Stranger of Paradise: Final Fantasy Origin fait partie de toute cette ribambelle de jeux estampillés Final Fantasy que Square Enix a planifié, suivant la sortie de Final Fantasy VII Remake. A l’inverse d’un FFVII The First Soldier ou encore de CHOCOBO GP, nous sommes ici face à un véritable jeu triple A. Concocté par la Team Ninja (Ninja Gaiden, Nioh, Dead or Alive), le titre attira bien vite à lui de nombreuses railleries. Annoncé l’été dernier, le premier trailer enchaîna les ratés en cumulant une technique datée, un character design peu attrayant et des lignes de dialogues aussi creuses que ridicules. Neuf mois après le désastre, Stranger of Paradise: Final Fantasy est enfin disponible. Alors, est-il la catastrophe présagé ou bien s’en tire-t-il avec les honneurs ? On y répond juste en dessous !
Test réalisé sur PlayStation 4 à l’aide d’une version numérique fournie par l’éditeur
Une histoire chaotique
Stranger of Paradise: Final Fantasy Origin, c’est quoi exactement ? Il s’agit ici d’une réécriture du Final Fantasy original sorti il a maintenant plus de 30 ans. Bien que le titre délaisse son aspect J-RPG au tour par tour pour quelque chose de plus orienté action, il conserve les grandes lignes du scénario d’origine. Nous serons amenés à parcourir divers lieux qui font le monde du tout premier Final Fantasy et y rencontrer moult boss tels que Astos, le chef des pirates Bikke ou encore Garland, bien sûr. Nous incarnerons Jack, un homme dont la seule passion dans la vie semble vouloir être de mettre fin au « Chaos », à tel point que ça en devient obsessionnel. Il sera accompagné par Jed et Ash, deux compagnons que le destin mettra sur sa route, tous liés par de mystérieux cristaux qui résonnent en présence d’un autre possesseur. Ensemble, et avec l’aide d’autres alliés par la suite, ils devront unir leurs forces pour éradiquer le chaos déferlant sur le monde.
Et l’on touche ici à l’un des points faibles du jeu, son scénario. Les premiers Final Fantasy sont généralement peu connus du grand public et loin de proposer des histoires mémorables. Cela aurait été l’occasion d’honorer la genèse de cette saga culte en proposant une intrigue travaillée et prenante. Que nenni. La narration est incroyablement creuse et décousue, le tout saupoudré de quelques répliques assez nanardesques. Bien que l’histoire ne soit pas l’intérêt principal de ce Stranger of Paradise: Final Fantasy Origin, on aime à vivre quelque chose de mémorable quand on joue à un Final Fantasy. Une fois le jeu bouclé, on ne se rappelle pas de grand-chose et les personnages, peu attachants, tomberont vite dans l’oubli.
Une inspiration pas si étrangère
Outre la série des Ninja Gaiden et autres Dead or Alive, la Team Ninja est aussi bien connue pour ses jeux Nioh, ouvertement inspirés des divers Souls de FromSoftware. C’est précisément l’inspiration de ce Stranger of Paradise: Final Fantasy Origin. Le jeu vous propose de parcourir une multitude de donjons disséminés dans le monde de Final Fantasy. On enchaîne les couloirs et espaces un peu plus ouverts, croisant le fer avec les ennemis présents çà et là. Comme dans tous Souls-like qui se respectent, le gameplay mêle technicité et mémorisation des patterns ennemis afin de les terrasser. A la différence d’un hack’n’slash traditionnel, foncer tête baisser est loin d’être la solution la plus adaptée. Stranger of Paradise: Final Fantasy Origin est le type de jeu qui peut se montrer cruel envers les joueurs les moins patients en les mettant K.O. en 3 coups. Il faudra donc composer au mieux avec le gameplay que nous offre le titre. En cas de mort, le jeu vous renvoie au dernier Cube avec lequel vous avez interagi, élément qui fait office de feu de camp et qui a plusieurs utilités comme de regagner vos point de vies et mana, accéder à vos arbres de compétences, changer un membre de votre groupe mais aussi qui repeuple le donjon d’ennemis à son utilisation.
