Après sept ans de bons et loyaux services, Street Fighter V s’apprête à passer la main à son successeur. Dans moins d’une semaine, les joueurs pourront découvrir Street Fighter 6 dans son intégralité et ce dernier deviendra le porte-étendard de Capcom sur la scène du versus fighting pour les années à venir. Sur le papier, Street Fighter 6 nous propose de belles choses et se présente même comme l’antithèse de son aîné en termes de contenu à son lancement mais aussi de profondeur de jeu. Va-t-il relever le défi et satisfaire les déçus de l’itération précédente ?
Test réalisé sur PS5 grâce à une copie numérique fournie par l’éditeur.
Préparez-vous à enflammer le monde avec vos poings
Si Street Fighter V aura su redresser la barre et s’avérer être un jeu plaisant au fur et à mesure de ses années d’exploitation, son lancement aura été loin d’être rose. Retour à un roster de 16 personnages, gameplay trop simplifié au goût de certains et contenu rachitique, donnant au jeu des aspects d’une formule free to play vendue au prix fort, le tout couronné par un online bancal sujet à des problèmes de performances et à des erreurs soudaines – sans parler des problèmes de rage quit fréquents et non punis en matchs classés afin de conserver ses points de League et ses rangs. Le jeu sera moqué et conspué par une grande partie de la scène du jeu de combat. Avec ce mauvais souvenir et les accusations d’un jeu non terminé en tête, Capcom semble bien déterminé à rectifier le tir avec ce nouveau volet de la saga qui promet d’offrir un jeu riche en contenu et tout aussi profond qu’accessible dans son nouveau système de jeu.
Street Fighter 6 se divise en trois parties. Fighting Ground, Battle Hub et le fameux World Tour, faisant office de mode histoire. Avant de se lancer, il faudra créer son avatar. Si vous avez suivi les différentes phases de beta, alors vous savez déjà que l’éditeur offre une grande liberté de création, pouvant donner lieu aux avatars les plus déjantés. C’est avec cet avatar que vous pourrez parcourir le mode World Tour. A la différence du mode histoire introduit après coup dans Street Fighter V, il ne tourne pas autour des différents protagonistes du roster, mais bel et bien autour de votre personnage. Vous y incarnerez une toute nouvelle recrue fraichement arrivée au centre d’entraînement de Luke, ce dernier officiant comme votre premier coach. Comme dans toute bonne intrigue à la sauce Shōnen, votre personnage aura son rival direct, un certain Bosch – rien à voir avec la fameuse marque allemande cela dit. Si ce dernier se montre tantôt vindicatif, tantôt amical, Bosch ne tardera pas à se montrer ambigu sur certaines de ses motivations, ce qui va vite vous élancer à sa poursuite et à vous confronter aux dangers de la rue.
Comme déjà présenté par Capcom, Metro City constituera votre zone de départ ainsi que le hub central de l’aventure. A la manière d’un jeu Yakuza (Like a Dragon!), vous arpenterez les rues des quartiers proposés et pourrez affronter (presque) tous les passants présents, chacun ayant son niveau propre donc soyez prudent avant d’engager la castagne ! Tout au long de votre périple, vous accumulerez les niveaux et les rencontres avec les Grands Maîtres de Street Fighter 6. Devenir disciple d’un Maître vous donnera accès à sa posture et à un panel de coups issu de la move list de ce dernier. Lorsque vous êtes équipez d’une posture, vos successions de combats permettront de monter votre niveau auprès de ce Maître en plus de votre niveau personnel. Gagner en niveaux sera l’occasion de débloquer de nouveaux coups spéciaux. Accumuler les Maîtres et monter les rangs vous permettra de créer votre propre move set personnaliser. Cumuler l’électricité de Blanka, le Rising Uppercut de Luke et le Spinning Bird Kick de Chun Li ? Oui, c’est possible ! De plus, si vous parvenez à monter au niveau max avec un Maître, vous serez gratifié d’une tenue alternative pour ce dernier à utiliser dans les autres modes de jeux ! Si Metro City offre une aire de jeu relativement conséquente, les autres zones explorables à travers le monde consistent aux différents stages du jeu visitables sur un plan 3D au lieu de 2D. Elles sont donc minuscules. Sans surprise, si le World Tour s’avère une expérience amusante en soi, une certaine redondance peut se faire ressentir. Si vous êtes un fan inconditionnel, le mode World Tour devrait vous satisfaire une poignée d’heures, notamment si vous décidez de vous attaquer aux différentes quêtes annexes et mini-jeux présents.
