Véritable nouveauté dans le catalogue généralement très sportif d’Electronic Arts, l’éditeur se lie avec Respawn Entertainment, connu pour la licence Titanfall et dernièrement le Battle Royale, Apex Legends, pour proposer une nouvelle aventure dans l’univers de George Lucas, Star Wars Jedi: Fallen Order. Alors que les frissons parcourent déjà tout notre corps en mentionnant simplement cet univers, nous avons bien évidemment revêtu notre tenue de jeune Jedi pour vous ramener toutes nos impressions sur le soft. Après des années sans un jeu Star Wars entièrement jouable en solo, Respawn Entertainment parviennent-ils à convaincre avec cet opus ?
Test réalisé sur PlayStation 4 grâce à une copie numérique envoyée par Holocron, par l’éditeur. Attention, l’article peut spoiler quelques éléments de l’aventure.
► Retrouvez notre guide sur comment bien débuter l’aventure Star Wars Jedi: Fallen Order à cette adresse. Et notre FAQ sur le jeu est disponible ici.
Il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine…
Bien que le dernier jeu estampillé Star Wars soit sorti il n’y a pas si longtemps que cela, comprenez Battlefront II en 2017, cela fait des années et des années que les joueurs n’ont pas eu le droit à un titre exclusivement solo. En effet, Star Wars Battlefront II ne dispose que d’une campagne plutôt courte et il est davantage axé sur une expérience multijoueur. De ce fait, le dernier jeu solo Star Wars remonte à 2010 avec le second opus de Star Wars: Le Pouvoir de la Force, qui avait d’ailleurs bien moins convaincu que son aîné. Ainsi, onze ans après, c’est le studio à l’origine d’Apex Legends, Respawn Entertainment, qui propose sa vision d’un jeu solo dans l’univers crée et pensé par George Lucas avec Star Wars Jedi: Fallen Order. Pari osé, pari tenu ? C’est ce que nous allons découvrir ensemble mais posons d’abord les bases scénaristiques de ce titre.
Dans Star Wars Jedi: Fallen Order, les événements narrés ont lieu après la Purge Jedi, commanditée par Dark Sidious, alias l’Empereur Palpatine, durant laquelle Anakin Skywalker devient Dark Vador et que l’Ordre 66 active la puce intégrée dans les clones menant à l’execution de tous les Jedi (à l’exception de certains, tels que Yoda ou encore Obi-Wan Kenobi). S’ensuit d’ailleurs un affrontement mythique entre Anakin et Obi Wan sur la planète Mustafar, représentant ainsi le combat au sabre laser le plus long de la saga au cinéma. Pour tous ceux d’entre vous n’ayant pas regardé les films Star Wars, sachez que ce retournement de situation est très bien montré dans l’épisode 3, La Revanche des Sith, et on ne peut que vous recommander de le visionner pour avoir les idées au clair avant de lancer le soft de Respawn.
Pour l’heure, revenons-en au jeu et à son scénario. Dans Star Wars Jedi: Fallen Order, nous sommes amenés à incarner un jeune Jedi, Cal Kestis. Présenté comme un simple ferrailleur dans la séquence d’ouverture, Cal révèle sa nature de Jedi lors d’une catastrophe qui aurait pu mener l’un de ses amis à la mort. Ayant réveillé le pouvoir de la Force, et ce même un bref instant, il se voit désormais traqué par les autorités du côté obscur, soient les Neuf Sœurs et les Purge Troopers (milice composée de Stormtrooper aux ordres de l’Inquisition). Obligé de fuir pour survivre, il fera la rencontre de Cere Junda et Greez Dritus, deux futurs acolytes de taille. Bien que sa vie soit en jeu, une autre quête l’appelle : celle de raviver l’Ordre Jedi, en trouvant des éléments de réponse et des personnes liées à la Force. S’ensuit alors une aventure semée d’embûches, sabre laser à la main et à bord du Mantis, le vaisseau de Greez, pour parcourir les différentes planètes du système (Zeffo, Bogano, Dathomir, Kashyyyk, etc.). Le but sous-jacent étant aussi pour Cal de retrouver son lien avec la Force car il a été endommagé durant la Purge Jedi. Il y a donc une idée de progression et surtout de confirmation de statut pour le protagoniste : passer de Padawan à Chevalier Jedi, tout au long de l’aventure mais nous y reviendrons. Les thématiques de la destinée, de l’espoir, de l’apprentissage et de la survie sont intrinsèques à sa quête.
