Arrivé il y a peu de temps sur le PlayStation Store, Surgeon Simulator Anniversary Edition est un peu l’O.J.N.I. (Objet Jouable Non Identifié) des jeux sortis sur PS4 à l’heure actuelle. En tant que petits chirurgiens en herbe, nous avons saisi nos plus beaux scalpels afin de disséquer le jeu comme il se doit, sans mauvais jeu de mots. Direction le bloc opératoire pour examiner notre patient.
Il était une fois, Nigel et Bob…
[dropcap]À[/dropcap] vrai dire, on aurait bien aimé commencer ce test à la façon d’un conte de fées, ne serait-ce que l’espace d’un paragraphe, histoire de maintenir l’illusion et vous faire rêver. Mais en toute honnêteté, il est difficile de rédiger plus de quelques mots dans ce registre en parlant de Surgeon Simulator. On aurait pu vous conter les aventures sans précédent de sieur Nigel, chirurgien de son royaume accompagné de son fidèle scalpel, bravant les dangers des opérations les plus méticuleuses afin de sauver le seigneur Bob qui souffre de bien des maux suite à une malédiction qui lui a été lancée. On se serait bien vu continuer en vous racontant à quel point l’adresse de notre chirurgien légendaire n’a d’égal dans les contrées avoisinantes, sans oublier son courage sans limite qui lui a valu une certaine renommée dans bien des pays. Oui, on aurait pu vous dire tout ça si Surgeon Simulator n’était pas Surgeon Simulator.
En réalité, les faits sont beaucoup moins flatteurs. Nigel est loin d’être un chirurgien très habile et Bob fait vraissemblablement plus office de cobaye que de patient à sauver. Les premières secondes dans le menu principal du jeu valident tout cela : Le bras de notre chirurgien se ballade à l’écran avec la grâce et l’élégance d’un cochon de lait aveugle souffrant de Parkinson (quel doux euphémisme). Et c’est pourtant cet élément qui va précisément donner au jeu le peu de charme qu’il peut avoir. Non pas que le jeu soit foncièrement mauvais, mais le jeu ne pourra trouver preneur que dans la mesure ou ceux qui l’achèteront le prendront pour ce qu’il est : Un titre complètement décalé qui n’a absolument pas pour but d’être une véritable simulation de chirurgien. Voilà, c’est dit.
Nigel Simulator
[dropcap]I[/dropcap]l est vraiment nécessaire d’insister sur le fait que, non, Surgeon Simulator ne fera pas de vous un chirurgien junior. On préfère prévenir les mêmes personnes qui, il y a quelques années, ont pesté contre les Guitar Hero et compagnie de ne pas faire d’eux des guitaristes talentueux. En fait, il convient de revenir sur le passé du jeu pour comprendre malgré tout ce qu’il est. Car Surgeon Simulator est un jeu indépendant de A à Z, qui fut à la base développé lors de la Global Game Jam 2013, donnant naissance à un jeu littéralement différent du reste et surfant sur la vague des très nombreux Simulators qui voient le jour depuis quelques temps. Le soft assume complètement le côté pataud et maladroit du gameplay donnant un côté absurde largement souligné par l’humour noir omniprésent.
Lorsque l’on sait cela, il est plus facile d’accorder du crédit à ce jeu dont la maniabilité est bien souvent hasardeuse mais ô combien hilarante. Qu’on se le dise, la personne derrière ce jeu est un pur génie du mal. Car si le jeu ne vous permettra pas d’effectuer toutes les lacérations que vous pourriez souhaiter, rien ne vous empêchera de torturer ce pauvre Bob. Oui, votre patient à un nom, probablement dans le but d’humaniser la douleur que ce pauvre bougre doit ressentir et éventuellement faire appel au peu de morale qu’il doit rester au fond de vous. Mais si vous avez déjà acheté ce jeu, c’est probablement peine perdue. Car honnêtement, qui a déjà réussi à poser les mains sur le jeu sans mettre le bureau de Nigel sans dessus-dessous ? Qui a réussi à ne pas massacrer Bob des dizaines et des dizaines de fois, juste pour voir ce que ça donnerait si on essayait de remplacer son cœur par la bouteille de soda vide qui traîne non loin de la table d’opération ? Ne baissez pas les yeux, on sait que vous en mourrez d’envie si ce n’est pas déjà fait !
