Nous vous le disions dans notre test de The Incredible Adventures of Van Helsing, le hack n’slash est un genre bien peu représenté sur les consoles de salon. Depuis la nuit des temps, cette variante de l’action-RPG se mutliplie sur PC, tandis qu’elle ne cesse de se faire discrète chez les adeptes du pad. Pour autant, on trouve parfois quelques perles qui sortent des sentiers battus et du classicisme à faire peur d’un Diablo III. Victor Vran fait partie de ces fameux titres qui donnent le sourire alors même qu’on ne les attendait pas. Le bougre est disponible depuis le 6 juin dernier sur PC, Xbox One et PlayStation 4, et voici notre verdict le concernant.
Test réalisé sur PS4 Pro à partir d’une version fournie par l’éditeur
Sorti en 2015 sur PC (en édition simple comprenant uniquement le jeu de base), Victor Vran est un titre qui a été développé par le studio Haemimont Games. Dit comme ça, ça ne vous avance peut-être pas à grand chose, et pourtant ! En effet, ces programmeurs bulgares basés à Sofia sont aussi et surtout connus à travers le monde entier pour avoir développé Tropico 3, 4 et 5. Loin des jeux de gestion qu’ils maîtrisent depuis maintenant tant d’années, ces développeurs ont eu l’idée pour le moins originale de changer radicalement d’univers, tout du moins le temps d’un seul et même jeu. Ce dernier, c’est Victor Vran, un soft à ranger dans la catégorie action-RPG, sous l’étiquette plus précise de hack n’slash (HnS pour les intimes). Nous n’allons pas vous refaire la leçon, mais disons, pour les deux du fond qui prennent l’habitude de ne pas toujours tout suivre, que le genre HnS est souvent représenté par les mêmes licences, à savoir Diablo, Dungeon Siege, Sacred, Titan Quest, Path of Exile, Grim Dawn, ou encore Van Helsing. Ce dernier est d’ailleurs (enfin) arrivé sur PlayStation 4 il y a de cela quelques semaines, et autant le dire tout de suite, les similitudes entre les deux sont nombreuses. Victor Vran étant sorti 2 longues années après son aîné, il est assez aisé de deviner qui a copié sur qui. Pour autant, vous allez voir que si la formule est peu ou prou la même que dans le titre de NeocoreGames, Victor Vran entend bien se démarquer via quelques subtilités de gameplay bien senties.
♫ …Du côté de chez Vran ♫
Mais tout d’abord, une mise au point s’impose d’elle-même. En effet, il ne vous aura pas échappé que le nom du jeu testé n’est pas simplement Victor Vran, mais Victor Vran: Overkill Edition. Voici venu le temps des rires et des chants des explications, alors accrochez-vous ! Si le jeu de base se nomme bien Victor Vran, cette édition ++ est en revanche une version « complète » (ou GOTY si vous préférez). Elle inclut donc le jeu de base, cela va sans dire, mais également les deux (grosses) extensions sorties ces dernières années, à savoir Fractured Worlds et Motörhead: Through the Ages. La version boîte ne sera pas disponible en France avant le 4 juillet prochain, mais la version digitale est, elle, disponible depuis la semaine dernière sur Steam, sur le PlayStation Store et sur le Marché Xbox. Attention toutefois à bien choisir ce que vous voulez acheter (notamment en magasin). Car si le jeu de base est vendu 19,99€, il ne contient bien évidemment « que » l’aventure de base (vous le reconnaîtrez aisément car sa jaquette ne mentionne aucun DLC). Vous pourrez alors acheter l’une des deux (ou même les deux) extensions, affichées à 11,99€ chacune. Si en revanche vous savez d’avance que tout le contenu vous intéresse, l’Overkill Edition digitale est disponible à 39,99€. En espérant avoir été suffisamment clair, nous pouvons maintenant continuer ce test.
