Les jeux de cartes font partie intégrante de notre société et sont souvent vecteurs de divertissement (UNO, 7 Familles) ou bien de compétition (MAGIC: The Gathering, Yu-Gi-Oh). Il y en a pour tous les goûts : qu’il s’agisse de cartes physiques ou non d’ailleurs. Oui, les cartes peuvent également être jouées sur nos écrans. Le jeu vidéo s’est bien entendu inspiré de ce type de divertissement et utilise très souvent la mécanique des cartes, que ce soit dans des titres appartenant au genre du deck-building, aux roguelites (Slay the Spire appartenant aux deux), et bien d’autres. Yoko Taro, papa des NieR, a d’ailleurs joué le jeu avec Voice of Cards: The Isle Dragon Roars (Voice of Cards pour les intimes). Paru récemment sur PC, PS4 et Nintendo Switch, nous nous sommes essayés au titre, mêlant cartes et jeu de rôle, pour vous rapporter toutes nos impressions.
Test réalisé sur PC grâce à une copie numérique envoyée par l’éditeur
L’âme des cartes et JdR
Alors qu’un dragon sème trouble et chaos dans la région, la Reine du Royaume enjoint quiconque le pourra à tuer cette créature démoniaque afin de restaurer la paix et la tranquillité. Alors que les populations du Royaume souffrent des retombées négatives de la présence du dragon, certains guerriers et aventuriers se montreront enclins pour pourfendre le monstre. Parmi eux, Aragon (le nom peut être changé, au début de la partie) et son compagnon tout mignon, Lazuli, se mettront en marche afin d’accomplir le souhait de la Reine. Pour première motivation, l’or bien entendu. Évidemment, c’est un périple semé d’embûches, et menant à de multiples combats avec des créatures, qui attend nos jeunes aventuriers. Ainsi, voici comment démarre simplement et efficacement l’aventure Voice of Cards. Si, avec le titre de Yoko Taro, on se croirait dans le début d’une campagne Donjons & Dragons, on n’en est pas loin tant le scénario se veut somme toute assez classique et le titre se catégorise comme un J-RPG, qui emprunte des aspects aux jeu de cartes et JdR. Néanmoins, ne vous arrêtez pas à l’adjectif « classique », mentionné dans la phrase précédente : s’il est classique, le scénario du jeu n’en reste pas moins efficace et suffisamment preneur pour s’y plonger. D’autant plus que le titre dispose d’une durée de vie plutôt correcte, soit environ une douzaine d’heures.
Heureusement, vous ne ferez pas route seuls. Tout au long de l’aventure, nous sommes amenés à aller de village en village, avant d’arriver dans la zone du dragon. Et ces trajets seront ponctués par différents moments : combats, événements et quêtes annexes à accomplir. Par exemple, lors d’une séquence, nous devons nous diriger vers une ville à l’est. Pour ce faire, nous devrons traverser une forêt mystérieuse, où réside une elfe archère qui sera d’une grande aide et vous conduira au lieu visé, en contrepartie d’un service rendu. Les occasions de rencontrer de nouveaux personnages, PNJ ou bien alliés, sont multiples et permettent d’apporter un vent de fraîcheur au cours de nos pérégrinations. Là dessus, on a été assez surpris tant c’est bien amené, alors que d’autres aspects nous ont davantage déçus/frustrés. De ce fait, en ce qui concerne les personnages, les joueurs constituent eux mêmes leur équipe de combattants (3 maximum) et peuvent à tout moment changer cette composition dans le menu in-game, puisque chacun d’entre eux possède ses propres caractéristiques (santé, points de dégâts et de défense) et attaques (nous y reviendrons). Il sera donc tout à fait possible d’adapter son style de jeu, que ce soit en fonction de ses préférences ou bien des situations rencontrées.
Par ailleurs, on notera un point qui nous a encore plus surpris, et ce positivement : l’humour. Le scénario est conduit par une voix off (que nous avons mis en anglais, de notre côté) qui lit les différentes cartes de dialogues et de descriptions s’affichant à l’écran. La narrateur est d’ailleurs très convaincant, favorisant l’immersion et l’intérêt pour le scénario du jeu. Il n’est alors pas rare de lire quelques traits d’humour, tels que présentés dans l’image ci-dessus. Cela octroie à Voice of Cards une aura aussi sérieuse que fun par moments, ce qui nous a fait esquisser de nombreux sourires au cours de nos sessions.
Une belle réalisation, mais non exempt de défaut(s)…
Malheureusement, certains aspects du titre nous ont un peu plus dérangé. Pour parler de cela, revenons sur les combats. Comme mentionné précédemment, dans Voice of Cards, nous dirigeons une équipe façonnée par nos soins. Elle peut être constituée de 3 personnages au total. Chacun d’entre eux possède ses propres statistiques et son style de combat. Alors qu’Aragon a la faculté de soigner ses alliés ou lui-même grâce aux gemmes gagnées à chaque tour (ressource importante lors des affrontements), notre jeune recrue elfe jouera la distance grâce à son arc. Évidemment, ils n’ont pas les mêmes points de vie, d’attaque et défense. Encore une fois, cela dépendra de leur classe. D’ailleurs, à ce propos, on peut ainsi compter sur les classes somme toute assez traditionnelles des RPG et J-RPG. Jusqu’ici pas de quoi s’inquiéter et le tout fonctionne très bien. C’est d’ailleurs plutôt intéressant de façonner son équipe et de s’essayer aux meilleures combinaisons possibles. D’autant plus que les statistiques des personnages peuvent être montées grâce à des équipements achetés auprès des PNJ adéquats dans les villages ou en les récupérant durant les quêtes. Les nouveaux venus sur le genre s’y retrouveront assez facilement, le didacticiel au début du jeu aidant grandement. Les aficionados de J-RPG seront également ravis de plonger dans l’aventure tant le gameplay est plutôt intuitif.