Bob le bricolé
[dropcap]R[/dropcap]edevenons sérieux l’espace d’un instant afin de nous pencher sur les mécaniques de jeu. Prendre le bras de Nigel en main se fera sans grande difficulté car les commandes sont plutôt intuitives au premier regard. La reconnaissance de mouvement activée, il vous suffira d’incliner votre manette pour faire tourner le bras de votre futur chirurgien préféré sur lui même. Avec les gachettes R1 et R2 on fait bouger les doigts tandis que L1 et L2 servent à lever et baisser le bras. Enfin, le joystick gauche sert à bouger ce dernier. Dans les faits, il ne vous faudra pas longtemps pour assimiler les différentes touches correspondantes aux actions adéquates. Cependant il vous faudra du temps et de la pratique, beaucoup de pratique avant de pouvoir terminer ne serait-ce que les premières opérations avec le rang A+.
Il existe en tout et pour tout 5 opérations différentes à proprement dit. Une fois achevées, vous débloquerez ces mêmes opérations, mais à effectuer cette fois-ci sur un brancard qui fonce direction le bloc opératoire, et ainsi de suite, jusqu’à arriver dans l’espace et opérer un Extra-Terrestre. Eh oui, les qualités de chirurgien de Nigel sont même reconnues dans l’espace ! Au final, ce n’est pas moins de 25 opérations qui vous attendent afin de mettre tous vos réflexes à rude épreuve. Il faudra vraiment faire preuve de patience et du maximum de précision possible pour mener à bien les différentes interventions. Sans oublier que le joueur est livré à lui même et qu’il n’est nullement expliqué comment réaliser ces dernières. Les étapes à franchir pour atteindre les organes que vous souhaitez devront donc être découvertes au fur et à mesure des expérimentations. Cependant, rassurez-vous, il n’y a pas besoin de tout remettre en place une fois votre objectif atteint. Ainsi, lors votre première tâche qui sera de remplacer le coeur déficient de Bob, vous pourrez tout à fait enlever tout ce que vous voyez et qui est enlevable. Posez les poumons soigneusement à côté de vous ou jetez les à la figure de votre victime, faîtes comme bon vous semble ! Le médecin légiste se chargera de tout remettre en place et de refermer notre ami endormi. Mieux encore, si il y a une marche à suivre dans chacune des opérations, libre à vous d’utiliser tous les moyens mis à votre disposition. Si vous estimez qu’il faut mieux virer la cage thoracique à l’aide du marteau plutôt qu’à l’aide de la scie circulaire, alors soit. Après tout, ne dit-on pas que tous les moyens sont bons pour parvenir à ses fins ? D’ailleurs en parlant de ça, j’étais justement sur le point de débuter une greffe, mais j’ai égarée ma scie… Ah ! La voilà ! Bob, viens par ici, on va pouvoir commencer ta greffe des yeux !
Verdict : 6/10
[dropcap]S[/dropcap]i Surgeon Simulator Anniversary Edition sera l’allié idéal lors de vos futures soirées entre amis, en partie grâce à son mode multijoueur dans lequel un deuxième joueur pourra incarner le second bras de Nigel, il faut reconnaître que son contenu très léger et sa maniabilité bien trop hasardeuse ne jouent pas en sa faveur. Les opérations pourront se révéler complexes pour ceux n’ayant pas le doigté nécessaire ce qui pourra s’avérer très frustrant, et le tout reste très répétitif dans l’ensemble. Certes, le jeu assume complètement son côté décalé, mais lorsque la plaisanterie est facturée une douzaine d’euros, ça fait forcément réfléchir. D’autant qu’y jouer seul ne vous apportera pas grand chose, si ce n’est quelques crises de rires lors de vos premiers essais. Si vous ne prévoyez pas de sortir le jeu en étant accompagné, passez votre chemin, sinon, la crise cardiaque est assurée. Et ne comptez pas sur Nigel pour vous fournir un cœur neuf !
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