Aspyr continue la logique débutée l’année dernière en remastérisant les épisodes IV, V et VI de Tomb Raider, clôturant ainsi l’arc du studio Core Design. La compilation suit la même promesse que la précédente, à savoir mettre ces vieux épisodes au goût du jour via une refonte graphique et du gameplay. La promesse va même plus loin, et restaurant du contenu supprimé de Tomb Raider : l’Ange des Ténèbres, véritable mouton noir de la saga.
Test réalisé sur PC grâce à une version numérique envoyée par l’éditeur.
La fin d’une ère sous un nouveau jour
Après avoir réalisé un souhait de longue date des fans avec les remasters de Tomb Raider I, II et III, Aspyr s’attaque maintenant aux trois derniers opus développés par Core Design, avant la passation de pouvoir entre le studio anglais et Crystal Dynamics. À la fin des années 90, Tomb Raider prend un tournant plus sombre et narratif avec une trilogie marquant l’évolution de Lara Croft. Tomb Raider : La Révélation Finale plonge l’héroïne en Égypte, où elle libère accidentellement le dieu maléfique Seth. Pour réparer son erreur, elle doit retrouver l’armure d’Horus et stopper la menace divine, tout en affrontant son ancien mentor, Werner Von Croy. L’aventure s’achève brutalement lorsque Lara est ensevelie sous les ruines d’un temple, laissant planer le doute sur son sort. Dans Tomb Raider : Sur les Traces de Lara Croft, ses proches évoquent ses aventures passées alors qu’elle est présumée morte. Ce récit sous forme de souvenirs explore des moments clés de sa carrière, de la Rome antique à un sous-marin russe, en passant par une île irlandaise hantée et la tour Von Croy.
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Enfin, Tomb Raider : l’Ange des Ténèbres fait renaître Lara dans une intrigue sombre et urbaine. Accusée du meurtre de Von Croy, elle fuit la police et découvre une conspiration impliquant les Nephilims, une race antique aux pouvoirs surnaturels. Son enquête la mène de Paris à Prague, où elle affronte Pieter Van Eckhardt, un alchimiste maléfique, et croise le mystérieux Kurtis Trent. Cette trilogie marque une transition vers un Tomb Raider plus mature, explorant la psychologie de Lara et ses dilemmes moraux. Seul hic, ces opus sont généralement considérés comme les moins bons de ceux développés par Core Design. La faute à des sorties bien trop rapprochées entre chaque opus de l’ère PS1, apportant peu d’innovations pertinentes à partir du troisième jeu, et une transition vers le 128-bit mal maîtrisé pour ce qui est de Tomb Raider : l’Ange des Ténèbres. Pour rappel, à cause d’une pression et des délais extrêmement courts pour développer chaque jeu, l’overdose fut telle que les équipes songèrent à tuer définitivement Lara Croft à la fin de Tomb Raider IV afin de souffler et se libérer des contraintes imposées à l’époque par Eidos Interactive.
Une modernisation inégale
Après le succès du premier remaster, Tomb Raider IV-VI Remastered poursuit la modernisation des aventures classiques de Lara Croft. La Révélation Finale, Sur les traces de Lara Croft et l’Ange des Ténèbres bénéficient d’une refonte graphique similaire, avec des modèles de personnages affinés, des textures en haute résolution et un éclairage retravaillé. Comme pour la première trilogie, un mode permet de basculer entre les graphismes d’origine et ceux remastérisés à la volée, respectant ainsi l’aspect nostalgique tout en offrant un rendu plus fluide et immersif. Si la transition est vraiment frappante sur les épisodes PS1, le rendu est bien plus contrasté et discutable sur l’opus PS2. À vrai dire, tout n’a pas eu le droit au même soin d’un asset à l’autre, certains modèles 3D conservant exactement la même modélisation d’un mode à l’autre. Même le modèle de Lara, bien que supérieur à celui de la version d’origine, n’est pas sans rappeler celui de Tomb Raider Legend qui aurait été réutilisé pour l’occasion, avec des modifications apportées aux vêtements.
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Côté gameplay, l’ajout de contrôles modernisés facilite la prise en main sans altérer la difficulté et l’exploration, qui restent au cœur de l’expérience. Des ajustements, comme une gestion améliorée de la caméra et un système de sauvegarde plus flexible, permettent de rendre ces jeux plus accessibles aux joueurs contemporains. Si cela est partialement vrai pour les deux titres de l’ère 32-bit, la déception se fait ressentir sur Tomb Raider : L’Ange des Ténèbres. Aspyr promettait de redorer le blason de cet épisode conspué, en intégrant du contenu retiré du jeu de base et grâce à une prise en main moderne censée corriger les errances du gameplay d’origine. Ce fut une véritable douche froide. En effet, les contrôles modernes conservent cet effet désagréable d’inertie dans les déplacements de Lara, notamment dans sa façon de se retourner, avec une gestion de la caméra parfois laborieuse, surtout dans des endroits exigus, comme la cour qui sert de point de départ au jeu.
