Si les studios de développement basés au Chili ne sont pas les plus connus au monde, il en est au moins un qui a su à la fois marquer et diviser les joueurs de tous horizons. En effet, ACE Team, puisque c’est la structure dont il s’agit, a toujours mis un point d’honneur à varier les plaisirs. Ne comptez donc pas sur cette équipe de passionnés pour vous resservir la même sauce à chaque nouvelle sortie. Ainsi, après les très sympathiques Zeno Clash et Zeno Clash 2 (respectivement en 2009, puis en 2013), sortes de beat them all à la sauce FPS, ou encore l’incontournable Rock of Ages (en 2011), mix entre un tower defense et un jeu d’action, le studio ACE Team nous était revenu en 2014 avec le très moyen Abyss Odyssey (platformer axé action / combat tactique, le tout en 2D). C’est d’ailleurs leur seul titre à avoir vu le jour sur PlayStation 4. Janvier 2016, ils sont de retour avec un tout autre projet, sobrement intitulé The Deadly Tower of Monsters. Récit.
Pour commencer, il est utile de préciser que si vous avez moins de 20, ou plutôt moins de 30 ans, vous avez toutes les chances de passer à côté de tout ce qui fait ce jeu. En effet, The Deadly Tower of Monsters est un immense hommage à la culture cinématographique (et en particulier ce qui touche à la Science-Fiction) des années 1960. Si vous n’avez aucune idée de ce que peuvent bien être Planète interdite, L’île mystérieuse, ou bien encore La Planète des Singes (non non, pas les versions récentes), l’affaire risque de se compliquer. Bien évidemment, libre à vous de tenter le coup, même sans connaître tout cela. Le jeu n’en reste pas moins très agréable à parcourir, rassurez-vous ! Néanmoins, nous avons jugé important de faire ce petit aparté afin que tout un chacun comprenne bien à qui se destine The Deadly Tower of Monsters.
Ceci étant dit, vous en conviendrez, il est grandement temps d’en venir au fait, à savoir : qu’est-ce donc que ce jeu ? Pour résumer disons que le titre qui nous est proposé ici mêle habilement l’action, l’aspect platformer, ainsi que le shoot, tout ça en vue 3D isométrique (façon L.A Cops, si vous préférez). Mais alors, qu’est-ce qui le distingue des centaines d’autres jeux reprenant cette recette ? Tout d’abord, nous vous le disions un peu plus haut : TDTOM est un hommage aux films Sci-Fi des années 1960. Ainsi, tout le jeu est jouable en mode VHS. De cette manière, le grain utilisé sur l’image rend le tout extrêmement vieillot, pour ne pas dire désuet. Dans le même ordre d’idée, le même filtre (désactivable via le menu Options) a été utilisé pour ce qui est de la partie audio du jeu. Là encore, la différence est flagrante et fera verser des larmes de nostalgie à beaucoup d’entre nous…
Mais tout cet habillage ne serait rien sans la véritable feature-de-la-mort-qui-tue, à savoir : le narrateur ! Dan Smith, car c’est son nom, est un réalisateur dont on entendra la voix durant 90% de l’aventure. Pourquoi faire ? Nous direz-vous. Tout simplement pour nous raconter des anecdotes croustillantes (parfois) ainsi que quelques vannes moisies de-ci de-là. Le metteur en scène n’est évidemment pas là par hasard puisqu’on a fait appel à lui afin de nous faire part de ses meilleurs souvenirs de tournage. De tournage ? Eh oui, car tout le jeu n’est en réalité qu’un film dont vous êtes l’acteur. Et quel film, mes amis ! Un pur nanar de série B ultra-kitsch et rappelant les films les plus cultes de l’époque. D’ailleurs, si cela peut vous rassurer, les années 1960 ne sont pas les seules à servir d’influence au jeu. Les chefs d’oeuvre que sont Mars Attacks (Tim Burton, 1996) ou bien encore Flash Gordon (sorti en 1980) ne sont jamais guère loin. Ce dernier a d’ailleurs une place de choix au cœur de « l’intrigue » scénaristique du titre, par le biais notamment du grand méchant empereur rencontré dans le jeu.
Ainsi, vous incarnerez trois personnages durant cette aventure tout à fait loufoque. Le premier, Dick Starspeed, est un astronaute venu de la planète Terre. Son vaisseau va se crasher sur un territoire extra-terrestre inconnu et il va devoir s’en sortir du mieux que possible. La touche de féminité du jeu est apportée, elle, par Scarlet Nova, jolie guerrière qui n’a pas froid aux yeux et qui se trouve être la fille de l’empereur lui-même. Enfin, le casting ne serait pas totalement représentatif des films de l’époque si l’on n’avait pas la possibilité d’incarner une boîte de conserves. En l’occurrence, le robot, sobrement appelé Le Robot. Ce dernier est loin d’être imprévisible, il est même extrêmement serviable et n’est autre que le co-pilote de Dick Starspeed.
