Le lancement d’une nouvelle console est toujours un événement, qui plus est lorsque celle-ci est accompagnée d’un line-up efficace. Depuis son annonce, celui de la Nintendo Switch aura beaucoup fait parler de lui, et pas forcément en bien. Jugé un peu faiblard par une communauté de joueurs en attente d’un vrai retour de Nintendo, celui-ci contient pourtant un jeu qui lui était extrêmement attendu. Il est le dernier descendant d’une série qui a marqué l’histoire du jeu vidéo à de nombreuses reprises, nous l’avons testé en long, en large et en travers et vous livrons nos impressions ici.
Test réalisé à partir d’une version commerciale sur Nintendo Switch
Commençons par un petit tour du propriétaire, en présentant un peu la genèse de cet épisode, puisque la naissance de celui-ci ne s’est pas vraiment faite en temps et en heure. Sorti le vendredi 3 mars conjointement sur Nintendo Switch et WiiU, The Legend of Zelda Breath of the Wild est le dernier né de l’immense franchise Zelda. Soulignons tout d’abord le poids qui repose sur les épaules de cet opus qui est peut-être l’un des jeux les plus importants de l’histoire de Nintendo. Alors que Skyward Sword (l’épisode exclusif à la Wii), en dépit de ses qualités, avait déçu beaucoup d’amateurs de la franchise, il fallait pour le bien de la franchise de Nintendo qu’elle revienne avec un épisode WiiU au top, et plus si affinités.
A l’e3 2014 a donc été annoncé Breath of the Wild (simplement titré Zelda à l’époque) avec un trailer court mais de toute beauté qui donnait déjà un aperçu du jeu très fidèle à ce que l’expérience finale nous propose. A la fin du trailer, une date, 2015, était affichée afin de préparer les fans à la sortie presque imminente du titre. Sauf que non, pas du tout en fait. Reporté maintes fois et minimisant ses apparitions dans l’actualité vidéoludique, il réapparaissait finalement en 2016 dans une version qui a su faire parler d’elle à l’e3, mais qui faisait bien pâle figure à côté des autres têtes d’affiche du salon. Les éditeurs exposaient chacun leurs nouvelles IP, et Nintendo avait Zelda, uniquement Zelda, l’éternel épisode dont on entendait parler chaque année mais qui ne semblait toujours pas prêt à sortir.
Et voici qu’un miracle se produisit : Nintendo annonce sa prochaine console pour une date de sortie calée à début 2017, et annonce que Zelda sera présent au lancement de sa machine. Ce nouvel épisode de Zelda devait donc non seulement redorer le blason de la licence mais également porter sur ses seules épaules la sortie de la Nintendo Switch.
Nous voici donc en mars 2017, Nintendo Switch en main et prêts à vous parler de ce fameux épisode. Toutes ces années d’attente sont-elles enfin récompensées ? Oui, mille fois oui et on vous détaille de suite pourquoi.
Sommeil réparateur
Après avoir dormi pendant 100 ans, Link se réveille amnésique dans des terres qui ont indéniablement souffert en son absence. Les ténèbres ont ravagé tous les royaumes et c’est toujours la faute du même : l’iconique Ganon. Faible et seul dans un monde qu’il ne connait plus, Link va devoir partir en quête de son passé, découvrir ce qui a fait de lui un grand guerrier autrefois afin de le redevenir et d’en finir une bonne fois pour toutes avec ce fléau. Cette aventure ne se fera pas sans difficulté, néanmoins, puisque Link va devoir faire appel à tous les peuples dans le but de l’aider, et également retrouver la femme qui donne son nom à la licence, la fameuse princesse Zelda.
Démarre ainsi une quête aux antipodes de ce qu’a pu nous proposer le genre jusqu’alors en termes de narration. Hormis quelques passages très axés histoire avec des cinématiques absolument éblouissantes, le jeu n’est finalement pas très bavard. Pas dans le sens où il y a peu de dialogues, non, mais dans le sens où il ne va pas nous forcer à faire une pause toutes les 20 minutes de notre quête pour nous raconter ce que l’on vient tout juste de vivre. L’histoire de Breath of the Wild est un immense cahier vierge que l’on va compléter de deux manières : en écrivant les aventures de Link dans sa grande quête contre Ganon, d’une part, et en écrivant toutes celles que l’on a vécu en tant que joueur, de l’autre. Là où une oeuvre comme The Witcher 3 excelle dans l’art de nous raconter de A à Z une histoire fascinante et écrite avec une efficacité et une maturité bluffante, Breath of the Wild laisse au joueur le soin d’écrire ses propres histoires, avec ses situations initiales, péripéties et conclusions propres à chacune d’entre elles, et très probablement différentes d’un joueur à l’autre.
