Cela fait maintenant plus d’un an que les studios Supermassive Games et Behavior Interactive travaillent en collaboration pour proposer une nouvelle manière de découvrir l’univers de Dead By Daylight dans un tout nouveau jeu. Armé de votre caméra 8 mm, vous et vos camarades tentez de produire le prochain film d’horreur à succès. L’ombre de Frank Stone règne dans le village de Cedar Hills. Arriverez-vous à survivre à ce tueur démoniaque ? Plongez dans cette nouvelle approche à destination avant tout des fans, afin de découvrir ou de redécouvrir l’univers de Dead by Daylight pour ceux qui n’apprécient pas le gameplay de ce dernier. Cependant, faudra-t-il avoir joué à Dead by Daylight obligatoirement pour profiter pleinement de l’expérience horrifique de The Casting Of Frank Stone ?
Test réalisé sur PC à l’aide d’une copie envoyée par l’éditeur
Il était une fois Frank Stone
The Casting of Frank Stone commence par le monologue d’une femme encapuchonnée. Elle semble nous conter l’histoire de Frank Stone et de ses motivations avant de rentrer dans le vif du sujet. Le jeu se déroule sous 3 époques différentes dans la petite ville de Cedar Hills dans l’Oregon, aux États-Unis. Il est important de noter que ces 3 temporalités se joueront en même temps et n’empêcheront pas la découverte de secrets d’une époque à une autre. Nous avons tout d’abord l’année 1963 où un policier du nom de Sam Green enquête sur la disparition d’un jeune enfant dans une aciérie de l’Oregon. Cette dernière est toujours en activité malgré des événements et des disparitions plutôt étranges autour de cette dernière. Un protagoniste semble revenir constamment : Frank Stone, un homme dont le passé trouble et le comportement s’avèrent en déranger plus d’un.
Un tueur en série sadique qui marquera à tout jamais les familles, la ville et les générations à venir de ses horreurs qui dépassent l’entendement. À la suite de cette rencontre entre Sam Green et Frank Stone, nous avons la temporalité de 1980. Dans cette dernière, nous suivons un groupe de 5 personnages : Linda Castle, Jaime et Bonnie Rivera, Robert Green (le fils du policier Sam Green) et Chris Gordon. Ce joyeux petit groupe a comme volonté de créer un film d’horreur par leurs propres moyens. Quoi de mieux que de se faufiler dans l’aciérie de Cedar Hills où des horreurs innommables ont été perpétrées pour donner de l’essence à leur film Murder Mills (Aciérie Assassine en français). Malheureusement, tout ne passera pas comme prévu et de nombreux événements marqueront les différents protagonistes à vie dans cette aciérie démoniaque.
La dernière temporalité, quant à elle, se trouve en 2024, soit presque 60 ans après les meurtres de Frank Stone. Des nouveaux personnages ou des déjà existants feront leur apparition dans le Gerant Manoir, géré par Augustine Lieber. Nous apprendrons au cours de l’aventure que cette dernière est une psychiatre qui s’est notamment occupée du cas de Frank Stone. Par ailleurs, elle cherchera à tout prix à récupérer les différents morceaux du film Murder Mills et proposera un prix plutôt alléchant à chaque protagoniste en échange de ces derniers. Maintenant que le contexte est posé, l’aventure se déroulera légèrement à la manière de la série des Dark Pictures de Supermassive Games.
En effet, quelques cinématiques rythmeront votre aventure dans un monde plus ouvert, mais plutôt bien cloisonné. Le but est d’avancer d’un point A à un point B de manière fluide à l’aide d’objectifs se déclenchant à chaque étape. The Casting of Frank Stone propose donc une phase d’exploration bien plus complète qu’un Dark Pictures, mettant un peu plus de côté le système de QTE. Pas besoin de réfléchir outre mesure pour résoudre les quelques énigmes qui se baladent, tout est guidé pour avancer dans l’histoire. Les objets à collecter seront mis en surbrillance pour vous aider. Après une première partie finie, vous débloquerez un radar vous permettant de les localiser avec facilité.
Tout ce beau petit monde discutera tout au long de la partie, et vos choix auront des conséquences à chaque instant. Chaque décision pourra vous mener à la liberté, comme à la mort. Nous sommes quand même face à une collaboration avec Supermassive Games, il est donc normal de parier sur la vie et la mort. Non sans oublier l’univers de Dead By Daylight (ou DbD) qui n’est pas des plus joyeux. Certains dialogues ne seront disponibles que si certaines conditions sont remplies ou certains éléments de décor on été observés. De nombreuses références à Dead By Daylight se retrouvent tout au long du jeu, que ce soit à travers les 12 babioles à trouver ou les 12 peluches de tueurs. Des masques, des crochets, des générateurs, des marques de traque, des musiques : le tout est une ode à cet univers qui ravira plus d’un fan. Car ce titre est avant tout à destination des fans tant les références pullulent tout au long de la partie.
