Si en 2009 le jeu Trine avait su nous émerveiller, notamment sur PlayStation 3, force est de constater que sa suite, sobrement intitulée Trine 2 avait clairement de quoi nous laisser perplexes à sa sortie en 2011. En effet, outre un aspect graphique encore un peu plus travaillé que son non moins joli grand frère, ce second opus avait surtout amené avec lui bon nombre de bugs, de soucis techniques, mais également un gameplay bien trop imprécis pour nous convaincre. Trine 3 arrivera-t-il à faire mieux ? Verdict.
Trine est une licence à part. A mi-chemin entre l’appel au voyage et l’émerveillement. Les joueurs PlayStation 4 ont même eu droit au deuxième opus remasterisé en 2013, à savoir Trine 2 : The Complete Story (vous en avez peut-être vous-même profité gratuitement grâce au PlayStation Plus). Les changements de cette version new-gen n’étaient certes pas nombreux, mais avaient au moins le mérite de proposer une expérience un brin renouvelée. Par exemple, pour que le magicien Amadeus puisse faire apparaître des caisses in-game, nous étions obligés de dessiner des carrés avec nos doigts sur le pavé tactile de la DualShock 4. Ingénieux, bien que très vite énervant. Un an plus tard, en décembre 2014 pour être exact, ce fut au tour du premier jeu de la saga de débarquer sur PlayStation 4 (oui, nous aussi, la logique des plannings nous étonnera toujours). Là encore, cette remasterisation intitulée Trine : Enchanted Edition n’avait pas à rougir le moins du monde et proposait le fameux combo 1080p / 60 fps tant attendu par de nombreux joueurs. Plus fort encore, cette version new-gen apportait de la 3D stéréoscopique (jouable en 720p, elle). Soyons clairs, le studio Frozenbyte à l’origine de la licence aime faire les choses en grand. C’est d’ailleurs le cas une fois encore avec la sortie de ce fameux Trine 3: The Artifacts of Power, disponible depuis le 16 décembre sur le PlayStation Store français (une semaine avant la version nord-américaine, rien que ça).
En effet, si ce nouveau segment est d’ores et déjà disponible depuis cet été sur PC, avouons au moins que nous aurons du mal à nous sentir lésés en tâtant de la version console 6 mois plus tard. Car, tout comme les précédentes versions Remaster HD apportées par les développeurs, ce portage débarque en 3D stéréoscopique, à un taux de rafraîchissement de 60 images par seconde et se permet même le luxe d’être jouable à 3 sur le même écran (la coop online n’est pas prévue pour le moment). Un aspect multijoueur fort bienvenu sur les deux précédents chapitres de cette saga enchanteresse. Pour autant, nous avons clairement (et malheureusement) préféré l’expérience solo proposée par le jeu, tant la caméra vous énervera dès lors que vous tenterez l’aventure avec un (ou deux) compagnon(s). La faute à une nouveauté de taille, absent de Trine et de Trine 2 : la 3D.
Non, nous ne faisons pas allusion ici à la 3D de votre écran fraîchement acheté, mais bien aux plans sur lesquels pourront se déplacer plus ou moins librement vos personnages en jeu. Le souci étant que la série était connue, à la base, pour faire dans le scrolling horizontal en 2D. Vouloir changer la donne est tout à fait légitime de la part de Frozenbyte. Après tout, savoir faire évoluer une licence au fil des années est un critère de réussite important, notamment auprès des joueurs actuels, sans cesse plus exigeants. Hélas, trois fois hélas, le studio aurait peut-être mieux fait de s’abstenir pour cette fois. Car si cette fameuse 3D permet de varier les plans, elle donne surtout incroyablement mal à la tête tant la caméra (entièrement automatisée, et donc impossible à gérer manuellement) aura tendance à se placer n’importe comment selon que vous sautiez sur des rebords surélevés ou que vous couriez en détruisant tout sur votre passage. Ajoutez à cela des couleurs bien trop criardes, et des textures datant de la génération PlayStation 3, et vous comprendrez vite pourquoi ce troisième opus a laissé un goût amer à nos manettes.
