Sorti le 2 décembre 2016 dans nos contrées, Steep nous avait convaincu d’une manière générale, sans toutefois nous émerveiller au point de crier au génie. Pour autant, et un peu à la manière d’un The Crew, le jeu d’Ubisoft n’a pas manqué de s’étoffer au fil des mois, jusqu’à devenir aujourd’hui la référence absolue en matière de « sports d’hiver vidéoludiques » (bien que la concurrence ne fasse pas vraiment rage non plus). C’est donc avec une grande joie et une impatience certaine que nous attendions l’arrivée de sa nouvelle grosse extension payante, baptisée En route pour les Jeux Olympiques. Avions-nous raison ? Voici sans plus attendre notre verdict.
Test effectué sur PS4 Pro à partir d’une version fournie par l’éditeur
Vous le savez sans doute si vous suivez à la fois l’actualité des jeux vidéo, mais également celle des Jeux Olympiques, plus aucune adaptation officielle n’a vu le jour sur consoles et PC depuis le très sympathique Londres 2012. SEGA ayant fermé leur seul studio interne qui s’occupait de toutes ces itérations, il est hélas regrettable de voir que les amoureux d’olympiades virtuelles sont comme qui dirait orphelins depuis tout ce temps. Les choses reprendront leur cours normal dès 2020 (de nouveau sous la houlette de SEGA), et Mario & Sonic ont bien tenté quelques incursions dans le monde si particulier des JO, mais il ne fait aucun doute que les passionnés cherchent à trouver manette en mains quelque chose de plus « réaliste ». Les JO d’hiver n’ayant, pour leur part, plus eu droit à une quelconque adaptation depuis le très maigre Vancouver 2010, nous avons donc très vite sauté de joie lorsqu’Ubisoft a annoncé en grande pompe l’arrivée d’En route pour les Jeux Olympiques. Hélas, cent fois hélas, vous allez vite comprendre qu’il vaut parfois mieux s’abstenir, même lorsqu’une idée paraît bonne sur le papier.
♫ Quand te reverrai-je ? ♫
Vendue 29,99€ (et évidemment non comprise dans le Season Pass du jeu de base), cette toute nouvelle extension de Steep entend donc proposer pas moins de 2 nouvelles montagnes. La première se situe au Japon et se divise en 4 régions distinctes : Daisetsuzan, Hakuba, Sapporo, et Zao. Concrètement, vous trouverez ici tout ce qui fait le sel du jeu de base, à savoir un large terrain de jeu sur lequel pratiquer les nombreux sports extrêmes mis à la disposition des joueurs (Luge, Rocket Wing, Base Jump…). Tout du moins si vous êtes l’heureux possesseur des DLC vendus quelques mois plus tôt. Dans le cas contraire vous devrez composer avec les disciplines les plus basiques, bien entendu. Pour résumer la situation, sachez que cette montagne nippone vous réserve 4 histoires de montagne, une trentaine de challenges variés, et quelques sublimes paysages. Pour autant, et vous vous en doutez très probablement au vu du nom choisi par Ubisoft concernant cette nouvelle extension, le coeur de ce DLC se situe ailleurs. Juste en face pour être précis. En Corée du Sud.
C’est malheureusement à partir du moment où notre planche foulera le sol des Jeux de PyeongChang que tout va devenir décevant. Et si nous n’avons clairement rien contre le jeu de base, que nous relançons encore de temps en temps tant il nous semble plaisant à parcourir, force est de constater que nous ne comprenons pas du tout l’intérêt de la part de l’éditeur français de s’approprier les droits officiels des JO d’hiver, si c’est pour en faire… ça. D’ailleurs, avec le recul il nous semble évident que le Japon a été ajouté à ce DLC dans le seul but de « gonfler » artificiellement le contenu de l’ensemble, et ainsi (tenter de) justifier le tarif prohibitif pratiqué.
Concrètement, sur cette montagne coréenne, vous aurez donc droit à 9 épreuves, et pas une de plus. Non, vous ne rêvez pas : neuf pauvres épreuves (qui ne passent d’ailleurs ni par des essais, ni par des qualifications, ce sera la finale et rien d’autre, messieurs dames !), à savoir : Slalom, Slalom Géant, Slalom Géant Parallèle, Big Air, Cross, Slopestyle, Halfpipe, Descente, et Super-G. Loin de nous l’idée de critiquer ces épreuves, bien évidemment. Mais tout de même, sachez que les vrais JO qui se dérouleront du 9 au 25 février prochain verront se disputer pas moins de 102 épreuves dans 15 disciplines différentes. Et même si l’on imagine mal les programmeurs d’Ubisoft Annecy développer du Hockey sur Glace ou du Curling, quid du Bobsleigh, de la Luge, du Skeleton ou encore du Saut à Ski ?
