Après des années d’existence – et surtout de gloire -, Geralt de Riv revient sur le devant de la scène grâce à la monture Nintendo Switch qui a débarqué très récemment dans une Complete Edition (comportant les extensions Hearts of Stone et Blood & Wine). Alors que nous avions déjà été exaltés par ce voyage au cœur du Continent, monde peuplé de créatures étranges, humains et Sorceleurs, plusieurs questions, accompagnées de quelques doutes, se sont posées à l’annonce du portage : est-ce qu’il parviendra à rendre justice au soft de base, disponible jusqu’alors sur PlayStation 4, Xbox One et PC ? C’est ce que nous allons découvrir en nous posant cette problématique centrale : alors, ça Switche vraiment ?
Test réalisé sur Nintendo Switch grâce à une copie numérique de la Complete Edition envoyée par l’éditeur depuis les belles tavernes de Novigrad
Une ‘décoction’ de rappel
Vous prendrez bien une gorgée de la potion « chat amélioré » (permettant de voir dans le noir le plus total) grâce à ce récapitulatif du scénario de The Witcher 3 afin d’y voir un peu plus clair ? Pour tous ceux d’entre vous qui n’ont pas mis les mains sur le fameux titre de CD Projekt Red – il aurait fallu vivre dans une grotte pour cela, on vous l’accorde – il convient de rappeler les événements scénaristiques de ce troisième opus The Witcher. À l’inverse, nous ne parlerons pas en profondeur du contenu du jeu, tant au niveau de son gameplay, son bestiaire et ses mécanismes de jeu, puisque nous avions traités ces éléments dans le test original (disponible à cette adresse). Pour tous nos autres lecteurs qui ont déjà traversé en long et en large cet opus, vous pouvez passer au paragraphe suivant sans aucun soucis.
Dans The Witcher 3: Wild Hunt, nous incarnons le Sorceleur Geralt de Riv. Doté de pouvoirs magiques suite à sa mutation à l’école de Kaer Morhen quelques années plus tôt, le Sorceleur beau gosse, aux yeux perçants et à la chevelure blanche, vaque de villages en villages afin de débarrasser les habitants des créatures les plus terrifiantes (goule, loup-garou, etc.). Vivant généralement de petits contrats en petits contrats pour remplir sa bourse de quelques pièces d’or, ce troisième opus lui réserve une aventure beaucoup plus risquée et d’une plus grande ampleur. Après la cinématique d’introduction, nous retrouvons Geralt, accompagné de Vesemir, son mentor. Les deux hommes sont en quête d’une jeune femme nommée Yennefer. Amante de toujours, et surtout depuis la rencontre avec un Djinn (narrée dans le premier livre de la saga Le Sorceleur, écrit par Andrzej Sapkowski), il la recherche coûte que coûte. Après plusieurs enquêtes et une tête de griffon récoltée au passage, il découvre qu’elle travaille pour Emhyr Var Emreis, le père adoptif de la jeune Ciri, qui lui donne une mission de la plus haute importance : retrouver la jeune fille à tout prix. Évidemment, cela ne sera pas aussi simple. Geralt sera amené à traverser les nombreuses régions du Continent (Blanchefleur, Velen, Novigrad, Skellige) pour retrouver Ciri, traquée elle-même par les chevaliers funèbres de la Chasse Sauvage qui convoite son grand pouvoir. Eh oui, c’est sur ce cliffhanger que nous vous laissons sans explications supplémentaires… le reste étant à découvrir par soi-même.
Rappelons que la Complete Edition du soft disponible sur Nintendo Switch s’avère être la copie conforme de la version Game of the Year sortie sur consoles et PC. De ce fait, elle comporte bien évidemment le jeu de base mais aussi les deux extensions narratives que sont Hearts of Stone et Blood & Wine. Première extension sortie, Hearts of Stone embarque les joueurs dans une nouvelle aventure qui se révèle assez sombre : missionné par Gaunter de Meuré (personnage que l’on voit dès le début du soft principal), Geralt a pour objectif de tuer le chef des brigands, Olgierd Von Everec. Sauf que ce dernier est immortel… Autant dire que la quête s’annonce plutôt ardue n’est-ce pas ? Ce nouvel arc narratif emporte ainsi les joueurs dans une aventure introduisant de nouveaux personnages, monstres et lieux pour une dizaine d’heures.
Saluée par la critique et ayant remportée de nombreuses récompenses, la deuxième extension nommée Blood & Wine est quant à elle beaucoup plus conséquente niveau contenu et durée de vie (comptez une trentaine d’heures). Cette fois-ci, il faudra enfourcher Ablette et partir en destination d’une contrée lointaine et merveilleuse : Toussaint. Encore une fois, Geralt est appelé au secours par la Duchesse de la région car une créature assoiffée de sang, aux griffes et dents acérés, martyrise la noblesse et fait planer un vent de terreur dans le pays. Conjuguant à la fois horreur et amour pour un effet entre fascination et répulsion, Blood & Wine marque la fin des aventures de Geralt de Riv – on ne vous cache pas que nous croisons, bien évidemment, les doigts et espérons un quatrième opus -. Mais pour l’heure, après ce récapitulatif plus aussi bref que cela, vous savez désormais ce qui vous attend avec la Complete Edition de The Witcher 3: Wild Hunt sur Nintendo Switch.