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Pire encore, certains passages ne sont tout bonnement pas passables en mode moderne ! Nous nous sommes efforcés à vouloir franchir un précipice dans la cage d’escalier où la police parisienne est aux trousses de Lara. À force de multiples échecs, nous avons décidé de passer aux contrôles Tank et nous avons enfin pu franchir l’obstacle, preuve évidente que toutes les séquences n’ont pas été repensées pour le système de prise en main moderne. Pour l’heure, nous ne savons pas si ce genre de souci sera corrigé via un patch à la sortie du jeu ou ultérieurement. Il faut l’espérer en tout cas. De plus, les quelques ajouts présents ne suffisent pas à compenser les nombreuses erreurs de level design présents dans le jeu, certaines frôlant réellement le facepalm. Une occasion ratée de redécouvrir cet épisode si mal aimé sous un nouveau jour.
Lara plus fraîche que jamais ?
En plus d’une refonte visuelle et d’améliorations de gameplay, Tomb Raider I-VI Remastered propose plusieurs fonctionnalités annexes qui enrichissent l’expérience pour un peu plus d’accessibilité. Parmi les ajouts notables, la possibilité de basculer à tout moment entre les graphismes d’origine et ceux remastérisés permet aux joueurs de comparer l’évolution du jeu en temps réel. Ce mode nostalgique s’accompagne d’un format d’image ajusté, prenant en charge le 16:9 pour s’adapter aux écrans d’aujourd’hui. Autre amélioration bienvenue : l’intégration de succès/trophées, qui offrent aux joueurs un défi supplémentaire et encouragent l’exploration des niveaux sous un nouvel angle. Tout comme dans la compilation précédente, le système de sauvegarde a également été revu, remplaçant les anciennes méthodes parfois contraignantes par des options plus flexibles, sans pour autant trahir l’esprit original du jeu.
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Le mode photo fait son grand retour, avec des poses inédites, afin d’immortaliser vos plus beaux moments et il sera enfin possible d’utiliser les différentes tenues de Lara en jeu. Une requête des fans regrettant le fait que cette feature ne soit réservée qu’au mode photo des premiers remasters. Néanmoins, il faudra débloquer chaque tenue en passant chaque niveau dans lequel celui-ci est présent. Ce remaster introduit une nouveauté : le Flyby Camera Maker. Une fonctionnalité qui permet aux joueurs de prendre le contrôle total de la caméra pour créer des séquences cinématographiques personnalisées. Cela permet de déplacer la caméra avec précision à travers les environnements et d’ajuster les angles de vue pour des panoramiques fluides, ajoutant ainsi une dimension artistique à l’expérience. Un outil parfait pour les fans qui souhaitent créer des présentations visuelles personnalisées.
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Enfin, tous les niveaux bonus et extensions sortis à l’époque sont inclus d’office, offrant ainsi l’expérience Tomb Raider la plus complète jamais proposée. Notons que, tout comme dans Tomb Raider I-III Remastered, la version française est également présente, l’occasion de réécouter Françoise Cadol dans le rôle de l’archéologue britannique avec plus ou moins de brio, le doublage de Tomb Raider : l’Ange des Ténèbres restant particulièrement médiocre, d’autant plus aujourd’hui. Cet arc étant bouclé, Tomb Raider: Legend, Anniversary et Underworld seront-ils les prochains sur la liste ?
Verdict : 6/10
Si Tomb Raider IV-VI Remastered poursuit la modernisation de la saga avec une refonte graphique et des ajustements de gameplay bienvenus, l’expérience reste contrastée. Les améliorations sont convaincantes sur les épisodes PS1, mais bien plus discutables sur L’Ange des Ténèbres, où le rendu graphique et les contrôles modernisés laissent à désirer. Malgré l’ajout de fonctionnalités annexes intéressantes, comme le mode photo, le 16:9 et la possibilité de changer de tenue en jeu, certaines maladresses ternissent l’ensemble, notamment l’absence d’un véritable retravail du level design et les problèmes persistants de maniabilité. Aspyr rate ici une occasion en or de réhabiliter l’opus le plus critiqué de la franchise, et bien que la compilation reste une porte d’entrée accessible pour les nouveaux joueurs, elle ne parvient pas à sublimer complètement l’héritage de Core Design.
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