Nous ne comptons plus le nombre de fois où nous nous sommes arrêtés puisque la musique correspond au lancement d’une partie de DbD ou qu’à travers quelques sueurs froides, nous avons trouvé le masque de la Chasseresse sur le coin d’une étagère. Bien que nous ayons effectué quelques pauses pour contempler toutes ces références, le jeu se finit entre 7 et 9 heures de manière plutôt tranquille, avec un total de 14 chapitres. Bien évidemment, si vous souhaitez débloquer toutes les fins et tous les trophées, il faudra prendre votre mal en patience. En effet, il sera nécessaire de débloquer les 224 embranchements possibles. Ce genre de jeu de narratif propose toujours un fort potentiel de rejouabilité. Avec la version Deluxe ou après une première partie complète avec la version Standard, vous aurez accès à la salle de montage permettant de retourner en arrière pour effectuer un autre choix.
Une histoire narrative proche d’un Dark Pictures
The Casting of Frank Stone est un jeu d’aventure narratif à l’ambiance un peu horrifique. En effet, tout n’est pas rose dans ce jeu ; après tout, nous parlons de monstres, de meurtres et d’autres tortures possibles. Cependant, ne vous attendez pas à des jumpscares et à vous cramponner à la manette pour réussir tous les QTE qui pourraient arriver à n’importe quel moment. Certes, l’ambiance pèse sur le joueur et les décors tachés de sang accentuent cette sensation. Cependant, très peu de jumpscares sont présents, rendant l’œuvre moins effrayante de prime abord. Bien évidemment, nous ne parlerons pas des morts des personnages, qui sont toujours orchestrées de manière spectaculairement chargées d’hémoglobine. Ce titre s’inspire donc largement et entièrement de l’univers de Dead by Daylight.
Au niveau du style narratif, nous ne pouvons même pas parler d’inspirations au vu de la collaboration avec le studio Supermassive Games, responsable d’Until Dawn, de The Quarry ou de l’anthologie des Dark Pictures. Disponible sur PS5, Xbox Series X|S et PC, The Casting of Frank Stone est une expérience réussie. Ayant pu le tester sur PC, nous avons autant testé la combinaison clavier/souris qu’en utilisant une manette. Point bonus à l’affichage des icônes que l’on peut paramétrer comme une manette Xbox ou comme une manette PlayStation, de quoi endiguer la bataille des consoles l’espace d’un instant.
Les touches sont intuitives tout au long du jeu. Nous déplaçons nos différents personnages avec le joystick, nous avons quelques clics pour les QTE où il faudra appuyer dans le bon intervalle, comme à la manière de réparer les générateurs dans DbD. Quelques rares fois, il sera nécessaire d’appuyer en continu sur le bouton X pour parvenir à ouvrir une porte. Nous utilisons également les gâchettes pour utiliser la caméra 8 mm ou pour retourner un objet. Les touches sont toujours rappelées à chaque instant, impossible de se perdre dans la manipulation du jeu. De plus, chaque interaction avec un personnage se fera à travers différents choix possibles. Des choix plus ou moins importants qui pourront améliorer la relation entre deux personnages, détruire cette dernière ou tout simplement mener à la mort de l’un des deux.
Chaque décision n’est pas forcément indispensable pour la suite de l’histoire. Vous ne découvrirez cela qu’après avoir effectué votre choix et observé la scène sous vos yeux ébahis. Le jeu proposera donc plusieurs fins classiques dans lesquelles tout le monde survit, tout le monde meurt, ou certains survivent et d’autres meurent. Tout cela permet une expérience des plus personnelles à chaque partie. Une histoire personnelle ou à plusieurs, car le jeu propose un mode solo et un mode ensemble jusqu’à 5 personnes pour pouvoir contrôler nos 5 protagonistes préférés. La manette sera donc passée en cours de route à travers un nouvel écran présentant le personnage et le joueur qui devra s’occuper de la prochaine session de gameplay.
Tout s’enchaîne parfaitement dans ce titre, aucun moment de mou n’a été présent. Avec la durée d’une première partie entre 7 et 9 heures, nous aurions pu croire à des moments de comblement de scénario. Cependant, cela n’a pas été le cas. Nous avons eu le droit à certaines énigmes trop faciles ou trop redondantes et pas très pertinentes, parfois juste une référence flagrante à DbD. Elles sont assez vite résolues pour se focaliser uniquement sur l’histoire et nos choix à nous. Les objectifs seront là pour vous aider à tout moment, comme le fait de trouver tel objet ou de parler à tel personnage pour enclencher la scène suivante.
Vous êtes donc guidés tout au long de votre aventure pour connaître l’histoire de Cedar Hills. De nombreux collectables seront présents tout au long de votre partie. Une nouveauté permet un résumé assez rapide sur le côté droit à chaque objet important inspecté. Cela permet de comprendre l’œuvre sans grand effort. Certains joueurs pourraient se sentir frustrés de se retrouver autant guidés par la main, tellement tous les rebondissements sont clairement expliqués et laissent peu à l’interprétation personnelle.
