Il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine…. nous découvrions pour la première fois les jeux Star Wars Battlefront. Une série de titres alors développés par Activision (2004) puis Pandemic Studios (2005), sous la houlette de LucasArts, et ayant pour objectif de retranscrire le plus fidèlement possible l’intensité des affrontements entre l’Empire et la Rébellion. Rachetée par Disney en 2012, la saga la plus célèbre de l’univers est désormais entre les mains d’une souris aux grandes oreilles qui a confié le développement (et une partie de l’édition) de ses prochaines adaptations vidéoludiques au géant Electronic Arts. Après un Star Wars Battlefront techniquement et visuellement réussi, la firme de Redmond doit maintenant confirmer, tout en corrigeant les erreurs du passé. Mais est-ce réellement possible ? A cette question, nous nous devons de répondre.
Test réalisé sur une version PS4 fournie par l’éditeur
Recto – Versio
Star Wars Battlefront premier du nom était apprécié, mais aussi vivement critiqué pour son manque de background scénaristique. En d’autres termes, l’absence de mode solo avait particulièrement irrité la communauté galactique, en recherche perpétuelle d’expériences singulières en rapport avec la saga. Une véritable hérésie, surtout lorsqu’on connait l’étendue de cet univers qui se compose de milliers de planètes et de personnages atypiques qu’ils proviennent du côté obscur (ou non) de la Force…
Electronic Arts a décidé de remédier à ce manque, en faisant appel au studio Motive – fondé par Jade Raymond en 2015 – qui s’est chargé de la création de la campagne de ce nouveau Star Wars Battlefront 2. Une excellente nouvelle en apparence, puisque l’équipe a récemment fusionné avec celle de BioWare Montréal. Le travail réalisé est plutôt pertinent, malgré une durée de vie assez misérable (environ 5 heures de jeu). On y incarne donc (principalement) l’officier Iden Versio, membre de l’escouade Inferno, pilote de Tie Fighter et fille de l’Amiral Garrick Versio. Un pur produit de la propagande convaincue de la légitimité des actions menées par l’Empire. Sûre de la toute puissance de l’Empire, elle assiste avec effroi à la destruction de l’Etoile Noire lors de la célèbre bataille d’Endor. Cet événement véritablement bouleversant va alors entraîner une succession d’aventures plus ou moins rocambolesques, nous mettant dans la peau de notre héroïne, mais aussi et surtout dans celle de nombreux personnages emblématiques de la série : Luke Skywalker, Leia Organa, Lando Calrissian ou encore Han Solo. On parcourt diverses planètes dans une succession de missions nous incitant majoritairement à nous rendre à un point donné afin d’y abattre une escouade ennemie, détruire un bâtiment, etc. Les phases de gameplay au sol sont entrecoupées de cinématiques, et l’on a même droit à quelques missions dans l’espace. Un ensemble cohérent, plutôt bien mené mais qui pèche par sa faible durée de vie. Il est d’ailleurs assez frustrant de constater que la fin de ce fameux mode solo nous laisse quelque peu sur notre faim, comme si l’on nous invitait à patienter jusqu’à la sortie de Star Wars 8 : Les derniers Jedi avant de pouvoir en apprendre plus. L’éditeur prévoit-il de nous délivrer plus de contenus solo après cette sortie dans les salles obscures ? Rien n’est moins sûr. Toujours est-il qu’Iden Versio est un brin attachante, un poil charismatique, et qu’on en attend plus par la suite. Mais après tout, dans Star Wars Battlefront 2, ce qui compte par-dessus tout, c’est bien les affrontements via le mode multijoueur en ligne.