La Team Ninja reprend le gros de son modèle instauré dans Nioh, cité précédemment. Notre personnage dispose d’une touche d’attaque, une touche de technique de classe, une touche d’esquive, un bouton de garde. La gâchette L2, quant à elle, permet d’attribuer jusqu’à quatre buffs que vous pourrez utiliser en combat contre une certaine somme de mana. Est présent également dans ce Stranger of Paradise: Final Fantasy Origin ce qu’on appelle « l’égide spirituelle ce qui fait, grosso modo, office d’une barre de stamina. Elle s’amenuise lorsqu’un ennemi tape dans votre garde et pourra, à force, la briser ce qui se traduit par une mise au sol de votre personnage, et donc sa vulnérabilité pour un court laps de temps. L’égide spirituelle a aussi une autre fonction. Par pression de la touche Rond ou B selon votre manette, Jack pourra se servir de cette égide pour contrer un coup et attaquer plus rapidement par la suite, ou bien même absorber certains types d’attaques, principalement catégorisées comme projectiles. Lorsqu’une attaque est absorbée avec succès, une nouvelle commande se matérialise sur la touche Carré ou X de votre manette. Vous pouvez alors utiliser l’attaque absorbée. Attention, son nombre d’utilisation est limité. Une fois toutes dépensées, il faudra répéter l’action d’absorbation pour pouvoir de nouveau bénéficier de la capacité. Lorsque vous utilisez l’égide spirituelle, une jauge jaunâtre située au centre bas de votre écran s’épuise. Autre que d’attendre qu’elle se recharge d’elle-même, la méthode la plus rapide reste encore d’effectuer des Finisher sur vos ennemis lorsque leur propre barre de stamina est épuisé avec un pression de la touche Rond comme action contextuelle.
Il y a plusieurs classes (aussi appelés Jobs) à découvrir dans Stranger of Paradise: Final Fantasy Origin. Par défaut, Jack commencera avec une classe primaire (Gladiateur) et une classe secondaire (Surineur). En parcourant les donjons et en terrassant les divers adversaires les peuplant, vous allez avoir accès à du loot correspondant à divers pièces d’équipements comme tout bon RPG qui se respecte. De votre casque à vos bottes en passant par votre arme, toutes les pièces possèderont un niveau d’équipement, puis un niveau de rareté, mais plus important, certaines se verront attribuées un pourcentage d’affinité pour chaque type de classe. Cumuler ces pièces vous permettra de déverrouiller des seuils d’affinité, ce qui vous octroiera des bonus divers. En plus de cela, il faudra compter sur un traditionnel arbre de compétences pour chaque classe. Plus vous jouez, et plus vous obtiendrez des points de classe à dépenser dans lesdits arbres. Cela vous permettra d’obtenir des bonus supplémentaires, mais aussi de débloquer de nouveaux combos et techniques de classe. Avec un niveau max capé à 30, les classes sont relativement rapides à monter et on vient à bout d’une d’entre elles en une poignée d’heures seulement. À la fin d’un arbre, vous aurez l’occasion d’accéder à de nouvelles classes supplémentaires. Au total, ce sont 28 jobs à découvrir et à mixer.
A l’inverse d’un Souls traditionnel, nous ne serons pas seul. Deux comparses vous suivront constamment. Dans un premier temps, Jed et Ash seront vos coéquipiers par défaut, puis les rangs s’élargiront bien vite avec l’arrivée de Neon et de Sophia plus tard. Vos alliés seront quasi autonomes, attaquant d’eux-mêmes les ennemis. La seule influence que vous pourrez avoir sur eux en combat est l’activation d’une attaque spéciale par pression de la touche gauche ou droite de la croix directionnelle. Une fois celle-ci enclenchée, un cool down sera imposé avant de pouvoir la réutiliser. Bien que déjà disponible dans Nioh, la présence des compagnons tout au long de votre périple pousse au multijoueur. En effet, jusqu’à deux autres joueurs pourront venir se greffer à votre partie et explorer les donjons avec vous. A l’inverse des jeux FromSoftware qui favorisent une expérience solo avec une composante coop limité à certains passages bien précis, ici, c’est l’intégralité de la campagne qui pourra être parcourue entre amis, ce qui donne à Stranger of Paradise: Final Fantasy Origin un véritable argument.
C’est pas sur PS3 ?
S’il y a bien une chose sur laquelle tout le monde est d’accord, c’est que le jeu est loin d’être exemplaire niveau technique. Certains pourraient dire que le même reproche pourrait être fait aux jeux FromSoftware, Elden Ring compris, qui est sorti pratiquement au même moment. Certes, mais il serait bon de rappeler que Elder Ring, lui, propose un vaste monde ouvert dont la faiblesse technique est largement compensée par une direction artistique inspirée. Stranger of Paradise: Final Fantasy Origin, quant à lui, peine sur les deux tableaux. On a parfois l’impression d’être retourné deux générations de consoles en arrière tant le jeu paraît daté. Textures, modèles 3D, animations, éclairages, rien ne respire vraiment le neuf. Vient s’ajouter à cela un nombre incalculable de ralentissements, en combat et pas seulement ! Le constat est fait aussi bien sur PS4, PS5 que PC. Aucune plateforme n’est réellement à l’abri, même si la PS4 est le support qui en pâtit le plus. Pourtant, Stranger of Paradise: Final Fantasy Origin propose deux modes d’optimisation : Résolution et Fréquence d’images. Malheureusement, aucune ne s’avère satisfaisante. D’un côté, on se coltine une expérience visuellement moyenne et pleine de ralentissements, de l’autre, on a un mode au rendu flou, moins précis et avec quelques chutes de framerate encore présentes.
