Des marques tribales sur le visage, des haches bien aiguisées, des drakkars à quai… les Vikings ne manquent pas dans le paysage vidéoludique. À croire que cette tribu ancienne inspire beaucoup de studios de développement. Dernièrement, nous avons eu l’opportunité de plonger dans ces ambiances mythologiques si particulières avec Assassin’s Creed Valhalla et ses extensions, Ragnaröck et aussi Tribes of Midgard (une liste non exhaustive, vous l’aurez compris). Développé par Norsfell, Tribes of Midgard est sorti récemment sur consoles et PC. Évidemment, votre fidèle servante n’a pas pu résister à l’appel du Valhalla et s’est plongée dans cette aventure, à la croisée des genres, et avec un potentiel certain mais peut être pas pleinement exploité…
Test réalisé sur PS5 grâce à une copie numérique envoyée par l’éditeur
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Melting Pot de genres et d’idées
Bien souvent, les rédactions spécialisées et journalistes s’évertuent à catégoriser rapidement un titre en lui collant une étiquette correspondant à un genre vidéoludique. Dans la plupart des cas, cette idée fonctionne et les catégories respectent le gameplay proposé dans tel ou tel jeu. C’est, en revanche, moins le cas pour Tribes of Midgard. Le titre de Norsfell est à la croisée de plusieurs genres et s’avère être un melting pot d’influences. En effet, dès les premières heures de jeu, on comprend vite que Tribes of Midgard s’est inspiré de beaucoup de jeux, notamment quant à son côté survival à la sauce The Forest (en moins réaliste et horrifique, vous en conviendrez). Mais il emprunte aussi pas mal au genre du roguelite puisque notre personnage est susceptible de mourir, perdant ainsi tout son loot (ressources et âmes), qu’il devra aller récupérer à l’endroit de son exécution, comme dans Minecraft. Et encore, plusieurs autres éléments de gameplay semblent s’inspirer de grandes licences. Certains y perçoivent des dimensions d’Action RPG, d’hack n’slash ou autres. Évidemment, Tribes of Midgard ne se résume pas à ces quelques lignes et parvient à sortir, un tantinet, son épingle du jeu en intégrant une dimension multijoueur. Oui, que vous lanciez une partie en mode Saga (histoire) ou bien en Survie, il est tout à fait possible de rejoindre d’autres joueurs, jusqu’à 10, sur des serveurs afin de progresser dans l’univers. Et on vous recommande fortement d’effectuer cette aventure avec des amis ou des joueurs non connus afin de faciliter votre parcours et de profiter davantage. C’est franchement bienvenu et cela permet de casser l’aspect répétitif indéniable du soft (nous y reviendrons).
Mais qu’est ce que Tribes of Midgard, hormis un survival, un roguelite ou bien une autre catégorie visant à genrer le titre ? Dans le jeu de Norsfell, vous incarnez un personnage viking que vous façonnez à votre guise, selon un système de personnalisation tout de même assez restreint. Après la cinématique d’introduction posant les jalons narratifs de l’aventure, vous comprenez très vite que le cœur de l’action se passera dans un monde vaste, divers et assez ouvert. Votre mission principale : faire survivre la pousse Yggdrasil, placée au centre du village, sorte d’HUB central. En effet, celle-ci se fera attaquer par de nombreuses créatures maléfiques à la tombée de la nuit. Afin de la maintenir en vie, vous devrez l’alimenter d’âmes, récoltées au préalable et en journée suite à différentes actions accomplies. Par exemple, rien qu’en coupant des arbres ou en tuant des ennemis, vous en obtiendrez. Or, le tout n’est pas franchement aisé. Si la pousse meurt, c’est game over. La difficulté s’accentue à mesure que les jours passent et que les ennemis deviennent plus forts. À cela ajoutez des Jötunns, Géants et autres monstres mythiques qui viendront envahir Midgard et marcheront vers votre village pour pomper la vie de la pousse Yggdrasil. Ils sont nombreux et possèdent surtout beaucoup de santé (ce qui a été patché dernièrement, merci). Ainsi, durant la journée, vous devrez partir explorer le monde afin de récolter des ressources diverses (bois, pierre etc) servant à fabriquer de l’équipement, des armes et mêmes des défenses pour le village. Mais tout cela pour quoi au final ? Le but ultime est de parvenir à réparer un pont situé à la frontière d’une région enneigée et glaciale et se défaire du dernier boss de l’aventure, Fenrir, avant de rejoindre le Valhalla. Vous l’aurez compris, Tribes of Midgard propose une progression somme toute cyclique : la journée pour farmer des ressources et ériger des défenses, la nuit pour combattre les atrocités maléfiques tout en essayant, à tout moment, de maintenir la pousse Yggdrasil en vie. Autant dire que, malgré le fait que la difficulté soit graduelle, on a très vite l’impression de répéter et répéter encore les mêmes actions. D’autant plus qu’une partie peut bien durer 2 heures, en fonction de l’avancement de la situation, de votre progression et de celle des autres joueurs.
