Trials of Mana, à la base, c’est un jeu Super NES et troisième volet de la série Mana/Seiken Densetsu de Square Enix. Action-RPG en 2D reconnu pour ses 6 personnages jouables offrant diverses histoires, son rendu et son système de jeu, il a fait le bonheur de nombreux joueurs et aujourd’hui, après avoir été porté sur Nintendo Switch l’année dernière via la compilation Collection of Mana, il fait son retour avec un remake flambant neuf en 3D, de quoi (re)jouer à ce classique sous un tout nouvel angle. Est-ce une mise à jour digne de 2020, surtout après qu’on ait vu récemment des travaux comme les remakes de Resident Evil ainsi que le tout récent Final Fantasy VII Remake ? On a eu l’occasion de plonger dans l’univers de Trials of Mana avec cette nouvelle version durant de nombreuses heures, afin de vous confier s’il vaut mieux jouer au titre de Square Enix dans son ancienne forme ou si le remake est désormais la bonne voie à suivre.
Test réalisé sur PlayStation 4 grâce à une copie numérique fournie par l’éditeur
► Retrouvez toutes nos impressions sur la démo de Trials of Mana dans notre preview
Six histoires pour le prix d’une
Trials of Mana version 2020 nous conte la même histoire que la version Super NES, à peu de choses près. Ainsi, point de surprises pour les vieux de la veille en dehors d’un chapitre inédit mais qui s’inscrit parfaitement dans le scénario de toujours : alors que le monde est en paix grâce aux bienfaits de la déesse de Mana, qui a désormais la forme d’un arbre géant, celle-ci commence à dépérir et divers complots se trament dans de nombreux pays, menaçant une tranquillité durement gagnée par le passé. On suit les péripéties non pas de 1 mais de 6 personnages différents ! Au début d’une partie, on sélectionne 1 héros principal et il est accompagné de 2 autres personnages, au choix mais comme les fans le savent bien, 3 duos principaux se démarquent : Angela et Duran, Charlotte et Kevin, Riesz et Hawkeye. Le 3ème choix n’a pas beaucoup d’importance, en dehors de certains dialogues et interactions.
Chaque héros a sa petite histoire du début, ses motivations, ses ennemis et on en passe, ce qui fait qu’on a pas mal de perspectives différentes même si au final, tout se rejoint. Doit-on cependant recommencer le jeu à chaque fois pour voir l’histoire de tous les personnages ? Heureusement, en cours de partie, lorsqu’on rencontre les personnages que l’on a choisi, le jeu nous propose de jouer un petit flashback pour voir d’où ils proviennent et pourquoi on les rencontre à tel ou tel passage de l’aventure. Si vous refaites une partie avec des personnages déjà joués avant, vous pouvez également zapper les flashbacks si vous le souhaitez. Il y a 3 méchants principaux, chacun correspondant à un duo particulier, d’où l’intérêt de sélectionner les duos cités plus tôt. Ces vilains ont de folles ambitions et n’ont qu’une envie, envahir d’autres royaumes afin d’y répandre le mal et dominer les peuples d’une main de fer. Le but des héros est donc de sauver plusieurs esprits et retrouver l’épée de Mana, afin de terrasser le mal et rétablir la paix à travers le monde.