Le level design ne fait guère mieux et se révèle peu inspiré dans son ensemble. On se cantonne très souvent à de la ligne droite avec peu d’à côté. Si on ne demande pas un open-world, il aurait été intéressant de rendre les donjons un peu plus tentaculaires afin de pousser à l’exploration et rendre la découverte plus gratifiante. Stranger of Paradise: Final Fantasy Origin tente par moments de stimuler le tout avec quelques petites énigmes mais ça ne va jamais chercher très loin. Il faudra aussi composer avec un bestiaire relativement redondant. Pour un jeu estampillé Final Fantasy, ce n’est pas ce qui manque dans le catalogue pourtant. Néanmoins, Stranger of Paradise: Final Fantasy Origin utilise quelques figures iconiques comme Pampa ou encore Tomberry, présents à divers endroits. Les boss, quant à eux, s’en sortent un peu mieux avec l’utilisation de véritables antagonistes issus du premier Final Fantasy, mais pas que, avec pour exemple un combat contre Cray Claw, scorpion géant présent dans Final Fantasy V.
Pour finir sur quelques notes plus optimistes, Stranger of Paradise: Final Fantasy Origin dispose d’une durée de vie relativement correcte, bien que gonflée artificiellement par le farming. Une fois un donjon terminé, il est tout à fait possible de le recommencer, soit pour acquérir plus de butin lié au lieu, ou alors mettre la main sur davantage de pièces diverses avec un niveau d’équipement plus élevé. Le jeu nous invite à recommencer les précédents donjons en instaurant un niveau d’équipement parfois bien supérieur d’un lieu à l’autre. Lorsque vous terminez un donjon, vous débloquez également une mission secondaire. Ces missions secondaires vous proposeront un autre objectif comme vaincre un nouveau boss ou encore éliminer un certain nombre de monstres précis. Pas de New Game + au programme mais la possibilité de rejouer les précédents donjons dans des modes de difficulté plus élevés, dont deux sont à débloquer. D’ailleurs, il est à noter que Stranger of Paradise: Final Fantasy Origin propose divers modes de difficulté afin de s’adapter au plus grand nombre. Trois degrés de difficulté sont proposés d’entrée de jeu pour ceux souhaitant un véritable challenge ou, au contraire, quelque chose de plus « tranquille », sans pour autant rouler sur le jeu. Et si ça ne suffisait pas, il sera possible de réduire un peu plus la difficulté en cas de besoin avec un sous mode activable à tout moment. Outre les lignes de dialogues neuneu, le doublage est bon dans son ensemble, aussi bien en anglais qu’en japonais. Les compositions sont dans la droite lignée de ce que l’on peut attendre d’un Final Fantasy, alternant entre thèmes symphoniques et OST plus énervée lors des combats de boss. Si elles se révèlent de bonne facture, aucune n’est réellement mémorable.
Verdict 6/10
Finalement, le gameplay proposé par ce Stranger of Paradise: Final Fantasy Origin sauve le titre de la Team Ninja de la noyade. Sa technicité et sa profondeur ont rendu l’expérience plaisante dans son ensemble. Mêlé à cela la possibilité de pouvoir parcourir l’intégralité du jeu avec un ou deux amis est un plus appréciable qui devrait charmer les afficionados des Souls, frustrés par la composante coop trop limitée dans les licences FromSoftware. Il sera, néanmoins, difficile de passer outre la technique bancale du titre qui cumule soucis de framerate et réalisation datée. Le manque de personnalité des protagonistes ainsi que la pauvreté du scénario n’aident pas à rattraper ces lacunes et vouent Stranger of Paradise: Final Fantasy Origin à un oubli certain. Cependant, si vous êtes en manque d’une expérience qui met la technicité au cœur de son gameplay, le tout pouvant être apprécié entre amis, vous pouvez toujours donner sa chance à Stranger of Paradise: Final Fantasy Origin.
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