Vous avez un peu de temps après avoir dévoré votre sandwich durant votre pause déjeuner ? Allez, une petite quête secondaire sur The Witcher. Vous avez 5 minutes avant que votre programme télévisé démarre ? Allez, hop, un contrat de sorceleur
Notons que, comme dans les versions PlayStation 4, Xbox One et PC, il est possible de prendre un raccourci (avec un stuff pré-monté), soit commencer l’une des deux extensions citées précédemment sans avoir fini l’aventure principale. Ce qui est plutôt intéressant en soi, notamment pour les joueurs qui ont traversé The Witcher 3 au préalable sur les autres plateformes et désirent se plonger dans les nouvelles aventures de Geralt sans avoir à tout recommencer sur la monture Nintendo Switch.
Ça Switche moyen !
À l’annonce de la sortie du portage des aventures de The Witcher 3: Wild Hunt sur la dernière console de Nintendo, notre esprit a été assailli de nombreuses questions et surtout de doutes, notamment quant à la qualité : est ce que le soft sera aussi plaisant sur cette plateforme ? Saber Interactiv, en charge du portage, parviendra t-il à garder la sublime de cet opus malgré une console en deçà des autres du point de vue de la technique ? Un pari très osé qui trouve ses réponses dans ce qui suit. Avant ça, notons que comparer le soft selon une version Switch et une autre PlayStation 4 est un mécanisme, voire un réflexe, que nous avons eu comme beaucoup d’autres joueurs. Pour autant, la comparaison n’est pas applicable en soi tant il existe un gouffre technique entre les deux consoles – et encore, on ne parle pas de la version PC, pour ne pas vous effrayer -. De ce fait, il convient davantage de parler de la qualité du portage en tant que tel, plutôt que de plonger dans le tourbillon de la comparaison, afin de savoir s’il s’en sort ou non.
La réponse est assez mitigée, à ce stade. Prenons tout d’abord en compte le mode docké qui, on va pas le cacher plus longtemps, fait un tantinet grincer des dents. En effet, bien que la plupart des jeux sur Nintendo Switch affichent une résolution de 900 à 1080p, nous passons ici à 720p. Ce décalage suffit amplement pour être perçu à l’écran : on remarque notamment un effet de flou constant sur les paysages et les extérieurs, bien plus que sur les personnages en eux-mêmes. Comprenez nous : nous avons eu l’impression que les détails sur les personnages étaient suffisamment présents et que ceux-ci avaient eu toute l’attention des développeurs, tandis que les paysages souffrent réellement du point de vue visuel. Les arbres sont beaucoup moins vivants et sont léchés à souhait, leur donnant ainsi un aspect presque cartoonesque dans leurs mouvements. Par ailleurs, les différentes maisons et tavernes que l’on peut visiter souffrent du même problème. Quelques couchers de soleil arrivent à sauver un petit peu le tout mais c’est vraiment léger. Autant dire qu’avec cet effet de flou, les créatures sont aussi beaucoup moins inquiétantes et ressemblent parfois à un sac à pixels alimentés de textures un peu baveuses, ce qui ne rend clairement pas gloire au soft. Bien entendu, tous ces éléments sont plus ou moins flagrants en fonction de la taille et de la qualité du téléviseur utilisé. C’est en tout cas ce que nous avons pu remarquer sur une TV standard d’environ 90 cm. Heureusement, la Switch a une autre carte à mettre sur la table : son mode portable.
Force est de constater que cela se passe tout de même mieux en portable. On note une résolution en 540p qui, malgré qu’elle soit plus basse qu’en mode docké, reste plus acceptable Switch en main. Évidemment, les effets visuels négatifs et un peu baveux sont nettement moins notables en mode portable et on arrive plus facilement à se plonger dans l’aventure sans rouspéter toutes les deux minutes. Eh oui, pouvoir emmener Geralt et toute la compagnie, aussi joyeuse, intéressante et grotesque qu’elle soit, partout où l’on va est jouissif. Vous avez un peu de temps après avoir dévoré votre sandwich durant votre pause déjeuner ? Allez, une petite quête secondaire sur The Witcher. Vous avez 5 minutes avant que votre programme télévisé démarre ? Allez, hop, un contrat de sorceleur. On vous voit venir de loin : oui, cet argument est applicable à tous les jeux sur Nintendo Switch, mais là plus qu’ailleurs, ça fonctionne et c’est réellement intéressant. D’autant plus qu’il faut compter bien une soixantaine d’heures pour finir l’aventure principale et une quarantaine d’autres en tout pour les deux extensions. Ainsi, avoir l’opportunité d’avancer de petites sessions en petites sessions est vraiment sympa.