Ces trois alliés vont donc devoir se débrouiller tant bien que mal pour survivre sur cette planète hostile. En effet, le père de Scarlet a dépêché toute une horde de bestioles plus écoeurantes les unes que les autres afin de nous barrer la route. Le bestiaire est d’ailleurs l’un des plus gros points forts de The Deadly Tower of Monsters : fourmis nucléaires géantes, dinosaures, singes blancs, plantes carnivores, blobs, martiens, trolls électriques… Tout est bon pour faire de la salade de méchants-pas-beaux pour le dîner. Pour ce faire, vous aurez le choix entre deux types d’armes : corps-à-corps, et à distance. Vous en aurez tout un tas à ramasser sur la map lors de votre périple, mais ne pourrez en porter sur vous qu’un nombre limité. A vous donc de bien choisir une fois que vous serez devant l’une des nombreuses armureries disséminées ici et là. Chaque arme peut être améliorée via de l’or et des rouages à ramasser. Si l’or se trouve en quantité largement suffisante sur l’île, il va en revanche batailler beaucoup plus pour obtenir les précieux rouages (les rouages dorés, indispensables, sont généralement bien cachés).
Les combats ont hélas un côté redondant très prononcé, mais il est évident que c’est le style de jeu qui veut ça. On notera d’ailleurs que les quelques combats de boss auquel on aura droit sont vraiment très sympathiques, mais malheureusement trop peu nombreux. En effet, vous l’aurez peut-être deviné à la lecture de ce test, The Deadly Tower of Monsters est court, en plus d’être un brin trop facile. Comptez 6 heures pour en faire le tour, et une à deux heures de plus pour dénicher les items cachés et / ou débloquer les 24 trophées PSN proposés par le jeu. Un peu dommage quand on adhère au concept, car il est clair que l’on en redemande ! Pour autant, avouons qu’il est assez rare d’aller voir des films d’une durée de 6 heures… Là encore, par souci de cohérence, on ne peut que comprendre les choix du studio ACE Team.
Nous aurions quand même adoré pousser encore un peu plus loin l’aventure, et ce notamment grâce à ce filtre VHS dont nous vous parlions précédemment. Ce dernier est réellement un pur régal pour les yeux du passionné et vous fera vite oublier quelques textures beaucoup plus grossières croisées ça et là durant notre progression. Mais il serait injuste de ne pas mentionner également l’excellente bande-son que propose TDTOM. Parfois épiques, parfois inquiétantes, les musiques qui composent l’OST sont juste parfaitement en adéquation avec le thème abordé. Concernant les doublages, autant dire que la VO fait des miracles. Jeu d’acteur ultra-kitsch, phrases toutes faites, et un narrateur en feu, on adhère totalement ! Hélas, ceci nous amène aussi et surtout à l’un des seuls gros points faibles du titre, à savoir ses sous-titres. Ne vous inquiétez pas, ils sont suffisamment gros et mis en avant pour ne pas perdre une miette des anecdotes croustillantes. Le problème vient surtout du fait que le narrateur parle trop, et surtout au mauvais moment. Bien sûr, cela reste cohérent de commenter une scène de combat. Néanmoins, pour peu que vous soyez concentrés sur ce que vous faites (ce qui, en soi, semble assez logique), vous êtes quasiment sûrs de louper la blague que vient de raconter Dan Smith… Frustrant !
Verdict : 8/10
The Deadly Tower of Monsters est, sans mauvais jeu de mot, un véritable OVNI. Faisant le pari risqué de plaire avant tout aux joueurs les plus anciens, ACE Team et Atlus (l’éditeur) nous livrent ici un titre rafraîchissant comme on n’en fait plus. Gameplay, visuels, ambiance, doublage… On s’y croirait ! Cependant un peu trop court et assez peu gratifiant, il ne manque pas grand-chose au jeu pour être un hit en puissance… De la coop locale, peut-être. Quoiqu’il en soit, vendu à 14,99 € (9,74 € pour les abonnés PlayStation Plus), il serait fort dommage de louper cet hommage vibrant, drôle, et réussi à une époque hélas révolue.
Cryo
13 novembre 2016 at 19 h 53 minJe suis en train d’y jouer, et ce jeu mérite bien ta note. Par contre, 6h pour le terminer, je dirais plus et dès le chapitre 2, la difficulté monte d’un cran: il n’est pas aussi facile que cela. Et je suis entièrement d’accord sur l’aspect kistch et nanard qui rend ce jeu très plaisant… 😉