DayZ, Rust, The Forest, etc. Autant de titres vidéoludiques qui mettent en avant un retour à la condition première de l’Homme : seul face à la Nature et devant survivre à tout prix. Et si ce genre ne cesse de plaire, la liste continue de s’allonger. Disponible depuis quelques années sur PC, le jeu d’aventure et de survie de Beam Team Games, Stranded Deep, a récemment fait naufrage sur consoles, et plus précisément sur PlayStation 4 et Xbox One. Votre fidèle servante a bien entendu pris le large pour essayer de survivre en eaux troubles, tel Robinson Crusoé. Et si Tom Hanks, alias Chuck Noland (dans « Seul au Monde »), a réussi à survivre pendant de longs jours aux côtés de Wilson, est-ce notre cas également (sans Wilson, malheureusement) ?
Test réalisé sur PlayStation 4 Pro grâce à une copie numérique envoyée par l’éditeur
[…] La nature et l’expérience me montrèrent, après de justes réflexions, que les meilleures choses ne sont bonnes pour nous qu’autant qu’elles peuvent servir à notre usage, et que, de tout ce que nous amassons, nous ne pouvons tirer rien au-delà de notre jouissance personnelle […]
Robinson Crusoé, Daniel Defoe.
Ô île, ma belle île
Alors que vous êtes paisiblement installé dans votre jet privé, à presque siroter un petit whisky tandis que le pilote vous mène à votre destination, un accident survient. Menant au crash de l’appareil en plein océan, vous vous retrouvez seul, dans les eaux troubles, avec pour seul compagnie un navire de survie quelque peu rudimentaire. Votre premier objectif ? Rejoindre le bout de terre que vous voyez à plusieurs kilomètres devant vous. Voici comment, assez simplement et sobrement, Stranded Deep débute. D’ailleurs, il ne faut pas s’attendre à davantage de lignes de scénario tant le soft vous plonge exclusivement dans un jeu de survie plutôt qu’un titre narratif, vous l’aurez compris. Cela n’a rien de très handicapant puisque beaucoup de jeux survival adoptent ce modèle mais nous aurions aimé tout de même un peu plus de contexte, au moins au début de l’aventure.
Heureusement, un temps est attribué au didacticiel permettant aux joueurs de prendre en main le gameplay du jeu et surtout d’apprendre les rudiments de la survie : se nourrir, trouver des sources d’eau diverses, construire une tente rudimentaire, allumer un feu, etc. (disponible dans la vidéo ci-dessous). Pour le coup, ce didacticiel accompagne très bien la découverte et les premières heures de jeu mais se retrouve tout de même assez court. Par ailleurs, on peut compter sur notre fidèle smartwatch qui nous indique notre niveau de satiété, d’hydratation, de maladie (notre guide à ce sujet), de santé, etc. C’est simple d’accès, soit en une pression d’une touche, et ça libère significativement l’interface. Mais après et hormis tout cela, c’est le grand vide, le néant. On se retrouve aussi seul que notre protagoniste et il faudra se creuser les méninges et travailler d’arrache-pied pour lui permettre de survivre de jour en jour. Un pari qui ne laisse pas de marbre et qui donne de véritables responsabilités au joueur, qui tend réellement à s’identifier au protagoniste… pour le meilleur et pour le pire.
Sandbox & Chill
La formule n’étant pas tout à fait nouvelle car connue dans des licences comme Minecraft ou encore Ark, Stranded Deep parvient tout de même à tirer son épingle du jeu grâce à un système de crafting assez poussé et plutôt intéressant. Si au début du jeu, nous avons accès à des items assez simples comme une canne à pêche, une lance et autres, le soft dévoile toute la panoplie possible et sa richesse au fil des heures. Par la suite, il sera alors possible, par exemple, de fabriquer son propre radeau, créer un fumoir ou bien un fourneau. Mais pour chaque élément, rien ne sera simple : il faudra au préalable récupérer des ressources élémentaires (bois, fibres, pierres) ou d’autres plus sophistiquées (bouée, bâche, etc.) nécessaires pour la création d’un outil ou d’un objet de notre choix. Cela demande pas mal de temps et surtout des phases d’exploration plus ou moins intensives, en se déplaçant notamment d’île en île et en découvrant des lieux secrets. C’est un point que nous avons nettement apprécié bien que certains gestes restent très répétitifs et peuvent en décourager plusieurs. Pour en revenir au système de craft, il est certes intéressant pour des amateurs de jeu de survie mais il peut être tout aussi décourageant pour des néophytes. C’est franchement à double tranchant : certains voudront aller jusqu’au bout de l’aventure alors que d’autres abandonneront après avoir ouvert 15 noix de coco et ramassé en boucle du bois.
