Vous le savez sans doute, mais en ce qui concerne les J-RPG, il y a bien souvent un laps de temps qui s’écoule entre la sortie japonaise et l’arrivée du titre dans nos contrées. Tales Of Berseria n’échappe pas à la règle et le voilà disponible 6 mois après nos amis nippons chez nos revendeurs préférés. Le titre a donc la lourde tâche d’ouvrir le bal des J-RPG de l’année 2017, coincé entre Final Fantasy XV et Persona 5, deux ténors du genre. L’un est déjà sorti chez nous, et l’autre se fait encore attendre alors que certains ont craqué sur une version import. La saga des Tales of n’en est pas à son premier essai, puisqu’il s’agit ici du seizième épisode qui a la lourde tâche de faire oublier les polémiques des épisodes précédents, faire fi du passé et orienter la licence vers un avenir radieux. Voyons ensemble si l’aventure qui nous est narrée par Velvet et sa bande arrivera à tenir le joueur en haleine pendant de nombreuses heures.
Une quête de vengeance
Le monde dans lequel nos héros vont évoluer est en proie à une étrange maladie qui transforme les Hommes en terrible démons, saccageant tout sur leur passage. Afin de lutter contre ce fléau, l’Abbaye a été créé et est en conflit constant pour endiguer la maladie. Velvet, notre héroïne, a vu ses parents et sa grande sœur mourir sous les griffes d’un démon et se retrouve ainsi orpheline, en charge de son frère Laphicet et sous la tutelle d’un épéiste émérite, Artorius. Difficile d’en dire beaucoup plus et de vous énoncer l’événement déclencheur de la quête de vengeance de Velvet sans vous spoiler, même si tout cela intervient assez vite au début du jeu. Sachez néanmoins que le tout est plutôt bien écrit, même si l’on devine assez vite ce qui va pousser Velvet à bout. La force du jeu réside dans son personnage principal qui est loin des clichés traditionnels des J-RPG. Au premier abord, on pourrait penser que l’on est face à un ersatz de Lightning (Final Fantasy XIII) mais on se rend compte très rapidement de la différence de caractère, et surtout que la personnalité de Velvet, assez froide et décidée à en découdre, n’ayant pas peur de sacrifier sa propre vie, est tout à fait justifiée. De plus, bien qu’elle ne perde pas son objectif de vue, elle n’oublie jamais ses coéquipiers et essaie bien souvent de les aider à résoudre leur propre dilemme personnel, tout en ayant du mal à se l’avouer. Les compagnons de notre héroïne sont également tous très bien écrits, et rejoignent Velvet, chacun avec son propre objectif bien évidemment mais cela reste cohérent dans l’univers du jeu. Les personnages, qui au départ paraissent totalement clichés, finissent par s’extirper de l’image qu’on pourrait leur coller. L’impression de stéréotype que le jeu emploie au début pour dessiner grossièrement les traits des personnages s’envole au final bien vite grâce aux nombreuses saynètes du jeu.
Car oui, RPG oblige, la saga des Tales Of a toujours été plutôt bavarde, et cet épisode ne déroge pas à la règle. En plus des nombreuses cinématiques en temps réel ou animées, le jeu vous invite régulièrement à découvrir de courtes scènes, appelées saynetes, qui mettent en scène nos héros et développent souvent les personnages. Bien sur, ces saynètes ne sont pas obligatoires mais sont un véritable plus pour quiconque souhaite approfondir le scénario et mieux connaître la bande qui accompagne Velvet.
La progression du jeu quant à elle s’avère cependant assez linéaire. En effet, il ne nous invite que trop rarement à réaliser des quêtes annexes ou même à faire des détours. Alors, on ne peut certes pas reprocher au titre d’avoir suffisamment étoffé son level design pour éviter la répétition et avoir de nombreuses directions possibles lors d’exploration des donjons et autres cavernes, mais ce n’est malheureusement pas suffisant. On aurait apprécié pouvoir souffler un peu plus et perdre du temps à réaliser des quêtes annexes. D’accord, le jeu propose de chasser des démons bien énervés ou encore quelques mini jeux par ci par là, mais rien de vraiment intéressant ou qui nous pousse à explorer.
Go Go Go Fight on!