Notons que Star Wars Jedi: Fallen Order, c’est surtout pas mal de fan service, bien que Respawn distille des nouveautés et sa propre approche de l’univers. Les puristes seront déçus de ne pas voir apparaître le générique si emblématique de la licence mais le studio a tout de même disséminé énormément de clins d’oeil et de références, que ce soit aux films, aux comics ou même aux livres. En effet, c’est via les transitions et plans visuels que nous retrouvons l’essence même de Star Wars et surtout toute sa particularité. Par exemple, lors de la séquence d’ouverture, nous retrouvons ce plan avec un Destroyer Interstellaire passant littéralement au dessus de la caméra et donc de nous. La plupart des films commencent de la sorte, pour rappel. D’autres fois, certains panoramas nous rappellent les productions cinématographiques : les plans à Kashyyyk avec les X-Wings mangés par la Nature comme dans Star Wars V: L’Empire contre-attaque. Ou encore la séquence où il s’agit de grimper dans un Destroyer Interstellaire échoué faisant référence à l’ouverture de Star Wars VII: Le Réveil de la Force, avec la pilleuse d’épaves, Rey. On prend d’ailleurs plaisir à retrouver des personnages emblématiques comme Saw Gerrera, les Wookies et même Obi-Wan Kenobi.
Cependant, Respawn ne s’est pas contenté de reprendre toutes les bonnes idées de la saga car ils apportent leur propre vision. Originellement, les protagonistes sont bien souvent des êtres exceptionnels dormants devenant par la suite des Jedi. C’est le cas d’Anakin, de Luke et de Rey. Ici, Cal est déjà un Jedi avant que l’histoire ne débute. C’est lui qui décide de devenir un Jedi dormant, via son travail de ferrailleur, pour survivre avant d’embrasser à nouveau toute sa Force. La construction n’est donc essentiellement pas la même mais elle fonctionne tout aussi bien à dire vrai. Bien d’autres éléments quant à cet aspect sont à retrouver tout au long du jeu mais nous ne vous en dirons pas plus pour garder la découverte intacte. On se retrouve donc avec un jeu qui parvient à mélanger avec justesse les codes préétablis de Star Wars tout en apportant de la nouveauté et un peu de fraîcheur. Dans tous les cas, la mise en scène reste excellente et on en redemande sans cesse.
A la croisée des mondes
Après plusieurs heures de jeu, le constat est sans appel : Respawn Entertainment s’est imprégné d’un bon nombre de jeux et licences pour façonner Star Wars Jedi: Fallen Order. À commencer par un gameplay très influencé par Uncharted et Tomb Raider (les trois derniers opus issus du reboot de la licence). Effectivement, le soft est bourré de séquences de plates-formes qui nous font invariablement penser à ceux des titres cités précédemment. Par exemple, Cal étant capable de courir sur les murs, il faudra enchaîner plusieurs courses murales, puis un double saut et pour finalement parvenir à s’accrocher à des plantes/branches. D’autres fois, il faudra utiliser la Force pour tirer ou pousser des éléments du décor afin d’accéder à l’étape suivante. Dit comme ça, cela a l’air relativement simple, mais tout se passe très rapidement et demande pas mal de réflexes. Par ailleurs, pour chaque planète, le joueur est amené à découvrir des tombeaux dans lesquels il faudra activer des mécanismes. Pour ce faire, il faudra faire preuve d’un minimum de logique et de réflexion, comme c’est le cas dans Tomb Raider et Rise of the Tomb Raider. Beaucoup de joueurs y voient également une touche du dernier God of War (notre test), développé par SCE Santa Monica Studio.
Mais le plus fragrant reste les influences du gameplay de la fameuse licence Dark Souls et le petit dernier de FromSoftware, Sekiro: Shadows Die Twice. Bien que le mode de difficulté soit changeable à tout moment (il en existe 4 différents), Star Wars Jedi: Fallen Order pourra mettre à rude épreuve vos nerfs. D’autant plus que l’on ne peut pas compter sur une fonctionnalité permettant de voyager rapidement de points de méditation en points de méditation. Il faudra mémoriser les chemins et couloirs pour se rendre à son objectif. C’est bien pensé et cela apporte de la difficulté, tout en permettant de farmer des points d’expérience et d’explorer un maximum. Heureusement, nous pouvons débloquer des raccourcis, par la suite. Mais revenons un instant sur les points de méditation. Repères disséminés aux quatre coins de la carte, ressemblant fortement aux feux de camp de Dark Souls, grâce à leur fonction primaire de sauvegarde, ils permettent également de se reposer. Ce qui régénère alors la barre de santé, de Force et le stock de stim de soins (seringues de santé) portés par BD-1. Malheureusement, cette action fait réapparaître tous les ennemis tués jusqu’alors. Par ailleurs, c’est en méditant que l’on peut attribuer des points de compétences, parmi trois branches distinctes : Santé, Force et Sabre Laser. Si l’arbre de compétences ne paye pas de mine au début tant il semble assez restreint, on se rend très vite compte qu’il est amplement suffisamment puisque certaines compétences demandent 3 points. Bien évidemment, cela stipule qu’il faut parvenir à faire grimper la jauge de compétences jusqu’à l’acquisition des 3 points, sans mourir. La mort nous faisant perdre toute notre expérience obtenue, il faudra retourner battre votre bourreau pour la récupérer. Nous gagnons d’ailleurs des points d’expérience en tuant des ennemis, en ouvrant des coffres, en découvrant des données pour le guide (via le scanner de BD-1) ou même des secrets (essence de Force et de Santé).
