S’il est une discipline sportive que l’on qualifiera de très (trop ?) peu représentée dans le monde si particulier du jeu vidéo, c’est bel et bien le surf. Outre le très spécial Bob l’Éponge Surf & Skate Roadtrip sorti en 2011, il faut remonter à 2002 pour tomber sur un vrai jeu dépeignant ce sport, à savoir Kelly Slater’s Pro Surfer (de chez Activision, basé sur le même modèle que les Tony Hawk’s Pro Skater). 15 ans plus tard donc, voici que les britanniques de chez Climax, connus pour avoir développé Silent Hill: Shattered Memories et Silent Hill: Origins, débarquent avec un titre très logiquement baptisé Surf World Series. Voici notre verdict.
Test réalisé sur PS4 Pro à partir d’une version fournie par l’éditeur
C’est en effet ce mardi 29 août que ce petit jeu débarquera sur Steam, sur le PlayStation Store et sur le Marché Xbox Live. Vendu 14,99€, ou 11,99€ pour les abonnés au PlayStation Plus, le nouveau bébé du studio Climax a au moins le mérite de proposer quelque chose d’original. À l’heure où tous les jeux de sport se suivent et se ressemblent, il est en effet rafraîchissant de tomber sur un tel projet. Pour notre part, nous suivions tout ça de près depuis quelques mois, et nous avions hâte de prendre le jeu en mains, au moins pour voir à quoi pouvait bien ressembler la bête. Vous avez d’ailleurs peut-être déjà essayé Surf World Series cet été, puisqu’une démo est disponible gratuitement depuis quelques semaines. Cette dernière ne proposait pas grand chose mais n’avait eu aucun mal à titiller notre curiosité, une fois de plus. C’est donc avec regret que nous avons constaté, une fois le jeu complet lancé et maîtrisé, que la démo représentait quasiment le produit fini. En terme de contenu premièrement, mais aussi en terme de possibilités…
L’eau, ça mouille !
Car le concept d’un jeu comme Surf World Series, vous l’aurez sans doute compris, est le même que dans n’importe quel jeu basé sur un sport de glisse. Que ce soit Tony Hawk’s Pro Skater, Dave Mirra Freestyle BMX, Shaun White Snowboarding ou encore SKATE, le but sera encore et toujours de réaliser de superbes scores à l’aide de tricks toujours plus fous. Hélas, même si cela pourra sembler logique de prime abord, le terrain de jeu d’un surfeur, tout du moins dans ce jeu, est des plus restreints. Et si l’on a la possibilité à chaque début de session d’attendre la vague de notre choix (de force 1, 2 ou 3) avant de nous élancer sur notre planche, tout joueur se rendra vite compte que le gameplay est loin d’être riche. Les touches Croix, Carré, Rond et Triangle servent à effectuer des grabs en plein vol (attention à la retombée), tandis que L1 et R1 servent aux rotations dans les airs. Vous pouvez également tenter de « grinder » la vague avec L2, ce qui vous rapportera une sacrée paire de points si vous réussissez votre coup. Et vous pourrez tout autant utiliser L2, lorsque vous êtes au niveau de la mer, pour foncer à travers le tube formé par la vague. Le jeu place alors la caméra derrière le surfeur – façon Tony Hawk – ce qui se veut grisant au possible, et pas si facile à maîtriser sans boire la tasse. Enfin, et c’est probablement le plus important, les figures les plus impressionnantes se préparent avant même de prendre la voie des airs, et fonctionnent par combos de trois touches (Triangle, Carré, puis Rond ; Carré, Triangle, puis Croix, etc). Parmi les figures les plus extrêmes se trouvent les fameux Superman ou encore Sushi Roll. Mais il ne faudra pas avoir peur de vous noyer, vous êtes prévenus !
Le souci étant qu’une fois que vous aurez assimilé tout ce système de figures (grâce notamment à l’école de surf présente dans le jeu et vous aidant à capter les bases du titre en 8 leçons), force est de constater que vous aurez fait le tour du jeu. Cela peut paraître extrêmement étrange dit comme ça, c’est pourtant bel et bien vrai. Aucune marge de progression n’est à prévoir, et on a finalement l’impression de tout le temps faire la même chose, à savoir engranger des points jusqu’à ce que la session se termine, qu’on puisse passer à autre chose, et ainsi de suite. Cela pourrait ne pas poser autant souci que prévu si seulement le jeu avait du contenu à proposer en compensation. Or, vous allez voir qu’il n’en est rien ! Si le titre de Climax n’est pas jouable en multijoueur local, il l’est en revanche en ligne. Les 3 modes de jeu que vous y trouverez sont : Survie, Grande bataille, et Championnat. Le tout pourra s’avérer sympathique le temps de quelques sessions (si tant est que vous trouviez du monde sur les serveurs), mais ne vous occupera pas bien longtemps il faut être honnête. Toutefois, ce mode de jeu a au moins l’audace d’offrir des affrontements jusqu’à 15 joueurs, mine de rien.
