Présenté pour la première fois lors du State of Play de septembre 2022, l’attente est enfin terminée. Tekken 8 est là et sévit déjà sur PC, PS5 et Xbox Series X|S depuis le 29 janvier dernier. Le titre poursuit la confrontation entre les Mishima à la suite de la disparition de Heihachi. Tekken 8 veut dynamiser la série, notamment grâce à l’apparition de la feature dite du « Heat » afin de pousser et récompenser l’agressivité, tout cela sans dénaturer le cœur du gameplay de Tekken depuis plus de deux décennies maintenant.
Test réalisé sur PS5 à l’aide d’une copie numérique fournie par l’éditeur.
Ghost of Mishima
Après avoir occupé le devant de la scène pendant près de sept ans sur nos consoles et PC, Tekken 7 laisse enfin la place à la nouvelle itération du jeu de combat 3D iconique de Bandai Namco. Tekken 8 est pensé pour pousser les joueurs à l’agressivité grâce à l’introduction de sa nouvelle mécanique phare : le Heat. En plus des diverses améliorations techniques apportées, Tekken 8 inclut plusieurs modifications sur d’autres éléments. Harada, producteur de la série, a déclaré que Tekken 8 vise à offrir une expérience de combat plus cinématographique, en mettant l’accent sur les destructions de décors et les réactions des personnages. De plus, tous les modèles de et les doublages sont entièrement nouveaux, à l’inverse de ses prédécesseurs qui recyclaient certains contenus d’un épisode à l’autre.
Depuis 30 ans maintenant, Tekken perpétue la querelle entre les membres de la famille Mishima. Avec (spoiler alert !) la disparition de Heihachi Mishima à l’issue du mode histoire de Tekken 7, tout portait à croire que le combat se résumerait à une confrontation entre Jin et Kazuya, et potentiellement Lars, le fils illégitime du défunt patriarche. Il faut croire que non. Bandai Namco remet une pièce dans la machine en instaurant, encore, un enfant illégitime dans la boucle : Reina. Nouveau personnage au casting, Reina se présente comme une étudiante de la Mishima Polytechnical School et semble montrer un intérêt tout particulier pour Jin Kazama qu’elle souhaite affronter. Il sera révélé plus tard que Reina est la fille cachée de Heihachi – tout comme Lars en son temps lors de son apparition dans Tekken 6.
Pour ce nouvel opus, et comme annoncé plus haut, le focus du mode histoire est mis sur un aspect plus cinématographique. Teasé lors du tout premier trailer du jeu, Tekken 8 n’hésite pas à chorégraphier ses combats et à ajouter de la mise en scène pour appuyer le côté impressionnant de certains affrontements. Si nous pouvions voir ça comme un simple gadget de prime abord, cela rajoute tout de même un petit cachet au jeu, sans pour autant ruiner l’action en cours. Chose appréciable, l’histoire est aussi moins mono-centrée que dans celle de l’épisode précédent. Même si la focale reste sur Jin et sa rivalité avec son père, Kazuya, on est amené à incarner plusieurs personnages tout au long de l’aventure. De quoi faire un petit tour d’horizon du gameplay proposé par chaque protagoniste avant de faire son choix final pour la partie online du jeu.
Retour aux sources
En addition de son mode scénarisé principal, Tekken 8 réintroduit les histoires de personnages. Absent de Tekken 7, ce mode vous propose d’en apprendre plus sur chaque personnage, leurs rivalités, des « What if » possibles, via une série de combats qui déboucheront sur une petite cinématique de conclusion. Chaque personnage possède sa propre petite histoire, mais il faudra avoir complété le mode principal pour débloquer ceux dédiés à Jun et Reina. Un autre ajout de taille pour beaucoup d’aficionados, le retour du Tekken Ball ! Après la déception du Tekken Bowl proposé comme DLC payant dans Tekken 7, Bandai Namco nous propose le mode Tekken Ball inclus directement dans la version vanilla du jeu. Disponible pour la première fois dans Tekken 3 sur PSOne, le Tekken Ball constitue une véritable communauté à lui seul et a même le droit à ses propres tournois. Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore le Tekken Ball, il s’agit ici d’un mode versus à 2 joueurs où le but est de se renvoyer une balle de plage et de mettre K.O. son adversaire grâce à cette dernière. Plus la balle encaisse des coups, plus celle-ci pourra produire un nombre de dégâts conséquents. Il existe tout un tas de techniques et de tier list rien que pour ce Tekken Ball. Un mode à prendre très au sérieux donc.