Votre avatar aura une autre utilité en dehors d’être le héros du mode World Tour. C’est avec ce même avatar que vous pourrez parcourir les lobbies du Battle Hub. Le Battle Hub est le point de rencontre des joueurs qui souhaitent en découdre, aussi pensé comme un hub social à terme, de la volonté même de Capcom qui pourrait retransmettre ses gros évènements directement sur les divers écrans présents. À l’intérieur d’un lobby, vous aurez accès à une multitude de bornes d’arcades sur lesquelles vous pourrez vous affronter sur des matches en versus traditionnel ou sur le mode extrême, donnant à Street Fighter 6 des allures de party game. Vous pourrez aussi vous essayer au mode classé, aux tournois ou encore à quelques vieux jeux du catalogue de Capcom. Jouables uniquement en solo, vous pourrez tenter de décrocher le plus haut score au sein de la communauté sur divers titres tels que Street Fighter II ou encore Final Fight. Des stands d’achat de cosmétiques y sont aussi présents, cosmétiques que vous pourrez acquérir en accumulant des tickets grâce à la complétion de défis. Enfin, vous pourrez également organiser des combats d’avatars au centre du lobby. Affinez vos techniques et régnez en maître sur les serveurs de votre région. Il est à noter que pour la première fois, un Street Fighter flambant neuf recevra la bénédiction du saint Rollback Netcode. Spoiler : ça marche du feu de Dieu.
Pour finir, la section Fighting Ground regroupe les modes plus traditionnels d’un Street Fighter. Mode Arcade, Entrainement ainsi que des Guides et Défis par personnages ou encore un mode Versus en local pour du combat classique, en équipe de 3 et du mode Extrême entre amis. Street Fighter 6 offre probablement le contenu le plus riche qu’il soit depuis la parution des versions consoles de Street Fighter Alpha 3 il y a près de 30 ans.
Quand l’accessibilité se lie à la technicité
Qui dit nouveau Street Fighter dit aussi nouveau game system introduit. Adieu la mécanique de V et bonjour celle de Drive qui constitue l’essence de Street Fighter 6. Trois nouvelles features majeures viennent faire leur apparition : le Drive Rush, le Drive Parry et le Drive Impact. Le premier consiste à la possibilité d’annuler un coup pour un Drive Parry par un dash avant (le Drive Parry permet d’absorber les attaques ennemies hors chopes). Il est possible d’effectuer un Perfect Parry si enclenché pile au bon moment (la fameuse notion de Frame Perfect), et de reprendre l’avantage sur votre adversaire avec la possibilité d’enchaîner un combo en punition derrière. Enfin, le Drive Impact libère un coup puissant qui peut absorber jusqu’à deux hits d’une attaque adverse. Si vous faites usage du Drive Impact lorsque l’adversaire est dans le coin, vous le projetez contre le mur, même s’il bloque l’attaque. Tout ceci s’effectue grâce à une jauge spéciale située en dessous de votre barre de vie, la Jauge Drive. Morcelée en six rectangles tirant du jaune vers le vert, l’utilisation de chacune des features mentionnées plus haut aura un coût sur cette dite barre. Le Drive Impact vous coûtera 1 unité, 3 unités ou 1 seule pour le Drive Rush selon si vous l’enclenchez en cancel d’une attaque ou d’un Drive Parry, et enfin le Drive Parry, lui, consommera votre jauge en continu tant que vous maintiendrez la manipulation. Néanmoins, absorber des coups avec votre Drive Parry aura pour effet de remplir votre jauge ! A utiliser de manière intelligente donc.
Additionnellement à cela, d’autres mécaniques plus secondaires sont présentes et consommeront aussi votre barre de Drive. L’Overdrive, nouveau nom trouvé pour les traditionnels coups EX, et le Drive Reversal, qui pourrait faire office de variante du V-Reversal de Street Fighter V, demanderont 2 unités de votre jauge. Attention à ne pas abuser de votre jauge de Drive. Si cette dernière tombe à zéro, vous entrerez en état de BurnOut. Une fois en mode BurnOut, vous ne pourrez plus bénéficier des techniques liées à votre Drive Jauge pendant un certain laps de temps. Pire encore, vous devenez vulnérable aux attaques même en garde, ces dernières « grattant » votre barre de vie. Cela pourrait vous conduire à un funeste destin, surtout si vous êtes déjà en situation de désavantage face à votre adversaire.
