Depuis 1929, Tintin et son garde du corps Milou (ou plutôt son mignon petit chien blanc) n’ont cessé de nous divertir. Inventé par Hergé, un dessinateur belge controversé par plusieurs polémiques éthiques, notre petit journaliste rouquin a été adapté sur bon nombre de supports qui a su convaincre : série animée, films, mais également en jeu-vidéo (notamment le mythique Tintin au Tibet de la société Infogrames). Microids décide donc de sortir de son vieux sarcophage l’un des meilleurs épisodes de la saga pour l’adapter dans nos salons, à savoir Les Cigares du Pharaon. Confié aux développeurs madrilènes de chez Pendulo Studios à qui nous devons entre autres Blacksad : Under the Skin ou la série Runaway, nous étions impatients de voir la copie finale de ce projet qui avait attiré notre attention dès son annonce initiale.
Test réalisé sur PS5 à l’aide d’une version physique fournie par l’éditeur
De bonnes idées camouflées par une réalisation hétérogène
Tintin Reporter : Les Cigares du Pharaon est un jeu d’action-aventure avec une vue à la troisième personne où vous incarnerez les deux personnages principaux : à savoir Tintin et Milou. Avec la possibilité d’interagir entre plusieurs éléments, que ce soit des PNJ ou encore des objets, il faudra trouver les bonnes combinaisons pour avancer de façon efficace dans l’aventure et cette délicate enquête que sont les Cigares du Pharaon. On alterne donc entre des énigmes vraiment bien construites, des courses-poursuites abominables aux multiples QTE à n’en plus finir et des phases d’infiltration qui auraient pu s’avérer intéressantes… si l’intelligence artificielle était au niveau. Entrecoupé de plusieurs dialogues à plusieurs choix pas réellement intéressants, le rythme du jeu est par conséquent très particulier. Si nous avons été plutôt comblés par les premières heures de jeu et notamment la fameuse scène où Tintin et le Professeur Siclone découvrent l’existence en Égypte de ces fameux cigares, il faut dire que nous avons été très patients pour finir le titre tant l’aventure s’est avérée frustrante. Or, la frustration ne vient pas des mécaniques de gameplay, mais de la finition du titre qui se détériore au fil de l’aventure.
Vous aurez affaire à de nombreuses courses-poursuites, dont celle-ci qui est très bien mise en scène
Parmi les autres phases de gameplay, on notera la possibilité d’incarner Milou (en vue FPS) mais toujours dans le même type de séquence, à savoir des tentatives d’infiltration qui sont finalement gâchées par une IA dans les choux. L’idée était vraiment intéressante mais malheureusement, la réalisation l’est beaucoup moins avec les mêmes problèmes rencontrés. Techniquement parlant, Tintin Reporter : Les Cigares du Pharaon aurait pu être un jeu acceptable, que ce soit sur PS5 ou sur les autres plateformes, mais ce n’est pas le cas. Tournant sous Unreal Engine, nous attendions mieux de l’exploitation de ce moteur graphique. Si certaines séquences sont absolument belles et rendent honneur à la grande série qu’est Tintin, d’autres sont pour le coup d’une laideur assez immensurable. Mention spéciale à une phase dans la jungle qui montre toutes les limites du studio espagnol dans l’exploitation d’un tel moteur. On remarquera notamment les animations des diverses personnages qui se déplacent comme Robocop, soit d’une rigidité absolue et qui font mal aux yeux pour un jeu datant de 2023. Le jeu a toutefois la bonne idée de proposer deux modes graphiques : performances et réaliste. Nous avons effectué le jeu en mode performances et nous avons subi de nombreux ralentissements et même parfois des freeze conséquents sans raison apparente, si ce n’est une sauvegarde automatique. À l’exception de ces ralentissements, le titre tourne en 1080p et 60 FPS dans ce mode qui peut être modifié dans le menu Options du jeu. Alors imaginez si vous décidez de jouer à Tintin Reporter : Les Cigares du Pharaon avec le mode réaliste, le résultat n’en serait que plus terrible.
