Après quelques années sans jeu à l’effigie de la petite balle jaune, 2024 aura apporté avec lui deux productions aux ambitions et objectifs bien distincts. Après un Top Spin 2K25 attendu et convaincant, mais pas exempt de tout reproche lors de sa sortie, c’est le grand jour pour TIEBREAK de rentrer sur le court. Exit le gameplay connu proposé par 2K Games, et bienvenue à une simulation pure et dure de tennis avec un roster qui le ferait passer pour un novice. Mais cela sera-t-il suffisant pour prendre la place de n°1 mondial ?
Test réalisé sur PS5 grâce à une version numérique fournie par l’éditeur
Un partenariat fructueux
Avant de nous pencher sur le jeu en lui-même, il nous paraît important de situer le contexte de cette production qui est une petite victoire pour les amateurs de tennis. Le football dans le monde est régi par la FIFA, le basket international par la FIBA, et le tennis par l’ITF (International Tennis Federation). L’ITF est donc responsable de l’organisation des tournois du Grand Chelem, mais également de la Coupe Davis et la Billie Jean King Cup qui ont réuni donc les hommes et les femmes sur ces compétitions. En dehors de ces tournois majeurs, le tennis est découpé en deux circuits : les hommes avec l’ATP et les femmes avec la WTA. Big Ant Studios et Nacon ont donc réussi à nouer un partenariat avec ces deux circuits pour concevoir un jeu de tennis officiel : TIEBREAK. On retrouve donc avec grand plaisir l’ensemble des Masters 1000, 500 et 250 (ainsi que quelques challengers en mode Carrière) avec les courts officiels. En revanche, pas de reproduction à l’identique des quatre tournois du Grand Chelem (Roland-Garros, l’Open d’Australie, Wimbledon et l’US Open qui commence très prochainement) puisque la licence est exploitée par 2K Games. Toutefois, on retrouvera ces lieux avec des noms officieux dès lors que ces tournois permettent aux vainqueurs d’empocher 2000 points supplémentaires pour son classement : une mécanique indispensable pour tout mode Carrière qui se respecte.
L’autre gros point fort de cette alliance, c’est sans conteste le casting de joueurs et de joueuses proposé au lancement de TIEBREAK. Top Spin 2K25 en comptait 25, TIEBREAK en compte plus d’une centaine : 120 joueurs pour être totalement précis (54 femmes et 66 hommes), légendes incluses. Il s’agit aujourd’hui de l’un des seuls jeux qui soient disponibles sur les dernières consoles disposant notamment de l’ancien et apprécié Big 4 : Nadal, Djokovic, Federer et Murray. Seul petit bémol, les statistiques de ces mythes qui prennent les statistiques en fin de carrière et non à leur apothéose : voir un Juan Martin Del Potro avec un petit 77 de général, ce qui en fait l’un des pires joueurs du jeu. Néanmoins, les notes proposées sont globalement justes, bien qu’un peu élevées pour certains joueurs à notre humble avis. Chaque joueur a eu droit à une modélisation quasi-parfaite (via une capture avancée à l’instar d’EA Sports FC ) de la part de l’équipe de développement et le rendu final est impressionnant sur ce point : mention spéciale à Jo-Wilfried Tsonga qui est criant de réalisme. Même les arbitres de chaise sont de la partie : on notera la présence du célèbre français Kader Nouni (le Barry White du tennis pour les intimes) ou encore chez les femmes de la norvégienne Julie Kjendlie.
Modes de jeu et personnalisation à la pelle avec une carrière convaincante
TIEBREAK dispose de plusieurs fonctionnalités attendues pour un jeu de tennis, que ce soit en local ou en ligne, avec un petit pied de nez à son concurrent direct : la connexion permanente à Internet n’est pas obligatoire pour jouer à l’ensemble des modes hors ligne. On se retrouve donc avec un mode Exhibition pour jouer en simple ou en double jusqu’à 4 joueurs en local avec une fonctionnalité pertinente : l’enregistrement d’une partie à instant T pour la reprendre plus tard avec de multiples slots de sauvegarde à disposition. On peut également jouer un tournoi complet sur les courts officiels ATP/WTA avec un tableau simulé par l’ordinateur. Si vous préférez simplement enchaîner des tournois sans fil rouge ni aspect gestion, c’est le mode de jeu que nous vous préconisons seul. Sur la jaquette des diverses éditions avec Coco Gauff, Novak Djokovic dispose lui aussi d’un mode de jeu à son effigie retraçant les plus importantes victoires du numéro 2 mondial actuel avec même la prise en compte de sa dernière victoire à Roland-Garros… lors des derniers Jeux Olympiques Paris 2024. Vous aurez des objectifs principaux et facultatifs à remplir, comme remporter le match sur un ace ou encore que votre adversaire marque moins de X jeux dans un set.
