Après de nombreuses années passées sans notre très chère Tête de Hérisson, alias Phoenix Wright, les fans auront de quoi se réjouir dans seulement quelques heures (à l’heure où ce test paraît). En effet, la licence Ace Attorney revient sur le devant de la scène alors que la compilation The Great Ace Attorney Chronicles (TGAAC pour les intimes) arrive tout prochainement sur PC, PS4 et Nintendo Switch, soit le 27 juillet 2021 pour être plus précis. Regroupant les deux opus, sortis originellement sur Nintendo 3DS, la rédaction s’est bien évidemment plongée dans les aventures de Ryunosuke Naruhodo, l’ancêtre de Phoenix Wright. Et comme la Justice n’attend pas, délivrons notre verdict dans ce qui suit.
Test réalisé sur PS5 grâce à une copie numérique PS4 envoyée par l’éditeur
► Notre test de Phoenix Wright: Ace Attorney Trilogy est à découvrir à cette adresse
► Notre preview de The Great Ace Attorney Chronicles est disponible ici
Ryunosuke, enchanté !
Oubliez un moment Phoenix Wright et plongez avec Ryunosuke Naruhodo dans les aventures de The Great Ace Attorney Chronicles. Comme dit précédemment, il s’agit d’une compilation de deux opus, catégorisés en tant que prequels, soient The Great Ace Attorney: Adventures et The Great Ace Attorney 2: Resolve. Chaque titre possède 5 affaires diverses mais faisant sens entre elles car elles se suivent au niveau de la narration. Notons tout de suite qu’il est d’ailleurs possible de lancer l’affaire de son choix depuis le menu principal du soft. Or, ce faisant, vous perdrez la progression narrative qui entoure les protagonistes, ce qui serait dommage. Mais revenons-en au synopsis. Dès The Great Ace Attorney: Adventures, vous rencontrerez et incarnerez Ryunosuke, un jeune étudiant, dont son meilleur ami est nommé Kazuma Asogi. La première affaire vous plonge immédiatement dans l’action puisqu’une situation malencontreuse met notre cher étudiant dans de beaux draps. Par la suite, il se découvrira une passion pour le Droit et deviendra un avocat de la Défense dans plusieurs affaires. Des enquêtes qui l’emmèneront aussi bien à travers son pays natal que sur les terres de la Reine Elisabeth, soit à Londres.
Dans tous les cas, et sans donner plus de précisions afin de vous garder la surprise entière, vous ne serez pas déçus. Si certaines affaires nous ont semblé plus intéressantes que d’autres, il y en a pour tous les goûts : plusieurs, vous transporteront au cœur de différentes Cours de justice alors que d’autres devront être menées sur les lieux du crime. Alternant divers environnements et décors tout au long de l’aventure, les deux opus surprennent grâce à leur rythme bien soutenu et surtout maîtrisé de A à Z. Sur ce point, The Great Ace Attorney Chronicles nous a semblé un poil plus prenant que Phoenix Wright: Ace Attorney Trilogy tant le suspens est omniprésent et les retournements de situations nombreux.
Côté contenu, il n’y a pas à dire : The Great Ace Attorney Chronicles est assez conséquent. Comprenant deux opus, la compilation propose 10 affaires différentes et qui se suivent. Évidemment, certains épisodes sont plus courts que d’autres, mais parcourir le soft en entier vous demandera au moins 40 heures de jeu au total. Voire un peu plus si vous avez du mal à comprendre certains termes en anglais. Comme vous le savez déjà probablement, le jeu est avare en dialogue et s’avère extrêmement verbeux. Ainsi, il faut parfois s’accrocher un tantinet et ceux n’aimant pas la lecture à outrance risquent de décrocher rapidement. Notez que vous pouvez jouer en mode « Auto Play », permettant de faire défiler les lignes de dialogue sans avoir à appuyer sur la touche X (sur PS4/PS5) constamment. C’est bienvenu et on se plaît ainsi à traverser le titre comme si l’on regardait un film interactif. Vendu à 39.99 euros, notamment sur le PS Store, autant dire que vous en aurez pour votre argent, à coup sûr.