Concrètement, si vous avez déjà joué à The Incredible Adventures of Van Helsing (que ce soit le premier, le deuxième ou le troisième), vous ne serez pas perdu. À vrai dire, vous ne le serez pas non plus si vous avez déjà touché à des jeux du même genre dans votre vie. Le HnS est en effet un style très spécifique et il est rare de ressentir d’extrêmes différences entre les licences. Pourtant, si Victor Vran a tout d’un Van Helsing bis, il s’en éloigne radicalement grâce à quelques features très intéressantes. La première saute aux yeux dès les premiers instants de jeu. Effectivement, contrairement à 99% des personnages de jeux rangés dans la catégorie hack n’slash, notre ami Victor peut sauter. Eh oui ! Ça n’a l’air de rien dit comme ça, mais nous pouvons vous assurer que l’approche manette en mains s’en retrouve changée. Améliorée même, osons l’avouer ! Victor pourra donc fuir comme un lâche quand l’action sera devenue trop intense et que les ennemis débouleront par dizaines sur son chapeau de cow-boy, le tout en sautillant gaiement. La roulade d’esquive est également bien vue, puisqu’elle vous permettra non seulement de remplir son rôle primaire, mais aussi et surtout de vous déplacer bien plus vite. Faire des roulés-boulés ce n’est pas très glamour, certes, mais dieu que c’est efficace !
Saute-mouton avec les démons
Le saut, donc, est ici une feature intéressante et rafraîchissante. D’une simple pression sur la touche Croix, vous pourrez notamment rebondir contre les murs. Jouer les acrobates ne vous tente peut-être pas de prime abord, certes. Mais croyez-nous, cela vous sera bien utile lorsque vous aurez décidé de fouiller les environnements du jeu… Vous n’avez rien contre les coffres au trésor bien cachés, n’est-ce pas ? Oui car, vous vous en doutez probablement si vous connaissez le genre, Victor Vran propose du loot à foison. Autrement dit, outre les quelques rares marchands disséminés ici et là dans le jeu, c’est aussi et surtout sur le terrain qu’il va falloir ramasser de quoi défourailler du démon. Bonne nouvelle, Victor possède deux mains (ah bon ?) et, contrairement à bon nombre de jeux vidéo, celui-ci va pouvoir équiper chacun d’elles avec une arme différente. À vous, donc, les joies du massacre de squelettes au marteau géant façon Thor. Mais vous pouvez tout aussi bien mixer une rapière tout droit sortie de l’univers de Jack Sparrow avec un fusil lançant des décharges électriques. On switche l’arme portée comme on changerait un slip, et le tout ne vous demandera qu’un bref appui sur la touche R1 pour varier les plaisirs à la volée. On peut d’ailleurs dire que la maniabilité du jeu est absolument exemplaire sur cette édition destinée pour la première fois aux consoles PS4 et Xbox One.
On tourne la caméra à souhait grâce au joystick droit, on utilise Carré pour un coup dit classique, Triangle pour utiliser un pouvoir badass, et Rond pour utiliser un deuxième pouvoir encore plus badass. Ces deux fonctionnalités changent évidemment selon l’arme portée à l’instant t, et imposeront mine de rien un cooldown parfois un peu long (mais ce ne serait pas drôle sinon). D’ailleurs pour l’anecdote, la vie ne remontant pas toute seule, les potions de soin (grâce à la touche ←) vous demanderont 20 secondes entre elles pour pouvoir être utilisées de nouveau. Une restriction qui passe plutôt sans souci en mode Facile (quoique) mais qui s’avérera être votre pire cauchemar à partir du mode Normal. Enfin, outre quelques spécificités de gameplay dont nous vous laissons la surprise, sachez que la touche L2 est, elle, associée à votre super-ultra-méga-giga-pouvoir ! Ce ne sera pas la seule, mais vous découvrirez ça in-game. Pour ce qui est de la touche L2, donc, vous l’utiliserez très logiquement pour faire très mal à vos assaillants, mais cette option ne sera disponible qu’à la condition d’avoir au préalable fait grimper votre jauge de surpassement. Cette dernière, visible à droite de votre jauge de vie, se remplira d’un jaune urine poussin au fur et à mesure que vous tuez du méchant pas beau. Soyez rassurés, cela a tendance à monter très vite.
Victor… Me llamo Victor !
