Après une sortie remarquée et appréciée sur nos ordinateurs, Stoic Studios s’est décidé à porter son bébé sur la PlayStation 4. Un projet ambitieux développé par trois anciens des studios BioWare, Arnie Jorgensen, John Watson et Drew Mc Gee, lesquels avaient à coeur de créer une nouvelle licence à fort potentiel : The Banner Saga. Un pari réussi sur PC, mais qu’en est-il de sa version PS4 ?
Direction Grofheim !
Bien loin de l’univers galactique de Star Wars: The Old Republic, The Banner Saga évolue au sein d’un univers mystique, médiéval, dans lequel les humains tentent de vivre en communion avec les Varl, sortes de créatures mi-homme mi-bête à l’allure de vikings, affublées de cornes sur le crâne. L’intrigue débute lorsqu’à l’ouest de cette immense carte, une caravane, dirigée par Ubin – un Varl collecteur d’impôts – se voit obligée de prendre part à une bataille féroce. En effet, une cité se trouvant sur votre route vient d’être assiégée par des pillards sans vergogne. N’écoutant que votre courage, vous partez à la rescousse du maître de la ville, pris au piège dans le grand hall de sa demeure. Après avoir rapidement et proprement fait le ménage, vous reprenez votre route en direction de Grofheim – la capitale du peuple Varl – aux côtés du prince humain Ludin qui accompagne la troupe.
À l’est de cette tribu de Varl, Rook et sa fille Alette ne sont pas non plus épargnés par la nature… Victimes d’une embuscade, nos deux nouveaux héros n’ont d’autre choix que de combattre, afin de sauver leur peau, face à un féroce escadron Dredge : des colosses vêtus d’armures ancestrales et hostiles à toute forme de vie intelligente… Après une lutte âpre, père et fille se dirigent en vitesse jusqu’au village, afin d’y prévenir le chef ainsi qu’Iver, le seul Varl en présence. Ce n’est qu’après avoir furtivement récupéré quelques vivres que les quelques survivants se mettent en route vers l’ouest, à la recherche d’un refuge. Un scénario découpé en chapitres, au sein d’un univers gigantesque, dans lequel sont disséminées de nombreuses références historiques. Il vous suffit d’ailleurs de glisser votre curseur sur un élément de la carte (bâtiment, montagne…) afin d’y découvrir une description détaillée des factions qui s’y trouvent, les religions en présence…).
Avancer, sans se retourner…
The Banner Saga se dévoile sous nos yeux, tel un jeu de plateau. Exigeant, stratégique,… En pleine fuite, aucun retour en arrière n’est possible. Votre caravane avance mécaniquement… Votre destin, votre chemin est pour ainsi dire tout tracé. Une bien belle désillusion, surtout à en juger par la taille de notre terrain de jeu. Fort heureusement, ce manque est contre-balancé par une dominante RPG omniprésente. Si votre feuille de route vous est prédestinée, le sort de vos hommes est entre vos mains. Chaque jour, votre garnison consomme un certain nombre de vivres, que vous devrez surveiller de très près. Ainsi, vous serez confronté à des situations qui nécessiteront une prise de décision. À l’ouest comme à l’est, vous devrez, par l’intermédiaire de dialogues, faire des choix qui auront des répercussions sur la suite de votre aventure. Par exemple, vous pourriez rencontrer un groupe de personnes, lesquelles tenteront de se joindre à vous.
- Vous acceptez, prétextant manquer de personnes aguerries au combat.
- Vous leur demandez qui ils sont, et pourquoi ils se trouvent ici.
- Vous refusez, les vivres manquent et ces personnes ne vous inspirent pas confiance.
Accorder votre confiance à quiconque pourrait vous jouer des tours. À l’inverse, être trop méfiant pourrait amoindrir vos chances de survie. Sans nourriture, il est – en toute logique – impossible de survivre. Laissez votre caravane mourir de faim et le moral des troupes s’en trouvera amoindri. Vous êtes donc le seul maître de votre destin…
L’arme à la main, l’enjeu est tout aussi stratégique. Le jeu de plateau se transforme ainsi en véritable partie d’échec, dans laquelle chaque tour est crucial. Sur le champ de bataille, vous devrez positionner défenseurs, guerriers et archers de manière à prendre le contrôle du terrain. Chacun d’entre eux dispose d’attaques spécifiques, les archers pouvant attaquer à distance et “miner” le sol, les lanciers pouvant asséner un coup en diagonale et les guerriers pouvant par exemple faire reculer leurs adversaires de plusieurs cases. Au bout du compte, l’affrontement est minimaliste, et ne s’embarrasse d’aucune fioriture. Après avoir succinctement déterminé votre roster et définit l’ordre de jeu de chacun de vos personnages, vous être prêt à combattre : Dredges et pillards en majorité. Chaque personnage présent dispose d’une Force et d’une Armure. Tandis que cette dernière vous confère un certain niveau de défense, la Force correspond quant à elle à votre puissance d’attaque, ainsi qu’à votre jauge de points de vie. Contrairement aux classiques, The Banner Saga vous contraint à tenir compte des deux caractéristiques, en même temps. En d’autres termes, votre aptitude à infliger des dégâts dépendra du score d’armure de votre assaillant. Réduisez ce score de défense et vous serez en mesure d’asséner des coups critiques. Vos talents de stratège seront constamment mis à profit face à une IA plutôt maîtrisée et qui aura tendance à vous mettre au pied du mur !
Chaque victoire vous permet de gagner en Renommée – faisant pour ainsi dire office de monnaie – que vous pourrez utiliser comme bon vous semble, afin d’acheter de nouveaux équipements, ou en améliorant vos combattants et leurs statistiques : Force, Armure, Fracture, Effort et Volonté. Cette dernière caractéristique peut vous octroyer divers bonus en termes de déplacements et de dégâts infligés. Limitée lors de vos affrontements, la Volonté devra être utilisée avec parcimonie, et peut peser dans l’issue du combat.
La meilleure défense n’est pas forcément l’attaque !
The Banner Saga dispose d’une direction artistique époustouflante. Son univers riche et coloré nous invite au voyage, et n’est pas sans rappeler certains dessins animés. Des cinématiques maîtrisées, une carte qui fourmille de détails, on ne demande qu’à en découvrir davantage sur les origines de ce qui nous entoure. Qu’il s’agisse de montagnes ou de forêts majestueuses, nous sommes transportés de part en part, afin de découvrir l’issue de ces deux épopées. Les combats sont sympathiques et les animations réussies. On regrettera tout de même le manque de profondeur apporté aux décors, notamment pour les surfaces de combat qui nous donnent une impression de plat. La bande son est, à l’instar du système de combat, minimaliste. Rien de sensationnel, mais une formule tenue de bout en bout, et nous ajoutons un soupçon d’immersion bienvenu. Mais le gros bémol de ce titre restera sans nul doute sa traduction française qui fait parfois défaut. Des mots manquants, rendant les phrases incompréhensibles… Bref, légère déception pour un titre presque exempt de défaut.
Verdict : 8/10
Stoic a réalisé un quasi sans faute en développant The Banner Saga. Un univers riche et enchanteur, une intrigue intense et un système de combat minimaliste et surtout addictif… Bref, un cocktail détonant qui fait de ce titre, un véritable incontournable du jeu. On regrettera une fois de plus la qualité de la traduction française, ainsi que la durée de vie quelque peu limitée (10 à 12 heures de jeu). Un achat judicieux qui plaira sans nul doute aux inconditionnels du Rôle Play.