Balade à bord du Corvus
La direction artistique de Star Wars Battlefront premier du nom était à n’en pas douter l’un des points névralgiques du titre lors de sa sortie en 2015. Un élément que Disney et EA ont évidemment tenu à conserver, en nous délivrant cette année encore une ambiance à couper le souffle. Côté graphismes, qu’il s’agisse d’une version « standard » sur PS4 / Xbox One ou d’une version « sur-vitaminée » PS4 Pro / Xbox One X, le résultat est étourdissant. La modélisation des personnages (visages, costumes, casques/masques…) est véritablement fidèle à ce que l’on peut peut trouver dans les oeuvres de Lucas. Les véhicules sont imposants et l’on apprécie le souci du détail apporté par les équipes de développement de DICE, Motive et Criterion. Il en va de même pour le design des champs de bataille, qui nous rappellent inlassablement les nombreuses heures passées à jouer aux autres jeux estampillés Star Wars, à regarder les films ou à lire les nombreux ouvrages en nous imaginant les décors dans notre tête. Le niveau de détail est impressionnant, que l’on soit dans les forêts majestueuses d’Endor, dans le désert aride de Jakku ou en bordure de l’Étoile Noire. L’ensemble fait preuve d’une cohérence et d’une fidélité à toute épreuve, et l’on a constamment l’impression de participer à une sorte de film interactif dans lequel nous sommes le héros.
Dommage que les menus du jeu ne soient pas capable de nous donner ce même sentiment de satisfaction. Peu inspirés, ils ne respirent pas vraiment la simplicité. À l’usage, il s’avère même parfois compliqué de s’y retrouver, d’autant qu’il semble IMPOSSIBLE de créer ou rejoindre une escouade en passant par le jeu. Vraiment dommage…
Côté signature musicale, là encore, le travail de recherche et de sourcing est impressionnant. On se retrouve rapidement plongé à corps perdu dans cet univers mêlant sonorités et visages familiers. On y (re)découvre quelques-unes des oeuvres de John Williams (qui s’est notamment inspiré de Piotr Tchaïkovski et Richard Wagner à l’époque), tout en profitant du bruit des tirs de blaster et autres sabres laser. Electronic Arts n’a d’ailleurs pas lésiné sur les moyens et s’est attaché les services de voix françaises de renom :
- Eilias Changuel : Marcus Holloway, Watch Dogs 2
- Marc Bretonnière – Darth Maul, Star Wars épisode I : La Menace fantôme
- Nathalie Karsenti – Need for Speed : Hot Pursuit
- Patrick Bethune – B. J. Blazkowicz, Wolfenstein: The New Order
Un véritable plaisir pour les oreilles, à apprécier si possible avec un bon casque à réduction de bruit ambiant. Mais au final, le fait de vouloir impérativement jouer sur l’aspect fan service de la licence suffit-il à rendre le jeu incontournable ? Faut-il se contenter de rester inconsciemment subjugués devant tant de beauté ou sommes-nous en droit de nous attendre à quelque chose de différent de l’oeuvre originale, ou du moins qui innove de par sa forme et son gameplay ?
Nouvel Ordre
La série des Star Wars Battlefront est connue pour ses affrontements magistraux sur des cartes de grande envergure. Un crédo sur lequel EA s’était déjà positionné en 2015, et sur lequel l’éditeur continue de travailler. D’ores et déjà habitués aux champs de bataille gigantesques et affrontements colossaux à la clef, DICE était désigné pour s’occuper du développement des modes multijoueur de Star Wars Battelfront 2. Avec près de vingt cartes à son actif (Naboo, Kamino, Jakku, Endor…), cette nouvelle itération fait mieux que son prédécesseur sur ce point. En revanche, on apprécie moins le fait de passer de neuf à seulement cinq modes de jeu. Notons notamment l’absence du mode Course au droïde pourtant fort sympathique, mais sans doute pas suffisamment joué par la communauté. Assaut de chasseurs et Affrontement héroïque sont quant à eux toujours présents, avec une amélioration notable du pilotage des vaisseaux pour le premier, ainsi qu’une diminution des bugs de collisions des héros pour le second.
