The Chinese Room est à l’origine des jeux Dear Esther (2012), Amnesia: A Machine for Pigs et Everybody’s Gone to the Rapture (2015). Avec ces trois titres, le studio est devenu le représentant du walking-simulator horrifique, une réputation qui lui colle à la peau malgré tout. Quelques années plus tard, le studio et ses développeurs ont bien changé. Ainsi, Still Wakes the Deep se veut être un projet beaucoup plus ambitieux que ses prédécesseurs qui a été décrit comme « The Thing sur une plateforme pétrolière ». Un cadre qui, avouons-le, est plus qu’intriguant.
Test réalisé sur PC grace à un code envoyé par l’éditeur
Ça ne pouvait pas être pire
Cameron, ou Caz pour les intimes, est électricien sur une plateforme pétrolière écossaise. Ce n’est pas le métier de vos rêves ? Pour Caz non plus, le père de famille a une femme et deux filles qui l’attendent sur la terre ferme ainsi que quelques problèmes avec la justice. Car oui, si notre protagoniste est sur une plateforme offshore, c’est pour laisser le temps tasser ses problèmes avec la justice et éviter la prison. Alors que l’extraction de l’or noir débute, il semble qu’une entité puissante ait été réveillée. Proche de l’horreur cosmique lovecraftienne, cette dernière va décider de s’emparer de la plateforme et des collègues de Caz les transformant en créatures emplies de regrets. On gardera comme morale qu’il vaut mieux aller en prison pour expier nos crimes plutôt que de s’enfuir sur une plateforme pétrolière qui peut réveiller Cthulhu.
Vous comprenez donc que nous sommes plus face à un jeu narratif que la formule plus connue du survival-horror. Et ce qui fait tout le sel de cette histoire, c’est bien évidemment le décor. Un huis clos sur une plateforme pétrolière des années 70 est une idée séduisante. Pour accompagner cet excellent choix, nous retrouvons des personnages dont l’écriture est plutôt bonne et surtout, des voice acting excellents en anglais avec des accents écossais qui sauront nous faire sourire même dans la tourmente. Il est même possible de passer l’audio en gaélique afin de pousser la chose au plus loin, une attention toujours appréciable pour les plus pointilleux d’entre nous. Il faudra cependant accepter un défaut majeur pour apprécier les quelques bons points de Still Wakes the Deep.
Pour jouer, suivez le jaune
Si Still Wakes the Deep développe bien ses personnages, son ambiance et son récit, c’est bien au détriment du gameplay qui est très sommaire. Finalement, The Chinese Room ne sort pas de cette étiquette de walking-simulator et nous offre un jeu dont l’interactivité est très limitée. Ainsi, nous contrôlons les mouvements de Caz avec des petites options comme courir, sauter, grimper ou encore ouvrir une grille de ventilation qui ne trompent pas. Il reste que se mouvoir sur l’énorme rafiot est plaisant, mais … qui a barbouillé le navire de cette peinture immonde ? Car oui, dans le cas où vous perdriez sur la plateforme, une peinture jaune vous indiquera quel chemin emprunter. À cette aide, s’ajoute la possibilité de choisir un mode de jeu proposant la possibilité de mourir et une option ajoutant des indices afin de simplifier au maximum l’aventure et de proposer une expérience se rapprochant de plus en plus du film que du jeu vidéo finalement.
Ce défaut pourrait presque ne pas en être un, tellement Still Wakes the Deep assume sa volonté de balayer les codes du jeu vidéo. Pour autant, cela ne colle pas avec certains aspects du game design comme cette fameuse peinture jaune qui barbouille notre chemin et quelques phases de QTE assez maladroites nous rappelant une époque que l’on pensait dépassée. Alors qu’aucun combat n’est présent, qu’aucune énigme ne vient gêner notre progression, Still Wakes the Deep ne nous offre finalement que quelques passages d’infiltrations et de plateformes qui seront rapidement accomplies. Le jeu est donc une aventure linéaire qui durera entre 4 et 5 heures. Alors que le jeu délivre une ambiance forte et un bon script, on retient plus facilement le gameplay manquant que ses forces et ses bonnes propositions.
En fin de compte, Still Wakes the Deep ne restera pas forcément un souvenir inoubliable, il sera « ce jeu d’horreur sympa sur une plateforme pétrolière » et ce par son décor, étant la meilleure idée du soft, mais aussi, que celui-ci est extrêmement beau. Comment ne pas apprécier les phases d’infiltrations dans la cale d’une plateforme pétrolière ? En plus de ces phases de jeu bien rythmées, le jeu de The Chinese Room profite d’un excellent sound-design sublimé par les musiques horrifiques de Jason Graves (Until Dawn, Dead Space, …). Pour ce qui est de la technique, le jeu aura tendance à malmener les consoles (une faible résolution pour avoir 60 fps sur celles-ci) mais aussi les configurations les plus modestes. Pour autant, Still Wakes the Deep a le droit à des moments de fulgurances et, avec une machine assez solide, délivre de belles images.
Verdict : 6/10
The Chinese Room connaît un nouveau tournant avec d’anciens développeurs, dont le travail a fait le nom du studio, désormais tous partis. Still Wakes the Deep devait être une sorte d’adieu alors que le dernier vétéran du studio (Dan Pinchbeck) a fait son départ après avoir fini la rédaction du scénario en été 2023. On aurait aimé un adieu plus grandiloquent alors que nous retenons plus facilement les manquements du titre que ces quelques coups d’éclats. Pour autant, Still Wakes the Deep reste un jeu sympa, surtout lorsque l’on considère que celui-ci est disponible dans le Xbox Game Pass. Une aventure qui pourrait rendre nostalgiques quelques fans de Silent Hill 2 mais qui sera très frustrante pour d’autres. Finalement, Still Wakes the Deep rejoint les autres productions de The Chinese Room, divisant les joueurs entre ceux ne gardant que les bons côtés du titre et ceux n’arrivant pas à dépasser ses défauts. Il n’en reste pas moins que cette belle aventure scriptée sur une plateforme pétrolière tourne désormais une page du studio qui se concentre désormais sur Vampire: The Masquerade – Bloodlines 2.
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