Après Jotun et Sundered, des rogue-like dans lesquels on ne relâche pas du tout notre attention sinon c’est au péril de notre vie, c’est vers un tout autre registre que Thunder Lotus se dirige avec Spiritfarer. Annoncé il y a un bon moment, et approché par certains joueurs et joueuses lors d’une édition des Steam Game Festival mettant à disposition des centaines de démos de jeux à venir, Spiritfarer est arrivé spontanément, et dans la grande surprise, sur consoles et PC après le dernier Indie World. Mains sur la manette et casque vissé sur les oreilles, on a embarqué aux côtés de Stella et Daffodil pour cette aventure conjuguant câlins et passeuse d’âmes.
Test réalisé sur PlayStation 4 Pro grâce à une copie numérique envoyée par l’éditeur
Embarquez pour la Vie et la Mort
Il est de ces jeux qui abordent des thématiques tout à fait actuelles à notre époque mais souvent non traitées, et presque non dites. C’est le cas de Spiritfarer. Si vous vous amusez à traduire le titre même du jeu, vous vous retrouvez avec les mots « passeur/passeuse d’âmes ». Le ton est donné ! En effet, le soft de Thunder Lotus aborde la question de la Mort et de la possible vie dans l’au-delà. Ainsi, on incarne Stella, une jeune fille, accompagnée de son animal de compagnie Daffodil, choisit pour être la prochaine passeuse d’âmes. Son objectif principal est donc de rencontrer diverses personnes, toutes représentées sous une forme animale (serpent, lion, grenouille etc), qui sont éparpillées aux quatre coins du monde et réaliser leur dernière volonté ou bien les rendre heureux avant de les mener vers l’au-delà. Et si cette question est souvent abordée selon une perspective de fatalité (on pense notamment aux jeux qui traitent la mort d’un personnage comme un Game Over, devenant ainsi une simple mécanique du gameplay), Thunder Lotus a ce chic pour rendre les choses aussi pédagogiques que charmantes, et ce de façon simple et sans fioritures. La Mort reste certes une fatalité, mais ce qui compte surtout c’est le voyage entrepris avec ces personnages et l’effort que le joueur s’impose pour rendre heureux ces derniers. Mais expliquons tout cela en détaillant les mécaniques de jeu et l’orientation gestion du soft.
De la gestion cocoon-esque
Spiritfarer a un aspect gestion très chill et cozy. Cet aspect se perçoit à travers le fait que Stella, en plus d’être passeuse d’âmes, est également le capitaine d’un bateau. Moyen de locomotion des plus efficaces, il devient le foyer de la jeune fille ainsi que de tous ceux qu’elle rencontrera durant son périple. Ne payant pas de mine au premier abord, il est possible de construire différents bâtiments, les améliorer et peaufiner l’allure de l’ensemble tout au long de l’aventure. Mécanique majeure du titre, la gestion du bateau se veut relativement simple et intuitive : pour ériger des cabines ou salles diverses, il faudra récolter une certaine somme de Glims (monnaie in-game) et des ressources (bois de chêne, fibres etc). Dans d’autres cas, ces éléments seront tout aussi bien requis pour la construction et il faudra en plus parler à un PNJ en particulier. Ce qui demande nécessairement de passer par quelques séquences de farm en ce qui concerne la collecte des éléments nécessaires à la construction d’une infrastructure, et pour cela il faut se rendre sur différentes îles ou auprès de marchands. Autant dire qu’on est pas dépaysé, et bien que ce ne soit pas révolutionnaire en soi, le contexte narratif mêlé à ce gameplay fait de Spiritfarer un titre intéressant. Ainsi, les personnages qui embarqueront sur votre fidèle machine vous donneront des quêtes diverses : aller à tel endroit pour renouer avec son passé, construire un cabanon pour lui seul, partir à la rencontre de telle créature etc, en plus de la trame narrative principale.
