Qui n’a jamais rêvé d’avoir les pleins pouvoirs ? Trop de criminalité dans votre contrée ?! Décrète le port d’arme libre pour les « gens bien » ! Vous êtes nostalgique d’un coup d’État militaire en 1964 qui entraînera une dictature ?! Pourquoi ne pas faire de cette journée, une journée commémorative ! Tout n’est que point de vue. Le bien, le mal, tout ça, n’est que spéculation et dans la finalité, ces dictateurs ont bien raison de profiter. Bon, heureusement ce n’est pas donné à tout le monde de pouvoir gouverner sur un coup de tête, mais il est tout à fait possible de le devenir virtuellement, évitant ainsi de renverser pendant quelques mois l’ordre du monde. Tropico 6 (notre preview) qui est édité par Kalypso Media et développé par Limbic Entertanment, vous offre la possibilité d’incarner « El Presidente » une énième fois. Si vous n’avez pas la moindre idée de qui peut-être ce joyeux luron, nous allons vous détailler ses possibilités de gouverneur.
Test réalisé sur PC grâce à une copie numérique envoyée par l’éditeur.
Penultimo, le plus fidèle.
Sans grande surprise, ce sixième opus vient reprendre les codes narratifs présents depuis les premiers titres, mais apporte le petit plus de la seconde vague tropiquiène, incluant le quatrième épisode jusqu’à ce dernier. Le soft vous proposera de suivre les aventures de El Presidente, au travers de quinze missions. Ces dernières se débloquant les unes à la suite des autres, ne proposent pas véritablement une continuité narrative, mais invitent à revivre un évènement marquant de El Presidente. Chaque mission propose, en plus du défi initial, d’approfondir les personnages charismatiques de la série, ainsi que les nombreux nouveaux. Vous retrouverez parmi les têtes connues, le fidèle Penultimo toujours aussi gauche, mais fidèle. Ou Sunny Flowers, toujours représentante écologique à forte influence hippie. Du côté des nouveaux, nous retrouverons les archétypes des épisodes passés. Afin d’éviter tout spoil possible, citons en exemple Lord Roger Wyndham, représentant de la Couronne de ce sixième opus, qui remplace Lord Oaksworth du jeu précédent. Si ce n’est au nom, vous retrouverez la même voix, ainsi que les intentions de ce dernier. Cela vaut pour plusieurs personnages, ce qui pourra donner aux joueurs connaissant la série, un effet de réchauffé parfois désagréable. Si ce n’est ce défaut, les différentes missions sont, de par les personnages et les objectifs, très agréables à parcourir. Très variés, vos missions raconteront malgré tout une petite histoire avec une mise en situation très souvent rocambolesque et pleine d’humour.
Marco Moreno, le révolutionnaire.
Si raconter des histoires va quelques heures, c’est généralement le mode bac à sable qui vient mettre à l’honneur toutes les possibilités d’un jeu de gestion ainsi que de city-builder. Alors oui, encore une fois nous sommes dans le canon de la série. Ce que nous pourrions traduire de la façon suivante. Des ajouts oui, mais surtout du peaufinage sur l’aspect général. Si vous êtes un habitué, vous retrouverez dès la première minute vos marques. Pour ceux n’ayant jamais porté la casquette de Presidente, Tropico vous proposera de gérer économiquement un archipel d’îles. Tout l’intérêt du soft se porte sur vos décrets, ainsi que sur la politique interne et externe que vous appliquerez. Si vous le souhaitez, vous pourrez très bien par exemple monter un État totalitaire, avec un soutien militariste et conservateur, tout en entretenant des relations cordiales avec les U.S.A. Le tout sur quatre grandes périodes : l’époque coloniale, Guerre mondiale, Guerre froide et Temps moderne. Bien entendu, chaque époque apporte un gameplay particulier : si à l’époque coloniale vous devrez trouver un équilibre entre garder votre mandat et gérer l’économie du pays tout en préparant votre indépendance, la Grande Guerre elle proposera de faire balance, ou non, en soutenant les forces de l’Axe ou bien les Alliés, par le biais de diplomates ou du commerce. Également, chaque époque apporte son lot de décrets, que vous pourrez choisir afin d’affirmer vos possibilités et d’affiner vos relations les différentes factions politiques.
Effectivement, Tropico est un jeu basé sur le choix, mais pas que. Vous devrez également veiller au grain sur votre peuple. Ces derniers répondent à tous les besoins, travail, nourriture, soin, habitation, religion, etc.. Évidemment, vous pourrez toujours mettre votre nez partout. Chaque bâtiment industriel propose des évolutions offrant bonus et malus, encore une fois, à vous de faire vos choix. Les plus méticuleux seront ravis de retrouver la profondeur de gestion connue à la série. À vous de bien aménager vos villes pour satisfaire à toutes ces conditions. Là où la série vient à se décaler de la concurrence, c’est sur les classes sociales qui viennent jouer un rôle prédominant dans la construction. Car oui, en fonction de l’accès aux études, des études ainsi que du travail occupé, vos citoyens ne répondront pas à la même attente du logis. Les dits prolétaires pourront se contenter du minimum sans négocier plus si disponible. C’est donc logiquement que les castes aisées, si elles ne trouvent pas de domicile à leur niveau, iront vivre dans la rue. Un choix particulier, nous vous l’accordons, mais qui vient souligner un aspect important du gameplay. Dans Tropico 6 votre ville sera en perpétuel changement. Si dans les premières heures de la partie votre palais est entouré de champs et d’habitations, vers le milieu il se peut que les prairies aient laissé place à un théâtre et des écoles, ainsi que de petites résidences personnelles cossues. La plèbe s’étant elle retirée sur un autre plateau, là où la terre est fertile, et où les mines sont profondes.