Surfin’ USA
C’est donc aussi et surtout en solo que le bât blesse fortement, malheureusement. En effet, vous aurez le choix d’incarner l’un ou l’une des 6 surfeurs/surfeuses mis(es) à votre disposition. Vous pourrez même en changer à volonté et les customiser comme vous le souhaitez… Enfin, pas eux directement, mais leur tenue et leur planche. Surf World Series comprend en effet un éditeur plus ou moins complet qui pourra faire en sorte de laisser libre cours à votre imagination, notamment en terme de couleurs et/ou de calques à apposer sur votre outil de travail. Suite à quoi vous aurez le choix entre 2 modes de jeu : Surf libre et Événements. Le premier porte bien son nom puisque vous y accomplirez des sessions infinies sans chrono, ni score imposé. Simplement pour le plaisir de la glisse, comme on dit. Il ne vous restera plus finalement qu’à choisir la destination voulue parmi les 5 endroits proposés par le jeu (Afrique du Sud, Brésil, Portugal, Australie, Hawaï). On notera l’effort des développeurs de proposer des sessions aussi bien de jour que nocturnes, et ce aussi bien par temps dégagé que pluvieux. Là encore, le jeu se laisse prendre en mains de manière agréable, mais force est de constater que vous ne resterez pas des heures durant dans ce mode à objectif nul.
C’est là qu’entre justement en jeu le fameux mode Événements, celui qui nous a fait perdre le sourire malheureusement. Car ce segment du jeu n’a pour ainsi dire aucun réel intérêt lui non plus. Dans ce mode vous aurez en effet le choix parmi 10 épreuves. Minutées, ces dernières imposent 3 défis chacune afin d’être considérées comme réussies. Ces défis peuvent vous demander d’atteindre un score bien précis, de ne pas tomber une seule fois, ou encore de sauter à une hauteur en particulier. C’est très bien tout ça, messieurs dames, mais il ne nous a pas fallu plus d’une après-midi pour tout obtenir ! Et après ? Eh bien vous pourrez, au choix, jouer en mode Surf libre jusqu’à ce que mort s’en suive, ou le cas échéant tenter de trouver des joueurs présents sur les modes Online… Autant dire que pour une quinzaine d’euros, Surf World Series assure vraiment le minimum syndical. Pour être honnête, si l’on prend également en compte la traduction française plus que bancale de l’ensemble, nous n’avons pas cessé de nous dire que nous étions face ici à une Early Access. Car si le jeu est bien maigre en contenu, il faut avouer qu’il pourrait devenir fort sympathique en se montrant (beaucoup) plus étoffé.
Vamos a la playa !
Mention spéciale d’ailleurs pour les deux aspects les plus réussis du jeu, à savoir ses graphismes et sa bande originale. Cette dernière est composée d’une quinzaine de titres, dont la plupart sont très entraînants. Du ska-punk au rock alternatif en passant par la pop californienne, le constat est vraiment flatteur et nous rappelle le bon vieux temps des jeux de glisse sortis, justement, sur PlayStation et PlayStation 2. Un très bon point, donc ! Visuellement enfin, même s’il semble plutôt clair que Surf World Series ne vous décollera pas la mâchoire, sachez que le bébé du studio britannique tourne sous Unreal Engine 4 et que l’eau, notamment, est superbement rendue. Tout du moins pour un jeu de ce tarif, soyons clairs. Les effets de lumière sont également joliment retranscrits et on appréciera de surfer de nuit avec les éclairs et la tempête en toile de fond. Bel effort ! Les joueurs PC ont toutefois tout intérêt à être bien équipés pour en profiter, puisque la version Steam de Surf World Series demande pas moins de 16 Gb de RAM et un i7 pour tourner « convenablement ». Côté durée de vie enfin, tout nous semble avoir été dit plus haut, mais sachez que le jeu propose à peine 10 trophées PSN (4 de bronze, 5 d’argent, et 1 d’or), le tout sans platine bien évidemment. Dommage.
Verdict : 5/10
Surf World Series est ce genre de jeu qui titillera sans aucun doute les plus curieux d’entre vous/nous. Pas désagréable à regarder, le titre de Climax rend en plus de cela hommage à l’une des disciplines les plus boudées du monde du jeu vidéo. Hélas, force est de constater que ce n’est pas encore aujourd’hui que nous trouverons la référence du jeu de surf. En tous les cas, pas avec si peu de contenu/de possibilités. Surf World Series manque d’ambition, de panache, et de structure. Son excellente bande-son et son aspect visuel rattrapent le tout, mais le côté redondant à outrance de son gameplay, mêlé à son contenu des plus chiches en font malheureusement un jeu bien peu intéressant.
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