Lancée durant l’été 2019 avec un premier épisode intitulé Man of Medan, la saga The Dark Pictures s’est récemment dotée d’une nouvelle aventure intitulée The Dark Pictures Anthology: Little Hope. Anthologie oblige, cette dernière reprend les bases précédemment établies par Supermassive Games pour les mettre en scène dans un univers totalement inédit, avec des personnages différents. Rebelote donc, nous avons de nouveau pris notre courage à deux mains afin de plonger dans ce nouveau cauchemar, avec l’espoir de nous en sortir pour le mieux… ce qui est toujours plus facile à dire qu’à faire.
Test réalisé sur PS4 grâce à une version physique fournie par l’éditeur
Le poids du passé
Nouvelle aventure, nouveau cadre. Tel est le concept de The Dark Pictures Anthology. Après nous avoir fait vivre des moments difficiles au beau milieu de l’océan Pacifique dans Man of Medan, le studio nous emmène cette fois-ci en plein cœur d’une petite bourgade américaine à l’histoire passionnante. En effet, Little Hope, qui donne donc son nom au jeu, est une ville connue pour avoir été en proie à une terrible chasse aux sorcières au cours du XVIIème siècle. Aujourd’hui devenue une véritable ville fantôme, elle semble faire l’objet d’étranges événements. C’est en tout cas ce que vont découvrir par la force des choses nos cinq nouveaux héros, qui se retrouvent mystérieusement bloqués sur place après avoir été victimes d’un accident de la route au cours d’une sortie scolaire.
Avec des noms comme Silent Hill ou Les Sorcières de Salem comme source d’inspiration principale, The Dark Pictures Anthology: Little Hope a de quoi attiser notre curiosité autour d’un thème qui en a fait frémir plus d’un : la sorcellerie. Et bonne nouvelle, c’est une belle réussite. Avec ce second volet, Supermassive Games nous offre une histoire pleine de mystères qui parvient à nous impliquer du début à la fin grâce à une narration rondement menée et une ambiance réussie, bien que peu enclin à effrayer en dehors de quelques screameurs efficaces mais redondants. Chaque nouvel élément qui se révèle à nous conduit à réfléchir, à tout remettre en question et même à douter, quand bien même les réponses sont des plus évidentes. Autant dire que c’est très fort, surtout de la part d’une aventure qui ne dure que cinq à six heures tout au plus. Cela dit, cette courte durée est loin d’être un défaut puisque cela permet de ne laisser aucune place à de quelconques longueurs inutiles.
Pour accompagner le tout, on a évidemment affaire à un casting de qualité, notamment porté par l’acteur britannique Will Poulter (Le Labyrinthe, Black Mirror). Il est vrai qu’à première vue, le titre semble nous confronter à des personnages très clichés. Mais le fait est que ces quelques heures passées en leur compagnie réussiront à établir un certain lien, d’autant plus que leur personnalité tend à se (re)définir au fur et à mesure de notre progression. À ce sujet, sachez que le doublage français s’en sort relativement bien dans l’ensemble, même s’il n’est malheureusement pas exempt de défauts. Phrases incomplètes voire non traduites ou brusques changements de tons seront parfois de la partie. Enfin, comme cela avait été annoncé, le fameux Conservateur de Man of Medan, incarné par Pip Torrens, fait son grand retour en tant que narrateur et, il faut le dire, il est toujours aussi classe.
Maître de son destin
Incarnant le lien entre le joueur et le récit, il brise à chacune de ses interventions le quatrième mur afin de s’adresser à nous. C’est là l’occasion pour lui de faire le point sur la situation et potentiellement, si le joueur l’accepte, de nous donner quelques indices extrêmement énigmatiques pour comprendre ce qui se passe. Car à l’instar des précédents titres de Supermassive Games, Little Hope prend la forme d’un film interactif. En d’autres termes, cela signifie que tout au long de l’aventure, il incombera au joueur de prendre des décisions qui influenceront directement et surtout significativement le déroulement de la suite des événements. Si vous avez joué à Until Dawn ou plus récemment à Man of Medan, vous ne serez aucunement dépaysé par le gameplay qui reprend trait pour trait les mêmes mécaniques de jeu que ces derniers.
Très cinématographique dans la forme, la prise en main se veut extrêmement sommaire et minimaliste. Au cours de certaines phases, vous aurez le contrôle de l’un des cinq personnages et pourrez explorer des environnements assez retreints à la recherche de multiples secrets vous aidant à faire la lumière sur ce qui se passe. Ne négligez surtout pas ces moments qui peuvent avoir un rôle important sur la suite de votre aventure, puisque vous pourrez également mettre la main sur des images prémonitoires vous donnant un aperçu d’un avenir possible. À vous d’interpréter ces indices au mieux et de prendre les bonnes décisions pour éviter que cela n’arrive (dans le cas d’une image encadrée de noir) ou, au contraire, que tout se produise comme prévu (dans le cas d’une image encadrée de blanc).
