Si les studios de développement français de renommée mondiale sont peu nombreux, il en est au moins un dont le nom revient souvent dans les conversations gaming depuis quelques années, à savoir Spiders. Après avoir travaillé sur la version Xbox 360 de Sherlock Holmes contre Jack l’Éventreur en 2009, les programmeurs de cette structure parisienne ont vite eu envie de sortir leurs propres licences. A commencer par le très moyen Faery: Legends of Avalon en 2011. Loin d’être découragée pour autant, la fine équipe développa un titre bien plus ambitieux appelé Mars: War Logs en 2013. The Technomancer, le jeu dont nous vous apprêtons à vous parler, est sa suite spirituelle.
Trois années, donc, se sont écoulées depuis la sortie du fameux Mars: War Logs. Disponible à l’époque sur PC, Xbox 360 et PlayStation 3, ce dernier avait hérité d’une réputation mi-figue mi-raisin. En effet, à l’instar de Faery, ou encore de l’audacieux Of Orcs and Men (autre jeu de Spiders, sorti lui en 2012), Mars: War Logs subissait beaucoup de problèmes techniques. Plutôt dommageable donc, d’autant que le background utilisé n’était pas inintéressant (la planète rouge fait toujours autant effet), et que certaines bonnes idées semblaient plus inabouties qu’autre chose. On en finit donc par conclure que ce qui dessert le plus aux productions Spiders est son manque de budget réellement flagrant. Quelle ne fut pas notre déception, là encore, en 2014, à la sortie de leur dernier bébé nommé Bound by Flame. Sorte de mix entre un sous-Dragon Age Origins et un épisode de Game of Thrones en dents de scie, le jeu trouva timidement son public. On y parcourait des zones ultra-fermées, le scénario n’était clairement pas à la hauteur des espérances, et son système de combat, bien qu’exigeant, rendait surtout le jeu encore plus mou et rigide qu’il ne l’était dès le départ. Visuellement, cet action-RPG ne faisait pas honneur à la PlayStation 4, et c’est sans surprise que nous attendions donc le bien-nommé The Technomancer.
Sur le papier, le dernier-né de chez Spiders a tout pour être l’action-RPG qui fera connaître le studio… en bien, cette fois ! Oui, car exit l’ancienne génération de consoles, cette fois le jeu ne sort « que » sur PlayStation 4, PC et Xbox One. On nous promet donc des zones bien plus ouvertes, un bestiaire plus varié, des graphismes bien plus fins, une fluidité beaucoup plus en adéquation avec les standards actuels, etc. Tout cela prenant place bien sûr dans le même background que Mars: War Logs. The Technomancer est donc le 5ème jeu de cette petite équipe française basée à Paris (le 8ème si l’on compte leurs travaux effectués pour d’autres compagnies), et probablement le plus attendu de tous. Une attente entretenue par les quelques trailers éparpillés sur plusieurs mois et les vidéos de gameplay commentées par les développeurs eux-mêmes. Focus, l’éditeur, a également mis les petits plats dans les grands en terme de campagne marketing, et on sent bien que la volonté est ici de placer The Technomancer au même rang que les action-RPG les plus connus, dont il s’inspire d’ailleurs à outrance. Mass Effect, pour ne citer que lui. Il allait donc de soi que le tarif éditeur serait à la hauteur des ambitions du studio, soit 54,99 € sur PlayStation 4 pour être précis. Une addition qui s’avère honnête si l’on prend en compte le coût de « fabrication » d’un tel jeu… Ce n’était apparemment pas suffisant.
Tout commence quand on vient de terminer l’installation du jeu. Ce dernier pesant 7.8 Go sur PlayStation 4, on se dit instinctivement que le terrain à parcourir dans le monde de The Technomancer est soit vide, soit minuscule, soit très laid. Les trois choix étaient possibles, et ils ont tous répondu à l’appel ! Et ce, dès le menu principal d’ailleurs. Un simple plan sur une canalisation, nous faisant découvrir par la même occasion des textures baveuses, d’un autre âge, et du flou à foison. Le menu en lui-même étant un concentré de tout ce qui ne se fait plus depuis 10 ans dans l’industrie du jeu-vidéo. Pour autant, le jeu nous laisse le choix de faire plusieurs sauvegardes (un très bon point donc, pour ceux qui voudraient tenter plusieurs parties), ainsi que plusieurs modes de difficulté (Facile, Normal, Difficile, Extrême). La cinématique d’intro nous rassure d’ailleurs tout de suite, l’univers martien que l’on espérait tant retrouver semble bel et bien de la partie. Les personnages que l’on nous montre ont l’air d’avoir été soignés, à plus forte raison les mutants, et les effets de lumière font mouche. On note tout de suite que le doublage n’est disponible qu’en anglais (dommage pour un jeu français, serions-nous tentés de hurler, mais soit !), et que les sous-titres sont de taille extrêmement réduite, en plus d’être blancs… Mauvais point ! D’ailleurs, avant même que l’on ait pu finir de lire la trame principale que l’on nous contait, on se retrouve devant l’écran de création de personnage. Et alors là, autant vous dire que le soufflé retombe quasiment instantanément.