Si Trials of Mana propose divers scénarios assez classiques et qui n’échappent pas à un bon nombre de clichés d’époque, on reste tout de même assez motivés pour sauver le monde à une voire plusieurs reprises grâce à un univers charmant ainsi que des dialogues bien écrits. Dans notre première partie, on a sélectionné Duran, Angela et Kevin : le premier est un guerrier fidèle à son royaume et à son roi, la seconde est la fille d’une reine d’un royaume de magiciens et le dernier est le fils du roi (oui, les personnages ont souvent des rôles importants d’emblée) des Lycanthropes, humains qui se transforment en loups-garous la nuit. Chaque héros de Trials of Mana débute l’aventure pour une raison plus ou moins similaire : trahison d’un autre royaume/de l’un des parents, souhait de vengeance/fuite/autre et par la suite, les intérêts des personnages se rejoignent dans un ultime but qui est, vous l’aurez compris, de sauver le monde en réglant les différents conflits. Classique mais efficace. Dans ce remake, la 3D permet naturellement une meilleure mise en scène et immersion dans l’univers de Trials of Mana, ce qui marque davantage lors de certains passages. Côté action, cela ne vole pas toujours haut à cause d’animations et cadrages manquant d’audace mais en général, cela se laisse suivre avec un plaisir certain grâce à des personnages attachants et quelques situations émouvantes, drôles ou épiques, avec parfois des passages plus étonnants que d’autres soit en humour, soit en dramaturgie. Si les motivations de Duran, par exemple, sont plutôt basiques (guerrier qui veut prendre sa revanche suite à une défaite cuisante), celles de Kevin sont déjà plus poignantes surtout lorsqu’on découvre son triste passé. Même si on aurait aimé que le remake pousse bien plus loin la mise en scène afin de faire davantage briller l’histoire de Trials of Mana, le résultat final est honnête et motive à jouer jusqu’au bout de chaque aventure (qui dure au moins 20 à 30 heures, de quoi garantir une durée de vie conséquente pour les plus motivés). Cependant, le remake ne change rien du tout au scénario, ce qui plaira à ceux qui veulent l’expérience d’origine mais qui pourrait décevoir les personnes qui souhaitaient peut-être plus de nouveautés qu’un chapitre bonus.
Un nouveau regard
Il n’y a pas que le scénario de Trials of Mana qui profite un peu des bienfaits de la 3D moderne. En changeant de perspective et en tirant partie des technologies actuelles, Trials of Mana sauce 2020 passe donc à de l’Action-RPG tout en 3D. Cependant, comme on l’a constaté lors de notre preview, cela reste assez classique dans le fond, même si loin d’être décevant pour autant. Explications : le level design d’antan est conservé, ce qui fait qu’on explore des villes, zones sauvages et donjons qui sont loin des standards actuels. Ainsi, on a des zones plus ou moins grandes qu’on visite en marchant, courant et sautant un peu partout afin de parler à divers PNJ (mais souvent, ils n’ont rien de très intéressant à raconter), récolter de l’argent, ouvrir des coffres aux trésors et accomplir les différents objectifs de l’aventure, ce qui consiste souvent à aller d’un point A à Z tout en terrassant tout sur son passage et en récoltant tel ou tel objet. Les déplacements sont simples, rapides et fluides, ce qui fait qu’on ne s’ennuie pas en se baladant, surtout que l’univers ne manque pas d’attrait mais en dehors des ennemis à affronter et des recherches, il faut avouer qu’il n’y a pas grand chose à faire dans les différents niveaux de ce remake de Trials of Mana, amenant à un sentiment de répétitivité assez vite faute d’énigmes ou de passages de plates-formes de qualité. Square Enix a souhaité garder le feeling d’antan ce qui, une fois de plus, ravira les puristes au détriment des autres. De plus, le tout est très linéaire, l’objectif principal étant constamment indiqué et les zones assez petites. Heureusement, le meilleur est ailleurs.