On se retrouve alors très vite avec un cahier des charges bien rempli tant les quêtes sont multiples. Il est alors très facile de s’éparpiller, ce qui rend la durée de vie du soft plutôt conséquente, soit entre 30 à 35 heures (voire plus pour le platine/100%). Dans tous les cas, le sentiment de lassitude ne se fait pas ressentir rapidement car le titre parvient à être plutôt varié, que ce soit dans son gameplay et dans sa narration. On peut aussi bien se concentrer sur l’aventure principale que sur les quêtes annexes, sans pour autant perdre de l’intérêt pour les propos du titre. Dans ce sens, les missions annexes sont bourrées d’humour et de clin d’oeil par rapport à notre société actuelle, avec notamment l’une d’entre elles qui nous impose d’aider un groupe de travailleurs/manifestants revendiquant certains droits. Les accomplir n’est donc pas inintéressant.
D’ailleurs, en parlant de variété, il convient également d’ajouter que Spiritfarer propose des mini-jeux, entre les quêtes. Ils viennent ponctuer l’aventure et surtout divertir les différents trajets en bateau, de façon régulière. Par exemple, en tant de pluie, il sera possible, après la rencontre avec un certain PNJ, de s’essayer à la capture d’éclairs dans des bouteilles. Dans ce mini-jeu, on se retrouve sur le bateau et on doit sauter aux endroits où la foudre va frapper afin d’emprisonner sous verre ladite ressource. Une autre fois, dans une zone précise, en pleine mer, les ténèbres envahissent l’écran et il faudra récupérer des Gims ou bien une ressource seulement collectable à cet endroit en capturant des sortes de nuages sombres. Sans oublier, le fait qu’il faille tout aussi bien préparer à manger à vos amis les bêtes (et ce selon leurs goûts – le personnage serpent est vegan par exemple), utiliser une scie afin d’obtenir des planches de bois, s’essayer au métier à tisser. Et même leur faire des câlins afin d’augmenter leur jauge de bonheur. Tout ça dans la bonne humeur, la tendresse et la simplicité. Une vraie bouffée d’air frais !
De la douceur vidéoludique
Ce qui ressort au premier coup d’oeil en lançant Spiritfarer est sa direction artistique. Thunder Lotus a toujours eu cette patte artistique bien particulière, avec des dessins faits à la main et des couleurs pastels. Il suffit de regarder une vidéo sur Jotun ou Sundered pour s’en rendre compte. Ainsi, Spiritfarer ne déroge absolument pas à la règle. Bien que certaines couleurs soit quelque peu chatoyantes par moments, l’ensemble profite d’une palette très douce et agréable la majeure partie du temps. Par ailleurs, la direction artistique reflète la variété que propose le titre grâce à diverses atmosphères parcourues tout au long de l’aventure : les voyages en mer sont paisibles alors que quand le vent se lève et la tempête débute, on se retrouve transporté dans une ambiance plus angoissante. La douceur générale du titre en fait un jeu que l’on peut recommander aussi bien aux plus grands qu’aux plus petits (dès que le patch ajoutant la localisation française sera disponible bien sûr – ce n’est pas le cas encore sur PS4).
Le tout faisant corps et sens ensemble, la bande sonore respecte ce souhait de tranquillité. Les mélodies sont douces et très reposantes par moments de calme, alors que les notes s’envolent et deviennent plus rythmées dans les situations plus tendues. Notons par ailleurs que nous n’avons pas été impacté par divers bugs ou problèmes techniques : le jeu est fluide et notre expérience s’est faite sans accroches. La PlayStation 4 ne souffrant pas non plus au niveau de sa ventilation, ce qui est franchement plaisant à l’heure actuelle.
Verdict : 8/10
Spiritfarer s’impose comme une véritable bouffée d’air frais arrivant à point nommé, c’est à dire après des grosses sorties jeux vidéo de début d’année (The Last of Us Part II, Ghost of Tsushima etc) et celles encore à venir à la rentrée avec la next-gen. Son gameplay varié rend l’expérience intéressante et dont on ne se lasse pas. Sa direction artistique et bande sonore font de Spiritfarer un jeu tout à fait reposant et agréable à parcourir, alors que son propos principal est touchant, voire triste. Thunder Lotus parvient à proposer un discours relativement difficile à mener mais ce avec justesse et brio.
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