mais le tout reste très agréable dans l’ensemble.
Les activités annexes sont suffisamment variées pour vous occuper encore des heures et des heures une fois l’aventure terminée. Marcus dispose d’un smartphone rempli d’applications qui permettent de profiter de la ville de San Francisco à fond. « Nudle Map » vous sert de GPS et permet de vous téléporter aux endroits clés de la ville, comme votre QG ou les nombreux magasins de vêtements. Ceux-ci sont nombreux et il y en a pour tous les styles, du sportif au hipster en passant par le motard et même le sapologue. Elle est pas belle la vie ?
Marcus peut aussi faire le Uber via une application dont nous tairons le nom (on vous garde la surprise) et même augmenter son répertoire de musiques en « shazamant » celles que vous entendrez en parcourant la ville. La tracklist est de bonne facture et livre de très bons morceaux dont une partie conçus par des artistes locaux (le rappeur Mac Dre, par exemple). Du classique au rap en passant par l’électro, la pop et le rock, il y en a pour tous les goûts.
Pour ce qui est des possibilités du jeu en multijoueur, le jeu a subit de nombreux problèmes rendant celui-ci inaccessible. Nous avons pu l’essayer brièvement quand il fonctionnait et il est plus fourni que celui de son prédécesseur. La possibilité d’entrer dans la partie des autres joueurs est toujours de mise, et vient s’agrémenter de missions coop et d’un mode PVP pas extrêmement développé mais tout de même présent.
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Après avoir écumer tous les magasins, j’ai enfin pu trouver le style qu’il me fallait.
Make visuals great again
Terminons ce test de Watch Dogs 2 sur le point qui divisait le plus à la sortie du premier épisode : la partie graphique du titre. La sortie du soft intervenant 5 jours après celle de la PS4 Pro, nous nous sommes procurés la console et avons testé la totalité du jeu sur celle-ci. N’y allons pas par quatre chemins, le jeu est tout simplement splendide sur cette plateforme. Si les classiques problèmes de clipping inhérents aux jeux en monde ouvert sont présents, le jeu est très propre dans l’ensemble. Il n’y a pas un pet’ d’alliasing sur la mouture testée et San Francisco se voit offrir, de part la technique et la direction artistique colorée du titre, une belle représentation.
Pour vous dire, on est très souvent tenté de sortir le téléphone de Marcus et de faire quelques selfies devant des panoramas à la vue imprenable. Pour ce qui est de la version PS4 normale, il semblerait qu’elle soit de bonne facture mais que l’alliasing soit malheureusement de retour. La version Xbox One semble disposer de quelques problèmes techniques supplémentaires mais nous n’avons pas mettre nos mains dessus. A noter que nous avons effectué le test sur un écran 1080p non-compatible HDR. Soyez rassurés, possesseurs de PS4 Pro, les optimisations effectuées sur le jeu sont parfaitement visibles sur ce format-là. Après nous avoir habitué à downgrader un peu tout ce qui bouge, Ubisoft serait-il revenu dans le droit chemin ?

Lancer un jeu et tomber sur un beau panorama, c’est toujours plaisant.
Verdict
Le premier Watch Dogs, en dépit de ses qualités, nous avait surtout déçu parce que les promesses faites avec le titre n’avaient pas été concrétisées sur le produit final. Nous étions donc assez fébriles à l’annonce de ce second épisode. Et plus les heures avancent, plus les craintes se dissipent et laissent place à un univers beau, agréable à parcourir, rempli d’activités et aux possibilités d’interactions bien plus nombreuses que son prédécesseur. Watch Dogs 2 accomplit exactement ce qu’on attend d’une suite : récupérer les idées du jeu de base, les améliorer et en ajouter de nouvelles pour constituer un ensemble qui ait de l’intérêt pour les possesseurs du premier comme pour les nouveaux arrivants. Un open-world rafraichissant, pas sans défaut bien sûr, mais indéniablement bourré de qualités. JVFrance vous a révélé la vérité. Faites-en ce que vous voulez.
Test effectué à partir d’une version éditeur sur PS4 Pro
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