Si Ubisoft a su étonner son auditoire à l’E3 avec son jeu de glisse Steep, ce dernier à également réussi à nous surprendre -une fois de plus- avec l’annonce d’une nouvelle extension à Trials Fusion. En effet, bien qu’il soit passé relativement inaperçu, Trials of the Blood Dragon n’aura pas manqué de titiller les amateurs de Trials et de l’excellent Far Cry 3: Blood Dragon, puisqu’il compile les deux univers pour donner naissance à un résultat inattendu et surprenant. Dans le bon sens du terme, bien évidemment.
Welcome in 2019 !
Bien que l’éditeur français soit souvent pointé du doigt pour son manque d’originalité, notamment sur le fait que ses jeux peinent à se renouveler, il faut reconnaître qu’il sait nous offrir de belles surprises. Soldats Inconus: Mémoires de la Grande Guerre ou encore Child of Light en sont des exemples probants. Mais nous pourrions aussi citer Far Cry 3: Blood Dragon qui, s’il n’a pas révolutionné la licence Far Cry, a su se démarquer de par son ambiance kitsch tout droit sortie des films de SF années 80. Fourmillant de références à diverses oeuvres de la pop culture, il a montré qu’Ubisoft pouvait très bien faire des jeux bien plus décomplexés qu’à l’accoutumée.
Quelle ne fut donc pas notre surprise lorsqu’Ubisoft a dévoilé, durant sa conférence à l’E3 dernier, un nouveau jeu Trials se déroulant dans l’univers instauré par Far Cry 3: Blood Dragon que l’on pensait tous enterré. Et même si, autant l’avouer, on aurait préféré une véritable suite, c’est un réel plaisir de retrouver cette ambiance rétro qui fascine de plus en plus le grand public. D’autant que ce n’est pas le seul charme du jeu, puisque si en apparence, il ressemble à une simple extension stand alone de Trials Fusion, il ne se limite pas a de simples parcours à effectuer en moto. Après tout, il faudra bien plus qu’une simple bécane pour mettre un terme à la 4ème guerre du Vietnam…
Vietnam Wars 4
Les évènements de Trials of the Blood Dragon, aussi décalés soient-ils, se déroulent 12 ans après l’histoire de Far Cry 3: Blood Dragon. Le légendaire Rex Power Colt a succombé à la guerre, en voulant éliminer les communistes à lui tout seul et laisse derrière lui ses 2 enfants : Roxanne et Slayter. En tant que dignes successeurs de leur père, ces derniers vont se lancer dans une lutte sans merci pour mettre fin à cette guerre. Contre toute attente, il existe bel et bien un scénario, et le jeu nous dévoile son histoire par le biais de cinématiques animées sympathiques. Qu’on se le dise, la mise en scène n’a rien d’extraordinaire, mais on apprécie d’avoir un brin de scénario là où les développeurs auraient pu choisir de laisser tomber cet aspect pour uniquement se concentrer sur le gameplay. L’aspect VHS et les diverses coupures présentant des pubs tout droit sorties de ce qui se faisait de plus kitsch il y a 30 ans de cela donnent un certain cachet au titre d’Ubisoft, c’est indéniable.
D’ailleurs, la direction artistique du titre est clairement l’un de ses points forts. Si l’on retrouve des environnements presque tirés de Far Cry 3: Blood Dragon, le jeu nous fournit son lot de décors inédits. Entre des temples perdus truffés de pièges, un Vietnam en pleine guérilla et des environnements urbains, on peut difficilement être déçu sur ce point là. Quant au level design, on reste agréablement surpris par son efficacité et son originalité, d’autant que la partie n’était pas gagnée d’avance après un Trials Fusion aux multiples DLC (dont le AWESOME LEVEL MAX complètement délirant). Cela se traduit notamment par l’approfondissement des mécaniques de gameplay sur lesquelles se base la licence Trials depuis des années.
Cybergameplay Mark VI
Ainsi, certains niveaux seront parsemés de spots auxquels nos protagonistes pourront s’accrocher grâce à leur grappin afin de traverser des crevasses et autres zones de vide. L’exercice demande un minimum d’entrainement pour être maitrisé, et cela ajoute une certaine difficulté, surtout lorsque certains passages vous demandent d’enchainer les lancers de grappin tout en évitant les pièges qui jonchent la zone. Autant dire que le dernier tiers du jeu demandera de la concentration et obtenir la note maximale dans ces niveaux là tiendra parfois plus de la chance que du talent. En cela, ce Trials of the Blood Dragon n’est pas vraiment un Trials à proprement parlé et cela se confirme encore plus lorsque l’on évoque la plus grosse nouveauté en matière de gameplay.