Et ils vécurent heureux… ou pas
Visuellement, The Casting of Frank Stone a pris le meilleur des Dark Pictures. En effet, les décors ainsi que l’animation des protagonistes ont été revus à la hausse et font plaisir aux yeux des connaisseurs. On reconnaît la puissance de l’Unreal Engine 5 tant les décors sont impressionnants et propres, même pour un ordinateur ne disposant pas d’une configuration dernier cri. Certaines scènes étaient si impressionnantes que nous avons posé notre manette pour admirer les détails, le jeu nous laissant la possibilité d’observer pleinement sans interruption. Une nette amélioration est à noter concernant les visages des différents protagonistes. En effet, certains visages des Dark Pictures semblaient plutôt robotiques, les yeux vides et une texture des cheveux pas des plus réalistes. Supermassive Games a donc appris auprès du studio de Dead By Daylight pour proposer des visages bien mieux réalisés qu’à l’accoutumée. Cela reste tout de même perfectible, mais pour un fan de la première heure, c’est une grande réjouissance. Les regards ne sont plus vides et les mouvements des personnages paraissent plus réalistes.
Même si de nombreux efforts ont été apportés à ce nouveau jeu, nous avons été confrontés à plusieurs problèmes. En effet, l’optimisation générale du jeu n’est pas le point fort du titre, et nous avons souffert à certains moments de ralentissements, voire de freezes complets de l’écran avant de reprendre comme si de rien n’était. De la même manière, l’intelligence des PNJ n’est pas des plus formidables. En effet, lors de phases d’exploration, nous ne comptons plus le nombre de fois où les personnages sont restés bloqués dans l’escalier tout en nous parlant à côté de notre oreille alors que nous sommes à l’autre bout de la carte. Nous avons eu des PNJ nous bloquant la route, plus forts que notre personnage, ne pouvant avancer plus loin pour aucune raison. Ainsi que certaines téléportations de personnages qui ne devaient pas se trouver dans cette position à ce moment-là.
Par ailleurs, la taille d’écriture de certains objets à découvrir est relativement petite, sans possibilité de la modifier dans les options du jeu. Nous supposons que tous ces ajustements seront résolus très rapidement à travers différents patchs. Cela n’a pas pour autant nui à notre expérience avec The Casting of Frank Stone qui nous a tenu en haleine avec cette histoire riche en rebondissements. Nous notons tout de même un point négatif : il est impossible de sélectionner volontairement les personnages jouables. En effet, ces derniers sont attribués aléatoirement sans que le joueur ait son mot à dire.
Le titre remplit parfaitement son rôle de jeu d’aventure narratif d’horreur. Il possède un rythme bien maîtrisé, une musique adéquate à chaque instant. Un doublage de qualité en de nombreuses langues, dont le français pour le sous-titrage et les voix. Aucun faux pas ou erreur n’ont été soulevé de notre côté et il était très plaisant de voir une traduction de qualité et cohérente avec les expressions anglaises. Les options sont complètes et permettent, entre autres, de pouvoir remapper les différentes touches selon notre volonté. On peut rendre le jeu plus simple en évitant le martellement de boutons, en évitant le minuteur lors de certaines actions et nous avons aussi la possibilité de rendre les sous-titres plus lisibles. Fait intéressant : une intégration Twitch a aussi été mise en place pour permettre aux viewers de pouvoir participer lors des différents choix. Une manière de pouvoir faire jouer non pas au maximum 5 joueurs, mais bien plus pour faire découvrir le titre au plus grand nombre.
Finalement, faut-il obligatoirement avoir joué à Dead By Daylight pour jouer à The Casting Of Frank Stone ? La réponse est mitigée. Non, car l’expérience peut très bien se comprendre sans toutes les références à DbD. Certaines réponses seront peut-être un peu mystiques, mais compréhensibles. Certainement que la fin vous sera totalement étrangère cependant. Et d’un autre côté, si vous n’avez pas joué ou ne connaissez absolument rien de DbD, vous passerez à côté d’un nombre incalculable de références et d’arguments pour comprendre l’histoire. De nombreuses scènes vous arracheront un sourire malgré l’horreur de la situation, et ne parlons pas de la fin qui en fera sauter de joie plus d’un connaisseur. Les deux expériences sont donc possibles et permettront à chacun de profiter soit d’un jeu bourré de références, soit d’une histoire narrative horrifique de bonne facture.
Verdit : 7/10
The Casting of Frank Stone est une très bonne mise en scène de l’univers de Dead By Daylight dans un jeu d’aventure narratif d’horreur. Avec un très bon travail au niveau des animations et des décors, vous ne verrez pas passer les 7 ou 9 heures de gameplay pour une première partie. La rejouabilité est au top et permettra d’augmenter ce compteur de manière significative. Le voice acting de qualité vous plongera dans cet univers de grande qualité sur consoles et PC. Soyez donc prêt à vous munir de votre caméra 8 mm et à filmer le film Murder Mills avec toutes vos tripes, car vous en aurez bien besoin.
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