Le titre regorge certes de pas mal de défauts, mais aussi de quelques qualités. Deux points nous ont conquis tout particulièrement. Tout d’abord, la durée de vie est très honnête pour un jeu de la sorte. Quand on sait que l’adaptation animé dure environ une quarantaine de minutes, Pendulo Studios propose ici une réécriture réussie qui prolonge le plaisir en détaillant au maximum les péripéties de notre journaliste, bien que les connaisseurs de la bande dessinée ne seront guère surpris par la tournure des événements. Pour arriver à bout de la quête principale, nous avons mis approximativement une dizaine d’heures, ce qui est très correct (avec une petite surprise en fin de jeu qui tease le titre du deuxième épisode). Autre point fort non négligeable de cette production, c’est sa bande originale qui est tout simplement excellente. Collant toujours très bien à l’action avec une réinterprétation réussie de plusieurs thèmes que nous croisons dans la série animée, le travail réalisé par l’équipe en charge de cette partie a été exemplaire, et ce contrairement au reste de la partie sonore… En effet, le sound-design manque cruellement de précision pour s’avérer impactant, il en est de même pour les doublages français qui ne sont pas fabuleux, loin de là. Le tout manque cruellement de caractère et le jeu des acteurs manque cruellement de tact. Bon point cependant, il est possible de choisir la langue des textes et celui des voix : à vous de voir si vous préférez jouer dans une autre langue que dans celle de Molière.
Une sortie sous opium
Il est donc de retour, et on espérait que ça ne soit pas pour nous jouer un mauvais tour… Tintin et son compagnon Milou reviennent sur consoles et PC dans un jeu d’aventure qui paraissait aux premiers abords bien sympathique avec Tintin Reporter : Les Cigares du Pharaon. Se basant sur l’œuvre originale de l’écrivain belge Hergé, cette adaptation vidéoludique s’annonçait prometteuse sur le papier, mais malheureusement une fois installée la surprise fut toute autre. Pourtant tout avait si bien commencé : après une course-poursuite rythmée avec des QTE à outrance pour récupérer un vulgaire morceau de papier, nous nous disions que cette nouvelle adaptation pouvait être la réussite escomptée, et cette impression se poursuivra jusqu’à la moitié de l’aventure. En effet, Tintin Reporter : Les Cigares du Pharaon est aujourd’hui un jeu malade : nous y avons joué majoritairement en version 1.04 et 1.05 pour votre parfaite information. Pendulo Studios aurait dû bénéficier d’un temps de développement supplémentaire pour peaufiner son titre puisque actuellement, nous avons plus l’impression de jouer à une version alpha d’un projet qui aurait pu transformer l’essai : on comprend mieux pourquoi les versions old-gen et Nintendo Switch ont été repoussées. Entre les problèmes graphiques, de collisions, des scripts qui ne se lancent pas, notre personnage qui reste bloqué dans une texture ou encore des trophées qui ne se débloquent pas automatiquement, tout est réuni pour que vous sortiez frustré de cette expérience.
Le titre est loin d’être irréprochable techniquement parlant
Pour poursuivre sur les incohérences et à l’instant où nous tapons ces quelques lignes, Tintin Reporter : Les Cigares du Pharaon ne dispose que d’un seul slot de sauvegarde (oui, vous avez bien lu…). Il est également impossible de relancer un chapitre pour compléter votre carnet de bord, ce qui vous obligera à relancer une partie depuis le début pour récupérer quelques collectables ou réaliser les quelques clichés manquants : autant vous dire que vu l’état actuel du jeu, vous y réfléchirez par deux fois avant de supprimer votre sauvegarde achevée… Disponible sur PS5, Xbox Series et PC, le titre ne prend pas en compte les fonctionnalités de la DualSense, bien dommage, car il y avait du potentiel pour exploiter cet excellent périphérique tant les phases de gameplay sont différentes et cela aurait pu renforcer l’immersion. Même les cinématiques proposées sont ratées, la faute à une compression vraiment trop importante de la vidéo originale qui fait que l’ensemble est assez flou. Rassurez-vous, elles ne sont pas nombreuses et n’apportent pas énormément de choses, mais c’est un élément de plus à noter en défaveur du titre. Vous l’aurez compris, Tintin Reporter : Les Cigares du Pharaon sort dans un état à l’extrême limite de l’acceptable.
Verdict : 5/10
Tintin Reporter : Les Cigares du Pharaon est sorti quelques mois trop tôt, la faute à une cascade de problèmes en tout genre qui heureusement nous a tout de même permis d’arriver au bout de notre quête. Si l’on pourra regretter quelques séquences (notamment les phases d’infiltration ou de course-poursuite aux multiples QTE) vraiment désagréables à parcourir, le jeu avait un potentiel évident qui n’a pas su être exploité correctement. Avec une réécriture efficace de l’œuvre sortie en 1934, les énigmes sont plaisantes à décoder et même si la difficulté a pu nous sembler difficile par moments, nous avons toujours su trouver une solution après quelques minutes de réflexion. Par ailleurs, la bande-son s’avère tout simplement excellente, petit bémol sur la version française qui n’est malheureusement pas au niveau. Fan que nous sommes, le tout est finalement une réelle déception : les fans de Tintin méritaient mieux.
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