Néanmoins, le principal mode de jeu plébiscité par tous est le fameux mode Carrière : vous pouvez choisir de créer un nouveau personnage ou de partir d’une star déjà existante. Au début, il y existe un semblant de scénario avec une mise en scène intéressante, puis nous voilà lâchés dans la nature avec comme seul objectif la place de numéro 1 mondial. Ce qui fait plaisir, c’est de voir le nombre de faux joueurs qui existent puisque nous débutons non pas à la 80e place comme sur Top Spin 2K25, mais bien aux alentours de la 1300e place. Il va donc falloir se faire une réputation et construire son palmarès en passant par les tournois challengers (notamment celui de Quimper), puis petit à petit les Masters jusqu’aux tournois du Grand Chelem. Bien entendu, si vous choisissez une carrière femme, vous serez sur le circuit WTA et en tant qu’homme, direction le circuit ATP. Comme d’habitude, il faudra jongler entre tournois et repos pour ne pas se blesser inutilement en gérant bien son agenda. Par ailleurs, il existe un côté gestion très intéressant avec la possibilité de nouer des partenariats pour gagner de l’argent supplémentaire. Cette monnaie servira à payer votre staff, optimisant particulièrement votre récupération entre les matchs, votre récupération lors des voyages, etc. Le gain de niveau permettra également d’augmenter nos statistiques, mais malheureusement en 3/4 heures sur le titre, il a été impossible d’améliorer notre joueur : très certainement un énième bug du titre…
Petite cerise sur le gâteau et non des moindres, la personnalisation de TIEBREAK est poussée avec la possibilité de créer ses propres joueurs… mais également ses courts de tennis (oui, vous avez bien lu) mais aussi des logos pour ses équipements. Le tout est plutôt intuitif, même si nous aurions apprécié un petit guide pour la création des courts qui demande de découvrir par soi-même les multiples possibilités. En plus, tout est entièrement partageable avec l’ensemble des joueurs, et ce, peu importe leur plateforme de jeu. Il est donc possible de récupérer les créations d’autres joueurs qui n’hésitent pas à réaliser les quelques joueurs manquants : on pense notamment à Gaël Monfils ou encore Lorenzo Musetti. Si le jeu réussit à se forger une solide communauté, nul doute que les fans sauront réaliser d’incroyables prouesses proposant du contenu supplémentaire non négligeable. Enfin, le mode en ligne fonctionne bien en ce lancement avec la prise en charge du cross-play (désactivable dans les menus du jeu). Vous avez la possibilité de faire des parties rapides qui compteront pour le classement en ligne, mais également des parties personnalisées pour jouer avec des amis. Enfin, un mode Tournoi complète les possibilités avec un court et un format imposé pendant quelques jours.
Un gameplay qui se cherche encore
La prise en main d’un jeu de tennis constitue 70% de sa réussite, et Big Ant Studios a cherché la bonne formule après de nombreuses phases en accès anticipé. N’oublions qu’il s’agit du studio derrière notamment la licence AO Tennis et que déjà à l’époque, le gameplay n’avait pas reçu une réception positive de la part des joueurs. Ce TIEBREAK propose ainsi un gameplay nettement plus technique que son concurrent qui découragera les joueurs d’apéro ou les novices de la discipline. Ici, le gameplay est taillé pour les joueurs IRL, puisqu’il faudra une bonne compréhension du sport et des stratégies pour pouvoir enchaîner de longs échanges. Déjà, et contrairement à de nombreux autres jeux du genre, le filet n’est pas que présent pour faire joli puisque vous mettrez de nombreuses balles dans ce dernier. La faute notamment à un jeu en lift obligatoire pour passer la balle au-dessus de la bande blanche. Autant vous dire que les joueurs du dimanche disposant d’un jeu à plat ne passeront pas un excellent moment sur le titre.
Ainsi, les coups liftés seront obligatoires dans 90% des cas, avec 10% restants pour les coupés et les coups à plat qui seront uniquement utiles pour attaquer lorsque le rebond de la balle sera haut. Pour comprendre ce gameplay, il est possible d’afficher spécifiquement la trajectoire et les rebonds via les paramètres du jeu. Le didacticiel est donc obligatoire avant de rentrer sur le court, sachant qu’il existe bon nombre de techniques à maîtriser. Par exemple, comme la capacité à sprinter avec L2 et R2 (selon si vous allez à gauche ou à droite) pour aller chercher une balle, ou encore le renvoi de cette dernière qui arrive rapidement dans nos pieds. Concernant le jeu à la volée, il est parfois difficile à appréhender, mais vous n’aurez que très peu de possibilités d’y monter puisque vous gagnerez rapidement le point face à votre adversaire en lui faisant faire l’essuie-glace (IA en difficile). Le retour de service est également délicat, car si vous êtes pris à contre-pied, aucune possibilité de renvoyer la balle ne vous est donnée, le titre vous bloquant inlassablement dans votre redémarrage.