La défense est la meilleure attaque
Si la licence Ace Attorney est principalement connue pour son aspect visual novel, son gameplay emprunte largement au genre du point ’n click. Plus basique que la série The Walking Dead de Telltales Games et plus proche, dans l’idée, de Dead Synchronicity, Ace Attorney demande aux joueurs et aux joueuses d’interagir avec différents éléments et décors lors de séquences bien précises. Actions nécessairement importantes pour progresser, vous l’aurez compris. Loin de nous le désir de résumer étape par étape le cheminement des affaires, sachez que le schéma distillé dans Phoenix Wright se retrouve dans The Great Ace Attorney Chronicles, à quelques exceptions près. En effet, au cours d’une affaire, nous sommes amenés à enquêter sur le terrain (non systématique), collecter des preuves et discuter avec les personnages impliqués, qu’ils soient inspecteur de police, coupable ou autres. À tout moment, les preuves peuvent d’ailleurs être examinées afin d’avoir plus de précisions et de les percevoir sous toutes leurs coutures. Primordial. Par la suite, c’est au cœur de la Cour de justice que tout se déroule : il faudra procéder à des « cross-examination », soit l’interrogation des appelés à la barre, montrer les incohérences de leur témoignage et contrecarrer le plan de l’Accusation afin de finalement obtenir le verdict « non coupable ». Sur ce point, on retrouve l’essence du gameplay de Phoenix Wright. Mais ce n’est pas tout…
Les développeurs ont profité de cette itération pour apporter plus de fraîcheur, de nouveauté et d’originalité à la licence. Accordant alors surtout plus de profondeur aux enquêtes et aux plaidoyers. Si nous ne vous révélons pas toutes les innovations de gameplay, pour vous garder la surprise la plus entière possible, notons-en tout de même certaines : d’abord, le fait que nous pouvons ici avoir plusieurs appelés à la barre au même moment. Il est, d’ailleurs, tout à fait possible que l’un d’entre eux effectue une mimique faciale ou gestuelle indiquant un propos mensonger émis par un autre témoin. Cet élément distille ainsi une plus-value dynamique aux dialogues. D’un autre côté, on remarquera que certains tribunaux font appel à des jurés. Personnes mandatées pour fournir un verdict, en plus de celui du Juge, qu’il faudra convaincre tout du long. Ces derniers peuvent retourner pleinement la situation en émettant des pré-verdicts faisant ainsi littéralement bouger le balance de la Justice du côté de « non coupable » ou « coupable ». Des séquences dédiées à cette situation sont alors proposées. Encore une fois, cet aspect du gameplay, parmi tant d’autres, nous a semblé tout à fait pertinent et bienvenu tant il permet de pimenter l’expérience générale et donner davantage de rythme aux affaires.
En ce qui concerne la difficulté, la licence Ace Attorney ne s’est jamais voulue très ardue en soi. En revanche, elle exige une pleine concentration du joueur durant tous les dialogues et examens divers. Oui, il faut bien suivre afin de remarquer les incohérences ou détails significatifs. En plus d’une concentration certaine, la compilation fait également appel à la logique de chacun. Attention, parfois, rapprocher une preuve d’une ligne de dialogue n’est pas forcément si intuitif que cela. Il est important de se creuser les méninges, dans ces moments précis, pour lier les éléments ensemble. D’ailleurs, à ce sujet, remarquons que The Great Ace Attorney met à disposition le paramètre « Story Mode », accessible à tout moment. Celui-ci permet de faire avancer l’affaire automatiquement, résolvant de ce fait les énigmes pour vous.
Si nous disions dans notre preview que le soft était disponible seulement en anglais et en japonais, c’est effectivement toujours le cas. Parfois, le dialecte des personnages peut poser problème aux moins familiers avec la langue de Shakespeare. En effet, ces derniers utilisent des abréviations et des expressions particulières, non connues en français. De notre côté, nous avons trouvé cela suffisamment compréhensible, tout de même. Nous réitérons ainsi notre conseil : si vous ne maîtrisez pas un tant soi peu l’anglais et que vous n’êtes pas fan des titres très verbeux, The Great Ace Attorney ne vous conviendra malheureusement pas. D’ailleurs, il y a fort à parier que vous n’êtes pas en train de nous lire car le sujet ne vous intéresse guère (rires). Ainsi, la compilation TGAAC est principalement à destination des amateurs de la licence et des amoureux de Visual novel/point ’n click. Nul doute que de nouveaux venus y trouveront leur compte aussi. Finalement, remarquons qu’il n’est absolument pas nécessaire d’avoir fait les opus Phoenix Wright pour plonger dans cette compilation. Des clins d’œil et références échapperont aux nouveaux joueurs, mais rien de bien grave en soi. The Great Ace Attorney Chronicles est un bon point d’entrée pour découvrir la licence qui ne laisse généralement pas de marbre.
