Cela fait bien longtemps maintenant que les jeux vidéo et les univers post-apocalyptiques font bon ménage. Surtout lorsqu’il s’agit de mettre sur la table un bon vieux virus transformant la moitié de l’humanité en zombies. Eh oui, pas besoin de s’appeler Thanos et de posséder le Gant de l’Infini pour éradiquer de la surface d’une planète une grande majorité de la population. Il suffit parfois d’un virus bien trouvé, de quelques morsures et de laisser le temps faire son oeuvre. Enfin, pour les quelques irréductibles qui voudraient survivre, ils peuvent encore allumer leur Xbox One et se contenter de State of Decay 2. Reste à voir si le jeu d’Undead Labs fait figure de bon élève en matière de jeu de survie en marchant sur les pas de son prédécesseur, qui a su convaincre une bonne partie de la presse ainsi que de nombreux joueurs, qui attendent désormais la suite.
Test réalisé sur Xbox One à l’aide d’une version numérique fournie par l’éditeur
♫ You will spend most your lives, living in a zombie paradise ♫
Cela fait déjà près de 5 ans qu’Undead Labs a offert sa vision de la survie en milieu zombie avec State of Decay, premier du nom. Un premier jet qui était loin d’être exempt de défauts, mais qui a malgré tout trouvé son public tout en récoltant quelques avis plutôt élogieux, ce qui aura probablement motivé la version Year One, sortie en 2015 et proposant quelques améliorations de gameplay tout en incluant les 2 contenus téléchargeables du jeu, intitulés Breakdown et Lifeline. De quoi donner de la suite aux idées des développeurs qui se sont vite attelés à mettre en chantier une séquelle sobrement intitulée State of Decay 2. Annoncé il y a maintenant 2 ans, ce nouvel opus fait la promesse d’offrir une expérience au moins digne de son prédécesseur, si ce n’est de faire mieux, tout en offrant enfin la possibilité aux joueurs de jouer jusqu’à 4 en ligne. Le mode multijoueur était effectivement absent du premier opus et beaucoup déplorèrent ce manque. On a encore du mal à comprendre pourquoi State of Decay avait été pensé uniquement pour être savouré en solitaire alors qu’il est pourtant taillé pour le jeu à plusieurs, mais inutile de continuer à ressasser le passé et tournons-nous plutôt vers le présent.
Alors que la majorité des jeux du genre nous proposent d’incarner un ou une survivante et de préserver sa vie à tout prix par nos propres moyens, en songeant principalement à notre avatar, State of Decay 2, lui, vient chambouler les codes en nous proposant d’incarner non pas un personnage mais plusieurs. Il s’agit là d’un parti pris relativement surprenant, car l’objectif d’un jeu de survie reste avant tout de faire évoluer notre protagoniste dans un monde hostile tout en s’attachant un minimum à lui, afin de rendre la chose plus vraie. Ici, puisque l’on peut contrôler tour à tour les différents survivants qui nous rejoindront dans notre quête pour une vie meilleure, on a tout de suite un peu plus de mal à ressentir l’envie de conserver en vie un personnage en particulier. Certes, chacun possède son histoire et ses propres compétences, mais en dehors de ça, puisque l’on nous offre la possibilité de switcher entre tous nos survivants, on en viendrait presque à se dire qu’aucun d’entre eux n’est irremplaçable. Evidemment, les développeurs n’ont pas manqué de rendre la mort définitive, histoire de nous pousser à gérer notre groupe de la façon la plus optimale qui soit. Mais nous avons du mal à croire que cela motivera les joueurs à s’attacher aux multiples survivants. Et sans ça, difficile de se prendre véritablement au jeu.
Passé ce détail, il faut tout de même savoir que l’on entame l’aventure en choisissant un duo de personnages : Allant des 2 amis inséparables au couple fraîchement formé en passant par le frère et la sœur victimes de l’apocalypse zombie, le jeu nous promet des choix qui seront propres à chaque formation. Et il faut le reconnaître, les choix ont effectivement des répercussions sur le reste du jeu. Cela se confirme d’ailleurs pour l’ensemble de l’aventure, et pas seulement pour le duo que l’on aura choisi au départ, puisque le fait d’attaquer une enclave entraînera des représailles tandis que la coopération pourra déboucher sur des relations amicales des plus appréciables avec tous ces zombies qui courent les rues. Pour autant, la narration est loin d’être le point fort du titre. Autant dire qu’elle est même très effacée et que ce n’est clairement pas le scénario qu’il faut aller chercher dans State of Decay 2. L’idée n’est pas de mettre le joueur face à une histoire prenante mais de lui offrir des sensations que la survie en territoire hostiles seule peut offrir, et ce, avec tout ce que cela comporte de montées d’adrénaline et de prises de risques.
Ça mord ?
Vous l’aurez compris, ce n’est clairement pas pour ses qualités scénaristiques que l’on vous conseillera State of Decay 2, le jeu étant loin d’être convaincant sur ce point précis. De prime abord, cela a de quoi laisser perplexe quand on sait que State of Decay fut avant tout pensé comme une aventure à vivre en solo. Heureusement, ce deuxième opus apporte un mode multijoueur fort attendu par les amateurs du genre, ce qui fait tout de suite mieux passer la pilule. Le titre s’avère tout à fait plaisant à parcourir tout seul, mais à plusieurs, il prend tout de suite une autre dimension. En escouade de 4 maximum, la survie prend tout son sens et on se prend véritablement au jeu d’assigner des tâches particulières à chacun afin de ne pas crouler sous des hordes de zombies. Puisqu’il s’agit de parvenir à faire vivre notre petit groupe de survivants, il est régulièrement conseillé d’organiser des expéditions aux alentours de son abri pour récupérer des matières premières, des munitions, des armes ainsi que de quoi se soigner.