Le support narratif de base reste tout de même extrêmement convaincant et joue avec intelligence avec les codes narratifs de la saga. S’il ne le fait pas de manière directe, le jeu sait que le joueur a déjà joué à Zelda, il sait qu’il a maintes fois durant ces 30 dernières années rencontré les Zora, les Goron ou même des personnages spécifiques que l’on vous laissera découvrir par vous mêmes. Le jeu nous présente ces personnages dans un état dans lequel on ne les a jamais vu, faibles face à la taille de la menace qu’ils endurent depuis 100 ans, expérimentés dans la vie de par leur vieillesse mais condamnés un jour où l’autre à disparaître.
Mais toutes ces références et cette magie n’opéreraient pas sans une alliance parfaite entre la direction artistique du jeu et sa bande-son. Fusion réussie entre le style classique et le style « Wind Waker », la d.a. de ce Breath of the Wild est en tous points somptueuse. Le monde est immense, cohérent, et chacun des villages est un plaisir à parcourir. Que ce soient les personnages ou les décors, tous les éléments du jeu regorgent d’une magie très propre à la série Zelda, mais qui rappelle par ses petits grains de folie certains films d’animation du studio Ghibli. Ce constat s’applique également à la bande-son, dont les morceaux (tous fantastiques) sont déposés avec une minutie certaine sur les éléments qui ponctuent notre aventure. Le jeu coupe souvent la musique pour laisser parler la nature lorsque l’on arpente le monde, ce qui fait d’autant plus d’effet lorsqu’elle intervient pour ponctuer l’arrivée d’un nouveau personnage ou l’entrée dans une énorme cité. Mention spéciale à ce moment touchant lorsque l’on rencontre la Grande Fée du village Cocorico, et que des notes d’un certain thème classique de la série réapparaissent en fond.
Du côté de la technique pure, le jeu se débrouille bien mais sans plus. Il est récurrent de voir quelques textures qui font tâche, surtout après un Horizon sorti chez la concurrence deux jours plus tôt, mais au-delà de ça, le jeu possède une identité tellement forte et cohérente que l’on oublie très vite ce point. Du côté du framerate, pour parler d’un sujet qui a beaucoup remué internet depuis les premières sessions de test du jeu, le jeu s’en sort bien mieux qu’espéré. Sur la tablette, rien à dire. On est sur du 30fps constant dans 99,9% des cas (une petite chute observée sur des dizaine d’heures de jeu) ce qui est un peu moins le cas sur la télé, soyons honnête. Le jeu présente, dans les balades sur de grandes plaines notamment, quelques baisses qui peuvent être gênantes sur le coup mais n’influent pas du tout sur notre expérience globale. Lors des séquences en paravoile, il est également fréquent de voir un peu de clipping, mais encore une fois, ce n’est pas dérangeant.
Libérez le JV
On reproche souvent à Nintendo, à raison, de se reposer bien trop souvent sur ses acquis concernant ses licences. Parmi celles-ci, Zelda est l’une de celles qui en souffrait le plus. Non pas que les derniers jeux étaient mauvais, loin de là, mais ils ne cherchaient pas à faire réellement avancer la franchise. La structure variait très peu et c’est souvent dans quelques mécaniques ou idées par ci par là que les épisodes se démarquaient. Il aura fallu du temps mais Nintendo a enfin réussi à acquérir la maturité nécessaire pour faire définitivement évoluer sa franchise. Avec Breath of the Wild, la série a définitivement changé, et le jeu vidéo a pris un très joli coup de botte aux fesses de la part de Link.
Et si dans « open-world » on arrêtait de se focaliser uniquement sur le mot « world » et qu’on développait autant la thématique « open » pour changer ? Après deux générations de jeux, des PS3/360 aux PS4/One, qui ont avant tout misé sur la diversité des mondes qu’ils proposent et leur finesse que sur la réelle expérience de liberté, Zelda apparaît comme une petite révolution. Miyamoto et Aonuma nous avaient pourtant prévenus : « tout ce que vous pouvez voir, vous pouvez y aller ». Et ça n’a jamais été aussi vrai.