Le planté de bâton
L’éditeur français nous avait clairement habitué à mieux. Et ce n’est pas les 6 pauvres trophées PSN fournis avec l’extension qui vont nous aider à avaler la pilule. Malheureusement, et même si vous nous en voyez fort désolés, ce constat des plus alarmants ne s’arrête pas là. Car si, vous l’avez compris, le contenu de ce nouveau DLC laisse à désirer et ne justifie en aucun cas son prix de vente, il faut bien avouer que le reste a également du mal à suivre. À commencer par le gameplay. En effet, si le jeu tourne toujours à plus ou moins 60 images/seconde selon la situation, les bugs eux, et notamment de collision, continuent d’affluer, et d’énerver, depuis le lancement du titre (il y a tout de même plus d’un an maintenant). Pour autant, tout ceci n’est rien face aux deux plus gros points noirs de cette extension. À savoir, premièrement, ses sensations totalement inexistantes. Effectivement, que ce soit à skis ou en snowboard (puisque vous ne chausserez finalement jamais rien d’autre dans Road to the Olympics), on ne ressent pour ainsi dire jamais le poids de l’athlète, et ce peu importe le sexe, l’apparence ou la nationalité que vous aurez choisi de lui donner. En découlent des épreuves d’un ennui mortel dans lesquelles il ne se passe jamais rien de palpitant, et surtout à l’issue desquelles on remporte bien trop vite l’or (et sans forcer).
Enfin, en guise de deuxième plus gros point noir, nous ne pouvions pas conclure ce test sans vous parler de Laurent Luyat, le commentateur de France Télévisions engagé pour l’occasion. En effet, si le bougre est de la partie, vous l’aurez deviné, ce n’est pas pour préparer la fondue savoyarde en bas des pistes, mais bien pour nous faire vivre la compétition comme si nous y étions. Bon… Autant dire que c’est loupé. Décidément… Quand ça veut pas, ça veut pas ! Les quelques phrases que le journaliste sportif nous octroie sont balancées à tort et à travers et ne correspondent que très rarement à ce qui se passe à l’écran. C’est bien simple, une fois sur deux monsieur Luyat vous félicitera pour votre performance alors que vous venez de tomber violemment avec la grâce d’un paresseux enrhumé. L’instant d’après, alors que vous venez de faire un superbe chrono, il se mettra à hurler « OH NON ! QUELLE EFFROYABLE CHUTE ! JE N’AI POURTANT VU AUCUNE ERREUR DE SA PART ! » (et pour cause). Que pourrions-nous ajouter à cela ? Si ce n’est peut-être la présence d’un mode « Histoire » (veuillez noter ici l’extrême importance des guillemets), dans lequel vous incarnerez un snowboarder (eh oui, encore !) voulant réaliser l’impossible et aller au bout de ses rêves. Hmmm… Ne vous emballez pas trop, car tout cela s’apparente en réalité à un gigantesque tutoriel pour vous préparer aux épreuves olympiques que nous vous citions plus haut… Alors, refroidis ? Nous aussi !
VERDICT : Mauvais
Proposer aux joueurs de Steep un voyage virtuel en Corée du Sud (ainsi qu’une escapade au Japon), et ce le temps de quelques épreuves olympiques, est évidemment une bonne idée de la part d’Ubisoft. Tout du moins sur le papier (glacé). Hélas, et même si nous désirions plus que tout profiter au maximum de cette ambiance si particulière, le constat est au final plus que mitigé. Car l’on a finalement droit ici à une dizaine d’épreuves tout au plus, les sensations de glisse (et de tricks) sont inexistantes, les bugs sont légion, et le speaker de la compétition (Laurent Luyat de France Télévisions) est tout bonnement insupportable. Le tarif de l’ensemble, fixé à une trentaine d’euros, a même de quoi vous faire froid dans le dos. On notera toutefois, au rang des points positifs, que les 25 nouvelles pistes musicales ajoutées pour l’occasion sont simplement géniales (notamment les compositions d’Aphex Twin, Kidkanevil, ou encore Ital Tek), que visuellement le jeu est toujours aussi agréable à regarder, mais aussi et surtout que l’on peut désactiver les commentaires audio dans le menu Options… Oui, on se console comme on peut.
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