Nous découvrons néanmoins le nouveau mode Assaut Galactique, un mix entre les modes Conquête et Opérations de Battlefield 1. Il s’agit d’une bataille à grande échelle durant laquelle l’Empire et la Rébellion s’affrontent afin de remplir un certain nombre d’objectifs. Tandis que les uns tentent de prendre des positions stratégiques et d’étendre leur suprématie sur le territoire, les autres sont invités à contenir leurs assaillants. Un joyeux bordel dans lequel vous débuterez en tant que simple fantassin, prêt à vous faire massacrer pour venir en aide à votre patrie. Quatre classes sont mises à votre disposition (Commando, Soldat Lourd, Officiel et Spécialiste), chacune disposant de ses propres caractéristiques, cartes et armes. Une idée sans réelle innovation, mais qui a le mérite de vous proposer de la diversité dans le gameplay. D’autant que le choix de cette dernière peut s’avérer important, puisqu’il définit d’une certaine manière votre façon de jouer.
En jeu, vos faits d’armes (points sur objectif, kills, assistance…) vous permettront d’engranger des points de bataille qui pourront être utilisés une fois mort afin de débloquer momentanément un héros (Rey, Dark Vador, Dark Maul, Luke, Han Solo ou encore Kylo Ren), un vaisseau de siège ou même un vaisseau spatial ! Car oui, si l’on reprochait à Star Wars Battlefront premier du nom son profond manque de verticalité, il est désormais possible de combattre dans les airs à bord d’un célèbre Tie Fighter ou, si vous disposez de suffisamment de points, du Faucon Millenium. Tout ceci rend les batailles nettement plus épiques, à la manière de Battlefield, et parvient à recréer assez fidèlement ce sentiment que nous procure cette saga. Malheureusement, le succès de ce mode de jeu influe négativement sur l’attirance des joueurs vers les autres modes. Frappe, Escarmouche et Affrontement héroïque sont désertés par une communauté qui n’y voit finalement que peu d’intérêt. Gageons qu’EA soit en mesure de corriger rapidement le tir, en proposant par exemple des défis hebdomadaires liés à un mode de jeu.
En définitive, il est navrant de constater que le plus gros défaut de ce Star Wars Battlefront 2 ne vient pas tant de son gameplay que de la stratégie de micro-transaction imaginée par ses créateurs. En effet, chaque personnage / héros / véhicule dispose d’un ensemble de trois slots dans lesquels il vous est possible d’y insérer une carte. Ces dernières peuvent être obtenues grâce à des lootbox que vous aurez remporté ou, on vous le donne en mille, acheté. De la même manière, pour les héros, il vous faudra les débloquer un par un ou les acheter, eux aussi. On peut alors se poser une question simple : la mise en place d’une politique de micro-transactions ne devrait-elle pas être induire indubitablement que les éléments obtenus avec de l’argent réel ne soit uniquement destinés à customiser votre avatar ? En d’autres termes, devrait-on payer pour être meilleur ou du moins plus puissant que ses adversaires ?
Electronic Arts a d’ailleurs tenu à s’expliquer sur ce point en annonçant par la même occasion la suspension momentanée de ces micro-transactions. Une manière pour eux de prouver à la communauté toute entière qu’ils sont capables d’écouter et d’agir lorsque c’est nécessaire. Malheureusement le mal est fait, et il est fort probable que ces micro-paiements referont leur apparition plus tard.
Verdict : 7/10
Une fois de plus, Electronic Arts et l’ensemble des studios en charge de ce Star Wars Battlefront II sont parvenus à retranscrire de manière fidèle l’oeuvre de George Lucas, en développant une véritable vitrine graphique et sonore. La direction artistique est absolument magistrale, et l’on reprocherait presque au titre de ne pas nous offrir la liberté de le contempler davantage. Malheureusement, il semblerait que même les guerriers les plus aguerris aient à combattre de vieux démons, la firme de Redmond ne faisant pas office d’exception. Outre le manque d’innovation en matière de gameplay et la suppression de près de 50% des modes de jeu précédemment instaurés, Star Wars Battlefront 2 déçoit de par la stratégie prise par Disney et l’éditeur. L’erreur a d’ailleurs momentanément été corrigée, mais le mal est fait. Et comme dirait Yoda : « Le côté obscur de la Force, redouter tu dois. »
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