Call of Duty, Battlefield, Sniper Elite, Medal of Honor… autant de licences qui s’étendent sur plusieurs générations de consoles et ont surtout un point en commun sur le plan narratif : ils mettent bien souvent en scène la Seconde Guerre Mondiale. Un conflit qui a déjà fait couler beaucoup d’encre en Littérature, beaucoup de bobines de films dans le 7ème Art mais aussi de pixels avec les jeux vidéo. Fortement représentée dans les AAA, la Seconde Guerre Mondiale est toute aussi la base narrative d’un bon nombre de titres indépendants, dont le dernier en date que nous avons pu tester, Warsaw. En avant, direction la Pologne !
Test réalisé sur PC grâce à une copie numérique envoyée par l’éditeur
« La guerre n’est pas une aventure. La guerre est une maladie. Comme le typhus » _ Antoine de Saint-Exupéry
L’Insurrection Polonaise commence !
Si Antoine de Saint-Exupéry, ancien combattant, pilote dans l’Armée de l’Air et écrivain, a tout a fait raison en insinuant que la guerre n’a rien d’une aventure très drôle, les développeurs de chez Pixelated Milk l’ont compris et mettent en exergue cette déclaration dans leur tout dernier jeu. En effet, dans Warsaw, c’est bien l’image d’une guerre violente et oppressante qui transparaît. Dans ce titre indépendant, sorti récemment sur PC et consoles, nous sommes plongés dans un décor emprunt de tristesse, violence, oppression et persécution puisque l’histoire prend place en 1944, en pleine Seconde Guerre Mondiale, du côté de la Pologne. Le pays étant majoritairement occupé par les forces allemandes du Troisième Reich, les Polonais de Varsovie ont décidé de mener la Résistance pour reprendre leur chère patrie des griffes des nazis. Bien que nous connaissions déjà l’issue de ce combat grâce aux livres d’Histoire dépeignant la triste réalité de la Pologne à cette époque, Warsaw propose de changer la donne… ou tout du moins d’essayer. Vous l’aurez d’ores et déjà compris, Warsaw nous amène à contrôler un groupe d’insurgés/résistants polonais, dans une ville au bord du chaos, qui devra effectuer diverses missions pour maintenir l’élan de la Résistance. Mais comment faire, alors que tout semble voué à l’échec ?
Un Darkest Dungeon-like ?
Reflétant la difficulté importante de la tâche, le gameplay de Warsaw est assez complexe et demande beaucoup de concentration et réflexion. Se rapprochant énormément de Darkest Dungeon (notre test à cette adresse), faisant du jeu de Red Hook Studios presque un sous genre comme l’ont fait les Castlevania, Metroid et Dark Souls, Warsaw est un tactical-RPG au tour par tour. Pour comprendre son fonctionnement, autant vous dire qu’il faut s’accrocher. Heureusement, les développeurs ont apporté un tutoriel, découpé selon les différentes phases de jeu, que nous vous proposons dans une vidéo de découverte, disponible ci-dessous.
Les missions de Warsaw sont assez diverses, allant de l’importation de caisses de ravitaillement à des Alliés dans certains quartiers de la capitale, ou bien tuer un officier désigné ou encore éliminer une patrouille ennemie. Dans la majeure partie des cas, toutes missions se composent de deux phases : l’exploration et le combat. C’est en explorant les rues de Varsovie, moyennant quelques points d’action, que nous pouvons découvrir des événements particuliers (émeutes etc.), sur lesquels nous pouvons affluer en fonction de nos choix et surtout les objectifs. Durant cette phase, il faudra faire très attention aux groupes d’ennemis répartis ci et là qui peuvent nous repérer et initier un assaut. Ce qui, dans certains cas, peut être très risqué sachant que nos personnages ne sont pas immortels (la mort étant définitive) et que nos munitions ne sont pas un puits sans fond. Il vaut mieux alors se concentrer sur sa tâche et éviter toutes confrontations inutiles. Notons d’ailleurs que toutes les parties ne se ressemblent pas puisque ayant relancé l’aventure plusieurs fois, nous n’avons pas eu nécessairement les mêmes événements ponctuels et fait les mêmes rencontres. De la rejouabilité, pour sûr. Mais revenons en au nerf de la guerre (si vous nous permettez le jeu de mot) !