La saga des Tales Of a toujours soigné le gameplay des combats. Conscient qu’il s’agit d’un élément indéboulonnable des J-RPG à la sauce action, on retrouve encore une fois dans ce Tales Of Berseria un système de combat dynamique qui vous demandera d’enchaîner les artes (nom des attaques dans le jeu) sans être trop gourmand pour éviter de paralyser votre personnage. Ici, la barre d’endurance est symbolisée par un compteur d’âmes, 5 au total au départ, qu’il faudra apprendre à gérer. Vous allez pouvoir voler des âmes à vos opposants en les étourdissant ou en les tuant, ce qui vous permettra par la suite de varier les combos et surtout, de les faire durer plus longtemps. L’ennemi pourra lui aussi vous voler des âmes, ce qui vous pénalisera grandement. De plus, il sera également nécessaire d’assimiler assez vite vos artes et les faiblesses des ennemis pour être le plus efficace possible. Bien évidemment, vous allez pouvoir jouer avec n’importe lequel des héros qui composent votre groupe et changer le personnage contrôlé à la volée. Par ailleurs, il est également possible d’établir une stratégie, ce qui permet aux personnages non contrôlés par le joueur d’avoir un comportement bien précis. L’IA gère vos compagnons et à condition d’avoir mis en place une bonne stratégie (en gros, avoir définis les bons ordres), les combats se dérouleront plutôt bien. Petit conseil également, afin d’avoir la meilleure expérience possible, nous vous conseillons de pousser au maximum la difficulté des combats, sinon vous risquez de vous ennuyez assez vite.
La progression de votre équipe se fera bien sur par l’expérience acquise lors des combats mais aussi grâce à des compétences passives liées aux pièces d’équipement qu’il vous faudra apprendre à force d’enchaîner les combats. Ces compétences vont vous permettre d’améliorer les statistiques de vos personnages de manière permanente. Ainsi, le jeu vous invite à ne pas changer immédiatement votre équipement au profit d’armes ou armures plus puissantes mais bien d’attendre d’avoir maîtrisé les compétences du set équipé d’abord. Pour compenser cela, et éviter d’avoir un équipement de trop bas niveau, un système de forge est mis à votre disposition auprès des marchands, ce qui vous permettra contre matériaux et argent d’améliorer le tout et ainsi de rendre vos personnages plus efficaces même avec un ancien équipement.
De plus, Tales of Berseria fait la part belle au loot. A la fin de chaque combat, ou du moins a la fin de la plupart, vous allez obtenir du stuff que vous allez sans vergogne démanteler afin d’obtenir de nouveaux matériaux pour renforcer vos armes et armures. Sachez tout de même que ce système de forge d’arme et d’armure n’est absolument pas anecdotique et s’avère parfois plus efficace qu’une simple montée de niveau. Vous risquez d’enchaîner quelques combats juste pour pouvoir améliorer vos équipements, juste pour le plaisir d’avoir le meilleur possible.
PS3 ou PS4, que choisir ?
Comme beaucoup de jeu en provenance du japon, notamment les JRPG, Tales Of Berseria a été développé conjointement sur PS3, PS4 et PC. (Chez nous, seules les versions PS4 et PC sont disponibles). Et force est de constater que le bilan technique du titre n’est pas fameux. On le sait, les Tales Of n’ont jamais été une série très ambitieuse sur l’aspect technique, mais malheureusement, le développement sur PS3 se ressent, et la version PS4, bien que tournant à 60 FPS constant, accuse parfois certaines baisses de framerate lors des combats un peu trop dynamiques. De plus, chose plutôt étrange vu qu’il ne s’agit pas d’un open world, le jeu accuse une distance d’affichage franchement faiblarde occasionnant régulièrement du clipping. Il n’est ainsi par rare de voir apparaître quelques textures d’un coup une fois que l’on s’en rapproche.
La bande son du titre quant à elle est de bonne facture. Motoi Sakuraba nous livre encore une fois une OST avec beaucoup de titres de qualité. Sans être son meilleur travail, ni même une excellente soundtrack, elle vient renforcer la cohérence de l’univers et appuyer les moments dramatiques. Pour les doublages, on retrouvera sur la galette les voix anglaises ou japonaises. Nous avons une grosse préférence pour les Seyiuu japonais qui semblent beaucoup plus investis que les doubleurs anglais qui n’arrivent pas forcément à convaincre puisqu’ils sonnent souvent assez mous.
Comme dit plus haut, le jeu n’offre malheureusement pas beaucoup d’à côté et on parcourt l’aventure en ligne droite, sans vraiment de temps mort ou de pause. Ce n’est pas un véritable problème en soi car cela permet à l’histoire d’être vraiment captivante mais on reste néanmoins sur notre faim. Le jeu manque cruellement de quêtes annexes vraiment intéressantes et une fois la quarantaine d’heures passées à finir l’aventure, on ne revient pas vraiment sur le jeu.
Verdict: 7/10
Ce Tales Of Berseria, malgré un bilan technique mitigé et une aventure parfois trop linéaire s’avère être un très bon épisode pour les fans de la licence. Grâce à un système de combat grisant et à une gestion de l’équipement travaillée, le titre montre encore une fois tout le talent du studio en charge de la saga. On se plait à suivre Velvet et sa bande. De plus, les dilemmes auxquels chaque membre du groupe est confronté donnent à chaque fois l’envie d’en apprendre plus et il est souvent bien difficile de poser la manette et d’éteindre sa console. Il est maintenant temps pour Bandai Namco de revoir les ambitions techniques à la hausse et permettre ainsi à la saga de devenir un pilier indétrônable du J-RPG et pouvoir jouir de la même renommée que Final Fantasy en Occident par exemple.
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