Dans tous les cas, que ce soit en mode docké ou en portable, la version Switch souffre de quelques baisses de framerate. Elles sont notamment plus perceptibles lorsque l’on se balade dans une grande ville comme Novigrad, qui est assez chargée en éléments décoratifs et bâtiments. On s’y attendait tant c’était un peu couru d’avance. De manière générale, le soft tourne entre 25 et 30 images par seconde, ce qui impacte malheureusement la fluidité par des saccades plus ou moins importantes. D’ailleurs, bien que certains journalistes de la presse spécialisée imputent des chargements longs à ce portage, ils sont tout aussi présents dans les autres versions, notamment les consoles. De ce fait, cet argument semble, pour nous, tomber à l’eau. Si comparer ce portage aux autres versions est un réflexe presque incontrôlable, il faut s’assurer de le faire de fond en comble et ne pas omettre certains détails. Mais ça, c’est une autre question.
Rendre à César ce qui est à César
Si le tout semble assez négatif d’après les derniers paragraphes, il faut tout de même rendre à César ce qui est à César et faire justice à Geralt. En effet, nous nous sommes davantage intéressés à la qualité du portage bien plus que ce qu’il n’a à offrir. Ce qu’il convient de rappeler est surtout le fait que le portage sur Nintendo Switch ne pouvait nécessairement pas, et ce depuis le début, avoir une qualité aussi bonne que les autres versions. En achetant cette édition (pour 49.99€, prix conseillé), il faut être prêt à quelques sacrifices. Cette version est davantage intéressante pour son côté « je peux l’emmener partout ». Pour cela, il faut être prêt à sacrifier la qualité visuelle et encore, comme dit précédemment, ça fonctionne assez bien en mode portable. Passé la première heure de jeu, on se plaît franchement à parcourir les aventures de Geralt, si tant est que le scénario et les mécanismes de jeu nous plaisent et nous accrochent. De ce côté là, on notera que, bien qu’il y ait quelques soucis de framerate, l’ambiance du jeu original est très bien retranscrite Joy-Con en main. Les cutscenes et cinématiques sont assez impressionnantes et de bonne qualité, en revanche.
Côté maniabilité, la Switch n’a pas à rougir des performances des autres consoles tant le tout est assez intuitif. On retrouve les actions basiques, comme sauter et sprinter avec les boutons A et B, ce qui n’est pas du tout dépaysant. L’accès au menu rapide, répertoriant les raccourcis vers les armes, décoctions et sorts, est accessible avec la touche L. Après avoir sélectionné un sort il suffit d’appuyer sur ZR. Le menu est à une portée de clic, grâce à la touche +. On ne va pas vous faire le détail de toutes les commandes d’action, mais nous remarquons que le tout est très intuitif. Si tant est que vous ayez déjà parcouru le jeu sur PlayStation 4 ou Xbox One, vous ne sera absolument pas perdu quant à cet aspect. Les mouvements de caméra, gérés par les deux joysticks, sont fluides et ça c’est vraiment plaisant, surtout quand un bonne meute de goules a décidé de faire de vous leur dîner. En soi, l’important surtout dans The Witcher, malgré que sa sublime fasse aussi son succès, est la maniabilité et le gameplay. Deux composantes que l’on retrouve dans le portage Switch, et ce de façon correcte.
Si, oui, le portage ne fait pas vraiment des merveilles, on salue tout de même la prestation qui était clairement très risquée depuis le début. Proposant d’ailleurs un rendu assez correct, dans l’ensemble, grâce à Saber Interactive. Mais on le sait, CD Projekt Red n’est pas un studio de développement qui fait dans la facilité et dans l’accessible, l’histoire de leur création en attestant (à découvrir ici grâce à notre article sur l’ouvrage L’ascension de The Witcher. Un nouveau roi du RPG).
Verdict : 7/10
Bien que nous ayons adoré – et surtout votre fidèle servante – le périple proposé dans The Witcher 3: Wild Hunt dans ses versions originelles, force est de constater que le portage sur Nintendo Switch est en demi-teinte. Effectivement, la qualité visuelle du soft est en deçà surtout en docké, mode sur lequel les textures se révèlent être très baveuses et floues. Alors qu’en portable, il s’en sort tout de même assez bien. Nous le recommanderions aux joueurs prêts à sacrifier la qualité visuelle au profit de la possibilité d’emmener le jeu partout. Pour les autres, il vaut quand même mieux préférer les versions consoles, soient PlayStation 4 et Xbox One, ou encore PC si votre monture permet de le faire tourner correctement.
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