Pas de possibilité de choisir un patronyme (notre « héros » s’appellera Zachariah Mancer, et pas autrement), 4 ou 5 couleurs de peau se battent en duel, aucune pilosité faciale disponible, changement de la couleur des yeux invisible à l’oeil nu justement, à peine quelques visages possibles (et tous très moches), ce premier pan du jeu nous a fait très mauvaise impression. Disons pour être clair que c’est surtout l’immersion qui en prend un coup, après tout nous sommes bien censés être dans un RPG, non ? Suite à ça, vous devrez choisir de placer vos points de talents dans les menus contextuels correspondants, et ce, pour régir en quelque sorte vos débuts dans cette aventure martienne (préférerez-vous la Force à l’Agilité, ou bien choisirez-vous la Science et le Charisme d’un beau parleur ?). Toute cette introduction à base de menus représente la meilleure partie du jeu. Non, vous ne rêvez pas. A partir de là, vous vous apprêtez à faire un voyage de 30 heures (si vous avez le courage d’aller au bout) dans un jeu d’un autre âge, où les animations prêtent à sourire, où les graphismes et la direction artistique vous feront vous demander si vous n’avez pas acheté par erreur une éventuelle version PlayStation 3, où les bugs vous feront tantôt hurler de rire, tantôt pleurer à chaudes larmes (lorsque des quêtes ne pourront plus se lancer, par exemple)…
Nous avons pour notre part assez mal compris comment The Technomancer avait pu sortir en l’état. Lorsque des jeux comme Dragon Age Inquisition et/ou Mass Effect 3 (déjà plus ancien) ont absolument donné le meilleur d’eux-mêmes, et donc par extension le meilleur de l’action-RPG divisé en zones semi-ouvertes, le nouveau bébé de Spiders ne peut décidément rien apporter au genre. Car non seulement son budget initial ne lui permet pas d’aller là où le studio veut aller, mais surtout, on en vient à se demander si les développeurs en question en ont seulement la capacité. Fort heureusement, et c’est là-dessus que nous tenons à insister, The Technomancer bénéficie d’un système de combat des plus jouissifs. En effet, nul besoin de se spécialiser en quoique ce soit, tout le monde sera logé à la même enseigne et pourra alterner à la demande entre 3 styles de postures : le Guerrier (maniant le bâton façon Nightwing), le Roublard (maniant le pistolet dans une main, et le poignard empoisonné dans l’autre), ainsi que le gardien (une masse ou un marteau dans une main, un bouclier dans l’autre).
Le tout se marie très bien, et comme nous vous le disions plus haut, on switche très rapidement / facilement en plein combat. Ce ne sera d’ailleurs pas de trop au vu de la relative difficulté des affrontements en question. Que ce soit face aux petites frappes du quartier chinois, aux mafieux lourdement armés, ou même contre les bestioles intergalactiques, vous devrez absolument faire attention à tous vos faits et gestes si vous ne voulez pas finir en hot-dog martien ! A la manière d’un Dark Souls (ou d’un Bound by Flame, donc), l’esquive sera votre plus grande alliée. Sans elle, c’est la mort assurée. A vous, donc, de bien gérer votre timing, vos compétences de technomant (le coup de foudre n’aura ici jamais aussi bien porté son nom), vos potions de soin, votre équipement (un système de craft via des ateliers est également disponible), mais également vos équipiers. Oui car, au cas où vous ne le sauriez pas, dans l’espace personne ne vous entend crier ! Et même si cette tirade, nous vous l’accordons, était un brin téléphonée, il sera tout de même primordial de veiller sur vos compagnons. Cinq collègues seront en effet disponibles dans l’aventure, et il vous incombe de les habiller… Enfin, en tout cas de les équiper. Ne négligez ni cet aspect, ni le fait de leur donner des ordres en combat (posture neutre, offensive, ou défensive), sans quoi vous ne ferez clairement pas long feu sur cette planète des plus hostiles !
The Technomancer propose donc un challenge relevé, voire même intéressant dès lors qu’il s’agit de se battre et de grapiller des points d’XP à tire-larigot. On notera également que le jeu n’impose aucune limite de levelling. Un bon point donc, pour les plus acharnés d’entre vous. Une bonne idée assurément, mais encore une fois entachée par tout le reste. Le jeu sort dans le commerce sans finition aucune (nous n’osons même pas imaginer ce à quoi nous aurions eu droit avant le patch 1.01 disponible depuis maintenant plusieurs semaines) et ressemble finalement plus à une version bêta qu’à autre chose. Le doublage anglais (le seul à être présent, rappelons-le) est tellement surjoué qu’on en viendrait presque à zapper les dialogues, déjà interminables en soi. Tandis que les quêtes s’enchaînent et se ressemblent, sans jamais se montrer intelligentes, voire intéressantes. Par ailleurs, les bugs mais aussi les temps de chargement d’une longueur affolante entre chaque zone ont réussi à nous achever. Seules les musiques peuvent avoir l’air dans le ton la plupart du temps, et c’est déjà énorme en soi lorsque l’on voit le gâchis qu’est finalement The Technomancer d’une manière globale. A l’instar du scénario du jeu, on n’y croit pas une seule seconde, ou en tous les cas on n’y croit plus… Gageons que Spiders saura prendre de meilleures décisions à l’avenir.
VERDICT : 4/10
Cinquième jeu original des parisiens de chez Spiders, The Technomancer est sur le papier l’aboutissement d’un Mars: War Logs un brin trop ambitieux à sa sortie. Pourtant, en pratique, le dernier-né du studio français est décevant sur de trop nombreux points, de son aspect visuel à sa partie sonore, en passant par son aspect technique d’un autre âge. Le jeu n’est néanmoins pas totalement dénué de qualité, à commencer par son système de combat plutôt intéressant, ainsi que sa durée de vie respectable.
Hinata
28 juin 2016 at 20 h 22 minC’était couru d’avance…malheureusement. C’est quand même dommage.
J’espère qu’un jour Spider va surprendre tout le monde avec un prochain jeu.
Je leur souhaite beaucoup!
Cryo
28 juin 2016 at 20 h 47 minJ’allais dire la même chose que toi, hinata. Et au vu de ce que j’ai lu, 4 me parait même beaucoup mais je respecte la notation de Maxou (Un mec qui arbore avec autant de classe un tel casque ne peut mériter que le respect :o) ).