Premier jeu des ambitieux norvégiens de Rain Games, Teslagrad est un projet rendu possible il y a un an sur PC grâce au programme Steam Greenlight. Si l’univers de ce petit titre s’annonce enchanteur, le studio prend un pari risqué en choisissant un genre surexploité dans la scène indé : le puzzle / plateformes. En conditions optimales, on s’est glissé dans une toge de mage pour contrôler l’électricité et vous donner notre verdict.
VDM (VIE DE MAGE)
Qu’il est sombre, ce ciel couvrant ces bâtiments à l’architecture antique. Dans une ancienne cité inconnue d’Europe de l’Est, un enfant se voit chassé de force de sa maison lorsqu’il échappe de justesse à une attaque ciblée de soldats. Contraint de laisser sa mère, le gamin n’a pas d’autres choix que de s’enfuir, sous une terrible pluie. Puis vint cette gigantesque tour de pierres, ce refuge impressionnant et mystérieux. Le voici, notre cadre de Teslagrad.
Pour le vrai contexte, il faut aller dans une époque plus éloignée. Jadis, le pays était parfaitement protégé par un roi qui puisait son invincibilité dans la magie des teslamanciens. Ces mages en toge bleue étaient des alliés plus que redoutables, car ils contrôlaient les métaux et l’électricité. Si tout allait pour le mieux jusqu’à présent, il en fut autrement lorsque le dirigeant couronné voulu étendre son pouvoir en annexant un maximum de royaumes. Déçus d’une telle façon de penser, les magiciens décidèrent de s’écarter du roi. La défaite fut instantanée pour la quête du souverain qui, par rancune égoïste et irréfléchie, décida d’exterminer tous les teslamanciens de la Terre.
UN MAGNETO EN HERBE
Le dernier survivant c’est vous, ce petit garçon se trouvant dans la dite tour Tesla. Cultivés que vous êtes, il n’est peut-être pas nécessaire de mentionner le fait qu’il s’agisse d’une référence envers l’inventeur Nikola Tesla, et non les voitures américaines (comment ?!). Le concept clé de Teslagrad est donc l’électricité ou, plus précisément, le magnétisme. Le gameplay nous met face à un jeu de plate-formes divisé en salles avec des énigmes à résoudre à l’instar de, citons par exemple, The Swapper. Au fil de votre avancement, vous débloquerez de nouvelles capacités afin d’évoluer dans le terrain, comme la possibilité de faire un déplacement éclair sur une courte distance ou avoir une polarité différente à chaque poing. Les puzzles sont assez bien construits, variés et nécessitent tout de même un minimum de réflexion et d’essais pour en venir à bout. Vos cours de physique vous l’ont appris – car oui, ils servent finalement à quelque chose – « les opposés s’attirent ». De nombreuses fois, traverser un endroit devient extrêmement délicat car il faudra jongler entre le plus et le moins tel un aimant. Ainsi, même si le genre est déjà trop exploité, les équipes de Rain Games arrivent à faire oublier le risque avec ces idées bien amusantes.
Le timing est crucial dans Teslagrad et ne pardonne en aucun cas la moindre maladresse. Malheureusement, ça en est tout aussi sympathique qu’aberrant. Autant ce « die and retry » est – disons – nécessaire lorsque l’on rate ou que l’on est perdu en pleine pièce, autant il devient énervant lors des affrontements. En effet, cette aventure vous confrontera à 5 boss plutôt originaux qui, même s’ils ont des mouvements répétitifs (patterns), sont beaucoup trop punitifs car notre personnage meurt en un seul coup. Le rythme plaisant se voit donc quasiment à chaque versus entaché par cela et c’est bien dommage.
À LA VIE, À LA MAIN
Ce qui détachera réellement le jeu de ses homologues est au final sa pâte artistique à tomber. Réalisé en 2.5D avec des décors et personnages entièrement fait à la main, Teslagrad s’apparente à une véritable bande-dessinée animée. Cette forte identité est tout simplement formidable et n’est pas sans rappeler un certain Paper Mario à l’époque. Si l’histoire ne contient absolument aucun dialogue et joue sur les images, la bande-son se contente de fournir assez d’émerveillement. L’ambiance et le charme sont là.
Pour être honnête, on est au point qu’on regrette complètement le fait de ne pas pouvoir s’y attarder un peu plus, car le titre souffre d’une durée de vie bien trop courte (une habitude chez les productions indépendantes). Il possède tout de même une once de rejouabilité, puisqu’il y a 36 parchemins cachés à collecter pour débloquer une fin différente. Cette chasse intriguante débloque des visuels sur l’histoire pré-Teslagrad. Mais si elle est intéressante à faire, elle peut s’avérer ennuyante étant donné qu’il n’y a pas de points de navigation rapide.
VERDICT : 7,5/10
Bien qu’employant un genre déjà vu et revu dans les jeux indés, Teslagrad se base sur un concept basé sur le magnétisme qui fait son charme et offre un minimum de réflexion. Cet aspect « die and retry » est sympathique mais devient ceci dit aberrant, car trop punitif lors des affrontements contre des boss. Reste que le titre bénéficie d’une forte identité visuelle et musicale. Inspirée d’une vielle Europe, la réalisation est fabuleuse avec ses illustrations et personnages conçus à la main. De quoi nous rendre presque triste de ne pas pouvoir en profiter plus avec cette durée de vie peu généreuse.
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