Voilà cinq ans que le désamour grandit entre Electronic Arts et la fanbase de la saga débutée par Georges Lucas en 1977. Après deux Battlefront laborieux, le développeur et éditeur américain a tenté de se faire pardonner en proposant Star Wars Jedi: Fallen Order, un action/RPG développé par Respawn Entertainement, anciens d’Infinity Ward et papas de la série Titanfall. Si du mieux a pu se faire ressentir, la confiance n’est pas encore pleinement revenue entre les joueurs et Electronic Arts. Le géant du jeu vidéo tente une nouvelle opération « séduction » avec Star Wars: Squadrons. S’affichant comme le fils spirituel de la série Rogue Squadron sortie entre 1998 et 2003 (ou de la série X-Wing si vous êtes un vieux de la vieille), le titre promet la qualité d’un triple A à prix réduit et sans microtransactions.
Test réalisé sur PlayStation 4 grâce à une copie numérique fournie par l’éditeur
Pour toi, les hommes et les bêtes ont repris les armes
Qui n’a jamais rêvé de parcourir la galaxie et de prendre part à des combats épiques mêlant Nouvelle République et Empire Galactique ? Au long de 15 missions, Star Wars: Squadrons nous invite à découvrir les suites de la décisive bataille d’Endor, et ce du point de vue des deux camps. Au cœur de l’intrigue, un mystérieux projet « Starhawk » que la Nouvelle République tente de mettre au point. Les impériaux devront les en empêcher et, pourquoi pas, reprendre l’ascendant sur ces pourritures de rebelles. Si l’inspiration et le taux de plaisir se fait ressentir en dent de scie, la campagne qu’offre ce Star Wars: Squadrons a tout de même pour elle de nous proposer des objectifs variés ainsi que l’occasion de nous accoutumer avec l’ensemble des vaisseaux des deux camps. Du X-Wing de la République au TIE/Reaper de l’Empire, vous serez comblé. Si certaines missions vous imposent de jouer un modèle précis, d’autres vous laisseront le choix entre deux voire trois modèles. Malheureusement, on notera l’absence de vaisseaux tels que le B-Wing ou bien encore le airspeeder, le jeu ne proposant aucun combat en surface de planète. Comptez entre 8 et 10 heures pour un premier run en mode de difficulté Histoire. Bien sûr, vous pourrez rejouer la campagne dans des modes de difficulté plus élevés et débloquer des récompenses cosmétiques pour vos chasseurs.
Cinq pilotes, une escouade
En plus de sa campagne solo, Star Wars: Squadrons offre la possibilité de s’affronter en ligne en 5v5 dans deux modes de jeu : Bataille de Flotte et Assaut Spatial. Nous passerons brièvement sur le mode Assaut Spatial qui n’est pas le mode le plus palpitant – d’ailleurs, trouver une partie s’avère plus long que pour son confrère. Il s’agit ici de s’affronter dans un match à mort par équipe en 5 contre 5. Pas de présence d’IA, seulement 10 joueurs qui tourneront en rond sur eux-mêmes pour dézinguer ceux qui auront le malheur de passer dans leur viseur, la première équipe atteignant 30 points étant alors désignée vainqueur. Le mode Assaut Spatial a tout de même pour lui de tester vos compétences à la loyale face à de vrais joueurs.
Mais il est, et de loin, détrôné par le mode Bataille de Flotte qui, en plus de son côté popcorn, propose un challenge ardu et la notion d’ «escouade » prend ici tout son sens. Toujours en 5v5, des vaisseaux contrôlés par l’intelligence artificielle (IA) viennent gonfler les rangs des deux factions. Les deux équipes s’affrontent dans un véritable match de ping-pong, le but ultime étant de couler le vaisseau amiral adverse. Les joueurs commencent par s’affronter au milieu de la carte dans une phase de dogfight relativement classique, l’objectif premier étant de remplir une jauge de moral en accomplissant le plus de morts dans le camp opposé. Une fois la jauge à l’avantage d’une des équipes, elle pourra s’attaquer aux croiseurs de support ennemis. À partir de ce moment, la jauge de moral commencera à diminuer progressivement. Afin d’obtenir plus de temps, les attaquants devront, en plus de la destruction des croiseurs, aligner un maximum de vaisseaux joueurs ou IA. L’équipe offensive se verra accompagner d’un vaisseau supplémentaire pour infliger un maximum de dégâts aux croiseurs (corvette pour la République et raider pour l’Empire).
