Avec huit semaines passées dans le top 5 des jeux les plus vendus en France, The Legend of Zelda: Skyward Sword HD aura été “LE jeu de l’été” pour certains. Dix ans après sa sortie originale sur Wii, le vilain petit canard de la licence est revenu dans une version liftée et rafraîchie sur Switch. L’occasion pour Nintendo de rectifier le tir et de conquérir les joueurs qui auraient fait l’impasse sur cet épisode atypique qui nous emmène aux origines de l’épée de légende. Ce remaster est-il une bonne ou mauvaise idée ?
Test réalisé sur Nintendo Switch grâce à une copie numérique fournie par l’éditeur
Envole-moi
Pour certains, Zelda Skyward Sword HD aura été l’occasion de redécouvrir un titre sorti dix ans plus tôt sur Wii et peut-être même de renouer avec cet épisode mal aimé. D’autres, ont plutôt eu l’impression d’avoir droit à un jeu inédit – que l’on appréciera encore plus si l’on fait abstraction de l’existence de Breath of the Wild. Et pas n’importe lequel, puisque Skyward Sword s’attelle à raconter les origines de la saga culte. Sa texture lissée et sa maniabilité améliorée, nous voilà avec un jeu en 60 images par seconde, sur Switch.
L’aventure de notre héros de légende commence cette fois dans les airs, au-dessus des nuages. Tiré de son sommeil par un célestrier, un gros oiseau à l’allure déroutante, Link doit rejoindre son amie d’enfance Zelda pour s’entraîner avant la chevauchée céleste. Commence alors la découverte de Célesbourg (si nous n’avions pas encore compris que nous étions dans le ciel…) et de ses personnages. Un détail nous saute alors rapidement aux yeux et c’est peu dire : Skyward Sword est un jeu bavard. À la différence d’autres titres de la série, les dialogues et les cinématiques sont nombreux, et ce tout au long de l’aventure. Si les joueurs ont été divisés sur ce point, certains trouvant le jeu trop verbeux, ce remaster HD accélère les dialogues et donne la possibilité de passer les cinématiques.
Pendant un peu plus d’une heure, le prologue nous permet de découvrir Célesbourg et le système de jeu, avant que notre chère Zelda ne se fasse emporter par une terrible tornade à l’issue de la chevauchée céleste. Vous connaissez la suite : Link, muni de l’épée de légende, est chargé de partir à sa rescousse, devant affronter les dangers de la terre ferme.
Une aventure immersive
Si Skyward Sword est l’un des épisodes les moins appréciés de la saga, les développeurs ont tenté, à travers ce remaster, de corriger ce qui lui faisait défaut. La maniabilité, d’abord, a été revue, l’une des plus grandes nouveautés de ce portage étant la possibilité de jouer uniquement grâce aux sticks directionnels. Bien que ce soit amusant, et plutôt réussi dans cette version, vous n’êtes plus obligés de gigoter les mains face à votre télé pour manier l’épée et autres équipements. La caméra a également été revue, il est désormais possible d’en changer l’angle comme bon nous semble, ce qui n’était pas possible en 2011.
Jusque-là, pas de grande surprise. Seulement, si vous jouez sans la visée gyroscopique, que ce soit en mode portable ou manette, il vous faudra tout de même un certain temps d’adaptation pour manier la caméra puisque cela nécessite d’appuyer sur la touche L tout en tournant le joystick droit. En effet, ce dernier sert à la fois à manier l’épée et à changer d’angle de vue. Un système qui manque cruellement d’ergonomie et qui nous pousse à garder constamment la touche L enfoncée.
Là où profite le plus le motion gaming, c’est en combat : on ne peut que constater la précision des coups portés à nos adversaires. L’épée de légende pouvant être gérée selon les axes horizontaux, verticaux et diagonaux, les ennemis nous offrent des ouvertures pour donner l’attaque idéale. L’immersion souhaitée est alors une réussite : les affrontements sont fluides et amusants, on se plaît à avoir le bon timing et la bonne technique pour vaincre les monstres. L’utilisation du joystick étant aussi instinctive sur ce point, elle profite également d’un effet immersif.
L’utilisation du motion gaming n’est malheureusement pas toujours si précise. L’utilisation des équipements et surtout la navigation dans les airs nous posent bien plus de soucis. Seulement, comme changer constamment de mode de jeu serait trop compliqué, on aura finalement choisi de vivre la majeure partie de notre aventure sans motion gaming. C’est dommage.