Si nous avons réellement apprécié les différents combats contre les Jötunns et créatures mythiques, bien que là aussi ce soit assez redondant du fait de leurs points de vie très élevés, on a tout de même ressenti de la lassitude après plusieurs heures de jeu sur Tribes of Midgard. Pour le coup, comme nous l’avons dit précédemment, les parties en multijoueur étaient plus intéressantes que celles effectuées en solo. Heureusement, le studio de développement a distillé de la diversité dans l’aventure en proposant notamment différents types de régions, aux conditions météorologiques non similaires, à explorer et traverser afin de collecter des ressources intéressantes pour notre stuff. Malheureusement, l’ensemble reste tout de même du déjà vu et on aurait aimé que Norsfell pousse le vice du survival vers une dimension plus novatrice et originale.
Un potentiel à capitaliser
À la lecture de ces premiers paragraphes, vous pourriez penser que Tribes of Midgard est à fuir comme la peste. Non, ce n’est pas ce que nous essayons de faire transparaître ici. Les multiples parties effectuées sur le titre de Norsfell étaient agréables, on ne va pas se mentir. Hélas, on se rend très vite compte que nous sommes, encore une fois, en terrain connu. C’est simplement dommage de ne pas avoir profité de cette aventure et de cet univers pour proposer un titre qui parvient à sortir des cadres pré-définis du survival et du roguelite, car il y avait de quoi faire. Et on pense fortement (comme on l’espère) que les développeurs parviendront à utiliser le potentiel de Tribes of Midgard à sa juste valeur. En effet, nous savons déjà que le titre bénéficiera de plusieurs saisons, permettant très certainement d’intégrer de nouvelles activités, de nouvelles créatures à battre, donc des ajouts significatifs. Tribes of Midgard est sympa, mais il pourrait être encore meilleur grâce à un suivi régulier et des mises à jour futures conséquentes. Il y a de quoi faire et on espère que ce sera fait.
Dans cette optique, on aurait aimé que les quêtes et événements soient davantage mis en avant et récompensent davantage les joueurs. Oui, car en plus de vos sessions de farming, vous pouvez tout aussi bien vous lancer dans une quête prise sur le panneau d’affichage du village. Or, bien souvent ces quêtes n’apportent que très peu au lore et n’exigent de vous qu’une simple action : tuer un tel, éliminer X loups, etc. Dans la même idée, les événements ponctuant la progression sont assez restreints, comme par exemple trouver un cerf mythique dans une zone donnée. Nous pouvons évidemment pimenter ces actions en sélectionnant des quêtes à la difficulté plus haute, mais on fait vite abstraction de celles-ci pour se concentrer sur les combats et la récolte de ressources. Surtout que des ressources, vous en aurez besoin et pas qu’un peu. Elles sont nécessaires à la confection de votre équipement, à la construction de bâtiments fonctionnels (carrière, etc.), à l’évolution des PNJ et de leurs objets proposés et même à la quête principale demandant d’ériger un pont vers la dernière zone, comme souligné précédemment. D’où notre préférence pour les parties multijoueur, car vous pouvez mutualiser les ressources dans un coffre au HUB central et profiter ainsi de l’expérience de chacun pour progresser vous-même. Dernièrement, il aurait été relativement intéressant d’englober le tout d’un peu plus de lore pour donner plus de corps à l’expérience et impliquer davantage le joueur dans une histoire qui se voudrait plus prenante.