Annoncé en grande pompe comme une nouveauté majeure de Tekken 8, l’Arcade Quest. Au travers d’un petit avatar semblable aux Mii du Mii Verse de Nintendo, le mode Arcade Quest consiste à affronter des PNJ dans différentes salles d’arcades, avec un taux de progression toujours plus pêchu. L’Arcade Quest devait constituer le tutoriel grandeur nature de ce Tekken 8. Après avoir parcouru ledit mode, nous restons dubitatifs. Pour un néophyte complet de Tekken, vous ne deviendrez pas pour autant incollable à la philosophie de gameplay du jeu. Pour ceux qui s’attendaient à un mode d’apprentissage ultra-complet qui aurait pu vous faire rivaliser avec les joueurs pros actuels, c’est râpé. L’Arcade Quest se contente que de quelques matchs dans lesquels il vous sera proposé de petits tips concernant des combos ou contres à appliquer dans certaines situations, ou alors des impératifs comme « gardez un coup bas 3 fois en combat » ou encore « touchez l’adversaire avec votre Heat ». L’Arcade Quest ne vous apprendra en rien les fondamentaux à connaître pour progresser de manière significative dans Tekken 8. Le bon point de ce mode Arcade Quest cependant, c’est qu’il ne vous impose nullement un personnage. Les tips s’adaptent sur votre choix de main parmi les 32 combattants qui composent le casting initial du jeu.
Get Ready for the Next Battle
Bien sûr, l’attrait principal de Tekken et de tous les jeux de versus, c’est la probabilité de s’affronter à plusieurs, que ce soit en versus local ou bien en online contre le reste de la planète. Là-dessus, Bandai Namco fait le taff comme toujours. Certainement en partie repris du concept du Battle Hub de Street Fighter 6, Tekken 8 propose son propre Hub social dans lequel les joueurs pourront se retrouver et s’y affronter, le tout grâce à leurs petits avatars. Les Hubs comportent plusieurs bornes pensées pour du combat traditionnel, mais aussi une section dédiée au Tekken Ball, un Dojo et un magasin pour pouvoir personnaliser son avatar grâce à l’argent gagné en jeu. En parlant de personnalisation, vous pourrez, encore une fois, retrouver une pléiade d’items cosmétiques afin de personnaliser vos combattants. Les joueurs donnent déjà libre cours à leur imagination, en reproduisant des personnages iconiques en jeu. Ainsi, il est tout à fait possible de rencontrer un Victor John Wick, une Nina Lara Croft ou encore un Raven Scorpion.
Pour ceux qui ne voudraient jouer qu’entre amis, la création de salons de combats privés ou ouverts est également possible. Sinon, vous pourrez tout simplement vous rendre en combats classés pour tenter de dominer le Leaderboard. Il est à noter que Tekken 8 supporte le rollback netcode, mais aussi le crossplatform. Ainsi, rien ne vous empêchera de jouer avec vos amis ou des adversaires aléatoires en provenance des différents supports accueillant le jeu, à savoir PC, PS5 et Xbox Series X|S. Ayant connu quelques soucis en raison de son succès massif à sa sortie, Bandai Namco semble avoir corrigé la plupart des problèmes présents sur le online de Tekken 8 au lancement. Cependant, et encore tout récemment, les salons de combats semblent encore accuser des difficultés techniques, notamment si vous tentez d’inviter un ami jouant sur une autre machine que la vôtre, les notifications d’invitations ne se générant pas toujours.
Tekken 8, la formule gagnante de Bandai Namco ?