Enfin, il y a un aspect qui divise les joueurs, et à raison puisque le service est une clé importante d’un match. Sans un bon service, il est difficile de remporter la partie et dans TIEBREAK, il vous faudra quelques heures d’entraînement avant de parfaitement le maîtriser. La faute notamment à cette mécanique de lâcher le bouton de frappe lorsque cette dernière est en hauteur : maintenir X pour un service risqué, et O pour un service assuré. Néanmoins, en fonction du personnage et de la façon dont le joueur lance sa balle, il faudra connaître et maîtriser chaque timing pour exploiter le service de façon optimale. Afin de se familiariser avec le gameplay et ainsi prendre du plaisir sur le jeu, comptez environ 5h sur le titre dans le but d’avoir un niveau correct, sans pour autant maîtriser toutes les facettes d’un gameplay sûrement trop exigeantes et punitives pour un jeu vidéo. De notre côté, les deux premières heures ont été terribles : entre les balles dans le filet ou en hauteur à cause d’un mauvais choix technique et les doubles fautes par dizaines, il fallait un mental d’acier pour ne pas lâcher le jeu.
Un manque de finition fort préjudiciable
Vous l’aurez compris, la sortie de TIEBREAK s’effectue après de nombreux mois en accès anticipé, et on se demande si à part la recherche du bon équilibre du gameplay, les développeurs n’ont pas mis de côté la résolution de bons nombres de problèmes nuisant à ce côté simulation. Ce qui est frappant tout d’abord, c’est le manque de finition globale de cette version que l’on nommera 1.00 puisque le jeu est disponible dans nos boutiques. Si l’interface est bien pensée et facile d’accès, on rechignera fortement sur une traduction incomplète du titre : entre les phrases (écrites) en anglais lors des dialogues en mode Carrière et des parties du menu qui n’ont pas été traduites pour des raisons que nous ignorons, le jeu aurait mérité quelques mois supplémentaires pour peaufiner sa localisation. Sans compter de ce fait les problèmes UX/UI associés avec des coupures après des apostrophes ou ce genre de bévue que nous ne pouvons valider en 2024.
Autre problème plus notable désormais, la qualité des animations qui n’est vraiment pas à la hauteur. Si pendant une rencontre, notre personnage s’en sort correctement, les transitions sont mal animées, avec même par moments des téléportations sur le court… Le reste du court n’est pas bien modélisé : les modèles pour les spectateurs sont acceptables, mais l’animation de ces derniers est trop robotique et certaines textures sont catastrophiques, notamment les alentours. Pour être encore plus pointilleux et toujours à la recherche de la meilleure simulation possible puisque le jeu est vendu de la sorte, pourquoi mettre des chaises pour les juges de ligne alors que ces derniers ne sont pas présents sur le court ? Bien que l’arbitrage automatique soit aujourd’hui de la partie, on se dit que les australiens n’ont pas pensé à tout et qu’ils ont repris des assets des jeux précédents. Enfin, que penser des annonces du juge de chaise stéréotypées avec une fois sur deux le fameux « Quiet please », sans oublier par la présence d’une voix uniquement masculine alors que nous avons eu des arbitres de chaises féminines. Par rapport aux annonces, les noms des joueurs n’ont pas été doublés, vous entendrez juste l’arbitre dire « Game », ou « Game, set and match ».
Plus embêtant néanmoins, nous avons eu droit sur PS5 à plusieurs chargements infinis qui nous ont contraints à quitter le jeu pour le redémarrer. Pire encore, lors du mode Carrière, nous avons eu droit à un joli message comme quoi notre sauvegarde était corrompue suite à l’arrêt du jeu et qu’il fallait repartir sur une sauvegarde précédente (heureusement, seulement quelques minutes ont été perdues). Sans compter les problèmes de son avec des frappes qui ne sortent pas correctement et une coupure pendant quelques secondes de l’aspect audio du titre. Certains diront que tout ce que nous avons énuméré sont des détails parmi tant d’autres, mais nous pensons sincèrement que le jeu n’était pas fini et pas encore prêt pour sortir dans nos rayons, et ce, notamment sur consoles. Quelques mois de peaufinages supplémentaires auraient été appréciés afin de livrer une version stable et cohérente de TIEBREAK. Toutefois, l’espoir est permis puisque depuis la réception du jeu en ce début de semaine, la version PS5 de TIEBREAK a déjà reçu trois mises à jour, démontrant le support entrepris par les développeurs et une certaine connaissance des problèmes rencontrés par les joueurs.
Verdict : 5/10
TIEBREAK est un premier essai s’appuyant sur des fondations solides telles que son casting ultra complet, sa personnalisation poussée et un mode Carrière bien plus intéressant que celui de son concurrent, mais le tout est malheureusement ruiné par un jeu qui sort dans un état catastrophique dans nos étalages en raison d’un manque de finition certain. Malgré de nombreux mois en early access, TIEBREAK ne nous a pas pleinement convaincu manette en main et demandera de l’investissement pour maîtriser un gameplay très exigeant qui en frustrera plus d’un. On retiendra cependant une réalisation des joueurs ultra poussée qui a fait mouche dès le premier lancement, il est seulement dommageable que les alentours n’aient pas profité du même soin. Nous vous recommandons ainsi d’attendre les prochaines mises à jour avant d’essayer ce jeu au potentiel totalement sous-exploité qui aurait mérité plusieurs mois supplémentaires de développement avant de sortir dans une version 1.00 stable.
Laisser un commentaire