Vous l’aurez compris, les défenseurs auront pour tâche de protéger leurs bâtiments des assaillants. Ils devront à la fois abattre les vaisseaux joueurs mais également la corvette ou le raider selon le camp choisi, et ce le plus rapidement possible pour diminuer les risques de dégâts. Plus vite les défenseurs éradiqueront la menace, plus vite la jauge de moral des assaillants diminuera, rendant leur temps d’offensive plus restreint. Une fois que la jauge d’offense des assaillants atteint zéro, les rôles sont inversés. L’action se répètera tant qu’une équipe n’aura pas détruit le vaisseau capital adverse ou que le temps de jeu fixé à 30 minutes ne sera pas arrivé à son terme.
De plus, il y a seulement deux modes de jeu sur 6 maps différentes. Même si on ne rechigne pas à relancer une petite partie, surtout entre amis, on aurait forcément aimé un poil plus de contenu. Pourquoi ne pas avoir intégré l’excellent mode d’Attaque et Défense de Battlefront II, demandant à une équipe de remplir certains objectifs avec un nombre de respawn limité pendant que les défenseurs doivent les en empêcher ? Un mode simple et déjà réalisé par Electronic Arts qui aurait eu toute sa place dans ce Star Wars: Squadrons. Même si le titre a été vendu comme un « One Shot » dont l’entièreté du contenu serait disponible au lancement, on imagine mal EA ne pas proposer une ou deux carottes supplémentaires, surtout compte tenu des actuels chiffres de ventes et de la réception générale du jeu aussi bien par les critiques que par les joueurs. Wait & See.
Pour les moins téméraires, EA Motive a pensé à vous. Vous pourrez vous exercer au mode Bataille de Flotte en solo ou bien en coopération face à de l’intelligence artificielle afin que vous puissiez prendre vos aises. Jouable en mode de difficulté facile ou normal, l’IA gagnerait à se voir affaiblir. Même en mode de difficulté facile, elle reste extrêmement agressive avec une précision trop élevée. Vous pourrez aussi vous exercer en entraînement libre (solo cette fois) et faire apparaitre différents types d’ennemis allant de l’escouade de chasseurs au terrifiant Star Destroyer. Le jeu ayant une composante compétitive avec du match classé à la clef, sachez qu’un leaderboard est disponible si vous vous sentez d’humeur à gravir les échelons pour devenir un pilote d’élite respecté dans toute la galaxie.
Pimp my ride
Comme dans tout bon jeu multijoueur qui se respecte, Star Wars: Squadrons contient son petit lot de cosmétiques à déverrouiller pour votre chasseur mais aussi pour votre pilote. Casques, combinaisons, presets de visages aliens, peintures, emotes… Bref, il y a de quoi se tailler son build sur-mesure. Le titre ne comportant pas de microtransactions, l’obtention de cosmétiques se fait avec l’argent en jeu, remporté après chaque passage à un niveau supérieur. D’autres récompenses s’obtiennent après le bouclage du mode Histoire et par le biais d’un système de défis. Actuellement, vous avez une cinquantaine de jours pour remplir 20 conditions qui s’actualisent régulièrement afin de débloquer un nouveau casque côté République.
Le cosmétique c’est bien sympa, mais le nerf de la guerre reste les diverses améliorations à déverrouiller pour vos vaisseaux. Armes primaires, secondaires, coques, boucliers, contremesures, propulseurs… il faudra trouver chaussure à votre pied pour vous permettre de dominer l’espace aérien. Il existe plusieurs éléments, tous avec leurs propres atouts et désavantages, et pensés pour les rôles que vous pourriez être amené à jouer au sein de votre équipe dans chaque mode de jeu. Il est d’ailleurs possible de se concevoir jusqu’à trois builds par vaisseau, très pratique pour être tout de suite prêt au combat sans avoir à passer un temps fastidieux dans le mode customisation pour changer une pièce. Là aussi, ces pièces ne pourront s’obtenir qu’en échange de points que vous obtiendrez après un passage au niveau suivant.