Pour le reste du temps, vous serez alors confronté à de longues cinématiques et phases de dialogue, ce qui ne veut absolument pas dire que vous serez spectateur pour autant. C’est même tout l’inverse. C’est durant ces moments-là que vous aurez le plus de pouvoir puisqu’on vous demandera de décider de la tournure des événements, soit en orientant le dialogue, soit en effectuant des choix et actions sous forme de QTE. Par exemple, notez bien que les interactions entre les différents personnages sont capitales car non seulement vos choix auront un impact positif ou négatif sur leur relation, mais en plus cela influencera la personnalité de celui que vous incarnez au moment concerné. Tout cela pouvant alors avoir de lourdes conséquences par la suite. De même que toute action effectuée ou QTE raté, qui doivent être faits dans un laps de temps très limité, peuvent signer la mort de l’un de vos héros.
Une rejouabilité poussée
Car oui, comme on pouvait s’en douter de la part d’une telle expérience, il est une nouvelle fois possible de perdre n’importe quel personnage à de multiples moments au cours de l’aventure. D’où l’importance de bien mesurer ses choix, même si la limite de temps imposée met indéniablement une pression pouvant nous amener à agir dans la précipitation. Cela nous permet d’ailleurs d’aborder un point important : la rejouabilité. Si l’histoire de Little Hope ne dure que cinq ou six heures, elle embarque avec elle de multiples embranchements scénaristiques pouvant conduire à modifier l’approche des événements, voire parfois à nous confronter à de nouvelles scènes à côté desquelles nous aurions pu passer. Autant dire que si vous êtes de nature curieuse, le jeu vous occupera pendant un certain temps, même si le fond même de l’histoire générale ne change pas drastiquement non plus. De notre côté, à l’heure où nous écrivons ce test, nous avons pu découvrir trois fins liées à différents destins pour chacun des personnages.
En outre, tout comme cela était déjà possible avec le premier volet de The Dark Pictures, ce nouveau titre s’accompagne de deux modes multijoueur permettant de vivre l’expérience différemment : Histoire partagée et Soirée télé. Le premier se joue en ligne et permet à deux personnes d’incarner un personnage différent au cours des scènes, et donc de choisir à sa manière comment influencer l’histoire des deux joueurs. Le second est quant à lui uniquement disponible en local et offre la possibilité de vivre l’aventure jusqu’à cinq personnes, qui incarnent à tour de rôle les héros. Si vous en avez l’occasion, on ne saurait que trop vous recommander de vous livrer au moins au premier avec un ami car il propose un certain nombre de scènes supplémentaires qui ne sont pas disponibles en solo. Cela lui donne donc une véritable plus-value, et on félicite par ailleurs les développeurs d’avoir su créer un tel mode sans que l’aventure en solitaire ne nous donne l’impression de passer à côté de choses importantes pour autant.
Comme au cinéma
Expérience cinématographique oblige, Supermassive Games a une nouvelle fois opté pour un rendu cherchant à s’approcher autant que possible du photoréalisme. Sans surprise, Little Hope nous apparaît donc comme étant d’excellente facture visuellement parlant, les personnages étant criants de réalisme et les environnements réellement sublimés par une ambiance et une mise en scène des plus travaillées. Cela dit, le tableau n’est pas toujours parfait non plus et en dépit d’une motion capture extrêmement fidèle, quelques progrès peuvent encore être faits au niveau des expressions faciales des héros qui ne collent pas toujours au ton employé. On a également pu noter la présence de légers bugs, dont l’un nous a plusieurs fois empêché d’accéder au menu du jeu, ainsi que des freezes de l’image durant quelques secondes à de rares moments. Pour finir, on pourra par ailleurs regretter des transitions entre les scènes parfois assez anecdotiques mais aussi une bande-son, toujours signée Jason Graves, qui se veut trop classique et déjà entendue ailleurs.
Verdict : 8/10
Après Until Dawn, qui reste indéniablement l’expérience ultime créée par Supermassive Games, et Man of Medan, le studio nous prouve une fois encore avec The Dark Pictures Anthology: Little Hope son savoir-faire en matière de film interactif horrifique. Sur fond d’histoire de chasse aux sorcières, cette nouvelle production nous plonge dans une aventure des plus captivantes qui, sans réellement parvenir à nous faire peur, se dote tout de même d’une ambiance savoureusement angoissante. Il est toujours aussi grisant de se livrer au jeu du choix et des conséquences, et c’est avec plaisir que l’on a envie de se replonger dans le cauchemar de nos nouveaux héros afin de modifier leur destin… pour le meilleur et pour le pire.
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