Street Fighter 6 propose aussi trois types de commandes, aussi bien pensées pour les fans de la franchise que pour que les nouveaux joueurs afin qu’ils puissent s’amuser sans la contrainte de mémoriser ou de maîtriser toutes les manipulations difficiles. Le mode Classic offre la configuration traditionnelle à 6 touches présente dans tous les opus de la série, le mode Modern permettant d’effectuer des coups spéciaux en appuyant sur de simple combinaisons de touches et le mode Dynamic qui donne accès à des combos automatiques en fonction de votre position par rapport à l’adversaire. Cette dernière configuration s’adresse principalement aux joueurs novices qui voudraient s’amuser entre amis ou en famille et n’est disponible qu’en mode local contrairement aux deux autres qui pourront aussi être utilisées sur le mode online de Street Fighter 6.
Capcom a probablement conçu le jeu Street Fighter le plus accessible à l’heure actuelle. En plus de proposer plusieurs configurations pour s’adresser à tous types de joueurs, Street Fighter 6 regorge d’options et de Guides pour prendre le jeu en main de la manière la plus confortable qu’il soit. Un personnage vous intéresse mais vous souhaitez en apprendre plus sur ce dernier avant de vous y frotter ? Chaque personnage possède son Guide complet détaillant sa manière d’être joué, divers possibilités et tips que le jeu vous expose en temps réel. On retrouve aussi les fameux Défis de personnages désormais sectionnés en trois paliers, débutant, initié et expert, afin de vous familiariser avec les combos possibles pour chaque combattant. Le mode Entrainement est indiscutablement l’un, si ce n’est, le mieux construit qui soit dans un jeu de combat à ce jour, avec des dizaines d’options paramétrables. Entrainement aux Punish, aux Whiff… Vous souhaitez vous améliorer vis-à-vis d’un coup spécial d’un personnage qui vous donne du fil à retordre mais vous ne savez pas faire la manipulation vous-même ? Pas de problème. Allez chercher directement la commande dans la liste de coups du mannequin d’entrainement et il le fera pour vous !
L’accessibilité va même jusqu’aux options audio. Street Fighter 6 vous donne la possibilité d’intégrer une aide sonore pendant vos matchs. Cela a pour but de donner diverses informations comme la distance entre les combattants, la zone touchée par les attaques (en haut, au milieu ou en bas) ou les coups en cross-up. Certains sons indiquent également le niveau des différentes jauges. Cette fonction permet d’aider les joueurs néophytes à comprendre ce qui se passe pendant le combat, mais elle peut aussi apporter une aide non négligeable aux personnes malvoyantes qui souhaiteraient s’investir malgré leur handicap. Street Fighter 6 offre également le système de lecture d’une Frame Data la plus claire qu’il soit. Disponible dans le mode Entrainement, cette barre activable dans les options décompose chacun de vos coups, affichant les frames d’activations, de recover, les fenêtres de cancel ou encore d’invulnérabilité. Définir des routes de combos soi-même n’a jamais été aussi simple. Oh et cerise sur le gâteau, il sera possible de s’entrainer en duo avec un ami dès le lancement du jeu ! Parfait pour s’entraider et découvrir les subtilités du gameplay de Street Fighter 6.