Vis ma vie de pilote
Star Wars: Squadron se veut être une expérience immersive et à ce niveau-là, le pari est pleinement rempli. EA Motive a misé sur un gameplay à mi-chemin entre l’arcade et la simulation. Les huit vaisseaux présents ayant déjà leurs attributs propres, il vous faudra prendre en compte des paramètres supplémentaires. À la manière d’un Elite Dangerous, les vaisseaux de la Nouvelle République pourront (et devront) attribuer de l’énergie dans trois sections : vitesse, puissance de feu et bouclier. Les jauges étant balancées par défaut, vous pourrez attribuer plus de puissance dans une desdites sections grâce à votre croix directionnelle selon vos besoins sur le moment. Du côté de l’Empire, hormis pour le TIE/Reaper qui déroge à la règle, les autres chasseurs n’auront le choix qu’entre la vitesse et la puissance de feu. Les TIE Fighters étant en général dépourvus de générateurs de bouclier. Dans les deux cas, les deux camps possèdent un atout spécial en maintenant la touche Carré ou X enfoncée selon le constructeur de votre manette. Les chasseurs de la Nouvelle République pourront concentrer la puissance de leurs boucliers vers l’avant ou l’arrière de leur engin pendant que les joueurs impériaux pourront, eux, sacrifier temporairement leur vitesse pour des dégâts de blasters accrus ou bien inversement. Un radar, un écran d’état de vos boucliers et de votre coque ainsi qu’un système de ciblage sont communs à tous les vaisseaux, sans oublier le nombre de munitions correspondant à vos atouts secondaires et contremesures.
Bien évidemment, la présence de la VR double le tour de force de cette expérience. Quatre ans après la fameuse mission VR de Battlefront, beaucoup attendaient un véritable jeu complet basé sur cette technologie actuellement accessible sur PC et PlayStation. Là aussi, les possesseurs de casques VR seront comblés. À l’instar de beaucoup de titres VR, Star Wars: Squadrons embarque avec lui ce léger effet de flou une fois le casque sur le nez, ce qui n’empêche pas au résultat final d’être tout bonnement jouissif. On se sent vraiment dans son cockpit dans une galaxie lointaine, très lointaine. Quel plaisir grisant de pouvoir se retourner pour admirer son unité R2 et les moindres détails de son habitacle. Les puristes regretteront certainement les modifications majeures apportées, notamment aux cockpits de la Nouvelle République, pour s’accorder au gameplay compétitif de Star Wars: Squadrons. Malgré cela, c’est du tout bon et on a du mal à lâcher son casque une fois au cœur de l’action.
Si l’apport de la VR est un ajout fort appréciable, on sent tout de même que la copie a été revue légèrement à la baisse concernant ce Star Wars: Squadrons. Loin d’être laid, le titre affiche malgré tout un niveau de détail amoindri. Les modèles 3D des quelques protagonistes présents dans le mode Histoire peuvent paraitre un tantinet lisses, tout comme la surface de certains vaisseaux – les vaisseaux amiraux notamment. La disparition quasi soudaine des corvettes après destruction fait tâche elle aussi, comme pour ne pas encombrer la RAM inutilement et éviter un quelconque impact sur la fluidité des joueurs VR. Malgré cela, il n’y a pas beaucoup de choses à reprocher à ce Star Wars: Squadrons. La version française présente est de bonne facture, les thèmes musicaux de John Williams vous ambiancent directement, tout comme les hurlements mythiques des TIE Fighters et les tirs de canons blasters si reconnaissables. Pour finir, encore une fois, le gameplay à la croisée des chemins entre l’arcade et la simulation s’avère jouissif.
Verdict : 8/10
Pour conclure, Star Wars: Squadrons s’impose comme l’héritier spirituel à la série légendaire des « Rogue Squadron » dont le dernier épisode remonte maintenant à 2003. Malgré un contenu un peu pauvre en multijoueur, le mode campagne s’avère prenant et saura vous tenir en haleine pendant 10 heures environ. Le plaisir s’en retrouve décuplé pour les possesseurs de casques VR, rendant l’expérience encore plus immersive que jamais. Vendu pour un peu moins de 50 euros, vous auriez tort de vous priver si vous êtes fan de Star Wars ou bien nostalgique de l’ère Factor 5. Star Wars: Squadrons est un premier pas convaincant pour, on l’espère, les débuts d’une toute nouvelle franchise.
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