Nous pouvons tout de même compter sur plusieurs classes à débloquer. Si nous commençons invariablement l’aventure par un choix entre le Ranger et le Guerrier, il est possible, par la suite, de débloquer de nouvelles classes de jeu. Soit en effectuant des actions bien précises, soit en terminant une Saga pour la première fois, par exemple. À ce sujet, on notera que les développeurs capitalisent sur une grande durée de jeu, afin que les joueurs puissent jouer ces classes. En effet, dans certains cas, il faudra réellement s’armer de patience et jouer incessamment à Tribes of Midgard afin de pouvoir s’essayer à de nouvelles compétences. Pour le coup, certaines sortent vraiment du lot et insufflent un peu plus de variété à l’expérience. D’un autre côté, le système de combat reste relativement facile à prendre en main puisque votre personnage dispose d’un panel restreint de mouvements : attaque simple, esquive, coups spéciaux. Une plus grande diversité sur ce point aurait été la bienvenue, encore une fois.
C’est d’autant plus dommage que Tribes of Midgard profite d’une direction artistique bien sympa avec du cel-sharing et des couleurs assez flamboyantes à l’écran. Les modélisations des créatures, qu’elles soient basiques ou mythiques, sont très bien réussies et on plonge directement dans un univers fantastique et ancien qui donne envie d’en découvrir davantage. Mention spéciale aux Jötuuns, Géants et à Fenrir sur ce point. Quelques personnages et PNJ sortent également du lot, hormis le votre qui reste relativement classique et ce même personnalisé. Côté bande son, c’est tout aussi plaisant et on a apprécié les montées lyriques et rythmiques lors des affrontements.
En revanche, remarquons-le tout de même, les développeurs ont pensé à récompenser les joueurs en intégrant une sorte de Battle Pass gratuit à leur titre. En effet, plus vous jouerez, plus vous monterez en niveau de joueur. Ce faisant, vous obtiendrez des récompenses diverses, plus ou moins significatives. Il peut s’agir de cosmétiques comme des kits vous permettant de démarrer une partie avec des outils et armes de base, par exemple. C’est bien vu ! En plus de cela, et selon la même idée, un onglet « Progression » dans le menu principal est là pour vous inciter à accomplir des défis et ainsi récolter encore plus de cadeaux. Sur ce point, Norsfell a bien fait les choses et il est clairement agréable de recevoir des éléments de jeu après chaque partie. Qui refuserez des cadeaux si gentiment donnés ?
Verdict : 6/10
Sur le papier, Tribes of Midgard est une aventure qui pique la curiosité. Mélangeant aspect survival et roguelite, le titre de Norsfell est un bon melting pot de ces deux genres qui fonctionnent bien ensemble. Sa direction artistique et sa bande sonore lui donnent tout aussi bonne allure. Malheureusement, plusieurs défauts pointent le bout de leur nez après quelques heures de jeu, notamment et en premier lieu la trop grande répétitivité des actions dûe à l’intensité exigée côté farm. L’ensemble manquant de lore, de précisions dans les animations et de davantage de détails pour en faire une expérience inoubliable. Tribes of Midgard souffre d’un paradoxe certain : l’idée est bonne mais l’aventure se repose bien trop sur des acquis. Nul doute que les développeurs ajouteront du contenu dans les prochaines semaines, tant leur titre a un potentiel certain, encore non mis en exergue à l’heure actuelle.
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