Le RE Engine a de beaux jours devant lui
Street Fighter 6 est aux jeux de combat 2D ce que Tekken est à la 3D, à savoir le champion indiscutable du genre, et il le prouve une nouvelle fois. Pour cet opus, Capcom troque l’Unreal Engine pour son moteur maison, le RE Engine. Que l’on soit friand de la DA adoptée ou non, certains lui reprochant une esthétique de moins en moins animée au fur et à mesure des épisodes, Street Fighter 6 n’en reste pas moins une réussite artistique, mais avant tout technique. Il offre des modèles 3D et des animations de hautes qualités ainsi que des effets flashy qui renforcent la personnalité visuelle du titre. Avec son roster composé de 18 personnages au lancement, dont les iconiques Ryu, Ken, Chun-Li et les autres têtes de la grande époque Street Fighter II, tous les personnages bénéficient d’un grand soin dans leurs animations et leur panel de coups. Chacun d’entre eux dispose aussi de trois niveaux de Super, dont la fameuse Critical Art disponible quand la barre de vie descend sous les 20%. Etant propriétaire du moteur, on sent que Capcom se sent bien plus à l’aise qu’avec l’Unreal Engine. Street Fighter 6 en tire parti des combats fluides et dynamiques à 60fps, avec une option 120Hz pour les écrans adaptés, mais aussi d’un input lag relativement bas, notamment sur PS5. Le seul bémol que nous pourrions souligner réside dans les combats en mode World Tour, ces derniers sont capés à 30fps ce qui donne l’impression d’animations saccadées, du moins si vous jouez à Street Fighter 6 en mode Qualité. Il est suggéré de passer en mode Performance pour palier à ce souci. A voir si Capcom nous gratifiera d’un patch pour rendre le 60fps possible en mode World Tour à l’avenir.
Sceptique de prime abord, la bande son s’avère être finalement d’assez bonne qualité. On aurait pu craindre un effet Street Fighter III: Third Strike avec l’abandon des thèmes originaux des personnages mythiques au profit de quelque chose de plus passe partout, mais aussi plus urbain. Mention spécial au thème de Juri, bien plus réussi que ce que nous avions pu avoir dans Street Fighter V et qui faisait peine à écouter. Comme à son habitude depuis Street Fighter IV, le jeu dispose aussi de doublages en anglais et en japonais. Les deux s’avèrent être de bonne facture. A la différence de certains jeux qui vous proposent de switcher soit vers le tout Anglais, soit vers le tout Japonais, vous pouvez personnaliser les voix de votre roster. Par exemple, garder le doublage anglais pour les personnages occidentaux et passer les personnages asiatiques vers le japonais.
Parlant de doublage, Street Fighter 6 feature aussi la présence de commentateurs de la scène du versus fighting, ainsi que quelques guests, afin d’animés vos combats. Principalement américains et japonais, vous pourrez choisir un commentateur principal parmi les noms suivants : Kosuke Hiraiwa, Steve « TastyStave » Scott, Aru et Jeremy « Vicious » Lopez. Si vous le souhaitez, vous pourrez ajouter un co-commentateur pour l’épauler sur la partie technique du combat en la présence du grand James Chen, Demon Kakka (également connu sous le nom de Demon Kogure pour les puristes de métal japonais, puisqu’il s’agit de l’illustre chanteur et frontman du mythique groupe Seikima II) ou encore de l’actrice et mannequin nippone Hikaru Takahashi et la catcheuse Thea Trinidad. Il y a fort à parier que d’autres voix viendront s’ajouter à la liste au fur et à mesure des saisons comme, pourquoi pas, UltraDavid, compère de James Chen depuis des années. En espérant que le casting s’étendra au-delà du spectre anglosaxon et nippon. Avoir notre Ken Bogard national ainsi que d’autres casteurs internationaux pourrait être intéressant. Si vous n’êtes pas à l’aise avec le japonais ou l’anglais, il est possible d’ajouter des sous-titres qui apparaîtront pendant vos matchs. Attention cependant, vous pourriez très vite vous retrouvez distrait. Bien sûr, tout ceci est optionnel, mais pourrait amuser ceux qui voudraient se faire un trip e-sport depuis leur chambre ou salon. En résumé, avec tout ce qui nous est proposé, Street Fighter 6 offre une perfection technique et un plaisir sans fin.
Verdict : 9/10
Street Fighter revient et il tape très fort ! Supérieur en tous points à son prédécesseur, Street Fighter 6 offre un game system riche et profond qui promet des matchs dantesques et de futures tournois endiablés, le tout servi avec un roster aussi accrocheur que varié. Grâce à son attention sur l’accessibilité et le fun avec un contenu généreux prévu au lancement, que vous soyez joueur occasionnel ou vétéran de la première heure, le titre a tout pour plaire aux afficionados de castagne. On peut compter sur Capcom pour un suivi sur les cinq premières années au minimum avec l’ajout de moult personnages et, pourquoi pas, de nouveaux modes de jeux qui viendraient enrichir le fun que le titre nous prodigue déjà en l’état. Sans nul doute, Street Fighter 6 signe le retour triomphant de la franchise emblématique.
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