C’est d’autant plus dommage que le gameplay proposé, lui, ne change finalement pas d’un iota. Les habitués seront donc ici en terrain connu et auront tôt fait de retrouver leurs marques. Ainsi, Pontius le chevalier donnera des coups d’épée et pourra même planer grâce à son bouclier, tandis que Zohia la voleuse pourra relier son grappin à quasiment tout ce qui brille, lorsqu’elle ne sera pas en train de décocher des flèches bien placées sur les ennemis rôdant aux alentours. Enfin, Amadeus le magicien (à ne pas confondre avec le musicien) invoquera, nous vous le disions précédemment, des caisses en métal afin d’atteindre des endroits placés en hauteur. Du classique donc, qui ne révolutionnera en rien votre manière de jouer, mais fera sans doute tiquer les fans des deux premiers opus.
En effet, si le tout reste très maniable, c’est aussi et surtout dû au fait que l’ensemble a été, disons-le, casualisé. Dans les faits, Pontius semble quasiment invincible et les ennemis n’opposent absolument aucune resistance. Zohia, elle, n’a même plus besoin de viser quoi que ce soit avec son arc, c’est lui qui le fait à sa place. Pire, en restant appuyé sur la gâchette R2, cette arme au demeurant primitive deviendra, tenez-vous bien, une espèce de mitraillette, lançant des flèches en rafale, et ce, de manière illimitée. Enfin, le plus perturbant reste, à nos yeux, le cas d’Amadeus. Si le magicien n’est pas un modèle de maniabilité (la faute à ses sauts toujours aussi mal gérés par le jeu et sa caméra branlante), il est tout de même plus qu’étonnant de voir à quel point son gameplay si particulier lui a été bêtement et simplement retiré. Vous l’aurez compris, l’homme aux pouvoirs magiques peut désormais invoquer des caisses à foison, et ce à n’importe quel moment du jeu en appuyant tout simplement sur la touche Triangle. Frustrant. Notez tout de même que le tout s’exécute à l’écran sans la moindre baisse de framerate… Il fallait bien trouver un point positif à tout cela, n’est-ce pas ?
Nous pourrions continuer de vous parler du jeu durant des heures, et notamment de sa bande-son sympathique ternie par des doublages surjoués et risibles. Ou encore de sa durée de vie honteuse (une après-midi suffira à en faire le tour à 100%), due à son manque flagrant de challenge. En effet, si les puzzles sont toujours de la partie et pourront se montrer ingénieux de temps à autres, il faut bien avouer que les combats, en plus d’être inutiles, sont quasiment inexistants. Dans ce cas, quid du personnage de Pontius, fait uniquement pour se battre ? A l’heure actuelle, nous cherchons toujours la réponse à cette question. Résultat des courses, Trine 3 est beaucoup trop facile, et les seules fois où vous pourrez mourir bêtement, ce sera bien évidemment dû à cette caméra fofolle héritée des premiers jeux 3D de l’ère PSX. Devons-nous ajouter à tout ça la disparition pure et simple de l’arbre de talents ? Autrement dit, vous ne subirez aucune évolution de vos personnages du début à la fin du jeu. N’en jetez plus, le Trine est plein !
VERDICT : 4/10
Démarrée en 2009, la saga Trine a toujours été appréciée par le plus grand nombre, et ce malgré un deuxième opus en demi-teinte. Les espoirs fondés sur ce Trine 3: The Artifacts of Power étaient donc réels. Ajouter de la 3D à la recette originelle, pourquoi pas ? Pour autant, la caméra unique qui en résulte vous causera probablement de mémorables crises de nerfs (et autres crises de rires), à plus forte raison en multijoueur. Ainsi, en plus de cela, ce dernier opus nous aura marqué par sa durée de vie risible, sa facilité déconcertante et ses graphismes tout juste potables. Espérons que Frozenbyte passe à autre chose, car en attendant, c’est un fait : Trine n’est plus.
VaultMan
3 janvier 2016 at 9 h 45 minLes gars de Frozenbyte ont intérêt à Triner dur pour rattraper ça.. :o)