Qui dit Action-RPG dit combats dynamiques et si Trials of Mana avait déjà ce qualificatif avant, le remake pousse les choses plus loin grâce à la 3D, cela va de soi, même si là encore Square Enix n’a pas réinventé le genre. Ainsi, lorsqu’on croise des ennemis, une zone fermée s’enclenche, qu’on peut fuir à tout moment mais l’intérêt, c’est plutôt de croiser le fer avec différents monstres, soldats et autres. On peut se déplacer alors dans tous les sens, sauter dans les airs, effectuer des coups faibles et forts, esquiver et activer des attaques spéciales/magiques, tout en utilisant divers objets selon les besoins. La prise en main est immédiate et plaisante, chaque personnage – on peut en changer d’une simple pression de touche – répond au doigt et à l’œil, ce qui est un bon point. Cependant, comme souligné dans notre preview, les possibilités ne sont pas très nombreuses, même si on débloque plus de capacités sympathiques avec le temps comme des sorts magiques à distance ainsi que des coups spéciaux plus spectaculaires mais ne vous attendez pas non plus à un Action-RPG aussi explosif qu’un Final Fantasy VII Remake, Kingdom Hearts III, NieR: Automata ou autre, pour ne rester que sur des productions Square Enix. Le feeling des coups manque encore un peu de piquant, même si la fluidité de l’ensemble (sur PlayStation 4, on a 60 images par seconde sans aucune perte) rend le tout assez appréciable. Plus de combos n’auraient pas été de refus, chaque personnage étant limité qu’à quelques coups. Enfin, les affrontements sont plutôt faciles en général et se finissent assez rapidement. Même certains boss ne posent pas vraiment de problèmes, touchant à peine les héros, c’est dire. Heureusement, cela se corse un peu plus après la moitié de l’aventure avec des ennemis qui font un peu plus mal et des boss plus ardus, forçant à avoir un bon stock d’objets de soin en cas de besoin mais ne vous attendez pas non plus à des batailles très complexes puisqu’il suffit souvent d’esquiver quand il le faut (un indice visuel rouge indique là où l’ennemi va frapper, de surcroît) et d’attaquer à tout-va par la suite. L’IA des alliés aurait gagné à être meilleure également, ces derniers tombant souvent trop rapidement sous les coups, ce qui gaspille inutilement les objets de soin et de résurrection.
Malgré tout, on ne peut s’empêcher d’apprécier les affrontements grâce à une action omniprésente et le fait d’incarner des personnages aux styles de combat bien différents. Bien qu’ils se jouent tous de la même manière, ils ont leurs particularités grâce à leurs armes et façons de combattre. Ainsi, pour rester avec les personnages de notre partie, Duran est axé corps-à-corps avec son épée et des coups viscéraux tandis qu’Angela gagne peu à peu des attaques magiques lui donnant la possibilité d’attaquer à distance tout en exploitant les faiblesses des ennemis. Enfin, Kevin peut se transformer la nuit afin d’augmenter la portée et la puissance de ses coups, plaisir bestial garanti. Quant à la composante RPG, en augmentant de niveaux, on peut améliorer différentes choses pour chaque héros (force, intelligence, etc.) et débloquer des compétences ainsi que des attaques spéciales, permettant de pimenter davantage les combats. On peut également acheter différentes armes, armures et objets améliorant les chances de survie, un classique dans les RPG qui fait toujours son petit charme. Enfin, la particularité de Trials of Mana, c’est aussi de mettre en avant un système de classe lorsqu’on passe certains niveaux. En plus d’acquérir de nouvelles apparences (le look, c’est important mine de rien) et d’augmenter en puissance, les personnages peuvent par exemple choisir entre une classe lumière et ténèbres, ce qui offre différents avantages et désavantages côté caractéristiques. Bref, bien qu’il fasse dans le classique de chez classique et qu’un gameplay plus moderne, soit plus dynamique, aurait davantage plu en cette fin de génération, la touche Trials of Mana fait mouche et on passe dans tous les cas de bons moments, ce qui est le principal. Un conseil cela dit, n’hésitez pas à jouer d’office en difficile, le mode normal restant bien trop facile.