Master Ace Attorney
Si nous l’avions déjà mentionné dans notre preview (dont le lien est disponible ci-dessus), il nous semble pertinent de revenir davantage sur la direction artistique et les éléments esthétiques. Autant se le dire tout de suite, le passage de la Nintendo 3DS à la PS4 (sur PS5 de notre côté en tout cas) est franchement le bienvenu. Les graphismes profitent d’un lissage important et de meilleurs jeux de lumière. Les couleurs sont d’ailleurs plus chatoyantes et apportent une aura flamboyante aux décors et personnages. À ce sujet, on notera la pluralité des environnements découverts durant les différentes affaires : leur diversité est un réel plus et permet de retenir l’attention du joueur, malgré le côté répétitif et très verbeux du soft. Ainsi, vous serez aussi bien amenés à élucider une affaire à l’intérieur d’un paquebot de croisière que dans la grande ville de Londres et son fabuleux Tribunal. Par ailleurs, les décors fourmillent de détails, plaisants à découvrir. Évidemment, on ne vous en dit pas plus pour ne pas vous spoiler davantage l’aventure.
Dans le même sens, et peut-être davantage encore, la galerie des personnages est assez impressionnante. On retrouve l’essence des Ace Attorney, et plus encore : les personnages, qu’il s’agisse des protagonistes, des accusés, des victimes et même des jurés, sont nombreux et possèdent chacun leur background narratif. De plus, chacun d’entre eux a le droit à ses propres animations et mimiques gestuelles. Ces dernières étant fortement importantes notamment lors des « cross-examination », au Tribunal. On a pris beaucoup de plaisir à lancer une nouvelle affaire, après la fin d’un épisode, afin de découvrir les protagonistes de celle-ci. Mention spéciale aux avocats de l’Accusation qui ont fière allure et sont aussi remarquables que ceux dans Phoenix Wright: Ace Attorney Trilogy. Mais aussi à Herlock Sholmes (oui, vous aurez compris le jeu de mot) qui apporte beaucoup d’humour aux séquences. Nous ne nous attarderons pas plus sur ce point tant la liste des personnages marquants serait longue (rires).
Du côté de la bande originale, notre coeur balance un peu plus. Bien que les mélodies douces et rythmées collent parfaitement à l’ambiance et aux séquences, on aurait aimé davantage de pistes mémorables. Par contre, les effets sonores et voix, notamment au niveau des interactions « Hold It » et « Objection », font toujours leur petit effet. D’autant plus qu’il semblerait que le rythme de la narration au sein des affaires soit plus accentué, proposant ainsi davantage de suspense et de retournements de situations quelque peu inattendus. Il aurait donc été plus pertinent d’accentuer davantage ces moments, même si en l’état cela fait l’affaire, rassurez-vous.
Joué sur PS5, bien que la copie numérique soit celle de PS4, The Great Ace Attorney Chronicles tourne parfaitement bien. Visual novel point’n click, on ne s’attendait pas à ce que le soft comporte des bugs techniques ou de framerate. Et là dessus, aucune déception car le tout tourne ainsi sans accroc. Sans nul doute que la version PC est tout aussi bonne et n’exige pas de configuration trop gourmande. La version Nintendo Switch doit être tout aussi satisfaisante, voire probablement davantage grâce au mode nomade permettant d’emmener Ryunosuke Naruhodo partout où l’on va.
Verdict : 8/10
The Great Ace Attorney Chronicles est une petite pépite pour les amoureux du genre et de la licence. Tout y est, et même plus : une galerie de personnages riche et intéressante à découvrir, des affaires prenantes, une histoire charmante et un rythme maîtrisé. Avec cette compilation des deux titres mettant en scène les aventures de Ryunosuke Naruhodo, les développeurs en profitent pour peaufiner la recette Ace Attorney en apportant de nouvelles mécaniques de jeu pertinentes. Tout en les rendant accessibles aux nouveaux joueurs et nouveaux venus sur la licence, si tant est que l’anglais ne dérange pas et que se remuer les méninges est votre credo. Verdict : « Coupable » de nous avoir fait passer un très bon moment.
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