Si cela est très drôle à observer, singulièrement quand vous avez posté votre palais en hauteur pour tous les surplomber, il est également dangereux. Car oui, le peuple peut demander des élections, et vous faire sauter une fois votre mandat terminé. Ici vient jouer un aspect perdu dans l’épisode 5, mais bien de retour avec cet opus. Faire des discours pour son peuple. À plusieurs moments, vous pourrez effectivement choisir parmi des fenêtres de dialogue afin de galvaniser de nouveaux électeurs. Les religieux vous détestent ? Une petite pensée pourra calmer les choses. Le peuple vous fait remarquer que vous n’avez pas assez d’hôpitaux ? Dites-leur que vous l’avez aussi observé. Ces décisions permettent principalement d’arrondir les angles avec vos plus farouches opposants. Si dans des cas plus extrêmes des révoltes grondent, avec les services adéquats vous pourrez à tout moment jeter les têtes douées de raison en prison, ou bien les tuer, à votre choix.
En plus de ce retour, le soft vient ajouter quelques nouveautés. Les ponts, ainsi que des tunnels sont maintenant constructibles, permettant de joindre les îles de votre archipel, ou bien de traverser des montagnes. Également, les transports en commun se voient créditer de multiples possibilités, fluidifiant ainsi le trafic, mais apportant aussi un nouvel aspect sur l’espace entre lieu de travail et habitation. Bus, bateau et aussi téléphérique sont disponibles. Nous regretterons uniquement qu’il ne soit pas envisageable de créer de véritable ligne, en se contentant purement d’un point de départ et d’arrivée. Il vous sera également possible d’effectuer des raids, afin d’aider votre économie ou de ralentir les actions vos détracteurs, mais aussi… De voler des merveilles du monde. Voler la tour Eiffel ? Cela apporte des bonus, alors pourquoi s’en priver ?!
Erich von Strohm, l’égalitaire.
Utilisant un nouveau moteur, mais en restant sur la base de l’Unreal Engine, Tropico 6 dégaine un jeu à la fois fluide et très agréable à l’œil dans son ensemble. Dans un plan large, le soft s’en sort très bien, offrant des couleurs chaudes et contrastées (à noter que l’aliasing se fait présent). Une combinaison qui marche tout aussi bien sur un plan plus resserré, mais c’est à ce moment que le bât blesse. À son plus haut niveau de zoom, le soft commence à montrer ses limites graphiques. Véhicules et personnages se montrent d’une réalisation simpliste, singulièrement pour une version PC. De même pour l’eau, qui se voit affecter d’un nouveau rendu manquant d’effets (sillages pour les bateaux, houle…). Les ombres sont aussi en deçà des standards du moment, se révélant brouillonnes une fois le zoom activé. Hormis ces détails, qui remarquons le se font sur les objets amovibles, Tropico 6 garde son charme propre.
La piste sonore se voit quant à elle égale à l’opus précédent. Nous retrouvons sans surprise les pistes acoustiques « Sur un air Latino ». Pester nous Tendrement (hé!). Toujours aussi efficaces et opérants de même manière. L’ambiance sonore également est semblable au cinquième opus. Nous l’avons déjà cité, mais oui l’ambiance musicale et sonore d’une façon générale commence réellement à sentir le réchauffé pour ce sixième opus. À noter que quelques pistes aux airs plus graves viennent parfois briser ce sentiment.
Un début, une fin.
Encore une fois, le jeu proposant un mode bac à sable, il n’est pas évident d estimer la durée de vie du titre. Mais, nous avons mis une petite vingtaine d’heures pour terminer la totalité des missions. Ainsi qu’une dizaine d’heures pour essayer quelques combinaisons. Un mode de jeu multijoueur est également présent. Pouvant accueillir jusqu’à quatre joueurs maximum, ce mode suggère la même chose que le bac à sable, à la différence que le premier atteignant la condition de victoire remporte la partie. Enfin des éléments sont également à débloquer, comme des tenues pour El Presidente ainsi que des bâtiments pour votre palais.
Vos discours sont importants, si vous pouvez mentir, évitez de ne pas tenir vos promesses !
Verdict : 7/10
Sans être l’aventure de trop, Tropico 6 vient souffler le chaud et le froid. Alors non, ce n’est pas l’épisode du changement, mais il reste dans la continuité de la série en creusant toujours plus profond. Les mécanismes de jeu son simple de prise en main pour les débutants, les connaisseurs y retrouveront rapidement leurs marques, et les acharnés trouveront sans cesse plus de gestion. Cet épisode est accordé pour tout public. Mais apporte avec lui une trop grande similitude avec son aîné. Ce qui risque de donner un coup de chaud à certains joueurs, avant même d’avoir terminé son premier bac à sable.
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