En soi, Stranded Deep est typiquement le genre de titre qui nous donne envie d’aller toujours plus loin, pour construire des éléments dont nous sommes fiers et dont on a envie de partager un screen avec la communauté, mais il faut tout de même dépasser ce stade de : « J’ai l’impression d’avoir fait le tour. J’en ai marre de faire toujours les mêmes choses. Moi aussi je veux ça (devant une image d’un joueur représentant une cabane grande, organisée et loin de l’aspect rudimentaire de votre petite hutte au début du jeu) ». D’ailleurs, il est regrettable que le portage du titre de Beam Team Games sur console ne propose pas encore un mode multijoueur contrairement à la version PC. Mais on ose espérer qu’il débarquera très prochainement dans le soft afin de faciliter (peut-être) l’expérience. Mieux vaut deux paires de mains qu’une seule non ?
Heureusement, le côté très tranquille du soft rend le tout assez apaisant. En effet, il n’y a pas de créatures qui viendront faire descendre votre jauge de vie mais seulement des animaux plus ou moins violents. Oui, vous l’aurez d’ores et déjà compris, Stranded Deep met en avant un réalisme et fait donc la part belle à la faune et à la flore, d’ailleurs assez bien représentées. Il sera ainsi possible de rencontrer des serpents nocturnes, des cochons sauvages, des oiseaux, des poissons, des crustacés et même des requins dans les eaux profondes. Si certains représentent un véritable danger, d’autres sont beaucoup plus pacifistes et seront surtout là pour vous permettre de vous nourrir (bien que le jeu mette également en avant le veganisme via un trophée demandant de ne pas manger de viande pendant une certaine période – un aspect cohérent et dans l’ère du temps qui nous a bien plu).
Un survival réaliste qui convainc ?
Loin d’être un AAA, Stranded Deep s’en sort plutôt bien en ce qui concerne l’aspect graphique. Mettant l’accent sur un réalisme certain, les décors sont aussi plaisants à l’écran, notamment lors des couchers de soleil, qu’angoissants quand la nuit tombe et vous laisse sans véritable défense. Par ailleurs, mention spéciale à la faune et à la flore qui, comme nous l’avons dit précédemment, sont plutôt variées et surtout bien matérialisées. D’autant plus que l’on ne rencontre pas les mêmes animaux d’une île à une autre. Côté bande sonore, Beam Team Games livre là des compositions douces et mélancoliques accompagnant très bien la découverte et l’exploration de l’archipel. Si le tableau est vraiment beau dans son ensemble, on a tout de même remarqué plusieurs temps de saccade et un peu d’aliasing par moments. Rien de véritablement gênant en soi mais suffisamment notables pour les mentionner.
On regrettera tout de même quelques points qui peuvent agacer. Dès les premières minutes de jeu, un aspect négatif nous saute aux yeux : bien que le jeu pousse le joueur à façonner un feu de camp ou des torches pour gagner en luminosité et visibilité, si ce n’est pas le cas on se retrouve réellement plongé dans le noir et c’est assez déstabilisant pour avancer. À la nuit tombée, on ne sait plus vraiment où l’on va et on reste à errer pendant quelques minutes près de notre cabane pour attendre le lever du soleil, dormir ne permettant pas de passer la nuit entière. C’est certes voulu par le soft mais on a tout de suite envie d’aller dans les paramètres du jeu pour augmenter la luminosité, bien que ce ne soit pas véritablement d’une grande aide.
Notons également la gestion de l’inventaire qui n’est vraiment pas plaisante et très restreinte manette en mains. En effet, l’inventaire étant assez petit, on se retrouve très vite à devoir déposer des éléments ici et là près de notre campement, ou dans notre radeau, pour en ramasser d’autres. Autant dire que ça devient très vite agaçant quand vous êtes en train de crafter quelque chose mais qu’un message, en bas à droite de votre écran, vous indique que votre inventaire est plein. Il faut donc anticiper ses moindres faits et gestes et ce sans relâche. Comme si ce n’était pas déjà assez compliqué de survivre… Par ailleurs, il nous est arrivé plusieurs fois de voir un élément en remplacer un autre dans notre inventaire, sans nous en rendre forcément compte, nous faisant perdre l’objet dans la nature. Assez agaçant quand il s’agit de votre seul et unique outil nécessitant de répéter encore des actions de craft et de collecte pour le fabriquer à nouveau, alors que vous l’avez fait il n’y a même pas de cela deux minutes.
Verdict : 6/10
Ainsi, Stranded Deep possède de bonnes bases et respecte totalement le genre survival, tout en déployant un système de craft plutôt intéressant mais davantage adressé aux amateurs du genre, sans pour autant véritablement briller d’ingéniosité et d’innovation. Il y a ce ‘je ne sais quoi’ qui manque et qui aurait pu faire du soft de Beam Team Games une petite référence indépendante du genre. Mais travaillant depuis 2015 sur la version PC et alimentant leur titre de nombreux contenus, on peut s’attendre à de belles mises à jour ou patch correctifs sur le soft relançant alors l’intérêt pour cette expérience vidéoludique tout en l’améliorant.
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