En ce qui concerne les séquences de combat, à proprement parler, il faut savoir que le tout se déroule au tour par tour. Les phases alliés et adverses s’enchaînent plutôt rapidement et le titre profite d’une bonne fluidité à ce sujet. On notera que la difficulté n’est pas aux abonnés absents puisque les ennemis peuvent être plus ou moins nombreux et robustes. On pense notamment aux boss qui possèdent des attaques dévastatrices et, pour certains, des actions de soin et une belle barre de santé. Par exemple, l’un des boss parvenait à soigner 4-5 PV par tour, ce qui exigeait de lui infliger un nombre de dégâts plus élevé afin de le mettre K.O. Heureusement, on peut compter sur des attaques infligeant des malus et d’autres pouvant effectuer des dégâts critiques en cas de faiblesse. Pour cela, il faudra bien entendu découvrir les points faibles et forts des ennemis. Cela peut être très intéressant, surtout si l’on se retrouve dans une situation un peu difficile. En revanche, votre équipe peut elle aussi subir des malus plus ou moins importants, ce qui exige une bonne gestion de celle-ci et des diverses phases d’affrontement. Pour parer à cela, les développeurs ont pensé à intégrer des potions diverses, utilisables durant vos tours, dont l’une permettant de réanimer un personnage tombé au combat. Voice of Cards propose une aventure un tant soit peu challengeante mais sait aider les joueurs afin de ne pas buter des heures sur les mêmes combats et séquences de jeu.
On en vient donc à ce qui nous a le plus dérangé, soit la fréquence des combats qui alourdit l’aventure. Selon nous, ils sont parfois trop nombreux, tant ils sont présents tout au long de l’aventure, que ce soit lors de quêtes précises, durant les trajets ou bien dans certaines zones (forêt, donjons, etc). Comprenez nous : pour une quête, qui se soldera bien souvent sur un affrontement final, il est impératif de se rendre à un lieu précis. Pour cela, on module nos déplacements sur une carte se révélant pas à pas, soit à chaque mouvement, à la souris ou à la manette en fonction de la plateforme. Périple durant lequel on tombera plus souvent sur des ennemis que sur des coffres ou bien des événements ponctuels. Cela peut ainsi très vite lasser le joueur, malheureusement, et ce à raison. On aurait aimé que le tout soit un peu plus équilibré sur ce point, tant nous avons parfois eu l’impression d’enchaîner successivement de trop nombreux combats, parfois inutiles car les ennemis étaient plutôt faibles. Néanmoins, d’autres combats ont su capter notre attention et se sont révélés très intéressant, niveau gameplay et gestion d’équipe.
Par contre, si précédemment nous vous parlions de la qualité de la VO et des dialogues, le character-design et la direction artistique en générale de Voice of Cards nous ont également grandement plu. Sachez que c’est Kimihiko Fujisaka, qui a notamment travaillé sur Fire Emblem Heroes, qui était aux commandes. Comme vous avez pu vous en rendre compte grâce aux images ci-dessus, les personnages profitent de traits typiques des mangas/animes. Les plus friands de ce style y trouveront donc leur compte. La palette de couleurs utilisée et la mise en lumière des portraits sur les cartes sont bien maîtrisées et subliment le tout à l’écran. Les cartes restent la plupart du temps assez statistiques, hormis quelques animations et gestuelles par-ci, par-là, mais la DA donne une fière allure au soft et lui octroie une ambiance toute particulière, qui saura grandement plaire. C’est simplement dommage de ne pas avoir accès à une galerie de personnages encore plus importante car les portraits des PNJ sont assez répétitifs d’un village à un autre. Par ailleurs, nous aurions aimé que la bande originale soit encore plus marquante, même si elle est réellement plaisante pour les oreilles.
Notons, avant de conclure, que nous avons testé Voice of Cards: The Isle Dragon Roars sur PC : aucun bug technique et visuel n’est venu entacher nos sessions de jeu. Le soft est d’ailleurs peu gourmand en ressources et conviendra ainsi aux grosses comme aux plus modestes configurations. Nous y avons joué clavier/souris mais aussi à la manette. De notre côté, nous avons préféré la deuxième option car nous avions quelques approximations de déplacement ou d’action avec la souris et le clavier. Voice of Cards est disponible sur Nintendo Switch, également. On ne saurait douter de la qualité de son portage sur la dernière console de la firme japonaise, tant le format du jeu s’adapte clairement aux sessions courtes et au vu de sa maigre gourmandise en terme de ressources.
Verdict : 7/10
Grâce à sa très jolie direction artistique, Voice of Cards: The Isle Dragon Roars saura très probablement captiver l’œil des joueurs. Le titre de Yoko Taro et de l’équipe de développement en charge propose un scénario classique mais efficace. Le gameplay est bien maîtrisé et plutôt intéressant. Seul bémol au tableau : la fréquence assez élevée d’affrontements, qui nous ont semblé parfois anecdotiques. Avec une durée de vie convenable, Voice of Cards: The Isle Dragon Roars conviendra parfaitement aux amateurs de jeu de cartes et JdR, et pourrait tout aussi bien convaincre les nouveaux venus. Reposant, agréable et beau, le jeu de Yoko Taro saura sans nul doute se faire une place dans la bibliothèque des joueurs.
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