Bien loin d’un jeu d’action-aventure basique, comme c’était le cas pour Star Wars: Le Pouvoir de la Force, cet opus marque par son gameplay plus exigeant. Bien que le système de commandes se veuille assez intuitif (Carré pour des attaques basiques, Triangle pour celles plus musclées, Croix pour sauter, Rond pour esquiver, etc.), ce qui comptera le plus durant un combat, c’est le rythme. Nous vous en parlions déjà dans notre guide « Comment bien débuter » sur le jeu, mais il convient de noter que la parade est plus importante que l’esquive. Enfoncée, la touche L1 (sur PlayStation 4) permettra de parer l’attaque ennemie et d’obtenir une fenêtre de riposte plus ou moins importante. Comme dans Sekiro, cette jauge de parade, représentée en bas de l’écran, n’est pas infinie et il faudra souvent y jeter un petit coup d’œil. Par ailleurs, le bestiaire est assez important et n’est pas le même en fonction de la planète visitée. Par exemple, en ce qui concerne le Stormtrooper, nous pouvons avoir affaire aux Clones basiques, comme au Roquette Trooper, au Mitrailleur Lourd et même d’autres armés de massues dévastatrices. Les créatures et monstres se déclinent également sous plusieurs versions. Dans tous les cas, ce gameplay exigeant demande aux joueurs d’apprendre le pattern des ennemis afin d’anticiper un maximum et surtout être le plus efficace possible, tout en évitant de mourir. On ne peut pas dire que ce soit aussi dur qu’un Dark Souls mais Respawn Entertainment donne tout de même un peu de challenge.
Heureusement, le tout se fait de façon progressive. Avec cette thématique de l’apprentissage et surtout l’objectif sous-jacent de Cal, soit celui de renouer son lien avec la Force, le gameplay se bonifie d’heures en heures. Cela permet de relancer l’intérêt pour l’aventure et donne clairement envie d’en voir toujours plus. Au début de l’aventure, Cal possède très peu de techniques Jedi. Par la suite, via des flashbacks et au fil de l’histoire, il renoue avec la Force. Ce qui octroie alors de nouveaux pouvoirs au protagoniste et au joueur par la même occasion. Par exemple, nous débloquons des facultés comme la Traction ou encore le Ralentissement. Et encore, c’est peu vous dire. De la même manière, BD-1 évoluera en fonction des ateliers découverts : alors qu’au début il ne pouvait que vous donnez des stims de soin, il sera par la suite plus efficace pour ouvrir des portes qui semblent condamnées ou des coffres scellés.
« Petit(e), je voulais être un Jedi »
Le système de progression via la thématique de l’apprentissage rend le tout véritablement immersif pour le joueur. On apprend à manier un Jedi, et à l’être, en même temps que Cal renoue son lien avec la Force. En soi, ce n’est en rien novateur mais cela se prête bien à Star Wars Jedi: Fallen Order, qui propose un niveau de difficulté assez élevé. L’immersion est donc d’autant plus présente et donne envie d’en découvrir davantage, au fil des heures.
Si le soft ne permet pas de façonner le protagoniste puisque c’est l’acteur Cameron Monaghan (Gotham, Shameless) qui prête ses traits à Cal grâce au Motion Capture, nous avons tout de même le droit à certains éléments de personnalisation. Trop peu pour certains ou juste ce qu’il faut pour d’autres, il n’y pas à dire ils restent les bienvenus. Les joueurs pourront choisir la tenue et la couleur de celle-ci : il y a le choix entre un vêtement assez traditionnel et un poncho. Par ailleurs, notre très cher compagnon, BD-1, peut également être modifié, via un panel assez large de couleurs. Tout comme le vaisseau, le Mantis. Résumé en ces quelques lignes, l’aspect personnalisable reste assez restreint. Mais c’était sans compter sur le sabre laser.