Les éléments cités juste précédemment ont chacun leur importance capitale car les matières premières peuvent servir afin de créer d’améliorer sa base en créant de nouvelles installations comme une infirmerie, qui sera d’ailleurs la première chose que l’on sera amené à développer dès le premier abri atteint. Primordial car elle permet notamment de guérir les survivants infectés, il ne s’agit bien évidemment du fondement de toute bonne base à moyen comme à long terme. Avancer dans l’aventure permet de débloquer des points de réputation qui s’imposent comme la monnaie d’échange du jeu. Elle permet de pouvoir prendre le contrôle d’abri potentiels, pour peu qu’ils aient été sécurisés au préalable ou encore de s’offrir un peu d’aide grâce à la radio, permettant de faire appel à des attaques aériennes, de trouver des survivants, de localiser des médicaments ou de la nourriture… Elle permet aussi de faire appel à l’aide de joueurs en ligne grâce au matchmaking. Une vraie bénédiction pour ceux qui finiront par se perdre hors des sentiers battus de la carte, assez impressionnante et qui devrait demander plusieurs dizaines d’heures de jeu pour qui voudrait l’explorer de fond en comble. D’autant que l’aspect RPG vient récompenser les joueurs passant du temps en compagnie de leurs survivants, puisque leurs compétences s’amélioreront au fur et à mesure du temps. Puisque chaque survivant possède ses propres caractéristiques, il devient vite nécessaire de se pencher sur ces dernières afin d’avoir un groupe hétérogène et aux spécialités multiples.
Entre la mort définitive des protagonistes, des expéditions à calibrer au détail près afin de ne pas perdre la moitié de ses acolytes en chemin et des bases qui nécessitent sans cesse des matières premières ainsi que de la nourriture pour se développer, l’aspect survie est largement poussé comme il se doit dans State of Decay 2. On regrette, un peu du coup que l’aspect technique, lui, soit complètement passé à la trappe. Son prédécesseur traînait les mêmes casseroles derrière lui, et l’on aurait ainsi pu croire que les développeurs de chez Undead Labs auraient travaillé ce point-là. Que nenni, autant consoler d’office ceux qui pensaient faire tourner à plein régime leur PC dernier cri ou leur Xbox One X fraîchement achetée pour l’occasion. Le premier modèle de la console de Microsoft suffit bien largement pour faire tourner State of Decay 2, qui affiche des graphismes bien ternes couplés à des textures bien vieillottes pour un titre sorti en 2018. On vous passera les détails concernant la rigidité des animations et le manque de finesse des visages des protagonistes, qui permet d’ailleurs de masquer des animations faciales qui viennent d’une époque que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître.
Inutile de vous faire un dessin ou de continuer à descendre le jeu par le biais de métaphores plus ou moins inspirées, puisque State of Decay 2 s’est, de toute façon, déjà construit une petite réputation chez les joueurs et s’avère être finalement plus attendu qu’il n’y paraît. Autant préciser que les non-initiés au genre pourront vite être rebutés par la façon dont le jeu lâche le joueur dans la nature en lui laissant faire sa petite vie, sans véritable os à ronger pour ceux qui ont besoin d’une véritable histoire afin de motiver des heures et des heures de jeu. La grande force de State of Decay 2 réside clairement dans l’ajout du multijoueur, qui permet de changer la donne et pourra éviter une certaine lassitude, tant vivre l’expérience à plusieurs coule de source à la vue du concept du titre. D’autant que s’il est plutôt vilain à l’oeil, il s’offre une bande-son en totale adéquation avec le sujet. Certes, un peu trop en retrait par moments, mais toujours dans le ton dès lors qu’il s’agit de souligner l’action de quelques notes musicales bien trouvées. On passera sur les doublages, pas forcément convaincants et manquant parfois de conviction. State of Decay n’a, pour ainsi dire, pas grand chose pour lui sur la forme, mais assure dans le fond. Avec des contenus téléchargeables déjà prévus (et inclus d’office dans l’édition deluxe), il devrait parvenir à survivre assez longtemps chez les joueurs pour affronter le prétendant de Sony qu’est Days Gone sur le ring.
Verdict : 7/10
Si State of Decay 2 n’est pas l’exclusivité qui permettra à Microsoft de briller auprès des joueurs, il n’en reste pas moins un titre efficace qui pousse le concept de la survie assez loin pour offrir un challenge intéressant. Avec l’apparition du multijoueur, c’est un atout de taille que s’offre la licence d’Undead Lab, mais on ne peut nier le fait que les joueurs moins aguerris pourraient vite lâcher prise face à une narration presque inexistante et un scénario bien trop en retrait pour qu’il motive à poursuivre l’aventure. Pour autant, le jeu tient ses promesses et passer outre ses tares techniques devrait offrir de belles et longues heures à explorer une carte vaste, offrant de nombreuses bases potentielles pour quiconque sera assez téméraire pour tenter de s’en emparer.
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