Décidément, le jeu indépendant a plus que jamais le vent en poupe sur consoles. Il faut dire que depuis les premières conférences traitant de la PS4, l’accent a été mis sur les productions indépendantes, ces « petits » jeux qui sortent dans l’ombre et ne bénéficient que trop rarement des feux des projecteurs qu’ils méritent pourtant pour certains. Mais il y a également un autre rouage dans cette machine plutôt bien huilée. On parle évidemment de Devolver Digital, ces mécènes de la scène indé’ sans qui Titan Souls n’aurait probablement jamais vu le jour sur PlayStation 4. Chronique d’un jeu au concept et au gameplay épurés.
Affrontements titanesques et plus si affinités
Il faut l’avouer, Titan Souls avait su se faire désirer. Depuis sa première version, jusqu’à son annonce providentielle sur PS4, nos regards intrigués s’étaient posés à maintes reprises sur ce jeu au concept bien singulier (Une flèche, une vie) et terriblement retro dans l’âme. C’est donc sans trop savoir à quoi s’attendre que nous avons pu nous essayer à cet énième titre produit par Devolver Digital, ce qui sonne dans l’esprit d’amateurs de productions indépendantes, comme un véritable gage de qualité. C’est d’autant plus déstabilisant quand on commence le jeu puisqu’on ne nous explique pas comment ni pourquoi l’on est là, même si la réponse à cette dernière question est d’une évidence déconcertante (À moins que vous n’ayez déjà oublié le nom du jeu dont on vous parle aujourd’hui). Et c’est après un bref tutoriel plié en une trentaine de secondes, montre en main, que les choses sérieuses peuvent commencer.
Le joueur n’étant pas pris par la main, on a alors le choix au début entre 4 directions, pour 4 titans dont il faudra impérativement se défaire. Le choix de l’ordre des exécutions vous appartient, et ce, du début à la fin du jeu, si l’on exclut les boss qui pourront nous barrer la route. Il n’est donc nullement question d’ennemis à taille humaine ici, et chaque affrontement sera différent puisque chaque titan possède ses propres mouvements, ses propres attaques, mais aussi ses propres faiblesses. Il faut alors analyser chaque situation tout en prenant en considération que les colosses que vous trouverez face à vous feront preuve d’une grande agressivité. C’est le prix à payer pour avoir sorti ces entités de leur sommeil paisible. Les combats se décomposent alors en plusieurs parties : On étudie avant tout comme se meut notre opposant, on apprend à esquiver ses assauts, on comprend où et quand son point faible est exposé, et enfin on tente d’appliquer tant bien que mal la stratégie afin de décrocher une flèche bien placée qui provoquera le dernier souffle de notre adversaire. Pourquoi « tant bien que mal » ? Tout simplement parce que les premières fois que l’on rencontre un nouveau titan, il sera difficile de pouvoir survivre plus de quelques instants tout en déchiffrant ses caractéristiques.
Inutile de vous faire un dessin, comme une belle majorité de jeux indépendants, et pas uniquement de chez Devolver Digital, ce Titan Souls applique la recette du Die & Retry à merveille. Peut-être un peu trop pour certains ? Il n’empêche que c’est un aspect du jeu qui fait son charme, et que cela va de pair avec son chronomètre activable dans les options qui poussera les speed-runners à proposer leur plus beaux runs en live grâce aux possibilités de partage de la PS4. Quand on sait qu’il est possible de terminer le jeu en moins de 20 minutes (comme en atteste un trophée à débloquer) alors que c’est le temps qui nous a été nécessaire afin de vaincre à peine la moitié des premiers titans du jeu, cela vous donne un aperçu de la forte replay-value du jeu. Des modes supplémentaires ainsi qu’une difficulté accrue viendront même gonfler le tout une fois le jeu achevé, histoire de proposer un challenge toujours plus intéressant et poussant le joueur à se dépasser. C’est typiquement l’un des aspects que l’on retrouve encore et toujours dans les productions indépendantes, ce qui nous pousse à revenir sans cesse sur ces jeux qui créent ce phénomène proche de l’addiction.
Teen Titans
Pourtant, difficile de croire qu’un jeu aussi épuré puisse parvenir à créer ce sentiment d’addiction. En effet, sa direction artistique tout en pixel art pourra laisser les non-initiés un peu dubitatifs, tandis que les joueurs habitués à des gameplays riches et complexes se retrouveront face à un soft dans lequel seules 2 actions sont réalisables en plus des actions basiques qui sont marcher et courir. Ainsi en appuyant sur Croix, on réalise une roulade, mouvement fort appréciable lorsqu’il s’agira d’esquiver les attaques des titans, et en pressant la touche Carré, notre personnage décrochera sa flèche dans la direction voulue. Etant donné que l’on est équipé d’une seule flèche pour toute la durée de l’aventure, il faudra bien veiller à vite récupérer son carreau, soit en allant le ramasser, soit en le « rappelant » vers nous en restant appuyé sur le même bouton qui nous a servi à tirer. C’est par ailleurs, une subtilité du gameplay à prendre en compte car les joueurs les plus talentueux sauront jouer là dessus afin d’occire un titan. Il faudra de la dextérité, un excellent timing et un brin de chance pour y parvenir, mais chaque possibilité se doit d’être exploitée dans ce jeu.
Enfin, comment parler de Titan Souls sans évoquer sa direction artistique minimaliste mais ô combien enivrante ? Ici, les graphismes en pixel art font véritablement mouche, et que l’on accroche à cet aspect graphique ou pas, il faut reconnaître qu’un soin tout particulier y a été porté. Le vent fait bouger la verdure, l’eau réagit lors du passage du protagoniste, le tout dans une ambiance dépaysante accompagné de jolies mélodies très relaxantes, que l’on prend beaucoup de plaisir à écouter. C’est un jeu très poétique dans le fond et dans la forme, sublimé par des inspirations assumées de A à Z. Tous nos confrères l’ont indiqué dans leurs papiers sur Titan Souls, mais comment ne pas évoquer un bon vieux The Legend of Zelda sur NES/SNES/GB/GBC/GBA couplé à l’immensité des affrontements dantesques d’un Shadow of the Colossus ? C’est un mélange un peu étrange quand on y pense, et qui pourtant marche à la perfection. Ou presque, puisqu’on aura noté durant notre test deux défauts, à savoir trop peu de secrets à découvrir et une durée de vie un peu trop courte. Si le premier ne nous a pas vraiment dérangé, le second point fait un peu tâche, surtout quand l’aventure se révèle être aussi délicieuse.
Verdict : 7/10
Avec son ambiance presque apaisante, tant que l’on ne croise pas le fer avec un titan, et son concept épuré, le jeu parvient à charmer tout en offrant un défi à la hauteur. On prend beaucoup de plaisir à analyser nos opposants et à trouver le moment parfait pour décrocher sa flèche avant de partir pour le prochain combat. Mais Titan Souls, ce n’est pas que des affrontements que l’on enchaîne avant de découvrir l’écran des crédits. C’est surtout un titre bourré de poésie, une sorte d’allégorie de David contre Goliath qui se déclinerait sous plusieurs formes et qui donne un sentiment de satisfaction une fois le point faible d’un titan atteint. Le cross-buy (PS4/PS VITA), les modes supplémentaires ou encore le chronomètre sont de véritables plus qui jouent en la faveur d’un jeu dont le prix ne freinera que les plus sceptiques.
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