Effectivement, nous avons l’opportunité de modifier le sabre laser de Cal via différents aspects : couleur, poignée, émetteur etc. Et encore s’il n’y avait que cela, mais on ne vous en dit pas plus pour vous garder la surprise. En ce qui concerne les éléments précédemment cités, nous notons un panel de choix assez large qui permettra aux joueurs de trouver le sabre laser qui leur plaît. Respawn Entertainment guide ainsi majoritairement l’aventure, tout en offrant l’opportunité d’opérer des choix plus personnels. Ce n’est absolument pas désagréable. Et si nous pourrions croire à un contre sens, tant nous n’avons jamais vu les personnages de la saga cinématographique modifier leur propre sabre laser, il n’en est rien en réalité. Les livres/comics (voir Darth Vader #1) en parlent d’ailleurs à plusieurs reprises et le soft amène la question à la fin de l’aventure : un Jedi ou Sith peut modifier son arme, à tout moment. Sachez que la couleur du sabre dépend généralement de la connexion entre son porteur et la Force, c’est pour cela qu’il existe plusieurs variations colorimétriques (hormis le violet de Mace Windu qui est une demande de l’acteur Samuel L. Jackson comme il l’avoue dans une interview accordée à MTV ).
Par contre, pour trouver ces différents éléments de personnalisation, il faudra explorer les multiples zones des planètes et déverrouiller les coffres répartis aux quatre coins de la carte. Certains seront plus difficiles à déverrouiller, et cela dépendra essentiellement de votre progression dans l’histoire. Les amateurs de 100% et de platine devront d’ailleurs y prêter une grande attention car un trophée demande de trouver tous les coffres et secrets du jeu (notre guide à cette adresse).
L’indispensable réveil de la Force !
On ne va pas se le cacher plus longtemps, tant la problématique a été soulevée de nombreuses fois sur les réseaux sociaux et par des médias spécialisés, Star Wars Jedi: Fallen Order souffre tout de même de quelques problèmes techniques. Nous avons noté quelques ralentissements et un peu de clipping à certains moments. En ce qui concerne les temps de chargement, ils sont parfois longs lors d’une réapparition mais assez courts entre les voyages de planètes en planètes ou de déplacements de zone en zone. Tout comme Days Gone, sorti au début de l’année, qui avait subit des critiques assez négatives pour ses problèmes techniques, il convient de rappeler que des jeux solo avec des mondes ouverts ou semi-ouverts sont bien évidemment sujets à quelques soucis, bien que les développeurs en aient déjà supprimé énormément après les phases de test. Ce n’est pas pour autant que nous nous faisons l’avocat du diable, rassurez-vous. Les développeurs ont entendu les plaintes et s’affairent à corriger le tout. D’ailleurs, à l’heure où nous écrivons ces lignes, un premier patch correctif vient d’être déployé.
Ce qui est relativement plaisant tient dans la direction artistique. L’interface étant assez minime et invitant de ce fait à la contemplation, les différents panoramas et visuels mis en avant sont bien souvent à couper le souffle. Les transitions des plans rappellent d’ailleurs ceux contenus dans les films Star Wars, comme nous avons pu le dire précédemment. Les amoureux de la saga de George Lucas trouveront beaucoup de plaisir à déceler les nombreuses références et clins d’œil visuels à l’univers. Les nouveaux venus, quant à eux, en seront tout aussi ravis. Notons que les différentes planètes disposent d’une faune et d’une flore qui leur est propre, ainsi que des atmosphères bien spécifiques. Dathomir ne ressemble en rien à Kashyyyk, par exemple, et c’est tant mieux. On voit que les développeurs ont préféré détailler chaque planète plutôt que d’en proposer une dizaine se ressemblant les unes les autres. Quant à la bande-originale, elle colle très bien à l’univers et parvient à rythmer les séquences de combat ou même de plate-formes.
En ce qui concerne la durée de vie du soft, elle varie entre 15 à 25 heures de jeu, en fonction du temps passé à explorer les lieux et du mode de difficulté choisi. Ceux cherchant à obtenir les différents succès et trophées auront probablement plus d’heures à leur actif. Loin d’un Assassin’s Creed Origins ou Odyssey au contenu quasi gargantuesque, Star Wars Jedi: Fallen Order ne propose, pour rappel, qu’une mission principale. Le jeu ne dispose pas de quêtes secondaires et il ne s’embarrasse pas de fioritures inutiles, simplement dans l’optique de faire gonfler sa durée de vie. Une décision assumée par les développeurs et qui est tout à fait légitime à notre goût.
Verdict : 9/10
Loin d’une production aussi marginale et magistrale que Death Stranding, Star Wars Jedi: Fallen Order, convenant aussi bien aux fans de l’univers de George Lucas qu’aux nouveaux venus, reste pour nous un indispensable pour votre bibliothèque de jeux current-gen. Après onze ans passés à attendre un nouvel opus solo estampillé Star Wars, Respawn Entertainment s’est donné le challenge d’en créer un et c’est un pari réussi. Mélangeant fan service et nouveautés, avec un gameplay exigeant et influencé par des licences de renom (Uncharted, Tomb Raider, God of War), Star Wars Jedi: Fallen Order s’en sort très bien et mérite votre attention.
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