La première fois qu’on a lancé Stronghold, c’était sur un Pentium 4 et un écran cathodique plafonnant une résolution de 800×600. C’était une époque où l’Internet n’était pas encore vraiment là, où les CD gravés circulaient de mains en mains avec comme seule notice un bout de papier avec les secrets découverts par son ancien propriétaire. Oui, 2001 c’était l’ère de la liberté informatique, des jeux bouche-à-oreille, de jolis magazines remplis d’images pixélisés qui faisait rêver et d’astuces. De cette époque, il n’en reste quasiment plus rien aujourd’hui, si ce n’est la série Stronghold qui fait encore et toujours résistance.
Test réalisé sur PC grâce à une copie numérique envoyée par l’éditeur
Mon seigneur est servi
Lancer le dernier volet de Firefly Studios, c’est faire un saut dans le temps tant rien ne semble avoir bougé. Les grandes lignes de la série sont toujours les mêmes : un mode campagne qui se résume à une série de casse-têtes, des escarmouches pour affronter l’IA ou des amis et enfin un mode libre pour exercer sa créativité. Le principe même reste lui aussi inchangé, soit construire des châteaux robustes, armés d’une solide défense et d’une économie florissante pour le bonheur de vos paysans. D’ailleurs, même les missions des différentes campagnes sont inchangées : tantôt on doit préparer ses défenses pour contre des vagues d’ennemis, tantôt on doit produire X ressources avant un temps imparti, puis parfois pour forcer le clic gauche de la souris à fonctionner, on doit gérer un groupe de soldats pour prendre une forteresse rivale. Oui, tout ça dit comme ça, ce n’est pas très racoleur, voire rebutant mais la malice ne se cache pas ici.
On l’a dit, Stronghold: Warlords est avant tout un casse-tête qui s’exprime très bien grâce au design de ses cartes. En fonction des objectifs les maps évoluent, souvent étroites pour obliger la recherche optimale de ses constructions. Alors on prend plaisir à chercher où placer ses champs en fonction du grenier ou des ressources, comme le bois et la pierre, pour maximiser l’arrivée à la zone de stockage, pour finalement permettre aux bâtiments nécessitant ces matériaux d’y accéder rapidement. Bien sûr il faut aussi s’attendre à des effets néfastes, des incendies ou typhons qui viendront ralentir, voire complètement détruire, les infrastructures et donc contraindre à garder des lieux pour des services afin de contrer ça. Pas besoin d’être un acharné de la licence pour comprendre que sur ce point peu ou prou de choses ont évolué. Firefly Studios maîtrise toujours autant son fond. Malheureusement, c’est sur la forme que le poids de l’âge se fait sentir.
Laideur et misère
Le soft est loin d’être beau, même si le studio essaye de sauver les meubles avec des couleurs vives, des animations et un petit moteur physique, ça reste peu attirant. Les personnages sont peu détaillés, grossièrement polygonés, disproportionnés, un constat qui s’exporte également sur l’ensemble de la réalisation. Heureusement, l’intégralité sonore relève le niveau grâce à des pistes audios qui collent parfaitement à l’ambiance du moment et l’époque traitée. De plus, la majorité des voix sont dans la langue originelle à savoir chinoise et vietnamienne. Majorité, oui car effectivement, certaines unités de siège parlent français, ce qui détone avec l’ensemble des autres troupes et casse une certaine symbiose auditive.
À quoi bon avoir des cartes travaillées si c’est pour jouer à un jeu graphiquement gâté ? Eh bien lecteurs, c’est pour voir plusieurs dizaines d’unités s’entasser pour prendre le donjon adverse. Véritable atout de la série, la construction de château se voit dans ce Stronghold: Warlords aussi égale que ses homologues, c’est à dire avec juste ce qu’il faut et de très bonne facture. Il est toujours aussi simple d’ériger ses murs, construire ses tours, monter des corps de garde, tout ça pour défendre le donjon du seigneur. En plus de ça, de nombreux petits plus comme des gardes missiles en bois ou encore des pièces d’artillerie montées sur tour sont de la partie. De quoi satisfaire ceux qui savent accueillir. Bien sûr, des unités à pieds comme les archers, spadassins et autres cavaleries sont présentes et prêtes à faire pleuvoir flèches et coups d’épée. C’est donc le grand retour des combats massifs qui sont cruellement manquants à Stronghold Crusader 2. Plusieurs nouveautés sont à signaler, comme le fait de pouvoir mettre en formation un groupe d’unité ou encore de saisir les règles d’engagements. La grosse originalité reste l’arrivée des Warlords, des seigneurs qui rejoindront celui qui l’a vassalisé, octroyant au passage des bonus intéressants le temps que le joueur garde la main mise sur eux. L’air de rien, cet ajout dynamise drastiquement les parties multijoueur, ouvre de nouvelles possibilités stratégiques inédites à cet opus sans dénaturer le gameplay à plusieurs. Car oui en plus de cela ces petits seigneurs ont un château, des défenses et une petite économie que l’heureux propriétaire pourra piocher si besoin en échange d’une nouvelle ressource, la diplomatie. Celle-ci est inédite, elle se cumule via des ambassades et n’ont qu’un but permettre de conquérir et améliorer les Seigneurs de Guerre.
Généralement une fois sur les murs, la partie est terminée
Verdict : 6/10
À première vue, ce Stronghold: Warlords n’a rien de révolutionnaire et effectivement, c’est bien le cas. Mais il faut reconnaître que Firefly Studios n’a pas ménagé ses efforts pour cet opus, surtout grâce aux Seigneurs de Guerre qui ajoutent une nouveauté qui redynamise les parties multijoueur. Cependant, difficile de fermer les yeux sur ses graphismes réellement en dessous, ses mécanismes qui sont quasi identiques aux jeux précédents et, surtout, cet arrière-goût de manque de fraîcheur que laisse le soft après quelques heures de jeu. Malgré ce manque d’évolution, Stronghold: Warlords reste un RTS très correct qui occupera pendant plusieurs heures, que vous soyez débutant ou confirmé.
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