Effectivement, si l’aventure se parcourt en grande partie à moto, des phases de plateforme à pied seront au programme des réjouissances. Si les déplacements et sauts de notre fratrie manquent de fluidité, ces passages restent relativement basiques et ne devraient pas être un problème en soi. À défaut de proposer un réel challenge, ils permettent de varier les plaisirs et d’utiliser l’arme mise à disposition bien plus intuitivement qu’à moto. Certains niveaux proposent en effet d’utiliser une arme pour éliminer les ennemis qui se trouveront sur votre route. Néanmoins, tirer tout en conservant l’équilibre de la moto demande un peu de dextérité, mais quoi qu’il en soit, le mélange s’avère être plutôt efficace.
Difficile cependant de ne pas être amer une fois le jeu bouclé dans son intégralité, en une toute petite après-midi à peine. Malgré quelques passages retors, 3 heures seront largement suffisantes pour terminer les 30 niveaux qui constituent Trials of the Blood Dragon. Difficile de pointer du doigt l’absence de mode multijoueur et la non présence de l’éditeur de niveau quand les développeurs ont pensé leur copie pour être jouée en solo, à l’instar de Far Cry 3 Blood Dragon. Cependant l’intégration de ces deux fonctions auraient clairement pu gonfler une durée de vie un peu chiche pour les 15€ demandés par l’éditeur. On se consolera avec l’album d’images à compléter, puisque chaque note supérieure à A dans chaque niveau vous donnera droit à un nouveau sticker.
Quand la musique est bonne
Heureusement pour lui, Trials of the Blood Dragon brille largement de par sa direction artistique maitrisée et sa délicieuse ambiance soulignée par l’OST, composée par le talentueux groupe d’électro Power Glove. Pour rappel, Ubisoft avait déjà fait appel au duo originaire de Melbourne pour les musiques de Far Cry 3: Blood Dragon. Rien d’étonnant donc à les retrouver ici, d’autant que les deux compositeurs n’ont rien perdu de leur génie. Et quoi de mieux pour s’en convaincre qu’un remix de l’excellente Roller Mobster de leur confrère français Carpenter Brut ?
Vous l’aurez compris, la musique joue un certain rôle dans ce genre de jeu. Autant dans Trials Fusion la musique n’avait pas de réel intérêt, d’ailleurs l’OST n’était franchement pas inoubliable. Autant dans ce Trials of the Blood Dragon, elle prend tout son sens et offre une véritable dimension retro à ces environnements aux couleurs flashy. Ces derniers sont d’ailleurs très vivants et s’animeront bien souvent lors de nos missions, au point que l’on s’est déjà vu rater plusieurs zones, étant trop occupés à regarder ce qui se passait en arrière plan.
C’est d’ailleurs peut-être le plus gros reproche que l’on pourrait faire à ce crossover réussi entre Blood Dragon et Trials : Que ses plus grosses qualités soient celles qui sont en retrait. Une ambiance géniale, une OST bien pensée, un scénario sympathique, ce sont autant de points en faveur du jeu, mais on aurait apprécié un peu plus de peaufinage concernant les phases de plateforme qui ne sont pas aussi poussées que les phases en moto, ainsi qu’un contenu plus conséquent. Que ce soient des niveaux solo comme des modes de jeu supplémentaires, Trials of the Blood Dragon manque un peu de consistance, malheureusement. Cela étant dit, il serait dommage de tourner le dos à un tel titre, alors on s’accommode de ces défauts, et on finit par y retourner, histoire de battre nos meilleurs temps ou exploser les scores de ses amis. Après tout, n’est-ce pas ça l’esprit Trials ?
Verdict : 7/10
Trials of the Blood Dragon loupe de peu la marche de l’excellence, la faute à des défauts que l’on pouvait déjà reprocher à Far Cry 3: Blood Dragon en son temps. Presque plus exigeant qu’un Trials Fusion, il fascinera avant tout les joueurs ayant fait la connaissance de Rex Power Colt il y a 3 ans de cela. Son aspect plateforme/shoot pourra cependant attirer un plus grand public qui devrait sans aucun doute accrocher à l’humour et aux nombreuses références disséminés un peu partout.
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