La deuxième phase d’action est quant à elle centrée essentiellement sur les combats – ceux utiles, vous l’aurez compris. C’est ici que l’influence de Darkest Dungeon sur le soft de Pixelated Milk est probablement la plus notable. Notre groupe de résistants est composé de différents combattants aux compétences diverses. Comme c’est le cas dans Darkest Dungeon avec les voleurs, les chevaliers etc., ici nous avons le droit à des tireurs, secouristes, artificiers et bien d’autres. Chacun utilisant un arsenal d’armes – et donc de munitions – bien spécifiques en lien avec leurs compétences actives. Dans la vidéo de découverte ci-dessus, vous pouvez ainsi voir que l’un des jeunes hommes utilise un fusil, type carabine, alors que le deuxième a une sorte de mitrailleuse dans les mains. Ce dernier a donc la possibilité d’infliger des dégâts de zone, à différents ennemis, grâce à l’un de ses compétences. À l’inverse, le plus jeune d’entre eux attaque une cible en particulier. La jeune femme est quant à elle une secouriste avant tout. L’idée étant alors de composer une équipe qui saura répondre à tous types de dangers et surtout à renvoyer les Allemands d’où ils viennent. Évidemment, si chacun des personnages de notre équipe possède ses propres compétences, il en va de même pour les ennemis. Certains Allemands sont de simples tireurs, alors que d’autres sont des maîtres chiens, secouristes, lieutenants etc. Ainsi, s’il faut composer avec sa propre équipe, il faudra en faire de même en fonction des ennemis rencontrés. Sans oublier que grâce à des récompenses de mission, il est possible d’élever un personnage à un rang supérieur et ainsi débloquer de nouvelles compétences. De façon générale, les combats ne seront ainsi jamais vraiment les mêmes et demanderont d’adapter constamment son approche et sa stratégie. C’est aussi jouissif que fatiguant par moment, tant la concentration est de rigueur.
[…] Warsaw parvient à nous accrocher du début à la fin à tel point que nous avons toujours envie d’aller plus loin dans l’aventure […]
Durant cette phase, il faut faire attention à beaucoup de paramètres et avoir les yeux partout. Il est possible d’activer une compétence contre des points d’endurance, chaque personnage en possédant 3 au total. S’il tombe à zéro, il ne pourra plus agir et il faudra terminer son activation. De plus, chaque compétence demande un certain nombre de munitions (courte, longue ou moyenne portée). Il est ainsi primordial de bien se préparer avant une mission, sinon c’est la catastrophe assurée. On notera aussi que plusieurs attaques peuvent infliger des effets négatifs (debuff) ou positives (buff). Par exemple, la crapule du nom de Kazimierz (dernière image ci-dessous) est capable de donner des munitions de contrebande à un autre membre de l’équipe. Ces munitions spéciales sont susceptibles d’infliger l’effet saignement à un ennemi, lui retirant des points de vie sur plusieurs tours. Évidemment, cela marche dans le sens inverse : nous pouvons être sujet à des effets négatifs plus ou moins importants, pouvant changer l’issue du combat à tout moment.
Heureusement, nous pouvons compter sur le repaire, lieu de repos pour nos résistants, accessible après la première mission. Ce HUB est composé de plusieurs PNJ, allant de la marchande, jusqu’à l’archiviste et à l’informateur. Tous apportant des éléments d’information ou items importants pour la suite des événements. Par exemple, c’est via l’informateur que nous pouvons surveiller la progression du moral des quartiers (nous y reviendrons) et les missions proposées. L’archiviste est quant à lui le maître du codex, sorte d’encyclopédie recensant la biographie des personnages, les différents types d’ennemis rencontrés ou armées lootées pour ne citer que ces entrées. Évidemment, la marchande est là pour vous proposer diverses ressources, moyennant finances. Tout comme Hamlet dans Darkest Dungeon. Rien de bien nouveau et original en soi mais ça fait le café.
C’est donc avec beaucoup de minutie qu’il faut jouer à Warsaw. Les amateurs de jeux de gestion, comme votre fidèle servante, s’en donneront à cœur joie, malgré la difficulté plutôt avancée du soft. Tous les éléments de gameplay sont vraiment bien pensés et fonctionnent à merveille. Alors que la distraction dans notre société et surtout dans le domaine des jeux vidéo est partout, Warsaw parvient à nous accrocher du début à la fin à tel point que nous avons toujours envie d’aller plus loin dans l’aventure, quitte à rester plusieurs heures devant notre écran. Et ce malgré les nombreux échecs et morts…
Bien plus que cela !
Si Warsaw est très souvent comparé à Darkest Dungeon, c’est effectivement à juste titre comme nous avons pu le voir jusqu’à présent. Bien que le soft tende à se détacher de ce modèle en apportant tout de même sa patte au genre. En dehors de la mort définitive de nos combattants, justifiant ainsi l’aspect rogue-like du soft, Warsaw est tout de même au dessus sur l’échelle de la difficulté, comparé à Darkest Dungeon. Il semblerait que les développeurs aient insisté sur la difficulté afin de retranscrire la réalité de l’époque, même si ce n’est pas vraiment comparable en soi. Par exemple, dans Darkest Dungeon, il arrivait très souvent d’avoir de nouvelles recrues à l’issue d’une mission, sans rien avoir fait au préalable. Dans Warsaw, les volontaires ne se bousculent pas au portillon pour rejoindre votre équipe de résistants et il faut dépenser une centaine de provisions afin de les recruter. Autant dire que perdre un résistant au cours d’une mission rend l’aventure très très risquée pour la suite. Par ailleurs, il nous est souvent arrivé de manquer de ressources, malgré les phases d’exploration. Manquer de munitions lors d’un combat, ce n’est pas forcément très pratique vous l’aurez compris.
