Tandis que les jeux signés Quantic Dream divisent les joueurs de par leur gameplay en retrait total, faisant plus penser à des films interactifs qu’à des jeux à proprement parler ; les développeurs de chez Splendy ont fait le choix de revenir au FMV (Full Motion Video), un genre très prisé entre les années 80 et les années 90. La frontière en le 7ème art et le jeu vidéo aura rarement été aussi maigre, et si cela ne plaira pas à tout le monde, il faut avouer que The Bunker reste une expérience marquante.
À une époque où le jeu vidéo ne parvenait pas à offrir un rendu assez réaliste aux développeurs, sont arrivés les premiers jeux en FMV. Le principe consiste en effet à diffuser une vidéo filmée afin de remplacer des graphismes en temps réel, ce qui permettait alors d’obtenir un rendu bien plus convaincant que les graphismes de l’époque. Mais le temps ayant fait son œuvre, ce procédé a fini par courber l’échine face aux graphismes 3D en temps réel. Depuis, le FMV refait parfois surface, le temps d’un jeu qui se rapproche d’avantage d’un film interactif. Ce fut le cas notamment avec le génial Her Story et plus récemment avec la sortie de The Bunker.
Présenté comme une aventure d’horreur psychologique si l’on se réfère au site officiel de l’œuvre, on lui préfèrera la dénomination de thriller. En effet, si le jeu de Splendy joue allègrement avec certains codes du cinéma d’horreur, on se rend vite compte qu’il n’y a rien de réellement effrayant dans cet abri anti-atomique. En revanche, le sentiment d’oppression lui, est bel et bien présent. Au risque d’enfoncer des portes ouvertes, ce n’est clairement pas par son gameplay que The Bunker brille. Prenant la forme d’un point’n click, le jeu indique aux personnages quelles actions réaliser et dans quelles pièces se rendre. Les interactions étant fortement réduites, on passe clairement plus de temps à être spectateur de l’action que réellement acteur de l’aventure. Si vous aviez déjà du mal avec les productions de Quantic Dream, autant vous dire que The Bunker vous laissera très probablement de marbre.
Le jeu s’ouvre sur la naissance de John, le protagoniste que nous suivrons tout au long de ses pérégrinations dans ce bunker froid et peu accueillant. Si l’on se trouve dans cet abri, c’est parce que l’Angleterre vient d’être victime d’une lourde frappe nucléaire. Plus question de sortir, le bunker reste la seule chance de survie des 59 personnes qui y ont trouvé refuge. Parmi elles, se trouvent des chercheurs, des scientifiques, des médecins et autres membres de l’armée. Et une mère souhaitant à tout prix protéger son fils. 30 ans plus tard, le personnage se retrouve seul, livré à lui même dans ce gigantesque Bunker, en suivant méticuleusement la routine qu’il s’est fixé. Prendre ses médicaments, vérifier son taux de radiation, contrôler l’état du système d’aération… Survient alors l’élément déclencheur qui poussera ce très cher John à sortir de sa zone de confort. Et là où le joueur à l’habitude de contrôler des personnages sûrs d’eux, confiants et rassurants, il est ici en présence d’un homme effrayé par la simple idée de devoir explorer des zones du Bunker qu’il n’a plus visité depuis des années.
Sa hantise devient alors la nôtre, ses moindres peurs se transmettent sans mal et sans que l’on s’en rende compte, The Bunker instaure une ambiance peu rassurante. Un banal couloir peu éclairé devient menaçant, le simple fait de descendre des escaliers devient un véritable dilemme. « Faut-il sauter le pas ? ». À vrai dire, il n’y a pas vraiment de choix. Et plus on avance, plus l’histoire des résidents de cet abri se dessine devant nos yeux. Rassurez-vous, The Bunker ne fait pas partie de ces jeux posant de nombreuses questions sans jamais y répondre.
S’il avait pris la forme d’un jeu comme on en voit habituellement, The Bunker aurait-il eu le même impact sur le joueur ? Aucune chance à vrai dire. Ici, le jeu d’acteur, de grande qualité, donne justement au titre tout son intérêt. C’est à dire qu’avec Adam Brown (Ori dans Le Hobbit) et, entre autres, Sarah Green (Penny Dreadful), le casting tient parfaitement la route et offre un résultat plus que convaincant. Aussi, le jeu n’est ni doublé, ni sous-titré en français. Il faudra donc faire avec la langue de Shakespeare, afin de vivre cette mystérieuse aventure aussi courte qu’intense. Car il ne faudra pas plus de 2h30 pour voir l’écran des crédits, après avoir choisi l’une des deux fins proposées.
VERDICT
The Bunker n’est clairement pas le genre de jeu qui s’adresse au grand public. Entre sa non traduction en français et sa condition de film interactif, beaucoup passeront à côté de ce que le jeu souhaite véhiculer. Pourtant, l’histoire est passionnante et malgré l’atmosphère oppressante des lieux, l’envie de lever le voile sur la mystérieuse disparition de tous les résidents du bunker s’accentue au fur et à mesure de notre avancée. The Bunker est une expérience courte mais intense, soulignée par un jeu d’acteur de qualité. Preuve s’il en est que le FMV n’a pas dit son dernier mot.
Test réalisé sur PS4 à partir d’une version éditeur
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