Trials of Remake
Là où le remake de Trials of Mana se démarque vraiment, c’est bien entendu du côté visuel. Passer d’un jeu 2D en vue de dessus à un titre 3D plus ouvert, le tout plus de 20 ans plus tard, il faut forcément s’attendre à des changements. Utilisant l’Unreal Engine 4 et une direction artistique anime digne des années 1990, ce remake se révèle assez sympathique graphiquement parlant, notamment du côté des personnages et monstres (souvent plus mignons qu’effrayants), modélisés et texturés d’une belle manière, même si on peut regretter qu’il y ait beaucoup de « clones » parmi les PNJ. Les combats donnent lieu à de beaux effets de lumière et les animations sont bien fichues, bien que manquant un poil de peps. Les décors ne manquent pas de magie également grâce à de jolis effets de lumière, une variété de paysages bienvenue (déserts, prairies, île tropicale, vaisseau fantôme… ce n’est pas très original certes mais ça fait parfaitement l’affaire) et assez animés.
Il est juste dommage que cela manque un peu de vie dans les villes et que les PNJ se contentent simplement de rester sur place ou de marcher. Mais soyez rassurés, il y a toujours le charme Trials of Mana ici et là, notamment avec les fameux marchands qui dansent sans arrêt avant qu’on leur adresse la parole. Enfin, comme précisé plus tôt, le tout est fluide du début jusqu’à la fin sur PlayStation 4, apportant un bon feeling à l’ensemble. Seule véritable ombre au tableau, quelques éléments moins propres que d’autres, notamment l’eau assez basique et la plupart des rochers, oscillant entre un rendu potable et parfois, osons le dire, moche, la faute à des textures quelque peu baveuses et qui ne s’accordent pas vraiment avec le reste, brisant alors l’immersion dans ce charmant univers. C’est un peu le défaut de certaines productions japonaises utilisant l’Unreal Engine 4, utilisant des éléments de base sans prendre la peine de les modifier comme il se doit, dommage car en dehors de cela, le rendu est agréable à l’œil, même si on a déjà vu mieux au cours de cette génération.
Même constat du côté des musiques : on reprend les mêmes et on améliore. Pour ce remake, Square Enix a gardé les compositions du jeu de base mais les a arrangé avec des instruments plus modernes. D’ailleurs, vous pouvez comparer les différences entre les nouvelles et les originales dans le menu du jeu. Est-ce que le résultat est bon ? Plutôt deux fois qu’une, tant les créations musicales d’Hiroki Kikuta, qui étaient déjà splendides à l’époque, se voient perfectionnées. Encore une fois, on note l’absence d’une prise de risque vu que ce sont « juste » les mêmes musiques en meilleure qualité mais cela n’entache en rien le plaisir d’écoute, surtout que chaque composition colle parfaitement aux lieux et situations vécues par le joueur. Enfin, les dialogues sont enfin doublés et ce avec conviction, si l’on joue en japonais surtout. Il est plaisant d’enfin entendre les différents personnages de Trials of Mana parler, sentir leurs émotions à travers leurs voix. Dommage cependant que beaucoup de dialogues restent non doublés, seulement ponctués de quelques mots ou cris mais on y est habitués désormais dans ce genre de productions.
Verdict : 7/10
Ce remake de Trials of Mana est dans l’ensemble sympathique, parfaitement serviable, un poil trop même. Square Enix n’a pas pris beaucoup de risques avec cette version et ce à tous les niveaux, ce qui fait qu’on a une mise à jour très honnête mais qui manque un tantinet de folie et de magie pour parfaitement rendre hommage à ce classique des années 1990. Si les fans d’antan apprécieront sans aucun doute de voir Trials of Mana sous un œil nouveau, notamment grâce à des musiques, graphismes et un gameplay plus modernes, ceux qui découvriront cet opus passeront sans doute un bon moment mais ne seront pas marqués à jamais, faute d’un certain manque d’ambition. De plus, certains petits défauts qui auraient pu facilement être gommés avec davantage de temps empêchent à ce remake de vraiment se démarquer. Malgré tout, Trials of Mana version 2020 est une refonte appréciable, garde son charme de toujours et garantit de (re)vivre de belles petites aventures, ce qui n’est pas de refus en ces temps troublés.
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