Avec Tekken 8, la firme nippone Bandai Namco Entertainment coche la majorité des cases pour en faire un jeu de combat apprécié et avec des bases solides pour les années à venir. Tout d’abord, parlons de sa technique. Si le jeu n’est pas au niveau du tout premier teaser divulgué, mettant en scène le combat entre Jin et Kazuya sur fond de mer déchaînée, le résultat reste néanmoins très satisfaisant et vastement supérieur à son aîné dont certaines directions concernant le design ont pu être moquées jadis. Tekken 8, en compagnie de Mortal Kombat 1, fait partie des plus beaux jeux de combats sur le marché actuel, le tout bénéficiant d’une fluidité exemplaire et d’un online robuste. Bandai Namco continue aussi son opération séduction en incorporant toujours plus de diversité dans les différents langages présents. Bien sûr, cela a toujours quelque chose d’un peu étrange quand deux protagonistes échangent dans deux langues différentes, mais on appréciera ce parti pris de ne pas favoriser que l’anglais et le japonais, comme une façon de rappeler que le monde ne se limite pas qu’à ces deux moyens d’expressions. Certaines incohérences subsistent tout de même, comme le personnage de Xiaoyu, supposée chinoise, mais qui continue à parler en japonais.
Le gameplay n’est pas en reste avec l’introduction du système de Heat qui vient s’associer à celui de Rage Art, toujours présent dans Tekken 8. Tekken n’a jamais été reconnu comme le jeu de combat le plus nerveux qu’il soit. Il faut bien avouer que la licence a toujours été relativement statique, les adversaires se « pokant » l’un et l’autre jusqu’à trouver l’ouverture dans la garde qui conduira sur un combo potentiel. La chose avait été partiellement corrigée dans Tekken 7, mais seulement au profit de rares personnages supportant une « meter gauge », à l’instar d’Akuma, vivement méprisé par une large partie de la communauté pour son avantage à l’agressivité dont ne bénéficiaient pas tous les membres du roster.
Cette nouvelle mécanique a été pensée pour dynamiser les combats et pousser à l’agressivité. Activer le Heat peut se faire de deux façons : de façon dite « neutral » par la pression des touches Gros Poing / Petit Pied en simultané, ou alors grâce à certains types de coups qui enclencheront le mode Heat si votre jauge vous le permet. Une fois en Heat, vos dégâts sont décuplés et vous aurez même l’occasion de récupérer une partie de votre santé sur votre barre grise. Le Heat peut être aussi utilisé pour rallonger un combo autrement impossible. Le Heat ne peut être utilisé qu’une fois par round. Il faudra donc savoir tempérer et l’enclencher au moment opportun pour prendre l’avantage en match.
Contrairement à beaucoup de jeux de combats, il n’y a pas grande différence entre un Tekken 3 sorti il y a plus de 20 ans et ce Tekken 8. Comprenez par là que, si la formule a été agrémentée moult fois à travers les différents volets que compte la série, la base du gameplay de Tekken reste la même. C’est ainsi que l’on a pu entendre les joueurs de Law s’offusquer que le personnage eût été trop « simplifié », et qu’il était inconcevable qu’un nouveau venu puisse faire avec plus d’aisance le même combo que les vétérans appliquaient en boucle depuis plus de deux décennies après des années de travail. Même si les personnages de Tekken 8 possèdent un panel de coups impressionnants, avec des propriétés et possibilités nouvelles pour certains d’entre eux, on sent une volonté de Bandai Namco de vouloir simplifier la formule, notamment en proposant des combos plus simples, à la portée du plus grand nombre, mais aussi en mettant à disposition un type de commande alternatif qui conviendra aux joueurs casuels et débutants, à base d’auto combos dont le style s’adapte de façon situationnelle. Toutefois, un joueur aguerri saura faire la différence en match, et il ne sera pas simple pour le débutant complet de rivaliser avant plusieurs heures de training assidues.
Verdict : 8/10
Bandai Namco frappe très fort avec ce Tekken 8. Il modernise la formule et la booste aux testostérones sans pour autant trahir ce qui fait le cœur du gameplay et le succès de la série depuis plusieurs années. Si on peut regretter un roster sensiblement inférieur à celui de départ de Tekken 7, il s’avère plus équilibré et les trois nouveaux challengers, Victor, Azucena et Reina possèdent tous une véritable identité, chose que l’on pouvait reprocher à la plupart des nouveaux personnages de Tekken 7 vanilla qui donnaient l’impression d’être des ersatz de plusieurs autres combattants reskinés. Avec Street Fighter 6 qui affiche un léger manque de souffle ces jours-ci et aucun rival dans le domaine du jeu de combat 3D, Tekken 8 a la voie grande ouverte devant lui pour s’imposer comme le ténor de cette année 2024 en matière de jeu de versus. Reste à savoir quelles surprises Bandai Namco nous réserve pour la suite.
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