En une seule mécanique, ce Breath of the Wild balaye les vraies-fausses impressions de liberté qu’a vendues la concurrence pendant des années. Cette mécanique, c’est la grimpette. Pas la grimpette assistée aux corniches jaunes, hein, on parle ici de la vraie grimpette. De la possibilité, naturellement, d’accéder à ce que l’on veut, que ce soit simplement monter en haut d’un arbre pour y récupérer une pomme ou grimper une montagne pour accéder à son sommet. Pas de mur invisible ou de bug de collision ici, notre Link a sa barre d’endurance qui s’épuise quand il doit courir ou qu’il grimpe, et c’est bien la seule contrainte au déplacement qu’il existe ici. Passée la phase d’introduction du jeu, la paravoile va instantanément devenir un de vos meilleurs amis. Ce deltaplane un peu cheap va offrir à Link une aisance de déplacement assez folle, même si l’on peut regretter que les contrôles soient un peu difficiles à appréhender sur les premières minutes. Courir, grimper, voler, y a-t-il réellement quelque chose que Link ne peut pas faire dans Breath of the Wild ? Eh bien oui, sûrement, mais comme vous allez le voir par la suite, il y a surtout des tonnes de choses que l’on peut faire, et d’une manière presque outrageusement logique.
« On entre dans un donjon, on tombe sur un coffre, on récupère un objet, on résout des énigmes à l’aide de celui-ci, on bat le boss et on avance. » Exit cette boucle de gameplay, Breath of the Wild met en avant la liberté de jeu, et compte bien l’affirmer. A peine le prologue terminé et voilà que vous possédez déjà tous les outils importants du jeu : les traditionnelles bombes, le Polaris (un aimant), le Cinetis (un objet qui permet de figer des objets afin de les charger d’énergie cinétique), le Cryonis (un sort qui permet de faire jaillir des colonnes de glace sur des zones d’eau) et… un appareil photo. Ces objets permettent au joueur d’interagir avec la physique du titre et tant mieux, puisque le titre est spécialement conçu pour ça.
L’immense monde que l’on parcourt est un gigantesque bac à sable qui laisse au joueur le plaisir d’essayer toutes les expériences qui lui passent par la tête. Choper son bouclier et dévaler une montagne en faisant du skate dessus ? C’est possible. Voyager en rocher en le bombardant d’énergie cinétique ? C’est possible.
On a les objets, les méthodes de déplacement, le monde, qu’est-ce qu’il nous manque pour un Zelda ? Les énigmes évidemment, et cet épisode n’en manque clairement pas. Le monde est rempli de petits sanctuaires qui correspondent à des mini-donjons. Comme une salle de Portal 2, pour n’en citer qu’un, chaque sanctuaire est un gros puzzle qu’il va vous falloir résoudre en utilisant astucieusement les outils détaillés plus haut, avec parfois quelques surprises. Les énigmes possèdent parfois plusieurs modes de résolution, afin de laisser une place à l’imagination des joueurs. Certaines utilisent parfois même le gyroscope, pour une diversité toujours plus importante. Les donjons du jeu sont, sans surprise, excellents et mettent en avant des mécaniques originales comme celle de littéralement manipuler physiquement le lieu entier. Enfin, les possibilités de déplacement mixées au level-design intelligent de ces niveaux évitent les allers-retours incessants qui sont habituellement de mise dans ceux-ci.
Heavy Breathing
Vous le savez très certainement si vous avez observé de près ou de loin l’actualité du jeu vidéo cette semaine et la semaine dernière, The Legend of Zelda: Breath of the Wild est acclamé par toute la presse spécialisée. Si il l’est, c’est en partie pour les raisons évoquées plus haut mais surtout, à notre humble avis, pour la grandeur de son univers et sa cohérence. Le monde de Breath of the Wild est absolument gigantesque, un des plus grands que l’on ait pu voir dans l’histoire du jeu vidéo. Mais non content d’être grand, c’est surtout un monde extrêmement complet. Plus que complet, le jeu trouve un moyen de rendre tous ses éléments nécessaires au joueur, en le rendant dépendant de son monde. Pour cela, un ingrédient : la survie. Il n’arrive jamais une seconde sans que l’on soit dans le besoin. Le monde est impitoyable avec le joueur. Il est fréquent, alors que l’on se balade tranquillement, de rencontrer des boss qui vont nous retirer la moitié de notre vie d’une flèche surpuissante. Comme dans la vraie vie, la météo peut aussi bien être votre alliée que votre ennemie. Il pleut ? Impossible de cuisiner dehors vu que les feux sont éteints. Un orage ? Privilégiez les objets qui n’attirent pas la foudre pour éviter d’être foudroyé. Il fait froid ? Couvrez-vous vite avec des objets adéquats sous peine de perdre progressivement votre santé.
Puisque la survie est définitivement au coeur du jeu, les armes se brisent toutes après une durée d’utilisation propre à chacune. Attention donc à utiliser avec parcimonie vos épées, arcs, boucliers et flèches afin de ne pas tomber en rade au mauvais moment. En rendant le joueur constamment dans le besoin en armes, en coeurs, en équipements, ou tout simplement en améliorations, l’équipe de Breath of the Wild a rendu son univers indispensable. Le joueur sait que l’univers est imprévisible mais sait également qu’il est régi par des règles logiques et cohérentes. Il est donc convaincu qu’avec les bonnes méthodes, il pourra apprivoiser ce monde et en faire son allié.