Des donjons de légende
À l’opposé d’autres avis, on trouve ici que les premières heures de jeu sur The Legend of Zelda: Skyward Sword défilent vite. Pour cause, on pourrait les assimiler à une balade champêtre. L’environnement de jeu est plaisant, plutôt beau visuellement, malgré quelques textures un peu baveuses. Le titre est évidemment très agréable à l’oreille grâce à une OST digne de ce nom. Le jeu est d’abord plutôt simple, les ennemis sont faciles à vaincre, ce qui permet de prendre en main le système de combat, et les énigmes aisément résolues. Mais Zelda: Skyward Sword joue sur la longueur et se compliquera au fil de l’aventure. Les énigmes finissent par donner du fil à retordre, sans pour autant nous bloquer pendant des heures… et quelle satisfaction quand on en vient à bout !
Sur ce point, les donjons sont de véritables puzzles dont on ne se lasse pas. À chacun d’entre eux, un nouvel équipement ou pouvoir s’ajoute à notre arsenal, permettant alors d’avancer et de terminer ces zones. C’est toujours bien pensé et on se laisse surprendre par ces nouvelles possibilités tout au long de l’aventure. On reconnaît néanmoins que si certains sont forts amusants à jouer, ils sont malheureusement peu exploités par la suite. On pense notamment à la jarre magique et au fouet.
Il faut l’avouer, Skyward Sword reste un jeu très linéaire, dans lequel l’exploration est restreinte. Cependant, les quêtes secondaires de Célesbourg apparaissant progressivement au fur et à mesure de la progression sont des moments permettant de sortir un poil de cette linéarité. Avec une douzaine de missions à accomplir, on en apprend plus sur l’histoire et les personnages de Célesbourg, mais les quêtes nous laissent un semblant de répétition, tant elles peuvent consister en des allers-retours entre différents lieux. La navigation céleste étant assez lente, et vite ennuyeuse, on peut se retrouver lassés de ces missions annexes. On conseille alors de les jouer avec parcimonie.
Une aventure mémorable
Ce serait mentir de ne pas reconnaître les défauts apparaissant dans les lignes précédentes, d’ailleurs répétés à maintes reprises et de manière plus ou moins unanime par les joueurs. Mais après tout, il ne faut pas oublier que The Legend Of Zelda: Skyward Sword est un titre sorti il y a dix ans. Un remaster permet finalement à cet épisode de revivre et d’être rendu accessible à un plus grand nombre de joueurs.
Et quel plaisir. Il y a des jeux qui savent nous marquer. Skyward Sword en fait définitivement partie. Après chaque session de jeu, on est pris d’une irrépressible envie de continuer l’aventure. D’abord, parce que les personnages sont attachants. La longueur des dialogues donne finalement un développement très intéressant à nos personnages.
Si Fay, l’esprit de l’épée divine guidant Link dans son aventure, a la langue bien pendue (largement moins que sur Wii), on finit par la trouver amicale et l’émotion nous gagne quand elle fait ses adieux à son maître. Quant à Hergo, s’il est fort agaçant lors de ses premières apparitions, il connaît un développement positif et n’en est pas moins touchant en conclusion de notre épopée. Même constat pour Zelda, dont on apprécie les différentes apparitions et le caractère enjoué dont elle dispose dans cet épisode. Enfin, Link n’est toujours pas doué de parole, mais a en tout cas un poil plus de personnalité grâce à des options de réponses lors de nos conversations (qui ne changent en rien le scénario).
Au final, The Legend of Zelda: Skyward Sword est bourré de bons atouts et ce remaster nous le rappelle, en nous offrant une version bien plus digeste. Le titre mélange des phases de gameplay diverses et variées, grâce au grand nombre d’équipements et de pouvoirs apparaissant au fil de notre périple. Les donjons sont intelligemment pensés. L’histoire, qui tient évidemment une place importante, est bien développée, les dialogues prêtent à sourire et peuvent nous émouvoir – ou peut-être est-on trop sensible. Avec ses 25 heures de jeu (ajoutez-en dix de plus si vous aimez papillonner comme nous), Skyward Sword HD trouve le timing parfait pour nous satisfaire, sans nous lasser.
Verdict : 8/10
Si certains auraient préféré un titre inédit pour les 35 ans de la saga, ou le remaster d’un autre épisode – on entend d’ici les aficionados de Twilight Princess – on comprend finalement le choix de se tourner vers Skyward Sword. Cette sortie sur Switch permet d’amoindrir certains défauts du jeu original : maniabilité améliorée, dialogues accélérés et textures lissées pour une expérience fluidifiée, mais toujours pas parfaite. De quoi profiter de la meilleure des manières des atouts du jeu. The Legend of Zelda: Skyward Sword est un titre qu’il serait dommage d’oublier, de part ses personnages attachants, sa narration bien ficelée et ses donjons qui restent mémorables, même dix ans plus tard.
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