Ce qu’il faut principalement remarquer est le fait que Warsaw est davantage qu’une simple transposition de Darkest Dungeon dans un contexte de guerre. Effectivement, il est beaucoup plus difficile et punitif que ce dernier et proposera un véritable challenge aux joueurs. L’aspect tactical est bien dosé et ressemble à ce que nous connaissons jusque là. Les mécanismes RPG sont quant à eux lisibles et compréhensibles même s’ils demandent un petit temps d’apprentissage, ce qui est tout à fait normal en soi. C’est davantage le côté gestion et prise de décisions, mélangé à tous les éléments cités précédemment, qui peut poser problème. Nous le mentionnions auparavant : en acceptant une mission, vous abandonnez des quêtes de d’autres quartiers. Il sera alors impossible de les faire par la suite. Ce qui signifie nécessairement que vous ne vous occupez pas du bien être des habitants. De ce fait, l’élan de Résistance diminue, baissant alors le moral de la population, et le taux d’usure augmente. Si un quartier tombe dans des statistiques négatives selon ces trois aspects, nous le perdons et la Résistance est compromise. Nous avons également un pouvoir sur les événements ponctuels qui se déroulent dans la ville, comme le début d’une émeute, une suspicion de collaborateurs dans les rangs. A chaque fois, il faudra faire un choix demandant parfois des capacités particulières, soient « charme », « endurance » et bien d’autres, matérialisées par un pourcentage au dessus des résistants dans l’équipe. Certains personnages seront plus aptes à répondre que d’autres, dans le cas présent. Un mécanisme assez récurrent dans les jeux vidéos proposant une aventure à choix décisifs, mais avec Warsaw on se prend à douter de toutes décisions.
Ces indé’s que l’on aime !
C’est bien connu, l’adage dit « des goûts et des couleurs, on ne discute pas ». Autant dire qu’une bonne majorité des titres indépendants adoptent une direction artistique plus ou moins différentes des AAA, que cela plaise ou non. Rien qu’au premier coup d’œil, sans avoir aucune information dessus, on peut dire qu’avec Warsaw, nous nous rapprochons davantage de la palette artistique de la scène indépendante. Nous pensons notamment à Dead in Vinland (notre test), Darkest Dungeon bien évidemment et les jeux estampillés Telltale Games qui font tous la part belle aux dessins. Nous sommes ainsi ici davantage sur un effet bande dessinée/comics et ce n’est absolument pas pour nous déplaire tant ce ton graphique nous semble adapté au genre et à l’histoire narrée. Les dessins et colorations faites main sont sublimes. Par ailleurs, la palette de couleurs, oscillant davantage entre le marron, le noir, le vert et le rouge, est bien trouvée et colle parfaitement à l’atmosphère du soft. On remarquera également que l’interface est très présente à l’écran mais cela est tout à fait nécessaire et plutôt bien adapté au vu de la quantité d’informations à prendre en compte pour l’aventure. C’est bien dosé, c’est efficace ! Du côté de la bande sonore, nous sommes un peu plus mitigés. Le soft propose des musiques d’ambiance douces et mélodieuses qui, si elles sont agréables à l’oreille, n’apportent pas énormément à l’aventure. Elle colle à l’ambiance, certes, mais nous aurions aimé davantage de rythme dans certaines d’entre elles. Petit bémol mais pas un grand handicap.
Dernièrement, notons que le jeu propose une rejouabilité intéressante puisque certains éléments et événements peuvent changer d’une partie à une autre, comme nous vous l’avions énoncé précédemment. Par ailleurs, il est fort probable que plusieurs parties soient nécessaires pour venir à bout des forces Allemandes. Ce qui n’est absolument pas déplaisant tant on ne ressent pas d’ennui à parcourir le soft, surtout pour seulement 19.99€ (tarif conseillé, sur la plateforme Steam).
Verdict : 6/10
Reprenant sur beaucoup d’aspects les codes de Darkest Dungeon, Warsaw ne se contente tout de même pas d’être une pâle copie de ce premier tant il se démarque sur plusieurs points : un aspect gestion plus poussé via les quartiers de Varsovie à maintenir dans de bonnes statistiques (moral, élan de la Résistance), une difficulté plus haute rendant le soft très punitif et un mélange entre phase d’exploration et combats bien dosé. De par son histoire, avec un point de vue original, à savoir celui des Polonais, et sa direction artistique aux petits oignons, Warsaw saura très certainement convaincre les férus de tactical RPG au tour par tour…. même s’il faudra bien attacher sa ceinture, vu la difficulté !
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