En termes de contenu pur, nous ne sommes surement pas les premiers à vous dire que le jeu est extrêmement long, tant il est rempli à ras-bord d’objectifs et quêtes en tous genres. Il y a des sanctuaires partout, des tours de contrôle pour cartographier les zones, des camps d’ennemis en pagaille, des personnages avec qui discuter par centaines, des petits Korogu cachés dans tout l’univers du jeu, et plus encore.
Le jeu se révèle extrêmement addictif, on enchaîne les voyages dans le monde du jeu, parfois même sans objectif particulier, mais juste pour se refaire en armes ou pour le simple plaisir d’explorer. La flexibilité de la Switch aide énormément à l’enchainement des sessions de jeu puisque le jeu est absolument transportable partout désormais. Certes, la Switch est limitée à une durée de vie en mode portable autour de trois heures, mais une petite batterie externe et un cable usb type c et le tour est joué, vous voilà parti pour des heures et des heures d’aventure.
Verdict
C’est un miracle ! Alors que Nintendo s’est fait, plus ou moins à son insu, une image d’éditeur ancré dans le passé qui épuise progressivement ses licences, il arrive finalement en 2017 avec un des jeux les plus marquants de ces dernières années. Véritable révolution, ce Breath of the Wild est une leçon de jeu vidéo comme il est trop rare d’en voir aujourd’hui. Après une génération d’open-world qui a passé son temps à nous tenir la main, ce nouveau Zelda est le jeu qui nous la lâche enfin pour nous laisser marcher seul et découvrir le plaisir d’être libre. On découvre un monde et on le re-découvre constamment. On va vers telle direction, on tombe sur telle personne, qui va nous mener à tel camp où l’on va nous faire découvrir telle mécanique, qui va nous permettre de reconsidérer des tonnes de situations précédemment vécues, et ainsi de suite. Ce test n’a effleuré qu’un millième des possibilités du monde de ce Breath of the Wild, tant celui-ci est complet et cohérent. Une histoire magnifique, une direction artistique excellente, une bande-son qui sonne parfaitement juste, un gameplay novateur. Peu importe la note qu’on lui met, que ce soit 9 ou 10, Zelda est la meilleure proposition d’aventure sur le marché actuel. Un grand jeu dont on se souviendra encore dans des années et le meilleur argument du monde pour Nintendo et sa Switch. Bon retour, Nintendo, Iwata-san peut être fier de vous.
Le Major
13 mars 2017 at 21 h 19 minle »moins beau que horizon » à affecter la note? et « les nuits blanche sont de retour » c’est vraiment un point négatif?
yayacine
13 mars 2017 at 22 h 07 minMais non tranquille ça ce voit que c’est du troll 😀
MoutMout
13 mars 2017 at 23 h 25 minHello, le « moins beau qu’Horizon » c’est un petit troll gentil pour tous les gens qui n’ont cessés de comparer les deux jeux (à tort je dirais) durant les dernières semaines (il n’a pas affecté la note, 9 étant la note maximale)
Pour « les nuits blanches sont de retour » c’est un faux point négatif. C’est assez courant dans les tests d’excellents jeux, on le met histoire de faire semblant que le jeu a des défauts 😛
Arthur Mout-Mout Dahan
14 mars 2017 at 16 h 26 minHello, le « moins beau qu’Horizon » c’est un petit troll gentil pour tous les gens qui n’ont cessés de comparer les deux jeux (à tort je dirais) durant les dernières semaines (il n’a pas affecté la note, 9 étant la note maximale)
Pour « les nuits blanches sont de retour » c’est un faux point négatif. C’est assez courant dans les tests d’excellents jeux, on le met histoire de faire semblant que le jeu a des défauts 🙂
Le Major
15 mars 2017 at 22 h 53 minah oui quand tu veux dire les nuits blanches sont de retour, c’est que tu ne peux pas t’empêcher de jouer tellement c’est bon tout simplement
Liawenee
14 mars 2017 at 12 h 59 minPar contre je quand je voi la note c’est 9/10 mais écrit en dessous Dix sur Dix xD héhé
YellowBloom
14 mars 2017 at 18 h 15 minHaha pareil! x )
Arthur Mout-Mout Dahan
15 mars 2017 at 22 h 02 minPour la note bah c’est 9 et le sous-titre c’est « dix sur dix ». On gueule quand ça met 9, on gueule quand ça met 10 alors j’ai mis les deux 🙂