Mais Victor Vran se démarque également de ses collègues par une autre caractéristique des plus étranges. En effet, contrairement à ses pairs, le jeu d’Haemimont Games ne propose ni stuff ni arbre de talents. Bien sûr, nous vous le disions un peu plus haut, vous aurez l’occasion de ramasser toute une pléthore d’armes afin de piocher parmi un arsenal fourni en plein combat. Mais aucun onglet n’est prévu pour ce qui est de votre chapeau, de votre torse, de vos mains ou encore de vos jambes. Votre tenue sera en réalité imposée par la « classe » que vous aurez choisi en début de partie. Au choix, vous vous verrez proposer la tenue de Chasseur (la « basique », ou la plus équilibrée si vous préférez), la tenue de Prestige (faite pour les personnages que l’on qualifiera de « lanceur de sorts »), la tenue de Redresseur de torts (pensée pour vous faire gagner plus de surpassement que les autres habits), et enfin la tenue de Samouraï (parce que pourquoi pas). Cinq nouveaux costumes complets seront trouvables in-game mais nous préférons vous laisser découvrir ça par vous-même… Il sera donc plus simple de naviguer au sein de l’inventaire car, finalement, on y trouve bien peu de choses modifiables. Comme précisé plus tôt, aucun arbre de talents ne viendra vous faire gagner de points de vie ou encore de force. En lieu et place de cette feature dite traditionnelle, Victor Vran propose un système de cartes. Semblables à celles que l’on utilise au tarot, ces cartes se trouvent sur le terrain, notamment via des coffres, ou chaque fois que vous gagnerez un niveau (jusqu’à 50 dans le jeu de base). Elles correspondent à des compétences passives que vous choisirez au gré de votre aventure (+150 points de Santé permanents, +60% de chances de causer des dégâts critiques, etc…).
En terme de scénario le jeu fait dans le classicisme le plus scolaire, et copie volontiers ce qui a fait le succès, notamment, de The Incredible Adventures of Van Helsing. À savoir des cut-scenes dessinées à la main, une musique un brin tzigane, et des doublages anglais absolument parfaits. D’ailleurs, les plus observateurs et autres férus de VOST reconnaîtront sans doute en quelques secondes à peine la voix de Victor Vran. Cette dernière est en effet assurée par Doug Cockle, comédien prêtant habituellement son timbre vocal à Geralt de Riv, le sorceleur héros de la saga The Witcher. Le jeu se déroule dans un pays imaginaire nommé Zagoravie. Cette terre des plus hostiles est en proie aux démons de tous horizons, et il semble évident que seul un chasseur de démons portant un chapeau, un arsenal bien fourni, et un patronyme commençant par V pourra défaire le mal installé dans cette région du monde… Bienvenue, messieurs, dames, dans Van Helsing Victor Vran ! Quoiqu’il en soit, l’histoire du jeu se laisse suivre sans déplaisir, et ce n’est clairement pas ce qui nous fait prendre du plaisir dans un hack n’slash. Toutefois, les dialogues sont réellement succulents et l’humour cynique règne en maître dans cette aventure à l’aura gothique.
This is Snaggletooth !
Les musiques constituent elles aussi une franche réussite, et notamment dans l’extension Motörhead: Through the Ages. Car si le contenu du jeu de base est déjà fortement appréciable (comptez une quinzaine d’heures en moyenne pour en faire le tour et découvrir les 7 races de démons présentes au cours de l’aventure), force est de constater que cette Overkill Edition a de quoi booster de manière significative la durée de vie de l’ensemble. Motörhead: Through the Ages est donc l’extension qui nous a le plus marqué. Non pas que Fractured Worlds soit anecdotique, loin de là, mais nous étions curieux de voir ce que pourrait bien donner le DLC consacré à ce groupe de métal mythique. Clairement, nous n’avons pas été déçus ! Outre les 13 génialissimes morceaux qui tournent en boucle durant vos massacres de squelettes matinaux (♫ The ace of spades, the ace of spaaaaaades ! ♫), il faut bien avouer que les développeurs ont joué le jeu à fond. Il ne s’agit pas ici d’un skin mais d’une véritable épopée vous liant à Motörhead. Ce sera l’occasion de vous battre à coups de riffs de guitare électrique, de rencontrer la bête à cornes Snaggletooth, mais aussi Lemmy Kilmister (fondateur, chanteur, et bassiste du groupe, décédé en décembre 2015). Pour l’anecdote, on se battra ici contre un ennemi à l’accent allemand fort prononcé ; un certain Führer. Tout un programme ! Cette extension (dont le maître de cérémonie n’est autre que le réalisateur Lloyd Kaufman) se compose donc de 3 nouveaux mondes bien distincts, 3 nouveaux costumes, 20 nouvelles cartes de destinée (les fameuses compétences passives dont vous nous parlions plus haut), ainsi que de nouveaux boss et de nouveaux ennemis évidemment (parmi lesquels : chiens des enfers, succubes et autres scorpions).
