Après avoir largement conquis le public et la presse sur PC/Mac, The Talos Principle débarque en ce mois d’octobre 2015 sur PS4. L’occasion pour bon nombre de joueurs de découvrir, près d’un an après sa sortie initiale, cet intriguant puzzle game signé Croteam (les créateurs… des Serious Sam) dans une édition Deluxe qui comprend également l’extension Road to Gehenna.
Si vous avez déjà entendu parler de The Talos Principle dans un article ou lors d’une conversation, il est probable que le nom de Portal 2 s’en est suivi. Pour cause, ces deux jeux semblent aborder à première vue des mécanismes de gameplay similaires : puzzles sous forme de salles isolées, vue à la première personne par défaut, utilisation de cubes et lasers… Les références pleuvent et ne laissent plus trop de doute quant à l’inspiration de Croteam, au point même d’en glisser un très sympathique easter egg. Mais au-delà des apparences, The Talos Principle possède -fort heureusement- bien sa propre identité.
QUE FAIS-JE ?
C’est sans contexte spécifique que vous vous réveillez dans la peau d’un androïde amnésique, guidé par la seule voix d’un certain Elohim. Sous ce nom, qui peut se traduire par « Dieu », se cache votre créateur à la figure très paternelle. Posant vos pieds dans son jardin, vous allez être amené à prouver votre bonne foi et reconnaissance envers lui en parcourant ses temples, eux-mêmes composés de multiples puzzles. La clé de votre périple consiste donc à les résoudre, afin de récupérer des sigils (pièces de Tetris) pour espérer parvenir à la fameuse récompense de la vie éternelle.
Rapide à prendre en mains, The Talos Principle met à disposition du joueur une panoplie restreinte de mouvements, comme courir/sauter/faire une action. L’aventure démarre alors avec des casse-têtes faciles à appréhender, qui nécessitent peu d’outils. Car c’est progressivement que le potentiel du titre va prendre tout son sens, en explorant des lieux de plus en plus complexes (pour ne pas dire diaboliques) qui feront frémir de plaisir les amateurs du genre. Nos méninges en ont en tout cas fait les frais.
Il est assez intéressant de voir en effet comment les salles de puzzles sont construites, certaines demandant d’ailleurs une pure réflexion. De plus, terminer un parcours oblige l’utilisation d’un nombre imposé de mécanismes. Pour citer quelques exemples, il est possible de poser des brouilleurs afin de faire disparaître des barrières ou bien perturber les systèmes d’une tourelle, placer des connecteurs uniques pour détourner des lasers de couleurs différentes, sauter sur des cubes, activer des ventilateurs, se dédoubler… Autant de moyens qui peuvent être employés en même temps, selon le niveau de la pièce (facile, moyen ou difficile). S’il est assez compliqué d’expliquer clairement tous ces concepts, le genre tendant plus à être démontré en vidéo, il est certain que l’équipe de développement a réalisé un travail remarquable pour concevoir les énigmes.
OÙ SUIS-JE ?
The Talos Principle se déroule dans un monde semi-ouvert, donnant la possibilité d’essayer et de quitter une zone à volonté. De cette manière, le titre se montre beaucoup moins frustrant en permettant au joueur de respirer entre deux salles délicates. Car souvent, un blocage résulte d’un problème de perspective, en ne sachant pas où placer exactement les éléments. Il faut avouer que certaines sections Rouge (les difficiles) peuvent rapidement devenir énervantes, d’autant plus qu’il est beaucoup trop compliqué d’obtenir un indice dans le jeu. Une chose est sûre, Talos offre une durée de vie conséquente –jusqu’à 20h pour le 100%– entre tous les puzzles à résoudre et nombreux secrets à découvrir. Ceci sans mentionner le DLC Road to Gehenna, comprenant environ 10h de jeu supplémentaires dans la peau du robot Uriel, qui doit expier les « fautes » d’Elohim avec les outils précédemment récupérés.
Cette « liberté » permet également d’explorer les très jolis environnements inspirés de l’Histoire, entre empire gréco-romain, Égypte ancienne, Moyen-Âge et modernité. Chaque temple offre une vue sur un nouveau décor, garantissant ainsi un dépaysement total. Le moteur graphique utilisé, le Serious Engine 4, est au passage fait-maison et offre des textures réussies… mais aussi parfois datées. Notre androïde peut observer par exemple un sublime coucher de soleil avec, au loin, une île plutôt mal modélisée. La direction artistique n’en reste pas moins convaincante, et c’est plus du côté technique pur que cette version PS4 déçoit. S’il n’y a rien à redire concernant le framerate (60 fps stables !), le jeu est à priori moins bien optimisé que le titre d’origine sur PC, avec pas mal de pop-in et de clipping.
QUE SUIS-JE ?
Plus qu’un simple jeu de réflexion, The Talos Principle remet en cause plusieurs fondements de la vie avec une excellente back-story. En parcourant les casses-tête, vous allez faire face à des enregistrements sonores d’une scientifique et à des terminaux vous permettant d’accéder à des documents archivés… Puis vint l’accès d’administrateur. C’est alors que la machine commence à converser avec vous, vous posant de nombreuses questions quant à votre existence, ce qui vous différencie d’un animal, la définition d’une personne ou d’une conscience. Plus la fin approche, plus ces ordinateurs commencent à vous mettre en garde contre Elohim, allant jusqu’à le traiter de menteur.
Et c’est vrai après tout. Pourquoi cet androïde doit-il obligatoirement accomplir tout cela ? Dans les décors, des QR codes d’anciens camarades mettent en gardent, et il est impossible d’aller trop loin dans une zone sous peine d’être réinitialisé. Plus curieux encore, le créateur interdit formellement de gravir une gigantesque tour sous peine d’être banni à jamais, chose que vous avez la possibilité de contredire. Autant d’éléments mystérieux qui donne très envie de terminer le jeu.
VERDICT : 8.5/10
The Talos Principle est un jeu de réflexion intéressant et efficace, qui saura plaire autant aux néophytes qu’aux amateurs du genre. Sans être révolutionnaire, la dernière création de Croteam réussi à offrir des puzzles ingénieux (bien que trop barbants en difficile) ainsi qu’une étonnante back-story aux accents philosophiques. Si le jeu souffre de soucis techniques (pop-in, clipping), il faut avouer que visuellement le Serious Engine 4 fait aussi des petites merveilles… en 60fps qui plus est ! De plus, la direction artistique basée sur l’Histoire s’avère être des plus réussies. Un incontournable du genre donc, qui saura vous tenir en haleine entre 25 et 30h en comptant l’extension.
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