La deuxième extension, Fractured Worlds, n’est pas moins originale mais n’a plus rien à voir, vous vous en doutez sûrement, avec l’univers du groupe de métal britannique. Pour autant, il serait dommage de passer à côté, tant le contenu est là encore généreux de A à Z. Dans ce DLC, le joueur aura en effet droit à un donjon sans fin. Logiquement (ou pas) baptisé La Fracture, celui-ci est un labyrinthe géant dont la difficulté augmente au fur et à mesure que vous progressez… Dans le genre sadique, nous vous avouerons qu’il est rare de faire mieux. D’autant que l’IA n’est pas vraiment là pour vous faire des câlins, que les ennemis seront très nombreux à vouloir sentir votre cuir chevelu, et que le rythme aura tendance à vite devenir oppressant. Quoiqu’il en soit, ce sera aussi et surtout l’occasion pour vous de débloquer les levels 51 à 60 si vous aviez déjà atteint le palier maximal dans l’aventure de base. Il est d’ailleurs à noter que vous pouvez passer à tout moment d’un « jeu » à l’autre via le menu principal. Utile si vous en avez marre de l’aventure de base et que vous souhaitez voir ce que donnent les extensions. Votre progression dans chacun de ces 3 segments est sauvegardée automatiquement pour que vous puissiez reprendre votre partie là où vous en étiez avant de quitter. Enfin, et là encore c’est une feature qui nous a semblé absolument géniale, le jeu de base (ainsi que les extensions) est intégralement jouable en coopération. Vous pourrez donc parcourir tout le contenu proposé par cette Overkill Edition à deux en multi local, ou à 4 en mutlijoueur online. De quoi là encore booster l’intérêt de ce Victor Vran que nous avons trouvé excellent, en dépit de ses descriptions textuelles illisibles (car minuscules), et de sa relative redondance.
VERDICT
Victor Vran est un hack n’slash qui nous a énormément plu. Bénéficiant d’un fort capital sympathie, le jeu d’Haemimont Games arrive à proposer des subtilités de gameplay qu’on ne voit nulle part ailleurs. Sa direction artistique est cohérente, ses musiques et ses doublages sont à prendre en exemple, son multijoueur est une réussite absolue, et sa durée de vie est colossale pour peu que vous accrochiez au genre (et que vous passiez donc outre sa relative redondance). De plus, vendue une quarantaine d’euros, l’Overkill Edition est évidemment à conseiller à quiconque voudra recevoir une triple dose de défouloir. En guise de seule véritable ombre au tableau, on notera tout de même des descriptions textuelles absolument illisibles (même sur un écran de 120cm). Voilà qui devrait malgré tout faire plaisir à nos amis ophtalmologues.
Cryo
17 juin 2017 at 9 h 58 minBon test ;-). Je vais p e l’acheter (surtout pour le multi local: on en trouve si peu, des jeux qui en proposent. Tous le monde préfèrent à ce point jouer avec des amis imaginaires « on-line »?).
Éric Loszycer
1 août 2017 at 2 h 47 minEst-il est possible de débuter l’aventure de Victor Vran avec l’extension de Motorhead ou faut-il atteindre un certain niveau pour pouvoir y accéder ?
Mr_Toc
2 août 2017 at 15 h 15 minVous pouvez totalement débuter par le monde que vous voulez oui. Soit le jeu de base, soit l’une des deux extensions. Attention toutefois, les ennemis ont tendance à être plus coriaces dans ces fameux add-ons, car le jeu estime que vous êtes déjà un joueur de Victor Vran à la base 😉
Éric Loszycer
2 août 2017 at 19 h 21 minMerci mais je ne trouve pas dans l’interface du menu du jeu sur XBOX ONE l’onglet qui me permet de jouer directement avec l’extension motorhead.
Pouvez-vous m’indiquez la marche à suivre dans le menu pour commencer directement avec Lemmy ?
Mr_Toc
2 août 2017 at 19 h 43 minJ’imagine que c’est identique à la version PS4, à savoir sur le menu principal du jeu. Parmi tous les choix possibles il y a une option « Changer de monde ». Vous avez bien l’édition Overkill du jeu, et pas seulement l’édition simple ?
Éric Loszycer
3 août 2017 at 0 h 02 minMerci beaucoup. J’ai pu trouver grâce à vous.